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Un sourire d’enfer 22

mars 2, 2023

Un sourire d’enfer  22

Je n’ai pas à demander à qui que ce soit à devenir amourajeux. 

Qu’on l’admette ou non, l’orientation sexuelle est d’abord et avant tout, un phénomène génétique. 

Les scientifiques ont pu découvrir les changements qui surviennent à partir d’une dizaine de gênes, contrairement à ce que l’on pensait auparavant, soit que l’homosexualité était causée par un seul changement, toujours au même gêne. 

Donc, il peut même y avoir plus d’une modification génétique qui explique  les différences de comportement de chacun.

L’environnement  sert ensuite à développer ta personnalité à partir de cette réalité. La réaction sera différente selon que tu vives dans une société scrupuleuse ou une société tolérante. 

Aujourd’hui, on sait que les sentiments sont créés par les émissions d’hormones. Qui peut se dire vraiment libre ? Qui est assez pur pour pouvoir juger le comportement des autres ?

Si les gens se mêlaient de leur affaire, tout irait mieux.  La seule chose en sexualité qui est inacceptable est la violence et la domination.

Les scrupules sont des violences qui ont été semées par la religion catholique puisque le biais religieux modifie la réalité en faveur de ses élucubrations.

On est ce qu’on est et on doit apprendre à vivre avec ou s’auto flageller toute sa vie et se prendre pour une victime.

Quant à moi, j’ai décidé d’essayer de trouver comment vivre cette réalité inacceptable pour tous , en créant une forme d’éthique de vie sexuelle qui soit acceptable et surtout non pas un danger, mais un plaisir.

Je voulais simplement être accepté et respecté comme n’importe qui, pour ce que je suis.  Je me posais déjà la limite la plus raisonnable, soit celle d’être assez honnête pour accepter le droit de me dire non.  Je ne pensais pas qu’à mon nombril.  Je m’interrogeais très souvent à savoir si cela pouvait vraiment nuire aux jeunes.  Je m’interrogeais, autant que le font bien des gens, quant à mon comportement et ses effets. Je vivais mon amourajoie en m’assurant que je ne nuisais pas à ceux que j’aimais.

Toutes ces bonnes âmes chrétiennes exigent la prison pour te faire comprendre la charité chrétienne.  Ce sont des hypocrites qui nous prêchent le christianisme et qui n’ont rien compris de la compassion. « Tu ne jugeras pas », les féminounes ne connaissent pas ça. 

On a qu’à écouter l’Église prêcher pour comprendre que le progrès n’est pas sa première priorité.  Les religions veulent toutes nous garder prisonniers de leur imaginaire passé, de leur morale de constipés.

Mon amourajoie m’amenait à prendre conscience que l’économie de notre système autant que celle du système communiste repose sur la nécessité d’avoir des guerres.  Or, l’amourajoie implique d’éliminer la violence sur le globe terrestre pour diminuer la mort des enfants.  Forcer un enfant à travailler en bas âge au lieu d’aller à l’école ou pire à être un enfant soldat, c’est mille fois plus condamnable qu’une pipe ou une caresse.

Pour satisfaire le standard de vie économique occidental, il faudrait remplacer la violence physique faites à des millions d’êtres humains par un amour volontairement gai, qui soit apte tout autant que la violence à garantir un jour un mur contre la surpopulation.

Comment un système qui pousse tant d’enfants à la mort peut-il m’accuser de leur nuire en les faisant jouir ? Comment un tel système sans âme peut-il prétendre défendre les jeunes en leur imposant l’ascétisme sexuel ?  Pourquoi emprisonner ceux qui ne partagent pas cette morale ? A-t-on le droit d’aimer jouir?  Une fellation n’a jamais blessé qui que ce soit.  Mais, le système trouve ça pire que de frauder la population de centaines de millions de dollars ou d’abuser violemment des vieux qu’on garde.

Être caressé sexuellement n’a jamais détruit psychiquement une personne, à moins, qu’elle soit élevée dans un monde de scrupuleux, ce qui peut créer une distorsion entre ce qu’elle a besoin de vivre physiquement et ce que la morale exige.  Il y a plus de gens mentalement malades parce qu’ils ne peuvent pas vivre leur sexualité qu’il y en a parmi ceux qui la vivent en plein épanouissement. 

Il est invraisemblable d’être emprisonné pour ce plaisir alors que ces juges moralistes acceptent de créer une bombe à neutrons.  Quels hypocrites !  Pour les fanatiques, la chasteté est plus importante que d’échapper à la misère.  Elle est même plus importante que la vie.  Il faut être profondément malade pour le croire. 

J’en voulais, que ce soit charitable ou non, aux libéraux parce qu’ils sont les pires vipères, qui n’hésitent pas à mentir pour conserver le pouvoir et ses profits.  Ils sont aussi menteurs que le pape.  Ce sont des requins pour qui le bien du peuple se confond à celui de leur portefeuille.  Ils sont prostitués au pouvoir.  Pour eux, l’argent a plus de valeur que leur âme. 

J’étais de plus en plus fanatique.  Possiblement aussi, de moins en moins équilibré. La pression était trop forte pour mes petites capacités.  Amourajoie et politique mélangées, c’est plus qu’explosif, car ça te rend de plus en plus paranoïaque.  Tous les autres semblent te juger et tu te sens attaqué par tout le monde. 

La réalité n’a rien pour te prouver que nos institutions ne sont pas strictement des moyens d’exploitation et de domination.  Rendre une personne coupable, c’est la rendre vulnérable.


Avec mes petites idées révolutionnaires, j’avais un champ d’action beaucoup trop large pour mes faibles épaules et surtout mon système émotif.  Étant pisseux de nature, j’avais tendance à devenir plus paranoïaque.  Je paniquais facilement et, pour cette raison, il était impérieux que je laisse la politique de côté.

À ma sortie du journal, j’étais non seulement peiné et révolté ; mais j’étais tout aussi content.  Enfin, je pourrais mettre un frein au fanatisme que l’on cultivait en moi, en essayant de faire de moi une petite vedette révolutionnaire.  Une image que je ne méritais pas.

Pour survivre, car, tout est mené par les finances, j’ai dû d’abord prouver au comité de révision de l’assurance-chômage que j’avais abandonné mon métier pour rester honnête.  Le témoignage surprise du syndicat me fit avoir justice.  Cette fois, les libéraux ne m’ont pas eu, même s’ils s’y préparaient.  Je pouvais revivre.

N’ayant plus à m’occuper de politique, je pouvais enfin être strictement  amourajeux.  Ma réalité ne mettait personne en danger. La frustration avait multiplié mes besoins sexuels. 

J’ai commencé à me rincer l’oeil,  à voir un peu de beauté dans la vie, tout en travaillant au deuxième numéro de L’R du Q, le journal étudiant du CEGEP de Sherbrooke.

Lynn est devenu dans ma tête l’image du monde désiré.  J’ai écrit des poèmes pour lui.  Un journal gai a publié un poème pour marquer mes amours que j’avais intitulé La Lynnofrançoisie. Je voulais marquer ce qui me semblait essentiel de retenir de ces rencontres : le mariage de deux âmes peut créer une seule personnalité, le besoin de se faire plaisir réciproquement.  


Jean, un jeune révolutionnaire qui habitait chez moi, croyait que j’étais un dégénéré, mais aussi un petit génie en politique.  Il ne me cachait pas ce qu’il pensait. 

J’écrivais pour L’R du Q ainsi qu’un livre que l’on m’avait demandé aux Éditions Québécoises.   Le premier manuscrit a été refusé parce qu’il était trop intellectuel.  Il comptait plus de 200 pages.   J’ai donc repris la commande autrement et j’ai écrit plus tard, en compagnie d’autres colocataires, moins stressants, ce qui est devenu Il était une fois dans les Cantons de l’Est. 

Pierre Brisson s’occupait des dossiers de fins de chapitres, alors que Francine Quinty faisait les petits dessins.  

Un de mes correspondants présenta ce livre au salon du livre à Paris comme étant un petit chef-d’œuvre d’originalité.         

Je ne voulais pas d’un traitement spécial, mais je voulais que l’on me respecte, que l’on m’accepte comme je suis.  Je ne représentais aucun danger pour les jeunes.  J’avais même déjà consulté pour m’en assurer.  J’avais beau être aux yeux des gens un maudit fifi, je n’étais pas dangereux.  On n’avait pas encore inventé l’expression pédophile qui est venue avec les féminounes.  

Je considérais avoir risqué ma vie pour les Vauxcouleurs par amourajoie et je me condamnais à la misère, en devenant chômeur par honnêteté pour cette région.  C’est assez, non ?

C’était un peu « sonné » comme point de vue, car, en fait, il y avait une forme de déséquilibre dans ce besoin de vivre le contraire de ce que la société est capable d’accepter et ma liberté.

J’ai toujours trouvé le Québec maladivement scrupuleux devant tout ce qui est sexe à cause de la présence de la religion partout. 

Que ce soit par scrupule ou que la société ait raison, la pression était telle qu’elle dégénérait dans une espèce de paranoïa. Mais, à certains endroits je pouvais sentir que le rejet que je vivais était bien réel. 

Je courais d’une certaine façon après les troubles, en voulant affirmer ce que je vivais contre tous, car la majorité des gens condamnaient mon point de vue sur la sexualité.  C’était une partie du complexe du sauveur dont je souffrais ou de mon courage, je n’en sais rien.  D’autre part, les gens se font mentir quant à ce qui se passe dans un lien amourajeux pour entretenir la peur.

Ma chicane avec Jean empirait.  C’était de moins en moins tolérable, mais j’endurais tout ça en croyant que c’était pour la cause.  Jean exprimait très bien ma servitude envers les Vauxcouleurs et le Québec. Il me demanda ce que je choisirais si un jour, l’avenir du Québec dépendrait de moi et serait définitif, à partir de mon proche choix entre l’amourajoie et l’indépendance du Québec. C’était une torture intérieure insoutenable.  À qui serais-je fidèle ?  À moi ou au Québec ?

Je voyais un élément très important dans mes relations avec Lynn : puisque Lynn était anglophone, ça m’assurait que je ne deviendrai jamais un fanatique. L’aspect humain demeure essentiel dans les luttes.  Je devais garder en vue que pour moi la plus grande révolution est l’amour. 


Pour moi, il y avait une différence très nette entre l’anglophone arrogant de Westmount qui veut nous obliger à nous angliciser et le travailleur anglophone qui souvent, de peine et de misère, essaie d’apprendre le français.  La voix et les yeux de Lynn avaient autant d’importance que son sexe. Sa vitalité se transférait en moi. Je me demandais déjà pourquoi je n’avais un enfant.  Je croyais que je serais, malgré mon amourajoie, le meilleur des pères. 

Lynn était mon assurance de demeurer un être humain intégral.  C’était la promesse de ne jamais trouver les besoins économiques plus impérieux que l’Amour. C’était ce qui restait en moi de l’enseignement religieux et même si je le niais, ça prenait encore un grand espace intérieur. 

Pour Jean, comme pour la majorité j’imagine, j’étais un dégénéré, point à la ligne. Mais, je savais aussi avoir une toute aussi une grande valeur sur le plan de la révolution.  Je ressentais profondément ce paradoxe intérieur qui me déchirait.

Je suis devenu plus agressif avec Jean.  Je me sentais tellement dévalué que parfois ça remettait en doute ma valeur personnelle. Suis-je vraiment qu’un cochon qui ne sait pas se contrôler ?  C’était juste drôle de le voir à la fois m’admirer pour mes engagements politiques et me haïr tout autant parce que je suis amourajeux.

De cette bataille verbale, émotive, j’ai décidé d’écrire Laissez venir à moi les petits gars.  Malheureusement, à cette époque, je n’en étais pas encore à l’affirmation de la beauté de l’amourajoie.  Je me sentais obligé de toujours essayé de me justifier, de me forcer pour ne pas me percevoir comme un criminel. 

J’avais assez pensé aux autres, je voulais maintenant m’occuper de moi.  Faire le point avant de devenir complètement fou, reprendre le contrôle de mes actes et cesser d’être le jouet de tout le monde comme un robot qui répond automatiquement à des thèmes précis.  J’en avais assez d’être influençable, de toujours me sentir inférieur à tout le monde.  Je savais que ce sentiment venait tout simplement avec mon amourajoie.  C’était le prix à payer.


Afin de départager les chicanes, un nouveau pensionnaire est venu s’ajouter.  Pierre ne s’entendait pas mieux avec Jean, car ce dernier avait la maudite manie de voir les choses que d’une façon théorique, comme un pur intellectuel, alors que j’étais un gars de terrain, d’action.

J’étais peut-être déséquilibré émotivement, mais au lieu d’avoir de plus en plus honte, je croyais dans la nécessité de me battre contre l’hystérie, la peur que l’on a du sexe au Québec.  Comment un plaisir peut-il devenir négatif, une agression? Pourquoi fait-on semblant de croire qu’une relation sexuelle est un acte violent  si tous les participants sont d’accord ?  Pourquoi un plaisir pourrait-il te traumatiser ?  C’est une réalité seulement dans leur tête d’aliéné qui accepte ces règles sans même y réfléchir.
 
Un Haïtien qui nous rendait aussi visite plus souvent qu’à son tour s’est finalement ajouté au groupe. 

Si j’aimais la poésie avec Claude, j’admirais la facilité de ce Haïtien à se dénicher des filles.  Il pouvait coucher avec trois filles, une à la suite de l’autre, dans la même soirée.  Je n’ai jamais rencontré un tel chanteur de pomme et un gars qui fasse l’amour aussi vite.  Après ses prouesses, il lui fallait son éternel verre de lait.   

Après un certain temps, j’ai dû lui indiquer la porte, car tout le monde était d’avis qu’il nous exploitait.  J’ai malheureusement mis la décision de tout le monde en pratique, un soir que j’étais saoul, ce qui a laissé un certain froid. 

Quand je suis saoul, autant je peux être un bon gars à jeun, autant je deviens baveux et fou quand je bois trop.  C’était d’autant plus malheureux que j’ai toujours eu beaucoup d’attrait pour les étrangers.  Une fascination qui m’aide à mieux vivre mon côté primitif de la vie. Je trouvais que le rire de cet Haïtien valait bien les inconvénients, mais ce n’était pas l’avis des autres.  J’ai obéi à la majorité.

Je me sentais d’autant plus solidaire avec les Noirs que jeune j’ai souffert de la couleur de ma peau. J’étais trop brun pour un blanc.  Je ne vivais pas toutes les injustices qu’ils connaissent, c’est impossible ; mais, je vivais en complète solidarité avec eux.  

Comment demeurer indifférent à l’assassinat des noirs américains par le FBI ou la CIA ? Comment ne pas avoir honte d’être blanc devant le racisme qui gruge notre histoire, soit à cause des noirs ou des Indiens ?
 
À cause de mon amourajoie, du rêve de connaître des jeunes de toutes les races et de toutes les nationalités, de comparer leur corps, je ne pouvais que me révolter encore un peu plus devant le racisme.   Comment peut-on aujourd’hui, avec toute notre science, être assez stupide pour être raciste, pour croire dans la supériorité du blanc chrétien qui doit aimer jusqu’à ses ennemis ? 

De belles paroles, mais les personnes religieuses sont toujours fanatiques surtout quand il s’agit de sexe, le poids de la tradition. On croit avoir raison et ainsi pouvoir condamner tous ceux qui pensent autrement.

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