Aller au contenu principal

Un sourire d’enfer 15

février 23, 2023

Un sourire d’enfer  15

                                              8

Je n’avais pas encore lu W. Reich qui prouve que la répression sexuelle des jeunes vise dans notre système à créer une situation permanente de culpabilisation n’ayant d’autre but qu’améliorer les performances de la production pour recouvrer l’absolution sociale. 

Tout ce que je pouvais expliquer, c’était le comportement des jeunes garçons avec qui j’avais eu une expérience amoureuse.

Tout le monde était étonné d’apprendre que ça se passait en dehors de la sodomie, sans violence ou domination de ma part.  Plus souvent qu’on le croyait, le jeune était tout aussi intéressé, sinon plus que moi, à cause d’une curiosité qui n’a pas encore été satisfaite. 

Les jeunes devenaient mes amis, même s’il ne s’agissait que d’aventures passagères et encore plus surprenant, les gars qui étaient hétérosexuels mettaient eux-mêmes fin à la relation génitale, tout en demeurant mes amis.  Les émotions jouent un rôle primordial dans une relation amourajeuse.

Loin d’être négatifs, mes rapports avec eux permettaient souvent qu’ils prennent encore plus confiance en eux.  Ils repartaient le sourire aux lèvres et ils manifestaient beaucoup de plaisir de me revoir.  Pourquoi en aurait-il été autrement ? 

Le sexe physique est un plaisir à découvrir.  Une expression d’amitié sicère, s’il est accompagné de sentiments. 

Évidemment, toutes ses activités se déroulaient à travers le jeu et le plaisir.  La question qui revenait toujours, dans la tête de ceux qui me jugeaient , était la domination. 

On admettait difficilement qu’un jeune puisse se sentir vraiment égal à un adulte.  Peu de personnes ont eu la chance d’expérimenter la liberté dans le cadre d’une morale ouverte.

Contrairement, à ce que la vie m’apprenait, on croyait qu’une relation durable avec un jeune n’avait pour but que d’obtenir une confiance inébranlable pour pouvoir en abuser par la suite.  On oubliait que l’amourajeux tombe littéralement en amour avec le jeune qui lui plaît.  La relation est souvent plus émotive que génitale ; quoique l’une n’empêche pas l’autre.

On dirait que les gens refusent la réalité, simplement parce qu’ils ont toujours entendu dire que le jeune est une victime comme s’il ne pouvait pas jouir de la situation.  La relation intergénérationnelle est une réalité depuis le début de la vie; car, le garçon apprend à être un homme à travers l’homme plus âgé.

Comment peut-on continuer de baser son agir en hypocrite quand on sait que ce que l’on nous a appris est parfaitement faux.  C’était pourtant ce qui arrive dans notre société.  Je savais, par expérience, que les jeunes en ressortaient plus heureux. Ceux qui parlent d’un profond traumatisme doivent avoir beaucoup d’imagination et très peu de connaissance de l’adolescent pour se le faire croire.

La vérité n’est-elle pas plus importante que le mensonge, même si ce qu’on enseignait a pour but de contrôler les émotions de tous les individus ?  Pour maintenir le pouvoir moral, il faut mentir et laver les cerveaux dès l’enfance.


Je connaissais aussi la névrose que l’on alimente en s’interdisant ces plaisirs, somme toute insignifiants, quand ils ne donnent pas naissance à nouvel être ou qu’ils se déroulent en dehors de toute forme de violence et de domination. L’amour est d’abord un partage.

Cette morale unidimensionnelle de notre société est fortement implantée dès la naissance chez tous.  Dès que tu en dévies,  tu es écrasé par une honte terrible.  T’es un cochon, un monstre, un pervers.  Mais, dans le fond, tu n’y peux rien, c’est strictement ta «petite nature», une réalité que tu n’as même pas choisie et qui, sans violence, ne procure que du plaisir et du bien.
 
Pire,  tu vis constamment dans la peur des langues sales qui sont prêtes à te faire exécuter au nom de leur dieu d’amour.  Comment ne pas être fasciné par la beauté d’un enfant ?  Comment ne pas être paranoïaque en sachant que chaque moment de ta vie pourrait être le dernier en liberté ?  Comment accepter des règles de la société quand tu sais que le point de départ est faux, basé sur une ignorance crasse de la réalité humaine ?

Comment peux-tu croire que tu peux nuire à ton amant quand tu sais que cet interdit est ridicule et contre-nature ?   Il y a bien des niveaux et beaucoup de formes en amitié comme en amour. La peur de la sexualité à l’adolescence repose sur le fait que la jeune fille peut être enceinte ; mais dans le cas d’une liaison gaie, ce problème n’existe plus. Sans entacher l’égalité homme –femme, il faut savoir reconnaître l’existence des différences.

Personne n’est pareil.  La répression sexuelle est une mode, une façon de vivre qu’on t’imprime dans la tête dès la plus tendre enfance. Cette règle est non seulement payante pour la mode ; mais pour les religions, les psychiatres, les avocats et les juges. 

Il y a évidemment des détraqués dangereux dont la société doit protéger les personnes vulnérables,  c’est évident, mais les règles ne font aucune nuance entre ce qui est violent et ce qui ne l’est pas. Ce qui est viol ou un plaisir partagé.   On agit comme si le plaisir sexuel était le mal en soi. 

C’est d’ailleurs pourquoi ce sont les parents, qui décident de ce qui est bien ou mal, plutôt que les individus concernés. Comment peut-on ainsi créer une conscience personnelle ? Comment peut-on vire des expériences qui forment notre propre jugement ?

C’est le racket de la protection des jeunes dans sa totalité.  L’interdit repose sur la sacralisation d’une partie du corps,  celle qui transmet la vie et qui est donc difficile à comprendre et à expliquer


Le meilleur moyen pour les religions de tout contrôler face à une telle ignorance, c’est de tout interdire en dehors de la procréation, s’assurer qu’il ne peut pas y avoir d’amour en dehors des règles établies.  

Le rôle des religions est pourtant de donner un sens à la vie, à l’expliquer, ce qui est impossible quand tu ne connais pas encore l’existence des spermatozoïdes ainsi que le fonctionnement de l’homme et de la femme.  Tout ce qu’on savait  quand on a édicté les règles sexuelles est que si on faisait l’amour on pouvait avoir un enfant et, dans la Grèce antique,  l’homme devait abandonner une partie de son cerveau.  Pauvre homme ! 

Plusieurs sociétés ont créé des rites différents à partir de leur expérience de la vie.  Les règles sexuelles sont donc des ententes sociales. Une interprétation de la nature. Une manière de conjurer ses peurs.

Avec les religieux, ce fut encore pire : on prétendit que le sexe nous éloignait de Dieu parce que c’était la seule force intérieure assez forte pour être quasi incontrôlable, capable de faire face aux interdits, capable de devenir plus importante que dieu lui-même.  Sans contrôler la sexualité, l’homme était encore pire que la bête.

L’homme est un animal qui a dû apprendre qu’il ne domine pas un troupeau de femmes et d’enfants comme certains autres animaux.  Il a dû apprendre à contrôler son rut. . 

Avec le temps pour arriver à se contrôler, les interdits prirent des proportions maladives, grâce à la confession et après grâce à la bourgeoisie.  La peur a aussi empiré dans les cas d’épidémie. Les autres devenaient un danger.

En fait, le contrôle émotif humain n’a pas évolué, contrairement à son côté intellectuel.

La Grèce antique était plus intelligente dans son ignorance.   Elle avait compris qu’un jeune ne pouvait pas procréer, d’où il n’y avait  pas de danger de faire l’amour avec lui.  Elle respectait aussi le besoin d’apprendre par imitation qui existe chez les jeunes.  L’adulte était un modèle de vie pour son jeune amant.  Sur certains plans, cette explication n’était pas tellement plus intelligente, car, on croyait que les veines du garçon étaient trop petites pour permettre le passage du sperme.  Tomber en amour, être aimé par homme de rang, permettait cependant au jeune de se hisser dans la hiérarchie, grâce à l’enseignement de son aimé.  La pédérastie jouait un rôle de politique et d’éducation.

Comment mieux connaître la pédérastie, sinon en la vivant et en acceptant d’en parler.  

J’intuitionnais le rôle économique de la sexualité ainsi que sa valeur politique.  Il suffit de vivre la sexualité en dehors des normes fixées pour ne pas pouvoir être candidat en politique, surtout aux Etats-Unis, par exemple.  C’est plus important d’être « politically correct « que d’être intelligent.  


La sexualité est devenue une obsession planétaire à cause des religions et leur fausse interprétation du phénomène sexuel. L’Islam a une approche totalement maladive en croyant que la fidélité féminine est plus importante que la vie.

Je n’étais pas qu’un amourajeux, mais un fiévreux défenseur des intérêts de la population comme journaliste engagé.  C’était plus important pour moi qu’il y ait moins de chômage que ma propre augmentation de salaire.  Mon engagement, c’était ma façon de dire que j’aimais les fils de la patrie. C’était, comme le dit Reich, un moyen de me déculpabiliser.

Les Vauxcouleurs, c’était un jeune, tout comme le Québec.  Un peuple enfant.  Les parents fédérastes étaient oppressifs d’où voulais-je aider à mettre fin à cette oppression.   

Pour les libéraux, j’étais le felquiste à détruire, le grand responsable de toutes les contestations dans la région.  Le bouc émissaire parfait.

Pour se débarrasser de mes pressions, les libéraux agissaient à deux niveaux : me faire connaître sous une image beaucoup plus radicale que la réalité et gruger mon appui auprès de ceux qui les contestaient, en semant le doute quant à mes allégations réelles.  Il restait mon talon d’Achille pour me forcer à me taire : l’amourajoie.  Amourajeux, personne ne peut t’aimer sans passer pour un pareil. Tu es ostracisé. T’es le parfait « reject».

J’étais convaincu que le système finirait un jour par m’attaquer en se servant de cette réalité.  La première tentative est survenue quand j’étais animateur chez les gars de la construction.  C’est du moins ainsi que je le vis.

                                                    9
      
Je me rendais quelque part sur la rue King, à Sherbrooke, quand j’ai aperçu deux magnifiques garçons au terminus.  L’un était un peu plus vieux que l’autre, mais ils étaient tous les deux jeunes et beaux.

J’ai poursuivi mon chemin afin de compléter ma commission, car, ce soir-là, j’attendais des amis de Montréal.  À mon retour, il n’y avait plus de jeunes.  Je me suis rendu aux toilettes et je les ai aperçus, en revenant au haut des escaliers, près des appareils téléphoniques.  Je me suis installé à côté d’eux et j’ai simulé une conversation téléphonique afin de pouvoir les observer.  Les jeunes en ont profité pour se rapprocher dès que j’eus accroché le téléphone.   Ils m’ont affirmé venir tous les deux de Montréal voir un ami.   Ça me semblait assez invraisemblable,  car jamais je n’aurais autorisé mon fils à se promener aussi loin sans être présent.    

L’amourajoie est bien plus responsable qu’on veut bien le faire croire.  La préoccupation du bien-être de l’amant est une obsession.   Un amourajeux ne veut pas que son amant souffre ou vive quelque chose qui risque de compromettre son bien-être.

Ça ressemblait plus à une fugue.

Les jeunes étaient trempés jusqu’aux os et ne savaient pas où aller pour se réchauffer.

Je les ai invités chez moi.  Ils m’ont suivi avec joie.  J’étais déjà au paradis.

À la maison, j’ai fait couler un bain pour le plus vieux qui semblait plus transis et qui prétendait avoir mal aux pieds.  Je l’ai invité à s’y laver et se réchauffer les pieds.  Je l’ai aidé à enlever ses chaussures.  Je lui ai baigné les pieds et  les lui ai frictionnés.  Il sourit.  Une invitation ?  Je ne peux pas résister.  Ma main saute un peu plus haut.  J’y découvre une cuisse ferme.  Le cœur me palpite au-dessus de la vitesse de la lumière.  Son sourire est encore plus angélique.   J’ose.  Le feu de son regard élimine tous les doutes quant à son approbation.   Je veux m’arrêter, mais il me presse de continuer affirmant que cela lui fait grand bien. 

Je l’aide à sortir du bain, je le déshabille, mais j’arrête quand il affirme que son copain ne connaît rien à ces jeux alors que lui, au contraire, est un expert des rues de Montréal.  

Plus tard, dans la nuit, neuf visiteurs nous arrivent effrayés puisqu’ils ont été chassés par la police alors qu’ils avaient des drogues en leur possession.  C’est le scandale.  La panique.  

En plus de leur peur précédente, je leur ajoute celle de me retrouver couché avec des jeunes. 

Je m’installe seul avec les jeunes dans la chambre près de la cuisine alors qu’eux couchent dans une autre chambre.  

Le lendemain, je vais travailler à reculons.  Je n’ai pas dormi de la nuit.  Je vais faire une commission. J’embrasse le plus vieux au départ et au retour à la maison.  Le bonheur ne peut pas être plus complet. Je décide d’aller prendre une bière avec mes visiteurs et de laisser les jeunes à la maison.  Je les retrouverai dans une heure ou deux.

À mon retour, plus de jeunes et plus d’argent.  Ils ont vidé tous les tiroirs et pris tout ce qui les intéressait.  Quelle folie !  S’ils m’avaient attendu, ils auraient été encore plus gâtés.  Les amourajeux sont forts sur les cadeaux comme l’étaient les pédérastes du temps de Platon.  Je leur aurais sûrement tout au moins payé les billets pour retourner à Montréal. 


On m’a raconté que le lendemain les jeunes avaient été surpris dans une auto patrouille.  On disait que Mario était de Sherbrooke, qu’il était le fils d’un policier. La peur n’arriva pas à me faire oublier cette première nuit de plaisirs.  J’avais peur, mais les jeunes m’avaient volé avant de partir ce qui me protégeait d’une certaine façon.

Je fume un joint avec mes compagnons durant ma promenade, ceux que je croyais des felquistes me réprimandent.  Ils me reprochent mes extravagances dangereuses.  Je ne trouve rien d’autre à dire pour me défendre : « je ne suis pas un oiseau qu’on garde en cage. »

Le lundi ou le mardi, je reçois au journal un appel des jeunes : « As-tu eu beaucoup de plaisir dans la nuit de samedi ? »

C’est de toute évidence, une tentative de chantage.  Juste au moment où il ne faut surtout pas que je me fasse arrêter à cause de mon travail d’animateur avec les gars de la construction qui entreprennent une lutte contre une diminution de salaires.

Je fixe rendez-vous en en demandant qu’on me donne du même coup les 20$ volés.  Je n’entends plus parler de rien. 

J’ai aimé Mario à la folie.  S’il a servi à me tendre un piège tant pis. Il était quand même adorable.  J’espère seulement que cette expérience lui a donné confiance en lui et l’a rendu heureux.  C’était un ange dans mon lit, d’une beauté plus que fascinante. Un visage avec un sourire dans la peau quand il dormait.  Je lui aurais donné le monde entier pour l’avoir plus longtemps.  Cependant, je n’aurais jamais accepté de me prostituer dans mon travail pour continuer à avoir des rapports sexuels que ce soit avec lui ou avec tout autre d’ailleurs. 

La vie est ainsi faite.  Je ne l’ai jamais revu.  Il a tellement hanté mes désirs que j’ai écrit une nouvelle à sa mémoire MARIO. 

C’est peut-être mon texte le plus monotone, mais c’est celui qui définit le mieux ce que je ressens face à la révolution culturelle.  Un concerto de Schubert en paroles.

J’ai poursuivi mon travail à la CSN, oubliant cet incident.

Les histoires selon lesquelles la police essaie d’obtenir des informations en t’amenant dans un bois pour jouer à la roulette russe sur le crâne avec leur revolver ou la raclée sans qu’il y reste de marques auraient dû suffire à me forcer à démissionner.  J’ai tenu bon. 

J’étais amourajeux et je l’assumais.  J’avoue que c’était encore une façon bien animale de vivre mon amourajoie.  J’apprenais sur le tas.  Les questions venaient au fur et à mesure.  C’est ainsi que s’est développé ma perception et ma conception d’une morale acceptable pour un amourajeux.

J’ai depuis beaucoup écrit sur la liberté sexuelle, en insistant sur l’existence absolue du consentement mutuel et du respect de l’autre. La beauté des plaisirs sexuels ne peut pas exister sans ça. Il faut apprendre qu’un oui, c’est un oui ; un non, c’est un non, et qu’il n’y a rien d’autre. Il faut apprendre à manifester clairement son approbation ou sa désapprobation, car sinon la vie sera une suite paranoïaque de peur que la vérité éclate.

Pour éviter une telle vie d’enfer, il faut que les écoles aient le courage d’aborder sans scrupule, la vie sexuelle ainsi que les comportements  appropriés dans ses relations avec les autres.

No comments yet

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueueurs aiment cette page :