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Radioactif 608

janvier 8, 2023

Radioactif 608

29 Février 2012

Textes de 2012, p. 1500/1708

Une tentative de roman.

Ti-Zoune

J’ai quatorze ans. Je suis en secondaire. Je n’ai pas de difficulté à l’école, mais je n’aime pas mon prof de français. Il me fait chier. Je devrais peut-être laisser l’école. Après tout, ça ne donne rien. Les manuels gagnent plus d’argent que les intellectuels. Et, j’aime bien faire du travail manuel question de remplir le Saint-Laurent de mes petits spermatozoïdes à la recherche d’ovules.

 Malheureusement, pour eux, ils ne savent pas encore à quoi ressemble l’autre sexe. Il ne faut pas se fier aux adultes pour leur apprendre. Les adultes sont des constipés, pour qui le plaisir est synonyme d’enfer.         

Je me demande bien ce que je vais faire dans la vie. Personne ne veut de moi, je suis plus délaissé qu’un vieux chiffon. On peut bien se parler. Essayez d’impressionner, mais il y en a toujours un de meilleur que moi. Ce n’est pas facile de décider ce qu’on sera, quand on sent qu’on n’est déjà rien.            

On ne peut même pu fuir ailleurs. Ailleurs, est déjà pire qu’ici…
Ils peuvent bien faire de grands programmes pour éliminer les décrocheurs, ils parlent de l’école, ma réalité est toute autre, je suis décrocheur de la vie, de leur maudit monde de fous.

Dans le fonds, il se fiche bien de moi. Tout ce qui les intéresse je suis un contribuable potentiel.    

Je devrais peut-être entrer dans l’armée. Avoir pour emploi de mourir, c’est bien la seule place où on ne te demande pas d’expérience.    

Ti-Zoune 2  

Maudit que je suis fatigué ce matin. À 6 h 30, maman était déjà à la porte à me crier après, comme d’habitude : «Tu vas être en retard. »

C’est quoi cette idée de devoir passer deux heures dans l’autobus pour se rendre à l’école? On pourrait aussi bien apprendre, assis devant notre ordinateur. On pourrait au moins se lever à 9 h 30.           

Je comprends que mes parents devaient marcher, eux, deux trois milles dans la tempête pour aller se s’empiller dans une petite cabane chauffée au bois. Y étaient comme moi, obligés d’y aller. Pourquoi  devrais-je leur dire merci d’avoir aujourd’hui des autobus pour aller à l’école ?  

Je n’arrive pas à comprendre le plaisir qu’il y a à vivre si je dois toute ma vie me lever pour aller travailler. Et, on se demande après pourquoi on n’aime pas l’école. On doit se lever tous les matins avec les coqs. Jamais le droit de manquer une journée.         

Je devais être fatigué puisque je me suis endormi en chemin. Heureusement que Claude m’a réveillé. Il ne pourrait pas aller pisser sans que je sois avec lui. Une vraie galle.

« Ah non, maudit! Pas un cours de français en entrant .  C’est toujours la même maudite affaire avec lui. Tu entres, tu corriges les fautes du texte précédent et tu dois en pondre un autre immédiatement. Quinze minutes plates ! Quinze minutes à t’arracher cellule par cellule pour avoir une idée. Tiens, je vais l’avoir ce coup icitte. Je vais lui écrire dans mon journal de bord que je ne rêve que de moyens pour tuer mon prof de français. Il va paniquer, le vieux tabarnache ! »

Ti-Zoune 3

Cette fois, je ne le manquerai pas. Je vais lui dire que je le haïs. Son maudit journal de bord va servir à quelque chose pour une fois.     

« Il y a deux sortes de profs : les cools et les sadiques. Vous êtes un des sadiques. Des fois, je voudrais trouver une façon de me débarrasser de vous. Ce n’est pas une menace, c’est un « rêve ». Je peux vous amener la corde si vous le voulez. »     

Et voilà, prend ça, mon Moineau !          

Ti-Zoune remit sa copie, fier d’avoir dit ce qu’il pensait à son prof trop exigeant.            

J’ai hâte de voir Yves Paradis à la récréation, il a dit qu’il avait des adresses internet pour moi. Mais, je dois faire attention, y parait que c’est déjà tout un bum. Y aurait même sa petite gang. Il ne faudrait pas que je me laisse entraîner par lui. Je veux bien savoir ce qu’il me veut, mais pas plus. Je ne veux pas faire de peine à maman, elle ne veut pas que je le fréquente.        

Ti-Zoune ne comprenait pas tellement pourquoi, mais il savait que sa mère a une réputation de « scrupule ambulant  » «Ta mère est arriérée, elle va encore à la messe le dimanche! » lui avaient dit certains jeunes du groupe de Paradis. 

Comme prévu, Ti-Zoune rencontra le grand Yves qui lui refila une adresse à consulter. Ti- Zoune profita de l’absence de ses parents pour voir ce que contenait ce fameux site dont tous les gars parlaient à la cachette, comme si on y apprenait à fabriquer une bombe atomique.       

Le soir, Ti-Zoune se précipita à son ordi, dès que sa mère eut quitté la place. Du moins, le croyait-il.            

Eurk de la porno !  Malgré la curiosité, Ti-Zoune n’y voyait pas encore d’intérêt. Il aurait préféré un site qui lui aurait montré de vieilles voitures.          

Il n’avait pas vu le début des séances de cul qu’il entendit sa mère crier : «Qu’est-ce que tu regardes? »            

Elle était hystérique. Elle exigea que Ti-Zoune ferme immédiatement l’ordinateur et elle le menaça de le lui enlever et le mettre au salon pour mieux surveiller ce qu’il regardait.  

Ti- Zoune était furieux. Pourquoi se priverait-il d’ordinateur pour respecter des scrupules insignifiants, venus d’un autre âge?  Mais, dans le fond, il s’en fichait . Il avait beaucoup plus envie de faire ses recherches en automobile et en musique qu’en sexe. Une chose qui ne lui disait encore rien de bien captivant.     

Ti-Zoune ne comprenait pas pourquoi sa mère s’énervait ainsi. On ne pourrait quand même pas le blesser à travers l’écran. « Les adultes sont vraiment bizarres. Ils s’énervent pour des riens. Pourquoi devient-on fous dès que l’on voit un corps nu? »      

Pour être certaine que l’incident ne se reproduise pas, sa mère décida de ne pas sortir ce soir-là. Elle pleurait comme s’il avait tué.       

En se couchant, Ti-Zoune pensa à son prof de français.  » Il doit être en beau maudit à l’heure qu’il est. »


05 Mars 2012

Ti-Zoune 4

Vendredi. C’est au moins la dernière journée de la semaine. Elle commence mieux qu’hier. C’est un cours de géographie. La professeure a un tel sourire que la découverte des autres continents et leurs mystères est plus qu’agréable, surtout quand elle se penche.        

« Tous les hommes sont pareils. C’est à la fois vrai et faux. On dirait qu’à cause des religions, certains n’ont pas évolué et ne savent pas penser par eux-mêmes. C’est un peu comme sa mère quand il est question de sexe.  Au moins, elle, elle ne tue pas encore par respect pour un Dieu qui se prétend amour et qui vous empêche de respirer», pense Ti-Zoune qui vient juste d’entendre les informations. Il faut être fous pour tuer sous prétexte qu’on a manqué de respect pour un livre saint ou être incapable de se calmer les émotions. L’hystérie est un phénomène de groupe.      

Malgré son âge, Ti-Zoune croit déjà que les religieux leur en mettent plein la vue quand ils essaient de leur faire croire qu’ils parlent au nom d’un Dieu.

Dieu n’est pas là à tous les siècles pour leur dire ce qui se passe et aucune période de la vie n’est pareille. Que dirait son arrière-grand-père s’il voyait un appareil de télévision?  Il croirait bien que c’est une invention du diable. Ti-Zoune intuitionnait déjà que de la naissance à la mort, il y a des individus pour abuser des plus ignorants.

Ti-Zoune a toujours adoré tout ce qui touche la science et particulièrement ce qui permet de comprendre l’être humain. Ça en fait une espèce d’intellectuel avant la lettre.

En passant devant les Parenteau, Ti-Zoune se rappela le gang à Ti-Loup qui ne manquera certainement pas l’occasion de venir l’intimider à la récréation du midi sous prétexte de parler de la cassette à visionner. « Qu’est-ce que je vais leur dire? »     

Ti-Zoune était perdu dans ses réflexions quand le Collant est venu s’asseoir à ses côtés. Jasmin avait été ainsi surnommé parce qu’il a l’habitude de se tasser sur la personne qui l’accompagne, comme s’il devait les presser pour mieux les entendre.

Ti-Zoune fit semblant de dormir. Ça ne le tentait pas de parler avec qui que ce soit ce matin-là.

08 Mars 2012

Ti-Zoune 5

Ti-Zoune l’avait oublié celle-là. C’était le français après la géographie. Le prof semblait particulièrement heureux.      

« Probablement qu’il goûte déjà les plaisirs de la fin de semaine», pensa Ti-Zoune qui n’avait pas encore entendu les folles théories de la CRAC et son Lego.

Ti-Zoune aurait certainement aimé évaluer son prof de français et le retourner au bureau de recherches d’emplois, sans savoir qu’il se tirait royalement dans les pieds en agissant ainsi.  On n’apprend pas quand on se croit supérieur à son professeur ou que l’on refuse un prof exigeant. On l’obstine et on lui tient tête.

 Les plus fins savent manipuler leurs parents pour avoir encore plus d’impact. L’évaluation des professeurs peut détruire un système scolaire.

Cependant, chez les Anglophones, l’évaluation est un fait depuis très longtemps; mais celle-ci sert à améliorer les méthodes de travail du professeur et non à évoluer les performances de ses élèves.

Un élève en difficulté qui ne veut rien savoir, même s’il avait le meilleur des profs, demeura toujours un élève en difficulté. On peut l’aider à s’améliorer, mais il aura toujours plus de difficulté que les autres.            

On aurait cru que ce vieux bougre de prof savait lire dans les pensées de Ti-Zoune, car il souligna immédiatement que la France est si peu fière de sa langue qu’elle se permet de s’angliciser en utilisant trop d’anglicismes comme week-end. Ce qui, à son avis, est un manque de respect pour leur propre culture.

« C’est possible d’emprunter quelques mots aux autres langues, mais pas au point d’essayer de tout chambarder selon les humeurs des stations de télévision, c’est dégradant. »    

Ti-Zoune fut d’abord furieux de la note de son professeur. « Tu manques d’imagination. Il ne suffit pas de dire que tu veux ma peau. Tu dois trouver des méthodes originales de me tuer qui me font rire ou qui créent le désir, l’anxiété de voir laquelle tu inventeras par la suite. »        

T-Zoune se mit à chercher des moyens de passer à l’action. La corde et l’arsenic sont dépassés, les médicaments sont trop courants. Que faut-il inventer pour être original?

Puisqu’il aimait la chasse, Ti-Zoune écrivit, j’attacherai, mon prof dans un piège et je répandrai sur lui une odeur pour attirer les ours ou les loups.   

« On verra bien qui n’a pas d’imagination », se dit Ti-Zoune.          

Sans s’en rendre compte, Ti-Zoune venait de faire son entrée dans les plaisirs de la création.

Des heures seront dorénavant retenues à réfléchir simplement sur le moyen employé pour tuer son prof afin d’en parler dans ses prochains « journaux de bord ». Il ne suffit pas d’écrire sans faute, il faut apprendre le plaisir de créer un monde à nous.

08 Mars 2012

La dette et l’indépendance

Commentaire sur le site de François Lisée.

 Jean simoneau : Commentaire en attente d’approbation.   
Mars 8, 2012 à 22:16         

Avec la pénurie d’énergies, nous n’en sommes qu’au début de l’étouffement de l’humanité par ceux qui organisent les crises. Nos pauvres banques n’ont fait que quelques milliards de profits en trois mois. Il faut étouffer la Grèce et les autres pays d’Europe. C’est donc normal qu’on essaie d’en soutirer plus en étouffant les plus petits. Si les gens sont de plus en plus endettés, c’est que les salaires sont de plus en plus petits en proportion avec les augmentations du coût de la vie et de la consommation. La seule vraie question est de savoir s’il est possible de mieux se réaliser comme peuple en étant indépendant. Une question à laquelle nous avons déjà répondu avec les résultats de la Commission Bélanger-Campeau. Une étude américaine en venait à la conclusion qu’un Québec totalement indépendant serait même à long terme plus payant que la souveraineté-association.

12 Mars 2012

Le NPD n’est pas indépendantiste.

mars 12, 2012 à 16:51 blogue de François Lisée

Sauf au tout début où on nous reconnaissait au moins le droit d’y rêver, le NPD n’a jamais été favorable à l’indépendance du Québec. Il faut cesser de croire dans les divisions gauche-droite au Québec et au Canada. On est plus ou moins religieux ; plus ou moins progressistes. Les spécialistes divisent tout pour mieux comprendre, mais la réalité est un tout.

J’ai aussi entendu un Monsieur Normandin sur You Tube qui prétend que l’on est indépendant depuis 1968, soit depuis que le Québec a mis la reine et le sénat à la porte du Parlement québécois. (Je suis d’accord du fait que l’on n’a pas signé la Constitution). Il dit même que les référendums ont simplement permis au Québec de retourner dans le giron fédéral. Toute cette fraude aurait été orchestrée par le Barreau du Québec. Je trouve ça un peu fort, mais cela signifierait qu’en fait la lutte pour la souveraineté est juste un moyen pour nous faire oublier l’arnaque économique, selon laquelle on paye des impôts et des taxes à deux gouvernements. Ça c’est plus près des libéraux quoique j’aie bien de la difficulté à croire ça. La politique est sale, mais à ce point ?

Il faut maintenant démontrer en quoi les Québécois seront mieux dans un Québec indépendant. Le PQ doit dès maintenant créer un projet de société révolutionaire pour nous prouver que c’est la meilleure solution. Ceux qui continuent à s’en prendre au PQ et à Madame Marois, en attendant les élections, font carrément le jeu des fédéralistes.

L’indépendance se fera au Québec par et pour les Québécois.

Un ordre des professeurs, c’est une idée vieille de plus de 40 ans. Tout un changement. Est-ce à dire que ça nous prend du temps à évoluer ?

16 Mars 2012

Rites et religions

 Jean simoneau : Commentaire en attente d’approbation.   
mars 16, 2012 à 22:50       

Au Québec on mélange religion, rites religieux, morale et spiritualité. On a tellement peur de ce que les autres pensent qu’on n’ose plus mettre nos culottes.

C’est ainsi qu’on parle de voile, de sexualité, de nourriture alors que ces éléments sont des inventions des différentes religions, des rites. Les rites (voiles, nourriture) sont des éléments qui ont été rajoutés à travers le temps, tout comme la morale sexuelle l’a été à partir du 17è siècle.     

En fait, si on veut un Québec laïc, sa morale doit être laïque et reposée sur la science plutôt que les élucubrations des différentes religions à travers les siècles.    

On a qu’à se souvenir de notre catholicisme qui nous défendait de manger de la viande le vendredi sous peine d’aller en enfer. Que dire de la morale sexuelle qui a rendu le Québec à moitié fou quand on présenta des danseuses africaines aux seins nus ou “Les dieux ont soif” au théâtre. Une maladie du scrupule que l’on retrouve à la base de toutes les peurs de ce que l’on considère la droite au Québec.            

C’est qu’ici on ne semble pas savoir aller au fond des choses et faire les nuances qui s’imposent. Le droit à la religion, c’est strictement le droit de pratiquer les exercices spirituels chez soi ou dans le temple de sa religion. Un droit qui est certainement une réponse à notre peur jadis du communisme. Il faudrait pouvoir échapper à l’époque où le Québec était sous dictature religieuse. Il faudrait aussi pouvoir créer une démarcation entre religion (règle morale) et spiritualité (croyance dans un être suprême).         

Toutes les religions attaquent une règle acceptée par la très grande majorité au Québec, soit l’égalité homme-femme. Que faisons-nous du droit des jeunes à ne pas se faire laver la cervelle et de se créer une morale personnelle ?            

Le respect de l’autre commence par lui reconnaître le droit de se créer sa propre morale en dehors de la violence.      

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