Radioactif 543
Radioactif 543
Textes de 2009, p. 1122
Société débile?
Il y a deux ou trois semaines, une dame de la Fondation du rein téléphonait chez moi à la recherche d’un bénévole pour passer de porte en porte, dans ma rue, afin de ramasser des sous. Après hésitation, je me demandais si c’était un racket, j’ai accepté.
Quand j’étais journaliste, j’avais suivi un jeune condamné à la mort à cause d’une maladie du rein. Inutile de dire que ça m’a marqué. Il était dans la vingtaine. Ce jeune en est mort à cause du rejet.
Hier soir, elle me rappelait, vraiment mal à l’aise, pour m’informer que le projet ne tenait plus, car à Magog, on ne peut pas faire de porte en porte. Jusque-là, pas de problème. Mais, je me suis rappelé que chaque été, il y a des groupes de jeunes qui passent pour vendre du chocolat. Y a-t-il deux poids deux mesures ou si comme, à la fondation de la bibliothèque Memphrémagog, on est tombé sur la tête ?
J’ai été invité à démissionner de cette fondation parce qu’en 1996, j’ai été trouvé coupable d’attouchement sexuel. Ça fait 13 ans. J’ai plaidé non coupable parce qu’on avait monté tout un bateau et je croyais sincèrement qu’il s’agissait d’une vengeance politique. J’ai été longtemps président de la Société nationale des Québécois, à Val-d’Or, et durant le référendum, j’avais fait publier, aidé financièrement par le député, des annonces en faveur du OUI.
Le maire du temps à Val-d’Or, était président du NON. Les dossiers avaient été préparés par une amie de Michaël Jean. On en avait fait deux, pour être sûr, j’imagine. Lequel était le vrai ? De trente-deux cas d’accusation, on pouvait se poser des questions que sur deux qui demeuraient possibles. J’étais seul avec lui, sans témoin. Le juge a cru le jeune et j’ai été reconnu coupable. J’ai fait mon temps en entier pendant que Dion passait sa loi sur la clarté. Je n’ai jamais pu enseigner à nouveau.
Auparavant, le père avait été obligé de signer une plainte, car on lui disait qu’on lui enlèverait la garde de son fils, Mathieu, s’il ne le faisait pas. Pire, auparavant, les policiers sont allés chercher les jeunes à la maison (Mathieu et sa petite sœur) sous prétexte que l’endroit était si sale que ça mettait la santé du garçon en danger, car il demeurait à plein temps avec son père alors que pour la petite sœur le tribunal avait donné sa garde à la mère. Une mormone.
Pourtant, le père m’avait raconté qu’elle se flattait les parties, nue, devant sa petite fille, mais le dossier avait disparu. Une affaire de fou comme dans bien des guerres pour les séparations, surtout s’il y a des enfants ou de l’argent en jeu.
Plus tôt, une semaine ou deux avant, on était venu chez moi perquisitionner. On a ramassé les vidéos de soirées de poésie de 1970 et 1980 à Montréal dont je me servais dans mes cours ainsi que le film « La société des poètes disparus » et 52 photos qui n’avaient rien de pornographique, tout le monde était bien habillé. Une très grande partie appartenait à mon fils Rouhed, des amis à lui.
Récemment, j’ai demandé un pardon pour pouvoir voyager, même si je n’ai pas un sou. Depuis que j’ai demandé mon pardon, les organismes semblent au fait que j’ai un carnet (blog) dans lequel je ne condamne pas la pédérastie, mais qu’au contraire, j’essaie de démontrer jusqu’à quel point la paranoïa a rendu folles presque toutes les institutions face à la sexualité chez les jeunes.
J’ai une maîtrise qui ne me sert à rien. Je ne peux même pas être bénévole et il y a au moins un million d’analphabètes au Québec. Comment pourra-t-on amener Magog à se développer si on agit toujours aussi stupidement ? Pour avoir des entreprises de pointe, on doit avoir un bassin de personnes très instruites… Je ne suis pas né dans la bonne ville. Elle est pourtant très belle et je l’aime bien.
Les bourgeois y sont aussi stupides qu’ailleurs dans le monde. Le président de la fondation est un ex-député libéral qui a démissionné de son parti pour être indépendant. C’est probablement un ADQ maintenant.
Pourtant, j’ai fait du bénévolat à plusieurs reprises, sans le moindre problème (Le livre en cadeau, l’Association des aveugles, la banque alimentaire) et habituellement, je demande de ne jamais être en contact avec des jeunes qui n’ont pas l’âge de consentement juste pour me protéger. Les esprits tordus courent les rue.
Je ne me vante pas d’avoir été condamné. Mais, mon droit de parole se résumerait à dire : j’ai eu tort, j’ai tort, j’aurai toujours tort… et je ne le crois pas. Donc, je paye pour ne pas accepter de me mettre à genou. C’est probablement mon côté fou : refuser de croire aveuglément dans ce que la société prétend.
Cet événement a simplement fait que j’aurai écrit plus sur la sexualité que la politique alors que pourtant jusqu’à maintenant, l’indépendance du Québec occupait une plus grande place.
Pis, fuck ! À l’âge que j’ai, j’ai juste à survivre jusqu’à ce que je crève. Mais, je me sentirai coupable de ne pas aider la société dans laquelle je vis. C’est un besoin égoïste de vouloir faire du bénévolat. Si on ne veut pas de moi, tant pis. Tant que ma vie sera agréable et que je nuirai à personne puisque je me réserve la fin de ma vie pour jouir d’être un humain, je n’ai pas à me plaindre.
Je trouve certaines gens juste un peu plus fous que moi et plus dangereux. À chacun sa lecture.
D’éternels minoritaires…
Avec ou sans élection, on sait maintenant exactement ce dont rêve le tandem Harper-Ignatieff, faire du Québec une éternelle minorité à l’intérieur du Canada.
C’est de plus en plus évident avec la facilité dans laquelle le fédéral engloutit les pouvoirs des provinces.
Le Québec est presque seul à concevoir l’état de façon aussi interventionniste. Le partage de la richesse tient de notre éducation et du fait que nous émergeons d’une société pauvre. Un restant de catholicisme aussi.
Les anglophones meurent juste à entendre le petit mot » socialisme » qu’ils confondent avec communisme. Le Canada est de plus en plus américain, de plus en plus, à droite… God is money.
L’immobilier doit devenir de juridiction fédérale pour contourner la Régie des loyers au Québec, j’imagine. Ailleurs, au Canada, le coût des logements est beaucoup plus élevé. Et notre gouvernement du Québec, en vraie putain, demande à la Cour suprême de statuer, sachant même que si elle donne raison au fédéral, nos droits sont cuits. Le Québec est de plus en plus une province comme les autres.
La machine continue sa marche. On veut augmenter le nombre de députés en Colombie Britannique et en Ontario alors qu’il n’y en aura aucun de plus au Québec. Ainsi, une fois acceptée, cette modification fera en sorte qu’on aura jamais plus besoin du Québec pour déterminer les politiques fédérales ou avoir un gouvernement majoritaire.
Le Québec pourra crier tant qu’il voudra, c’est tout ce qu’il pourra faire. Le Québec se comporte comme un éjaculateur précoce. Plus les souverainistes seront écrasés plus notre disparition sera rapide.
Le Canada pourra bientôt se passer du Québec pour avoir une majorité au parlement et à moins d’un changement radical très bientôt, le Québec ne pourra plus jamais être « mathématiquement » indépendant ou même souverainiste.
Nous serons d’éternels minoritaires parce que nous l’aurons voulu.
On a juste à voter pour changer les choses et on a même pas la décence de se tenir debout. L’économie l’emporte sur les valeurs.
Le Québec aura été per capita le pays qui a eu le plus d’artistes qui ont cru dans l’indépendance, mais tout ce qu’on a su faire, c’est de se laisser assimiler. Les francophones sont devenus minoritaires à Montréal ce qui signifie une multiplication par dix de la vitesse avec laquelle on sera dorénavant assimilés.
En laissant les religions dans les écoles, on multiplie encore la vitesse de croisière de l’assimilation puisque les gens qui arrivent ne sont pas intégrés à nos valeurs et on les laisse vivre dans un ghetto, comme les homosexuels dans le village gai. «Be gay icitte, mais pas ailleurs».
Pourquoi faut-il une crise pour que les choses changent ? Cette fois, la révolution doit être universelle et doit renverser toutes les institutions financières. L’économie est le poison qui tue la planète. J’ai l’impression en me relisant de relire ce que j’écrivais en 1968.
Pendant que j’écris, mon frère écoute sa messe à Radio-Canada. Et savez-vous quoi, tout est en anglais ou presque, depuis plusieurs minutes. Comment pouvons-nous accepter ça ? Que l’on trouve des paroisses françaises. Mais, pour faire plus bourgeois, il faut être bilingue. L’autoroute de l’assimilation est la peur de ce que les autres pensent de nous. Pour bien paraître faut parler anglais. C’est ça être bourgeois. Agir selon ce que les autres pensent de nous, s’imaginer que la grosseur du portefeuille détermine la qualité intérieure. Par contre, dans un Québec indépendant, le bilinguisme sera une valeur personnelle alors que toutes les institutions seront unilingues françaises.
C’est ainsi tranquillement qu’on essaie aussi de nous faire avaler tous les coups de cochons des libéraux : oui, mais ailleurs, au Canada, on paie plus cher. On s’en crisses-tu de ce qu’on paie ailleurs au Canada. On n’a pas la même vision sociale. On est moins capitaliste. Mais il faut l’avouer, nous sommes un peuple qui ne se respecte pas. Que les individus soient bilingues, rien contre, mais pas les institutions, surtout pas la télévision française. CBC est là pour les messes en anglais.
Que l’on soit minoritaire, ce n’est pas de la paranoïa, c’est une réalité mathématique. Une réalité que je dénonçais déjà dans mon livre Le temps d’agir. Comme tous comme les autres, il n’en reste plus en circulation.
Je suis comme le Québec : en voie de disparition.
Même rêver d’une confédération, c’est devenu de la bouillie parce qu’on refuse de voir la réalité : le Canada ne veut pas de nous. S’il nous voulait, il écouterait et nous laisserait au moins notre culture. Nous sommes devenus des Elvis Gratton.