Radioactif 515
Radioactif 515
Textes de 2009, p. 1015
Un milliard pour être fédéraste.
Jean Charest prétendait qu’il est préférable pour le Québec de faire partie du club sélect des « G8», c’est-à-dire de la mafia mondiale qu’être un petit pays. Le pays du Québec.
Ne dit-on pas que dans le monde de demain, il n’y aura que des pauvres et des riches? Plus de milieu, plus de zones grises, plus de classe moyenne. T’es riche ou t’es pauvre. Comme en Russie.
Donc, il vaut mieux être du côté des riches et d’en avoir plein les poches.
Dans un tel système, la liberté se calcule selon l’épaisseur de » ton » portefeuille. L’intelligence, c’est combien rapportera l’arnaque que tu sais inspirer et la valeur ajoutée, c’est l’intérêt.
Plus tu es apte à rapporter, plus tu as avantage à t’instruire. Il faut pouvoir justifier son vol, employer les mots justes pour éviter la casse, la révolte. Il ne faut pas que beaucoup de gens comprennent. Si les gens comprenaient, 1789 serait une denrée renouvelable, mais cette fois à l’échelle mondiale.
La langue, la culture, ça n’a pas tellement d’importance. Je l’écrivais en 1970, dans mes poèmes. Je croyais comprendre, mais je ne saisissais que l’aspect superficiel. Mahomet l’a dit, c’est le dernier prophète. Notre monde a des milliers d’intelligences pour diriger cette arnaque. Ceux qui comprennent sont dangereux. Heureusement pour moi, je suis trop niaiseux pour en faire partie. Comme on me l’a dit « ce n’est pas important que je sois pédéraste, on te reproche d’avoir compris l’hypocrisie de notre civilisation ».
L’intelligence c’est de ne pas se faire prendre. » Moi, j’ai été pris trois fois parce que j’étais idéaliste. Un idiot quoi! Je suis donc trop niaiseux pour être dangereux.
J’étais venu à Magog pour mourir, car on retourne toujours à son lieu de naissance, chez-soi, pour mourir. Il n’y a pas de place pour les idéalistes sur cette terre.
Je ne savais pas que ma pédérastie me donnerait une autre vision de notre civilisation. Une manière de voir le monde qui me soit aussi exclusive. J’ai vécu ma vie un peu en somnambule comme les oiseaux qui parcourent le vaste monde. Je suis un moineau. Je peux affronter l’hiver. Plutôt que de se servir de mes connaissances, on m’a rejeté, on m’a empêché d’enseigner comme si faire une pipe de temps en temps, en dehors du travail, c’est pire que de demeurer ignorant.
On a même dévalué ma maîtrise.
Contrairement aux capitalistes, j’ai préféré jouer aux fesses à toute cette sublimation, ce transfuge monétaire. J’aimais, donc, je ne pouvais pas être un capitaliste sauvage ou un communiste. Ces deux rapaces ne cherchent que la richesse.
Remettre en cause la sexualité, c’est remettre en cause notre civilisation.
Je n’ai pas assez d’intelligence pout tout voir sous forme de formules ou de symboles. Je suis demeuré pragmatique. La beauté, la tendresse, la joie. J’aime les êtres humains pour ce qu’ils peuvent me rapporter en émerveillements, face à leur beauté.
Je ne pensais pas aussi bien dire. Je ne suis pas d’une matière malléable, mais je ne suis pas non plus un trou noir d’imagination. Je préfère marcher et rêver à devoir nourrir un habitat immédiat. De l’ignorance plus que de la lâcheté? Je n’appartiens pas au temps.
Les régressions sont permises et certaines époques de ma vie sont si fascinantes que j’y suis resté cloué.
La vie est un spasme, un rire éclatant, une étoile filante. Mon seul malaise est de me sentir rejeté parce que j’aime les petits gars. J’aurais dû comprendre que cet interdit millénaire ne peut pas être remis en cause dans notre société où tout est pensé d’avance pour nous. Le plaisir nuit aux profits.
Quand il y aura trop de dépressions psychologiques, on y repensera. Les malades et les morts ne font pas de bons ouvriers.
La crise est si vite arrivée que déjà on prépare la prochaine.
« Devos is there. Take a picture. They are the ass of the humanity. Ils produisent seulement de la merde. » Mais pour chier, il faut consommer. Ce sont des usines de production de denrées alimentaires qu’il nous faut, pas des armes. Qui peut se priver de manger pour survivre ou survivre sans manger? Les règles du jeu seront simplement un peu plus sophistiquées quand il s’agit de banques. Faudra-t-il laisser tomber les masques pour être un fin voleur? Personne ne doit comprendre la prochaine arnaque qui doit remporter encore plus d’argent. C’est la guerre entre empires.
Les grands vainqueurs, les financiers, ne sont pas encore connus. Le hit-parade se poursuit entre Russie, Chine, États-Unis? Aujourd’hui, les monarques n’ont plus de pays, les royaumes se comptent en richesses naturelles, en énergie. Priver les autres, pour tout posséder.
Actuellement, le peuple doit fournir environ 1,000 milliards de dollars pour rembourser les banques qui doivent empocher leur salut, sinon elles couperont le crédit, les emplois disparaîtront et ce sera la crise, la vraie un peu comme en 1929.
L’homme n’a pas d’importance. Les camps nazis n’étaient qu’une pratique. C’est ce qui devait arriver si les gouvernements n’étaient pas coopératifs. Ils ont compris et ils payent.
Donc, les vrais dictateurs sont ceux qui possèdent. Ceux qui dominent les frontières, le marché. Ceux qui jouent à la bourse et nous entraînent dans des valeurs ajoutées que l’on retire d’un coup pour faire encore plus d’argent, racheter les plus petits.
Au Canada, on vit des malheurs et des bonheurs des États-Unis. Quand c’est l’automobile, c’est l’Ontario qui écope. Quand c’est le domaine de la construction ou de l’immobilier, c’est le Québec qui pâtit. Sur le plan mondial, on est classé dans la redistribution des avoirs par les hauts milieux, suivra la distribution des prix.
Malheureusement, le Québec n’était pas de la grande arnaque, donc, il est privé de 40 milliards de dollars. C’est le prix à payer pour brasser les cartes quand il y a un nouveau joueur. L’Asie.
Le Canada a des intérêts communs différents du Québec, aujourd’hui, l’union canadienne, c’est l’Ouest et l’Ontario. On n’a tout simplement pas épuisé toutes les possibilités d’arnaques à partir du pétrole.
Pour les fédérastes québécois, parler ou non français, ça n’a pas d’importance pourvu que l’argent entre à plein tube dans le portefeuille de l’arnaqueur. Le budget fédéral est exactement la preuve que le fédéral se fiche du Québec puisque le présent budget signifie pour nous « débrouille-toi tout seul avec ton bois».
En plantant le système banquier, les plus intelligents ont démontré que malgré tous les contrôles, il est possible de créer une crise et d’empocher des milliards. Il suffit de donner une valeur fictive aux choses avant de revenir à une valeur réelle et avoir su mettre l’argent nécessaire de côté pour racheter dans le creux de la vague. La crise sera grave, mais courte pour les riches. Ceux qui doivent en payer le prix paieront longtemps. On risque de comprendre. Ainsi, il y a de nouveaux riches. L’arnaque peut durer longtemps surtout si elle repose sur une richesse naturelle dont la totalité est détenue juste par un petit groupe comme dans le cas du pétrole. Il suffit d’être patient.
La FMI (banque mondiale) a su tuer tous les pays émergents pour permettre encore aux plus riches de s’engraisser, grâce au dumping. Les buildings chinois étaient trop affamés. L’arnaque actuelle, la crise économique, vaut au moins 1,000 milliards de dollars qu’on ira chercher dans les poches des travailleurs. Le Québec paye pour ne pas avoir su avoir assez de courage en 1995 pour se tenir debout…
Le seul moyen de se protéger de la mafia mondiale légale, c’est de devenir un pays pour écrire les règles du jeu.
Vieillir ?
Le 2 février, j’aurai 66 ans. Plus je vieillis, plus la vie va vite. Plus elle est intrigante. J’amollis. De la volonté surtout .
J’ai moins de misère à bander qu’à trouver un nouvel espoir, une nouvelle raison de vivre. Les drapeaux se font rares. Il suffit qu’on me provoque pourtant. Les Plaines d’Abraham sont toujours un lit pour tous ceux qui adorent la nature. Une belle façon de se repayer la conquête, tout en échappant à la crise économique.
Les capitalistes sont des cochons qui ont oublié les joies du sexe. Ils nient les plaisirs de la libido. Ils ne songent qu’à leur panse. Leur sublimation est autant superficielle qu’artificielle. Ils éjaculent du ciment. Ils sont obèses à cause de leur trop grand avoir pendant que les « chicos » travaillent et luttent pour avoir encore une demi-journée à téter la nature qui s’assèche à vue d’oeil. C’est la course pour avoir le droit de durer plus longtemps qu’un sacrifice. Plus tu rapportes, mieux t’es payé.
Chaque étape se suffit à elle-même. Je n’ai plus la fougue qui jaillissait au bout du crayon. Chaque lettre était une balle. Une balle de fusil ou de baseball? Ça n’avait pas d’importance tant que le joueur était assez beau pour allumer la mèche. Et je l’ai toujours eu courte, mais très vivante.
La mémoire me ramasse des situations pour créer un autre épisode. Chaque billet est une image en soi. Chaque vie est un livre, un roman particulier. C’est pourquoi chacune est différente. Autrement, ça ne vaudrait pas la peine de vivre les aventures des autres.
La lecture permet de tout essayer sans en payer le prix. La littérature n’est belle que si elle est nue. Mon imagination préfère dormir sur le bord de la plage au clair de lune que de s’efforcer à faire le paon. Je sens mes rêveries inutiles. Tout a été dit et rien n’a changé. On ne sort jamais des sentiers battus. Alors, à quoi ça sert d’écrire? À se faire du cinéma.
Le plus intéressant est quand un nouvel épisode est tout à fait imprévisible, à l’encontre du bon sens. Comme je vis présentement. Le moment présent. Chaque seconde à la fois. Comme si le passé s’était coupé du présent.
Je me découvre paresseux. Je devrais écrire, construire un nouvel univers, mais quand vient le temps de m’installer et d’écrire, je me dis aussitôt que c’est perdre mon temps. Je ne serai plus jamais publié parce je refuse d’embarquer dans leur morale de débiles. Pourtant, j’aurais besoin de vivre encore ce que j’affirme, juste question de me rappeler le plaisir à en tirer.
Un élément a été oublié, un petit rire, puis, avec le temps, il devient un nouveau chapitre. On dirait une course aux sensations nouvelles. Un besoin créé par un vieux corps qui prend plaisir à raisonner, à imaginer, à sentir qu’il est encore capable de plaisir. « Tu n’es plus le fleuve St-Laurent, tu ne gicles plus autant, mais juste savoir que ça écume encore te suffit ».
Est-ce que ma vie aurait été aussi enrichissante, si telle ou telle chose avait été différente? L’intérêt dans la vieillesse, c’est que tu sais déjà le genre de vie que tu as menée. La plaisir est de la réinventer dans ta tête.
Ce n’est pas mentir, c’est jouer avec la réalité qui fut une suite logique.
Souvent même le combat que tu as mené perd de son importance. Tout le monde se fiche éperdument de la pédérastie et de l’indépendance du Québec. Le monde dans lequel j’évolue maintenant a complètement changé. Ses différences pourraient-elles raviver les tendresses et les assauts d’hier ?
Seules les religions sont stagnantes au point de perdre toute forme d’intérêt. Ce sont encore de vieux babouins qui se masturbent en pensant que le ciel va leur tomber sur la tête et qui crient de douleur quand ils éjaculent alors que tout le monde sait que c’est ça le paradis, ce moment d’euphorie absolue. Des peureux de l’éternité qui n’ont pas encore compris que la seule chose éternelle est le changement. Il faut évoluer. Eux, préfèrent la régression, chacun sa bêtise.
La libido prend parfois le bord, d’où le besoin de réessayer ta carrosserie. Depuis quelques années, la levée du drapeau ne se fait plus, même au grand vent. Une fatigue sans doute passagère. Une hormone qui se laisse prier. Avec le temps une caresse, ça peut encore faire lever les idées quoique le drapeau de la félicité ne suive pas toujours. Il y a encore de l’intérêt à une multitude de choses aussi, sauf qu’avec l’âge, on a appris qu’on ne saura jamais les réponses. Quand on est jeune, on est de toutes les curiosités, on veut tout essayer. Quand on est vieux, on sent le besoin de tout essayer, mais on n’en a pas toujours les moyens.
Sexuellement, il y a le petit vieux plus fringant que les jeunes écrasés par la morale de leurs parents. Quand ils comprendront la bêtise de la culpabilité, ils seront en maudit de ne pas avoir allumé plus vite à savoir que la vie est une école. Le but ultime de tout individu est de devenir autonome. S’enrichir par en-dedans, par expériences. Vivre les paranoïas des autres nous empêche de jouir de notre propre capacité de vivre.
Quand t’es en forme, vieillir c’est probablement une autre belle page de la vie. Les souvenirs sont là, en plus, tu comprends mieux. Tu sais que le système est pourri et que tu ne vies que pour toi finalement. C’est un grand acte d’égoïsme, si sublime que tu sens le besoin de le partager, car bientôt tu seras seul à t’endurer. Il faut profiter de chaque instant qui passe, car l’avenir ne permet pas de reprendre le passé.
À mon âge, on est encore capable de masturbation mentale, une autre forme de plaisir. Écrire devient une nouvelle sorte de jouissance. On touche l’absurde. On passe la langue sur le film de notre vie. On sent les frissons que ce petit geste a de divin, comme si notre langue se pavanait sur un corps désiré.
La mémoire est un film qui s’efface graduellement.