Radioactif 503
Radioactif 503
Texte de 2008, p. 972
Le beau petit Tuan.
Non seulement Tuan était un signe divin, mais il était d’une beauté invraisemblable. Son père était Chinois et sa mère Vietnamienne. Il était tout petit et d’une joie de vivre sans borne. Un sourire permanent. Toute chose nouvelle l’interpelait. Il était ainsi sans cesse ravi de tout ce que la vie lui apportait.
J’avais entendu parler du Vietnam bien avant de connaître Tuan. Quand le frère Madore venait avec sa magie, apparaissaient les films sur l’Asie. C’est ainsi que j’avais tout jeune appris à ne pas croire dans le communisme. Les Vietnamiens du Nord se sauvaient pour échapper à ces barbares. C’était déjà la guerre. Mais quand tu es jeune, tout s’arrête avec l’exode, sans trop comprendre pourquoi.
Les parents de Tuan ont décidé de l’envoyer avec un groupe qui fuyait la venue des communistes afin de s’assurer que leur enfant unique survive à cette misère. Sur le bateau qui l’amena au camp de réfugiés, il a dû faire face aux pirates. Ces salauds attaquaient les «boat people» pour prendre tout ce qu’ils avaient et souvent ils se permettaient d’en tuer quelques-uns pour le plaisir. Ils étaient toujours très rudes. Ainsi, l’ami de Tuan, le peintre Yan, a dû passer de longues heures dans l’eau, près de l’embarcation, pour échapper à ces bandits sanguinaires. On aurait dit que tout était fait pour que nous ayons à nous rencontrer. Ce fut l’amitié instantanée.
Tuan était bouddhiste. Il l’était jusque dans sa vie quotidienne : toujours enjoué. Contrairement à nous, il ne devenait pas fou de culpabilité dès qu’il essayait quelque chose de nouveau. Il n’avait aucun scrupule et il était d’une curiosité insatiable. Avec lui, on vivait. Je ne me posais pas de questions. Tout se déroulait naturellement et à voir la joie qui nous animait quand on se retrouvait, il n’y avait aucun doute quant à la beauté de notre relation.
C’était inévitable que je pense à l’adopter, car nous étions parfaitement heureux quand on se retrouvait ensemble. Et, je ne me souciais absolument pas de ce qu’en pensaient les autres. J’étudiais pour devenir professeur. C’était un don de Dieu de me retrouver responsable d’un petit gars. Sans même me poser de questions, ses désirs devenaient des ordres.
Au début, je trouvais malheureux qu’il se soit installé en Ontario avec sa tante; mais c’était la décision de sa grand-mère, l’obéissance à la tradition.
Entre temps, j’avais demandé une exemption pour lui à la loi 101. Je déplorais qu’on ne me comprenne pas au Québec mon désir d’avoir une année de répit pour lui avant d’aller à une école française. En étant avec moi, il aurait au moins le temps d’apprendre un peu le français. En un an, il avait appris l’anglais, c’était déjà énorme. La décision de sa grand-mère mit fin à cette mésentente, car il ne s’installa pas avec moi de façon permanente.
Chaque été, il apparaissait avec une énergie à revendre.
Tuan a certainement contribué aux modifications intérieures qui s’opéraient en moi sans que j’aie à méditer durant des mois. Je percevais l’absurdité des enseignements moraux de notre religion et peu à peu, je commençais à croire que notre façon d’aborder la sexualité au Québec est tout à fait débile et contre nature.
Je vivais au rythme des événements. J’adorais cette nouvelle vie et j’avais affreusement hâte d’avoir terminé mes études pour enfin avoir les moyens financiers de mes ambitions.
Tuan vint me trouver tous les étés jusqu’à ce qu’il rencontre une petite Italienne qui lui tomba dans l’oeil. Ses parents sont venus le retrouver au Canada. Quelle sublime expérience!
Pour Grand Gabriel, il s’agissait d’une rencontre merveilleuse. Loin d’être jaloux, il se réjouissait de mon bonheur, sauf qu’il m’apprenait sans laisser rien paraître que dans l’enseignement j’aurais des choix difficiles à faire pour ne pas mettre ma profession en danger. Never on the job.
Je n’avais besoin de grands sermons pour le comprendre, la vie avec Tuan me forçait à vivre dans les limites permises.
Les féminounes n’avaient pas encore commencé à nous forcer à accepter comme norme, la haine qu’elles ont de la sexualité et leurs créateurs, Quand aux prêtres, ils perdaient chaque jour un peu plus de l’influence, grâce aux féministes qui poursuivaient leur croisade contre les prêtres pédophiles, rêvant probablement de les remplacer.
Elles sont folles, ces féminounes.
Non seulement les féminounes (féministes wokes) veulent régir la sexualité des adolescents (es), mais elles s’en prennent maintenant aux adultes qui ne rêvent pas d’une société complètement asexuée et surtout sans pénis, comme elles semblent le vouloir.
Sous prétexte de combattre la femme-objet, elles se mêlent de décrier un bar qui a les services de danseuses nues à profusion parce que le premier prix est un implant mammaire d’une valeur de 6,000$.
J’admets que c’est complètement stupide d’essayer de modifier son corps sous prétexte que l’on ne s’accepte pas. À mon sens, c’est parfaitement malade, mais je ne vois pas en quoi ça me regarde ainsi que celles qui ne veulent pas y participer. « Vivre et laisser vivre».
Les féminounes croient que l’hypersexualisation, et peut-être un peu la pornographie, font qu’autant de jeunes femmes participent à ces danses érotiques. En quoi cela les regardent-elles? Pourquoi des femmes majeures n’auraient pas le droit de ne pas être d’accord avec leur haine de la sexualité? Leur moralité débile.
Évidemment, on fait appel à la télévision à une sexologue. Or, qu’est-ce qu’apprennent les sexologues, sinon le féminisme à outrance ainsi que les valeurs de cette moralité castrée et de « femmes en chaleur jalouses des autres ». La morale est une réalité qui devrait être strictement individuelle et viser ta réalisation personnelle. Tant qu’il n’y a pas de violence ou de domination, tout est permis. Ta sexualité ne regarde que toi.
Le Québec est devenu complètement dominé par les féminounes. Il faudrait vivre dans un monde asexué. C’est leur droit, mais qu’elles laissent donc la paix aux autres. La sexualité fait partie de notre nature et vouloir l’éliminer c’est contre-nature.
C’est aussi absurde que le gars qui vient d’être condamné à 18 mois de prison pour un relation sexuelle avec un garçon trente ans plus tôt. On est rendu assez fou qu’on se demande s’il a droit à une libération avant son procès. Quel danger représente-t-il ?
Il faut être émotivement malade pour que de telles condamnations existent encore. Un homme a le droit d’être «pim», mais son crime, bien plus grave à mon sens, car il domine des femmes et les exploite. Pourtant, lui, est couvert par une prescription de deux ans. Quelle folie ! Même dans ma misogynie la plus forte, je respecte encore plus les femmes que certains hommes.
Ces règles démentielles, qui nient la beauté de la sexualité et rejettent tout l’amour qui peut entourer une caresse sont d’un autre âge et témoignent du fait que les humains n’ont pas évolué psychologiquement. Une telle peur et haine du sexe, c’est carrément de la démence. Je suis de plus en plus fier d’être (d’avoit6 été) pédéraste, même si nos sociétés sont restées accrochées aux règles des religions. L’ascétisme sexuel crée un délire religieux digne des pires maladies mentales.
La beauté de la femme ne réside pas dans ce besoin absolu de plaire physiquement. C’est la même chose pour un homme. L’important, c’est ce que tu es vraiment. Je pense qu’on vit dans un monde qui est encore bien plus fou que moi. Qu’on se hâte de réaliser l’égalité salariale entre hommes et femmes, c’est plus important.
Quant à moi, il n’y a aucune différence, à part les organes génitaux, entre un homme et une femme. Ce qui compte, c’est sa compétence, son intelligence.
Pas de mal dans le sexe.
En fait, je n’ai jamais compris pourquoi la majorité des gens voit un péché dans la sexualité, sinon que les religions leur ont lavé le cerveau.
C’est un peu ce qui m’a amené à tant vouloir comprendre ma pédérastie. Pourquoi est-ce mal?
La réaction des parents et de gens de ton entourage, quand tu es très jeune, détermine ta perception que tu auras de la sexualité. Si enfant tu sens que tes parents ont honte et maudissent tout ce qui se rapproche de la sexualité, c’est bien évident que pour toi le sexe sera une chose honteuse. La moindre aventure risquera un jour de devenir une profonde culpabilité. Adulte, tu seras maladivement scrupuleux et tu penseras sauver le monde en prêchant l’abstinence. Ce qui en fait est antinaturel, donc, un mépris de Dieu puisque tu crois qu’il est assez méchant pour nous créer mauvais.
J’ai toujours considéré que la base de la vie, c’est l’amour dont le sexe en est tout simplement une forme d’expression. Il n’y a pas de mal là-dedans. Mon rapport avec les autres garçons fut toujours un jeu. La curiosité. Le plaisir que ça procure de voir jouir l’autre, souvent encore plus que de jouir moi-même.
Pourtant, j’ai une forme de retenue qui va de soi. On ne se promène pas nu sur la rue Principale, on ne met pas les mains dans les culottes de tout le monde, surtout pas dans celles des gens qui ne veulent rien savoir. Un respect minimal qui va de soi et qui n’a rien à voir avec la bêtise des luttes contre la prétendue hypersexualisation. Le plus grand plaisir dans la sexualité, c’est le «cruising». Voir le sexe comme quelque chose de mal, c’est essayer de créer une telle culpabilité personnelle qu’elle dégénèrera en une nouvelle forme d’hystérie collective.
Pour voir du mal dans la sexualité, il faut avoir l’esprit tordu.
Évidemment, les religions ont essayé de nous faire croire qu’il y a de bons ou de mauvais amours comme si c’était possible.
Aujourd’hui, j’inclurais la notion de responsabilité dans le sens que tu es responsable des conséquences quand tu as des ébats sexuels, surtout si tu es hétéro. Tu peux avoir un enfant. Gai, le problème n’existe même pas. La seule condition est donc le consentement mutuel. Tu dois te protéger des MTS et du sida, c’est tout. La sexualité ne se vit pas du tout de la même façon si tu es gai ou si tu es hétéro : c’est moins hypocrite quand on multiplie les aventures.
Les gais se touchent plus facilement, même s’il y a une certaine pudeur. Évidemment, il y en a qui agissent en malades comme chez les hétéros alors que pour d’autres, la sexualité est rattachée à l’amour. C’est l’expression qu’elle prend quand elle dure et quand elle se responsabilise.
Pour que la sexualité soit bien, elle doit être un bonheur partagé. Elle doit nécessairement être sans violence.
Plus je vivais librement, moins j’avais souvent des contacts génitaux, plus il y avait d’affection. Le contact devenait un plaisir exceptionnel d’être avec l’autre. Une expérience qui pouvait simplement être instantanée. Un simple tripotage devenait un désir de partager, de s’aimer. C’était comme un secret, un partage d’intimité qui exigeait en partant le respect inconditionnel de l’autre.
J’imagine que c’est ce qui se produit pour tous les humains dès qu’ils vieillissent. Tout prend un nouveau sens dès qu’on vieillit. La tendresse, les caresses remplacent la pénétration. L’amour devient être bien avec l’autre.