Radioactif 499
Radioactif 499
Textes de 2008, p. 954
Le débat des chefs.
J’avais l’impression, hier soir, d’assister à une chicane de garderie. C’est incroyable à quel point le politique est maintenant dénué totalement de respect pour l’intelligence humaine.
Personnellement, j’ai été ravi de la performance de Mme Marois qui s’est butée à un Jean Charest, dépourvu de dignité. Il réplique comme à la bonne époque des débats où ceux qui parlaient le plus fort pour ne rien dire l’emportait.
Mme Marois a complètement raison : on ne juge pas ses erreurs passées à elle, mais le bilan actuel de Jean Charest. Et, ce bilan est loin d’être reluisant. C’est normal qu’il essaie d’imputer tous ses problèmes au Parti Québécois, mais qu’il en reste à çà pour expliquer ce qui se passe maintenant, c’est carrément malhonnête.
J’ai retrouvé dans le Jean Charest d’hier soir, le baveux, l’hypocrite, l’avocat. Très décevant. Il est là depuis des années et il doit nous livrer le bilan de son administration. Il n’a pas qu’à confesser ses erreurs, mais il doit avoir l’honnêteté de donner l’heure juste.
Par exemple, la Caisse de dépôt et de placement. Il y a raison à savoir qu’on n’a pas besoin des chiffres exacts pour le moment. Cependant, je crois qu’ils sont très catastrophiques d’où le besoin de les cacher. Quand les vieux recevront leur allocation de la régie avec des rentes amputées, il sera trop tard, si ce ne l’est pas déjà. La Caisse n’a pas congédié une dizaine de ses employés pour rien. C’est juste ça que les gens veulent savoir : nos rentes devront-elles être amputées? Si oui, à quel pourcentage. C’est une obligation de fournir cette information minimale avant le 8 décembre, car, c’est Charest qui a demandé qu’on continue à rechercher de bons rendements plutôt que d’aider les industries d’ici. Idem avec la santé.
Le débat prouve jusqu’où les partis politiques nuisent au développement du Québec, en ne songeant qu’à leurs intérêts personnels. Il faudra revoir ce fonctionnement si on ne veut pas perdre inutilement une bonne partie de nos énergies.
Quant à Mario Dumont, il nous a rappelé que l’ADQ est une version plus à droite du parti libéral. Il demeure quand même un bon cogneur.
Ce ne fut pas le débat pour redonner confiance en ceux qui nous dirigent. Ceux qui veulent voter libéral devront faire leur mea culpa quand nous saurons la vérité et à voir l’entêtement de Charest, le réveil risque d’être affreux. S’il est majoritaire, on aura ce qu’on voulait. Je ne lui fais absolument pas confiance. Il était mieux il y a quelques mois alors qu’il se comportait comme un chef d’état.
La pauvreté au Québec.
Les raisons financières pour rechercher l’indépendance du Québec sont certes importantes, mais elles ne constituent pas à elles seules une raison pour exiger la séparation du Canada. L’indépendance est un appel à la liberté.
Par contre, un pays sans pauvreté, c’est un élément essentiel, une valeur, un projet collectif qui justifie de créer un nouveau pays. Quel beau projet que de vouloir créer un territoire sur terre où chaque individu est assuré du minimum vital et d’avoir les outils pour se développer. L’autodétermination d’un peuple passe par l’autonomie de chaque individu. Chacun son chemin. Chacun son petit coup de pouce. Vu sous cet angle, l’indépendance du pays, c’est aussi l’idéal individuel. Chacun reconnaît sa part dans la réalisation du projet. Il reconnaît son devoir de se réaliser personnellement dans le but de contribuer au bien-être collectif de sa nation.
L’élection du 8 décembre prochain devrait nous interpeler tous puisque l’hiver recommence sans que l’on soit assuré que tous les itinérants ou toutes les personnes dans la misère aient un toit sur la tête où se réfugier. À chaque hiver qui commence, j’ai les mêmes maux d’estomac, qu’est-ce qui arrivera à Petit Gab cette année? Souffre-t-il? Est-il mort de froid? C’est une réflexion angoissante et pourtant ce garçon a failli me tuer.
J’ai dû laisser Montréal pour sauver ma vie, car il avait décidé qu’il habitait chez-moi, même si je ne le voulais plus parce que parfois il était violent avec moi. Selon mes amis, cette fois, j’y laisserais ma peau. Il me frappait de plus en plus. Malheureusement, il est schizophrène et il consomme parfois. Plutôt que de le condamner, je me demande si j’ai manqué d’amour. Étais-je trop exigeant? Je ne sais pas comment il le ressentait.
J’ai vécu l’enfer plus d’un an parce que je ne pouvais tolérer l’idée de le voir souffrir. Notre système en dehors des communiqués de presse n’a absolument rien fait pour solutionner le problème des itinérants. Pour eux, la solution est facile : les mettre en prison. Mais souvent, les prisonniers n’ont aucun respect pour les plus démunis et encore moins si on croit que le prisonnier n’est pas tout à lui. « Des soucoupes », comme ils appellent ça en prison.
Une fois, à sa sortie de prison, il avait changé son nom. Il avait décidé que dorénavant il s’appellerait «Détritus junior». Probablement, le nom qu’on lui donnait en prison. Le problème c’est qu’il n’y a aucun suivi, aucune aide apportée à ces gars quand ils sortent de prison. C’est l’enfer. Je dois cependant avouer que les libéraux dirigeaient au Québec, quand Gabriel a été le mieux soigné.
Quand c’était le PQ, on était assis sur les consignes. On manquait de compassion.
Si vous croyez que l’attente dans les hôpitaux est indécente, sachez que ce n’est rien comparé à la faillite du système de santé quand il est question de santé mentale.
Ça prenait tellement de temps pour que Gabriel ait un rendez-vous avec un psychiatre qu’il avait le temps de rechuter mille fois. Les psychiatres semblent toujours se prendre pour d’autres. Je me suis même demandé s’ils ne sont pas plus fous que leurs patients. On ne veut pas s’occuper des malades mentaux qui consomment. C’est leur choix. On s’occupe moins du problème de la drogue que des fabulations sexuelles. Pire, il est quasi impossible de trouver un logement ou une chambre convenable à un prix abordable pour une personne qui sort de prison.
On dirait que le système veut absolument te garder sur le bien-être social si tu y es déjà. Dès que tu arrives à t’en sortir le moindrement, tu peux être convaincu qu’on trouvera un autre moyen pour t’y replonger. Ou on commence, comme avec moi, à exiger que l’on rembourse ce que l’on t’a donné. Pourtant, le bien-être, ce n’est pas une agence de prêts.
Les emplois au salaire minimum sont encore moins payants que le bien-être. Le salaire minimum, ce n’est pas un salaire, mais un outil de survie. Tu ne peux pas t’en servir pour remettre l’argent qu’on t’a donné sur le bien-être.
Dans un Québec indépendant, tous les individus sont égaux. Ils ont tous la même dignité, même s’ils n’ont pas les mêmes salaires et le même métier.
Dans un Québec indépendant, les autochtones sont aussi nos égaux et leur sort nous préoccupe autant que celui des blancs. L’égalité des individus est universelle, mais elle ne signifie pas un nombre, une qualité, mais un état : tout individu à le droit à la vie et au respect. En tant qu’humain, il a droit au même respect que tout autre individu, qu’il soit éboueur ou premier ministre.
Au lieu de faire des élections, Charest aurait dû envisager une coopération au-delà des intérêts des partis politiques. D’ailleurs, ils sont là pour offrir le meilleur programme de développement à la population.
Au lieu de se chicaner comme des bébés, ils auraient dû examiner ce qui est le meilleur pour le peuple en temps de crise et mettre leur orgueil de côté pour qu’ensemble on affronte la crise. Quand ça va mal, il faut plus de solidarité pour compenser ce dont on manque.
16 septembre 2022
C’est ahurissant que 14 ans plus tard on est encore face aux mêmes problèmes. Je n’aurais jamais cru que ça prenait autant de temps pour améliorer les choses.
P.S. : Étant donné le nombre de participants, le combat des chefs fut un des meilleurs que j’ai vu depuis des années.