Radioactif 480
Radioactif 480
Texte de 2008, p. 899
Les riches et la faim.
Québec tient, cette année, le sommet de la francophonie. C’est merveilleux ! Si on veut que le français demeure une langue universelle, il faut se réveiller. Mais, le plus grand problème des organisateurs de cet événement nous indique clairement ce qu’est la folie de notre système économique.
Le problème à Québec est le manque de limousines, quelle chose affreuse ! Quand plus d’un milliard d’humains sont condamnés dans l’immédiat à mourir de faim. Imaginez le drame. On n’a pas assez d’autos de luxe, même après avoir réquisitionné toutes les limousines du Québec.
C’est la vraie crise : l’homme, la vie sont- ils plus importants que l’argent ?
Peut-être que nos chefs d’état, s’ils étaient moins snobs, pourraient prendre des automobiles ordinaires ou l’autobus, comme tout le monde, comme René Lévesque.
Même si on ne partage pas nécessairement les mêmes idées, ici, aucune personne en autorité risque de se faire attaquer. C’est ça la démocratie et l’égalité ; mais les gouvernements continuent de se prendre pour d’autres pendant que le peuple crève de faim.
Si on veut un système intelligent, il faudra lui implanter un coeur. Quand on pense à Staline ou les droits individuels, on sait que ces abus ne sont pas que l’apanage du capitalisme sauvage.
Le bien des États et de ses habitants doit prévaloir sur les profits des multinationales. Le monde a un grand besoin de retrouver un équilibre entre les riches et les pauvres.
Pour s’assurer que les riches aient raison de la politique des pays, les multinationales engagent une multitude d’avocats pour protéger leurs intérêts. Le système judiciaire est comme le système politique une classe au service des plus riches. C’est ce qu’il faudrait changer.
On n’a pas besoin de ces parasites, on a besoin de médecins, d’infirmières, de travailleurs. Les hockeyeurs gagnent 27 millions pour frapper une rondelle et on manque d’argent pour avoir des systèmes de santé et d’éducation de première classe. On a un petit problème de valeurs, non ?
Les vrais décisions se prendront à l’ONU puisque l’autorité part d’en haut vers le bas.
C’est la raison pour laquelle le Québec n’a aucune importance dans le grand réseau mondial : ce n’est pas un pays, même si on ne pense pas du tout comme le reste du Canada. Quand le Canada parle, il parle à notre nom et dit le contraire de ce que l’on pense. Voilà une des raisons pour vouloir être indépendant.
Sarkozy : Québec-Canada = $$$.
Le président de la France vient de nous dire tout bonnement et tout bêtement que la France est plus intéressée aux piastres du Canada qu’au fait français du Québec; mais petite nouvelle pour lui : ce fut toujours ainsi.
Plus hypocritement, pour maintenir la vieille approche tout en ne nous choquant pas, Sarkozy ajoute que les Québécois sont des frères alors que les Canadiens sont des amis. Un frère avec qui tu t’engueules, c’est toujours moins important, moins présent, moins plaisant qu’un ami avec qui tu t’engraisses.
Pour ce disciple du capitalisme, de cet esprit de supériorité intrinsèque des grandes puissances, l’argent n’a pas d’odeur. Les petits cousins du Canada sont un marché intéressant. Point à la ligne.
Le Canada est un marché capitaliste plus intéressant que le Québec (plus de 20 millions au lieu de huit). Vu sous cet angle, il a parfaitement raison. Mais, ça nous prouve qu’il fait partie de la mafia internationale (tous les G de ce monde : sept, huit, 20 ou autres) où l’argent est plus important que la vie.
La France vient encore de renier son cousin en baisant les fesses de son allier, l’ami inséparable de Georges Bush, Stephen Harper, premier ministre du Canada.
Harper vient d’être réélu minoritairement, donc, il est le premier ministre légitime du Canada ; même si seulement 59 pour cent des gens ont voté. Il a été réélu parce qu’il n’avait pas d’adversaires de taille, mais c’est la démocratie.
Grâce à ses minorités francophones, folkloriques, le Canada peut se prétendre un pays francophone, bilingue ; mais la réalité de l’assimilation prouve que les Québécois avaient raison : le bilinguisme institutionnel sert à nous assimiler. On essaie de nous le cacher derrière les grands discours à la Charest.
Les Québécois dorment et s’enflamment dès qu’il est question de souveraineté. Pourquoi Sarkozy serait-il plus séparatiste que les souverainistes? Au moins c’est clair : la France ne nous soupèse que selon notre poids économique. Ce fut toujours ainsi ; le reste, c’est du théâtre.
Et, sauf, espérer qu’advenant un OUI catégorique pour créer un pays du Québec, la France nous reconnaisse immédiatement, on a rien à retirer de cette grande famille. La France est devenue le marché et les beaux discours. C’est à nous de nous tenir debout si on veut sauver le français au Québec.
Ce qui est étonnant c’est que le président de la France ne sait pas que pour la majorité, la très grande majorité des Québécois, c’est normal, naturel que la France ait des relations économiques avec le Canada. C’est même bien vu ; mais qu’à chaque fois que la France a un traitement le moindrement plus étroit avec le Québec, tous les ambassadeurs du Canada s’enflamment et créent des crises comme une bande de bébés jaloux, c’est insultant.
N’est-il pas normal que la France ait plus d’affinité avec les francophones d’Amérique qu’ils soient du Québec de l’Acadie ou du Manitoba qu’avec le Canada anglais ?
Une guerre qui ressemble plus à des enfantillages qu’au bien-être de notre culture.