Radioactif 476
Radioactif 476
Texte de 2008, p. 886
Stéphane Dion et la censure.
Je n’ai jamais aimé Stéphane Dion. Je le trouve pédant. Je ne partageais évidemment pas son opinion sur la partition. Je considérais que d’inciter des gens à se créer de petits îlots fédérastes dans un Québec indépendant, c’est inciter les gens à la guerre civile.
Le fédéral peut reconnaître une double citoyenneté pour respecter les vieux anglophones qui veulent mourir au Canada, même s’ils vivraient dans un Québec indépendant. C’est un choix individuel et une simple question de sensibilité et de respect pour les individus, collectivement, c’est inacceptable. Mais, ce fut politiquement rejeté par les fédérastes pour forcer les Anglophones à devoir absolument voter contre l’indépendance du Québec.
Je l’ai alors dit. Je leur ai même écrit en les traitant de chefs de la mafia légale (Chrétien et Martin). Et, évidemment, je me suis ramassé dedans (en prison) quand Stéphane Dion a présenté la loi sur la clarté. Comme disait mon avocat, c’est une cause éminemment politique. Je fus donc prisonnier politique.
Le petit pseudo-felquiste était ainsi désarmé. Ce n’était pas politique, prétendait-on, mais les ordres venaient d’en-haut (c’est ce que les policiers m’ont dit) et ces ordres avaient une très grande insistance pour que mon arrestation soit rapide. Il paraît qu’on était tout aussi en maudit quand j’ai obtenu la permission de passer Noël chez-moi pour aider ma mère très âgée alors que la loi de la clarté n’était pas encore totalement votée.
On me croyait un mauvais terroriste, ce que je n’ai jamais été, même si je suis très radical et indépendantiste. En d’autres termes, j’ai une grande gueule. Par contre, je pense comme René Lévesque quant à la démocratie. Je suis pour la liberté individuelle totale, tant qu’elle ne nous conduit pas à la violence.
Me condamner pour avoir déposé la main sur le petit zizi de Mathieu me faisait perdre à jamais toute crédibilité et surtout mon poste d’enseignant. Plus de salaires, plus de pouvoir. Ce n’est pas pour rien que Richard Martineau a prétendu que je suis pédophile même si je me dis pédéraste.
Ce petit con ne sait pas que ma seule activité sexuelle depuis très longtemps est de me passer un poignet de temps en temps. Depuis, je suis exclu de partout. J’ai perdu, grâce à Martineau, le peu d’amis que j’avais. Mais plus je vieillis plus le sexe ne m’intéresse plus. La vengeance encore moins.
Mais, je n’accepterai pas de me taire, car les jeunes ont droit de savoir où conduit la censure.
Donc, j’ai toutes les raisons du monde de ne pas me ranger derrière Stéphane Dion.
Cependant, la censure contre la culture de M. Harper m’a amené à me dire : « n’importe qui au pouvoir tant que ce n’est pas ce Bush miniature (Harper) qui nous fait dépenser des milliards pour ses maudites guerres organisées dans les hautes sphères de ceux qui ont le pouvoir ».
De plus, il essaie de nous ramener à cette époque de la grande noirceur où le sexe était le diable».
Si on mettait autant d’énergie à combattre la violence et les drogues que l’on met contre la sexualité (comme on l’a appris à l’église), j’en serais très heureux. La société serait plus en sécurité. Je trouve ça beaucoup plus prioritaire. La lutte à la pauvreté est le meilleur moyen de combattre la criminalité.
Depuis, à ma grande surprise,M. Dion est le seul au Québec à avoir l’honnêteté de dire que les coupures dans la culture sont d’abord et avant tout des gestes de censure.
On veut empêcher les gens qui ne pensent pas comme les « bushiens » religieux de Harper de pouvoir parler. La majorité des artistes au Québec, même si on a une renommée mondiale, en arrachent pour se produire. Notre ouverture d’esprit est unique.
Mais, les artistes vivent souvent au jour le jour, de contrat en contrat.
Pire, pour certains, comme moi, écrire c’est une dépense plutôt qu’un revenu. Avant on me versait environ 1,000$ par année pour mes 20 livres parce qu’on peut presque tous les trouver à la bibliothèque de l’UQAM (à Montréal). Pas un sou venant du Québec.
Puis, on a changé pour l’université de Montréal, donc on a réussi à couper de moitié. On me donnait comme prétexte qu’on y trouve moins de mes livres, puis, on a encore changé et depuis deux ans, j’ai environ 300$.
Ça signifie que mes écrits (je passe au moins l’avant-midi à écrire) ne me rapportent rien, au contraire, je dois dépenser beaucoup plus que les 300$ pour continuer. La publication d’un livre me coûte environ 2,000$. Il faut payer le papier, envoyer ce qu’on écrit. Ça coûte des sous. Trop pour ce que je peux me permettre. Tu payes pour avoir le droit d’écrire et ce même si on refuse de te publier parce qu’on ne partage pas tes idées.
En plus, les fédérastes contrôlent complètement l’édition. Tu n’es pas publié. On ne parle pas de toi.
Dans mon cas, on m’élimine des associations d’auteurs celles qui nous reconnaissent comme écrivain. Ainsi, on ne parle ne parle jamais de moi, un moyen pour que je sois très vite oublié. Et voilà comment fonctionne la censure. 1984.
C’est comme la manipulation de l’information.
Qu’il y ait un choix effectué par le Conseil des arts, pour obtenir une bourse, c’est tout à fait normal ; mais qu’on s’acharne contre toi parce que tu ne tiens pas le même discours que les autres, c’est de la censure. Même si tu parles d’un sujet aussi tabou que la pédérastie. C’est ce que fait l’Association des auteurs(es) des Cantons de l’Est ainsi que l’Union des écrivains du Québec (UNEQ). C’est difficile après ça de manifester contre la censure de Harper. On préfère parler des coupures et de la survie. Belle hypocrisie !
Donc, je me dois en toute honnêteté de reconnaître que Stéphane Dion quand il parle de la culture est le plus honnête que les indépendantistes puisqu’il parle de la censure. Il a au moins compris que les coupures ne sont pas qu’une réalité économique ; mais un geste politique (il faudra juger les œuvres selon les règles de l’ordre établi) et l’argent étant le nerf de la capacité de créer, refuser d’en donner c’est te bâillonner. Te mettre à la porte de leur association, c’est te condamner au silence, car tu ne peux plus être publié ou récité nulle part.
Malheureusement, je dois dire que ce ne sont pas les indépendantistes qui ont le plus gueulé quand je les ai informés de la situation. Je ne rapporte pas de votes. Comme on disait, ma position sur le sexe ne crée pas de liens, au contraire, elle divise. La pédophilie que l’on confond avec la pédérastie est un tabou. Pas un mot.
La pédérastie mise à nu est un essai. Donc, un livre pour apporter un autre son de cloche dans les discussions alors qu’Autoportrait d’une révolte est strictement mon histoire par sujets, par tranches de vie, par poèmes. Je sais que bien des gens me détestent à cause de ce que j’écris ; mais la vérité a des droits et les nouvelles lois sur l’âge de consentement sont des lois contre la «vraie nature des petits gars» et une intrusion dans leur droit, surtout en ce qui concerne la vie privée. À ce niveau, le Québec est un état policier.
Je ne pleure pas sur mon sort. Je sais que ma position est détestée par la très grande majorité de la population qui s’est fait laver le cerveau par les religions ; mais c’est mon expérience, ce que j’ai vécu et je crois qu’elle peut servir les jeunes.
C’est donc ma vocation d’écrivain de l’écrire. Autrement, je n’ai qu’à prendre ma retraite complète comme je le ferai de la poésie. De la poésie censurée, pour moi, ce n’est plus de la poésie. La poésie n’est pas vide et insipide. J’en écris plus depuis longtemps. Je veux dire les choses telles qu’elles sont et non à travers un déluge verbal qui nous empêchent de comprendre ce qu’on veut se dire.
Donc, bravo à Stéphane Dion, même si je ne partage pas sa conception fédéraste. Je ne suis pas certain, mais je crois que le chef du NPD, M. Jack Layton a aussi cette position. C’est ma nouvelle manie d’oublier. Je vieillis très vite d’où ma retraite prend plus d’espace. L’avenir est aux jeunes !