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Radioactif 437

juillet 17, 2022

Radioactif 437

Texte de 2008, p. 772

Le Québec que je ne veux pas.

Adolescent, je ne sais pas si j »étais plus niaiseux que les autres, mais j’étais définitivement plus naïf, avec une libido aussi puissante qu’un tsunami.  Je croyais et j’avais confiance dans les adultes.  La religion, c’était la « vérité ».   Personne ne pouvait vouloir de mal à son voisin. 

Je craignais la mort à cause d’une institutrice qui nous racontait des histoires qui ont dérangé ma quiétude durant bien des nuits de mon enfance, quoique je ne devinais même pas ce que c’était mourir.  Comme tout le monde, j’en avais une peur bleue, diffuse, indéterminée, un peu maladive.  

J’ai eu une enfance adorable, avec des parents et une vie tout aussi adorable.  Je respirais le bonheur à tous les jours.  Barnston, c’était le paradis.   Tout était un jeu, comme pour tous les garçons normaux du monde et je ne me souviens pas d’avoir haï ou mésestimé une seule personne.  

Mon père tenait le magasin du coin, ce qui nous rendait très sociable. Et, même à mon âge, je peux dire que les mauvaises personnes sont des exceptions. C’est très rare au Québec, ce qui change avec Montréal et les grandes villes, car question de territoire les villes sont des antithèses de la nature. On ne l’a pas encore compris.     
 
Jeune, comme tous les autres, je voulais devenir quelqu’un.  Je voulais, rien de moins, que devenir un saint.  Pas question d’être curé, je voulais être pape.   Disons que c’était le côté positif de la religion : créer ce besoin d’idéal et d’être bon. 

Mes saints favoris étaient St-François d’Assise et Ste-Thérèse de l’Enfant Jésus, à cause d’un film et aussi probablement de la Thérèsa, une mine d’or catholique, située en Ontario, qui devait nous rendre tous très riches.      
 
Mes moments favoris étaient lorsque Ti-Charles Bergeron nous racontait des contes ou que l’on présentait des films de Ti-Jean, au sous-bassement de l’église paroissiale St-Luc.  Je devrais ajouter aussi quand j’allais à l’école.  Ce n’était pas l’euphorie, mais j’aimais ça, sauf, les devoirs parce que ça nous empêchait de jouer dehors plus longtemps.  Dans mon temps, les parents ne nous disputaient pas pour nous sortir de la maison, mais pour nous y faire entrer.  Le jeu, c’était la vie.        

La religion était alors une foule de règles à observer.  Je ne voyais pas toujours ce que ça donnait, mais sauf, pour la sexualité, ces commandements étaient clairs et avaient bien du sens.    

Tout ce que je savais de la sexualité .c’était une chose dont on doit avoir honte et dont on ne parle pas, si on se respecte.   Donc, avec un tel esprit de tabou absolu, je ne savais absolument rien.  Bizarre !  Ne sommes-nous pas tous sexués?                      
 
On n’était pas encore adulte qu’on nous faisait haïr cette «saleté de corps».  C’est cette façon maladive, ce point de vue hors-nature (la chasteté absolue) avec lequel on abordait la sexualité chez les enfants.  C’est ce qui la rendait mauvaise : l’ignorance des adultes.  

La sexualité en soi n’a rien de mauvais.  La Grèce antique et les bouddhistes l’avaient compris.  Elle est ce que nous sommes, une partie intégrale de nous. 

Selon l’interprétation religieuse, nous sommes tous pécheurs parce que nous sommes tous sexués et qu’un  jour où l’autre le sexe nous fera pécher.  Belle folie !           

La religion nous orientait, avant même que l’on comprenne, dans le mépris le plus profond, le plus hypocrite, de notre nature profonde.  Ce devait être une autre erreur de la création comme le péché originel.  Pourquoi devrions-nous naître avec la tâche du péché de ceux qui nous ont précédés?  Les catholiques ne croient pas à la réincarnation.  Les païens croyaient exactement ça.    

Dans l’ensemble, les enseignements religieux cherchaient à nous rendre plus charitables, ce que nous ne serons jamais trop.  Il y avait ça de bon : des règles pour mieux vivre. 

Pour un enfant, c’est compliqué de s’y retrouver.  Pour moi, le péché fut donc de ne pas écouter mes supérieurs, voler, mentir, me battre, juger les autres.  Quand je suis entré dans la médisance et la calomnie, là, j’étais un peu plus perdu.  Je n’étais pas encore un moine bouddhiste pour me pratiquer à stopper les idées que je ne voulais pas, mais je m’efforçais à méditer les Évangiles.  J’essayais de faire dévier les mauvaises pensées.  Je ne connaissais pas encore les féministes, mais j’aimais bien Marie-Madeleine. Être un  » stool », c’était la déchéance totale.   

La pureté des enfants n’a rien à voir avec le sexe ; mais est de l’ordre des intentions.  En principe, un enfant n’est pas mauvais de par nature…même si Freud a prouvé que nous sommes tous d’abord potentiellement des pervers polymorphes.

Mais, malgré la charité, on nous interdisait de fréquenter les gens d’une autre confession religieuse.  Ces gens étaient des païens automatiquement damnés. 
 
Dans ma petite tête de petit gars, ami avec tout ce qui avait d’étrangers dans le paysage, ça me semblait une contradiction fondamentale.  Comment Dieu peut-il être juste, s’il a décidé d’avance et, sans nous consulter, que je serai sauvé ou damné?  Plus je méditais les enseignements religieux, plus je trouvais de failles, de contradictions entre ce qu’on nous prêchait et la réalité quotidienne.      

Je n’avais pas de problème avec les dogmes, j’avais des problèmes à savoir pourquoi ils se contredisaient tous autant.  La Bible nous montre un Dieu sans coeur, je dirais même dégueulasse, avec sa maudite autorité transcendante, son «respectez-moi, je suis le grand boss» alors que Jésus nous enseigne la tolérance.  Mahomet nous enseigne l’infinie miséricorde de Dieu et nous demande de tuer les impies.  Qui croire?  Si 20 personnes se racontent un tout petit secret d’une minute, et qu’à la vingtième, il n’y a plus rien qui ressemble à ce qui a d’abord été dit au début, comment après des milliers d’années peut-on croire que ces histoires ne soient pas complètement changées au fil des oreilles, aussi attentives fussent-elles?    L’écriture est toute jeune. 

Est-ce qu’on faisait- on comme certains musulmans : essayez de mémoriser le Coran par coeur?  Ça ne te fait pas aimer tes frères humains, au contraire, ça t’en éloigne. De te croire plus près d’Allah parce que tu connais mieux ses paroles, c’est un peu orgueilleux et ça t’empêche de vivre dans la vraie charité.  Il faut admettre que c’est mieux que moi, car je n’ai jamais pu apprendre par coeur ne serait-ce qu’une fable de Lafontaine.  Je suis né Alzheimer, je crois bien mourir en ne me rappelant pas que j’ai vécu.  Et, j’ai découvert que le vin n’aide pas.                                  

On a autant d’interprétations des Saintes Écritures qu’on a de religieux, sauf, que pour et dans l’institution,  tout le monde fait semblant de croire la même chose. Le doute est banni alors que cela devrait être un signe d’intelligence.       

Le fanatisme religieux est une forme de déséquilibre mental et, sans le savoir, j’en étais joliment affecté.  Pour moi, Dieu était tout.  De quoi rendre Allah jaloux, même si c’est le même Dieu avec un nom différent.  Pas étonnant qu’aujourd’hui encore, même si je suis contre toutes les religions à cause de leur approche de la sexualité, je crois toujours en un Dieu, un Allah, sans pouvoir préciser ce qu’il est, sauf la somme totale de l’Énergie.  Le bonheur.         

Jeune, je ne me croyais pas beau. Par contre, y paraît que j’avais le sens de la fascination très développée.  » T’étais pas nécessairement tannant ; mais curieux comme un singe. Tu voulais tout savoir et t’avais un talent fou pour te rendre attachant. »  C’est ce que me racontent mes anciennes gardiennes ou institutrices. 

Je me rappelle que j’adorais  » la femme », surtout ma mère, ça n’avait rien de génital, même que le sexe féminin à cette époque me répugnait un peu parce que tout était interne, le contraire des petits zizis bien masculins retrouvés chez certains camarades. 

La femme, c’était comme ma mère, un objet d’adoration.  Ma mère fut à mes yeux la première sainte que j’ai connue.  J’aimais tellement  » la femme » à travers elle, que dès ma première année d’école, j’ai voulu marier mon institutrice et empêcher son mariage pour la garder pour moi plus tard.   Je ne m’en rappelais pas, mais elle me l’a raconté.            

Par ailleurs, avec les autres jeunes, j’étais plus ou moins une peste.  J’étais une faiblesse ambulante, mais j’aimais me battre comme tous les autres.  J’étais très mauvais perdant.  Aussi, quand ça faisait pas mon affaire, je me sauvais dans les champs et j’allais, comme disaient mes frères : « brailler aux anges ». 

Je me rappelle mes randonnées où je cédais le pas à mon ange gardien.  J’étais un petit gars comme tout le monde, quoique déjà un peu plus intellectuel que tous ceux qui l’entouraient.   J’ai développé des intérêts bien à moi : comme le zizi.  Pour le reste, j’étais curieux et je croyais tout ce que racontaient les adultes.  

Assez drôle, car surtout aujourd’hui, il n’y a qu’une vérité dont je suis certain : je ne sais pas d’où je viens ; je ne sais pas qui je suis, et je ne sais pas où je vais.  Personne n’est mort et est venu nous dire ce qui se passe après.  Ce qu’on nous dit ne sont que de pures spéculations, souvent des inventions d’où la nécessité de respecter le point de vue de chacun, en autant que ce chacun ne nous force pas à penser comme lui.      

Donc, cette manie des religions de toujours prétendre détenir la seule vérité transcendantale m’apparaît comme le pire des mensonges, un irrespect absolu de la culture des peuples qui ont composé notre réalité d’aujourd’hui, notre civilisation.  Les plus grands bandits, les plus vicieux sont ceux qui ont réussi à dominer. 

On a qu’à regarder l’histoire des rois et des papes pour apprendre à vivre avec tous les vices que la nature humaine peut inventer.  Puisque maintenant on est assez éduqué pour savoir ça, je me demande pourquoi on essaie de maintenir ces structures qui ont toujours conduit à l’abus, à l’exploitation du plus faible par le plus riche, aux meurtres et aux guerres.  Sommes-nous si peu intelligents que nous devons sans cesse répéter les crimes de nos prédécesseurs ? 

Par contre, il faut en convenir, l’humanité regorge de personnages formidables, exemplaires par leur simplicité.

 (À suivre…  C’est plus difficile parce que je compose directement et ça demande une plus grande concentration… en ce sens, les sites pornos que j’ai découverts me nuisent, car je n’ai pas l’intelligence et la volonté de les mettre de côté.  C’est le côté stupide de ma pédérastie, un certain déséquilibre, on dirait que j’en ai jamais assez … à tantôt…)

Au moins, j’ai su résister à la tentation du verre de vin pendant ma balade quotidienne avec ma petite chienne Benji.

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