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Radioactif 407

juin 16, 2022

Radioactif 407

Texte de 2008, p. 703

Apprendre la liberté.        

Qu’on le veuille ou non, tous mes livres écrits au début des années 1970 recherchaient d’abord ma propre déculpabilisation, car, « ma » pédérastie m’apparaissait comme  » ma damnation ».          

J’étais aux dires de tout ce que je lisais un délinquant, un fou potentiel ou un meurtrier en puissance.  Rien pour m’amener à m’aimer.  Je ne me retrouvais nulle part.  

J’étais, semble-t-il, le seul pédéraste ayant existé sur cette terre.  Je détestais ce mensonge social, cette pudeur hypocrite et insolente, cette censure par laquelle tous les jeunes ne sont que des imbéciles.             
    
On ne parlait pas d’hypersexualisation, juste penser plaisir sexuel, comme toute personne normale, c’était déjà un péché.   Aujourd’hui, on fait juste penser et on est dans l’hypersexualisation.  Rien n’a changé, on est aussi, sinon plus  arriéré.        
On cachait même l’existence d’une passion amoureuse entre Verlaine et Rimbaud, mais je la soupçonnais.  Il ne fallait pas lire ces auteurs ; ils étaient à l’index.  On nous gardait idiots.  Comme on tente de le refaire maintenant.  Pourquoi tant nous mentir?            

Dans la vraie vie, je n’étais qu’un jeune qui devenait tout excité dès qu’il pouvait voir une petite queue et le plus heureux des hommes s’il pouvait, en plus, y toucher.  Ce défaut, comme l’exprimait partout notre société, était pourtant ce que me rendait le plus heureux.  

C’était à la fois la récompense, le moyen d’échapper à la souffrance intérieure que créaient cette culpabilité et cette peur religieuse.  La rencontre d’un petit gars a toujours été un des très beaux moments de l’existence.  J’ai décidé au nom de la Vérité d’affirmer la joie d’être pédéraste. J’avais surtout peur de devenir un monstre et la vie se chargea de me prouver que tout ce qu’on me racontait n’était que mensonges      .  

Quand tu crois dans ce que la religion t’enseigne et qu’elle ne permet que ce jugement sur ta façon d’agir, tu te « maudis », puis, tu te révoltes.           

Le plaisir devait-il toujours être interdit pour plaire à Dieu?  Le plaisir fut donc d’abord l’expression de ma révolte.  Je priais Satan pour créer les occasions de pécher et Dieu pour me faire pardonner.  Jusqu’au jour, où j’ai compris que Dieu ne pouvait pas être un salaud de cette espèce et j’ai commencé à croire que la religion nous avait tout simplement menti. 

J’ai décidé de dénoncer cette hypocrisie.  Heureusement, mon engagement politique mangeait tellement de mon temps qu’il ne m’en restait pas tellement pour pleurer sur mon sort.  Pour ne pas devenir fou, il te faut trouver un contrepoids, une force qui te permet de mieux te juger.  Un poids balance.   En fait, ce fut ce que l’on aurait pu appeler mon «fanatisme politique», mon appui aux objectifs du FLQ.    
 
Le journalisme était une mission intérieure, un combat pour la justice sociale et la vérité.  Je croyais vraiment mettre ma vie en jeu pour être un journaliste honnête et un vaillant défenseur des pauvres.  Je croyais dur comme fer que le Québec devait être indépendant et je le crois encore plus.  Je voulais le bien des gens et le journalisme m’avait prouvé la mauvaise foi d’Ottawa et des fédérastes. 

Un peu plus et je me serais donné une médaille pour « un courage » que j’étais le seul à identifier.  Je ne devrais pas dire ça, car tous les libéraux et fédérastes avaient appris à m’haïr.  J’étais dans l’Estrie, l’ennemi des ennemis au début des années 1970.  Ma réputation était surfaite. 

Puisque j’étais fier du guerrier que je me croyais être, il ne me restait plus qu’à régler ma vie sexuelle pour qu’elle m’apporte autant de plaisir et de fierté que la politique.         

Ma vie sexuelle a engendré ma vie littéraire.  Je cherchais à travers mes livres à savoir ce que je suis vraiment, fondamentalement.  

Je condamne toujours l’hypocrisie et le mensonge de la société québécoise hautement religieuse.  Cette condamnation est viscérale et globale que pour moi : l’éducation et la liberté sexuelle sont des éléments fondamentaux dans l’évolution démocratiqued’un pays. 

Entre une Amérique sexuellement libre et un Québec selon nos féminounes qui meurent de peur juste à entendre le mot sexe, je choisis l’Amérique… un choix qui n’existe pas et n’existera jamais, mais qui révèle jusqu’à quel point la liberté sexuelle non violente individuelle est, à mon avis, essentielle à l’émancipation des gens. 

Résultat : mon combat pour la liberté sexuelle est devenu pour moi celui de l’indépendance du Québec.       
 
C’est pourquoi dans mes poèmes le Québec est un petit gars.  C’est ce que j’aime le plus. 

Je crois fondamentalement, viscéralement que la liberté sexuelle est la porte d’entrée de notre capacité d’évoluer.  La liberté sexuelle remet en cause toute notre civilisation, tous nos rapports entre êtres humains, toutes nos religions.  Cette conviction m’a mérité depuis deux ans d’être harcelé par toutes les moumounes du Québec qui me jugent sans me lire, mais j’ai le pressentiment que le vent va très bientôt tourner.   De toute façon, quand je serai mort, ça ne me fera rien qu’on se rappelle de moi ou non. 

C’était aussi une des grandes distinctions entre moi et Jean Ferguson, le Micmac francophone.   Jean voulait qu’on se rappelle de lui. 

Quand on sera au ciel tous les deux, on « crousera » les petits anges adolescents ou je prendrai un verre de vin avec Pierre Faucher, un ami ex-policier, en prenant conscience que la vie sur terre, c’est parfois notre enfer, une mer de boue sans fonds quand les gueules sales décident de te juger.          

Plus on écoute ce que disent les autres sur nous, plus on s’enfonce.  

Moi, je suis chanceux quand je me promène, on remarque surtout ma petite chienne Benji. 

L’autre jour, un habitué m’a confondu avec un autre homme dont les habitudes de promener son chien sont semblables, en se disant très heureux de me revoir.  Pourquoi?, aie-je demandé.   Parce qu’on avait dit que le gars avec son chien dans le panier était mort.  Ce fut la première fois qu’on me parlait de ma mort, sauf pour m’intimider  pour que je cesse de me mêler de politique.

Le Québec devient de plus en plus l’enfer féminoune, féministe woke.  

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