Radioactif 388
Radioactif 388
Texte de 2008
La poésie s’éclate.
La censure sexuelle a toujours été un problème au Québec.
On aime ça nous tenir dans l’ignorance. Je suis donc allé à Québec porter mon livre L’homo-vicièr, au premier ministre Robert Bourassa. Je sais qu’il l’a eu, car je l’ai vu blanchir. J’étais dans les estrades quand il le reçut. Je voulais qu’on décriminalise la pédérastie.
La poésie avait repris sa place. Nous manifestions, avec Janou St-Denis, dans les rues de Montréal pour le droit à la liberté d’expression. Je me souviens avoir fait une pancarte et de m’être promené déguisé en ange, tout en récitant un poème dans lequel j’étais l’archange-mère Foin-Foin, venue annoncée la fin du règne libéral.
Dans une autre manifestation organisée toujours avec Janou St-Denis, nous fûmes escortés par la police de la ville de Montréal. Nous avons même dû pousser une des motocyclettes de la police parce qu’elle était tombée en panne. Je sais que La Presse a publié une photo de l’événement.
La vie avait repris son credo : avoir du plaisir avant de mourir.
À l’occasion des Olympiques, le poète Gaétan Dostie a organisé ce qu’on a appelé le Solstice de la poésie, une série de soirées de poésie, faisant renaître les textes de tous les poètes importants de la littérature québécoise. J’étais très honoré d’en faire partie. Ce n’était pas comme aujourd’hui où l’on me refuse même le droit d’être un écrivain.
Un soir ou deux précédent ma présentation, je fus arrêté dans le métro de Montréal. On craignait pour la sécurité de la reine qui venait aux Olympiques.
C’est vrai que je venais à peine de participer à une soirée de poésie La charge de l’orignal de Gauvreau, organisée par Janou St-Denis, sur les terrains du Grand Séminaire, afin de protester contre la venue de la reine à Montréal. On avait récité sous la surveillance de la police.
J’y récitais un poème qui allait à peu près comme ceci : « Je m’appelle Élisabeth. Je suis la reine du mois de Juillet. J’ai été choisi pour mes fleurs. Deux paquets de poil près du pénis.» À cette époque, j’avais encore le goût de la provocation et de la fête. Y paraît que Jacques-Yvan Morin, chef de l’Opposition et le Consul des États-Unis riaient comme des petits fous en m’entendant.
Mon droit à la pédérastie est devenu une de mes revendications politiques.
Je n’aurais jamais cru lire autant pour comprendre la pédérastie et connaître comment s’est installée la répression sexuelle.
Juste assez pour comprendre qu’il n’y aura jamais de changement et que les marginaux n’ont qu’à vivre leur vie en hypocrite, espérant qu’il n’y ait pas un imbécile qui décide de jouer à la victime, oubliant que 20 ans plus tôt la victime était plutôt le jouisseur,