Radioactif 387
Texte de 2008
Pudeur n’est pas scrupule.
Évidemment, si on parle de liberté absolue des enfants, les adultes n’interviennent que si les jeunes sont à défoncer le crâne des autres avec des marteaux ou si un jeune a invité un adulte à participer à ses activités.
À certaines occasions, les jeunes se sont faits un plaisir désordonné de déculotter le visiteur qui semblait assez constipé pour réagir comme s’il était égorgé dès qu’il perdait son pantalon. C’était sûrement moins comique pour eux de voir un zizi que lire la peur dévaster les visages du visiteur.
Cet attrait naturel pour la sexualité chez les enfants a vite semé la paranoïa chez certaines intervenantes. Quand il est question de sexe, une bonne majorité des femmes, à cause de leur éducation, capotent et s’énervent. Les hommes, eux, ne deviennent pas hystériques, mais complètement fous.
La moindre liberté sème la panique.
Inévitablement, quelques femmes scrupuleuses ont senti la pudeur en danger. Ces femmes ont tellement peur du corps qu’elles s’imaginent que la nudité les fera mourir. Cette peur permet de les mener par le bout du nez en créant les modes. Elles veulent être coquettes, la cible de tous les regards, tout en mourant de peur d’être un objet sexuel et en clamant que tous les hommes sont des cochons. Elles voient du mal dans tout ce qui est sexuel même si c’est normal.
La sexualité n’occupe pas la majorité de nos pensées. Je suis un des plus obsédés, j’imagine, et si ça occupe dix pour cent de ma pensée, c’est déjà énorme. On s’en fait pour rien. Je ne suis pas dangereux parce que je préfère le plaisir aux sacrifices.
C’est comme la bonne femme qui explosait de rage parce que dans sa maladie de pudeur excessive , elle prétendait avoir vu dans mes yeux que j’avais pris plaisir à devoir pousser un petit gars par les fesses pour qu’il puisse être rattrapé par une autre personne au deuxième étage, les escaliers n’existant pas encore.
Franchement, faut être débile pour croire que j’étais soudé près du trou de l’escalier à attendre qu’un jeune ait besoin de monter, en sachant que je devrais lui toucher les fesses. C’est arrivé par hasard, et je ne me suis jamais posé de questions sur la pudeur d’aider un jeune à pouvoir franchir un obstacle, même si je devais lui toucher les fesses pour l’aider.
Une telle pudeur est strictement une maladie. Pour penser et voir du mal dans un geste aussi banal, il faut être devenu fou. C’est exactement la position des féminounes sur la sexualité. Elles remplacent les curés, ayant le même discours d’interdiction probablement pour mieux avoir s’exclusivité.
Plutôt que de s’occuper de son petit cul, il fallait qu’elle gère tout ce qui arrivait aux autres. Cette malade (trop scrupuleuse pour être normale) était traumatisée simplement parce qu’elle avait appris que j’étais pédéraste. Je suis certain que c’était une autre frustrée.
Les frustrées s’inquiètent du fait que d’autres puissent jouir. Pour elles, le plaisir sexuel, c’est le péché, l’offense, le crime absolu.
Tout ce qu’elles auraient de besoin pour apprendre à jouir normalement de leur sexe serait une personne qui connaisse assez leurs réticences pour défoncer leur mur de la honte d’avoir un corps comme si on devrait être des purs esprits, des anges. Elles ont besoin de jouir pour savoir ce que ça signifie.
Cette forme de paranoïa est exactement celle que moussent les féminounes et par ricochet, la pègre : on faut prendre le client à la place de celui qui offre les services. C’est à partir de cette conception débile pour mieux dominer les autres et protéger la pègre, que certaines policières exagèrent afin d’arrêter ceux dont la libido dépasse la moyenne.
Pendant ce temps-là, les voleurs et les tueurs ont toute liberté parce que la police perd son temps à courir les gens qui ont une sexualité un peu plus libre que la moyenne. Ça permet aussi de créer de l’emploi.
Un jour, où je travaillais dans l’école libre, les trois jeunes qui s’y trouvaient, leurs parents étant partis, ont décidé de se promener nus sur le terrain et de venir me dire bonjour ainsi vêtus. Je ne cache pour avoir adoré ça, d’avoir été excité par cet évènement surprise. Puis, alors qu’ils étaient encore tous nus, près de moi, les parents sont arrivés. Tout le monde s’est vite vêtu comme si on n’assumait pas son choix.
J’étais au paradis qu’ils aient ainsi paradé pour moi : pas seulement à cause de la vue, mais parce que ça prouvait que des jeunes peuvent initier des jeux sexuels sans être sollicités par un adulte. Ce fut parmi mes derniers souvenirs de l’école libre.
Il faut être libre, si la liberté se comporte comme on la conçoit, mais si les choses se passent différemment, on refuse de reconnaître cette réalité.
La liberté sexuelle devait exister que pour les adultes qui voulaient pouvoir échanger de partenaires. C’était la nouvelle mode des échanges sexuels.
Je ne sais pas si les jeunes savaient que je suis pédéraste ou s’ils ont tout simplement décidé de mettre mal à l’aise en surgissant nus; mais je me suis rincé l’oeil et j’ai vu toute la beauté du ciel d’un coup d’oeil.
Selon notre façon de penser, parce qu’on est pédéraste, il ne faudrait plus sentir le plaisir. Il faudrait se promener en se frappant la poitrine et en criant : « je suis un pécheur » plutôt que « j’aime la vie et tout ce qu’elle nous offre de beau ».
On a tellement peur que les jeunes puissent découvrir qu’il y a du plaisir dans la sexualité qu’il faut que ceux qui la vivent en dehors des normes doivent se limiter à pleurer sur leur sort de pécheur repentant.
Ce n’est pas mon cas, donc, je suis un gros méchant. Ce qui devait arriver arriva.
Les problèmes de l’école n’ont absolument pas tourné autour de ma sexualité ; mais du fait que, dans leur paresse naturelle, les jeunes ne s’occupaient pas de la propreté de l’école. Un bon jour, ils furent tous infectés par une épidémie de puces.
À la maison, Suzanne s’était trouvé un nouvel amant qui aimait le lit encore plus que moi. Au moins, elle demeurait fidèle à ses croyances.
Son ami venait la voir durant que je m’occupais des enfants. L’école libre fut une expérience inoubliable qui motiva ma décision d’étudier pour devenir professeur puisque j’avais enfin découvert ce que j’aimais le plus comme travail à part celui d’être journaliste. Un métier qui m’attire autant aujourd’hui qu’il y a quarante ans, même si je le vois très différemment.
Mes anciens patrons seraient fiers de savoir qu’à mon avis, je trouve que le journaliste d’aujourd’hui tient trop à donner des opinions à travers des rubriques. C’est contre le droit à une information neutre.
Je suis devenu un adepte de la neutralité dans l’information, car pour moi l’essentiel, c’est la vérité pour permettre au lecteur de choisir et prendre ses responsabilités.
Au bout d’un an, le juge qui s’occupait du procès de Suzanne nous prouva qu’il y a encore des juges intelligents.
Il décida qu’étant donné que j’avais déjà fait trois mois de prison, que nos enfants avaient autant souffert de la situation que nous, que l’on avait dû déménager pour vivre en paix, que ça nous avait créé des tonnes de problèmes financiers, que cette situation avait assez duré.
Il abandonna toutes les poursuites contre Suzanne. Elle était libre. Et, j’étais aussi heureux qu’elle de l’apprendre.