Radioactif 381
Radioactif 380
Texte de 2008
L’anglicisation du Québec.
Étant déménagé à Barnston, très jeune, je n’avais aucune colère, ni aucune forme de mépris pour un anglophone. Un humain, c’est un humain. La lutte linguistique n’existe pas entre individus, mais à une échelle nationale.
Enfant, la langue nous avait séparé comme la religion ; il existait une séparation automatique entre francophones et anglophones. Mais le temps et le plaisir de vivre ensemble a estompé toutes les haines et / ou les jalousies entre nous.
J’ai appris mon anglais chez les Descôteaux, l’amour du western vient également de Galen et Pauline Descôteaux. Les jeunes Descôteaux parlaient français et leurs parents pas un mot, mais il n’y avait plus d’animosité entre nous. Nous étions devenus ce que devraient être tous les humains normaux : des amis, une forme de fraternité transcendante.
Ce fut tout un choc que de me retrouver un demi-siècle plus tard, à l’époque des guerres linguistiques et religieuses ; mais à Montréal, il est évident que les anglophones ne veulent pas seulement exister et vivre comme tout le monde, ils ont dans leurs «gênes» le besoin absolu de dominer et de se croire supérieurs aux francophones.
Et, les francophones ont tellement peu confiance en eux et de respect pour leur passé qu’ils se mettent à trembler et se frapper la poitrine de repentir dès qu’ils sont accusés d’être racistes. Ils sont trop colonisés pour se rappeler que ce sont, eux, la majorité au Québec (ce ne le sera plus bientôt).
On a encore ce réflexe de colonisés de devoir apprendre l’anglais pour survivre au Québec.
En ce sens, je suis d’accord avec Stephen Harper : le Canada est anglais comme le Québec est français. Ça n’empêche pas les plus brillants d’être bilingues et peut-être même trilingues. Le pouvoir leur appartiendra.
L’espagnol est aussi une des langues de l’Amérique. Je ne comprends pas pourquoi on ne s’entend pas dans le monde parce que l’on parle une langue différente. On peut avoir une langue commune, quitte à parler d’autres langues pour mieux communiquer, sans être obligé de se taper sur la gueule. Faites l’amour, pas la guerre.
C’était une réalité, la guerre linguistique, que j’avais complètement oubliée, car au Canada, j’ai fini par admettre que ce pays est anglais. Il nous laisse une petite marge de survie, juste pour justifier qu’il ne faut pas que le Québec se sépare, sous prétexte de permettre la survie de ces îlots francophones.
Maintenir un bilinguisme canadien folklorique, c’est idiot puisque tous les francophones ou presque sont déjà de parfaits bilingues.
En mettant les pieds à Montréal, j’ai dû réapprendre qu’on ne vise qu’une chose au Canada : nous assimiler. Tant que nous sommes majoritaires, les anglophones doivent se tenir tranquilles pour ne pas réveiller les francophones et surtout, ne pas les radicaliser.
Les anglophones de Montréal cherchent à instaurer leur domination à petit feu, lentement mais sûrement, en se servant de langue de travail, de l’affichage, de l’éducation et surtout , de l’immigration.
La lutte linguistique au Québec suit exactement à la lettre le plan de Durham qui demandait de nous noyer pour nous rendre service.
Ma visite au Canada m’aidait à prendre conscience de ce désir du reste du Canada de nous voir devenir une province comme les autres.
Un jour, les anglophones seront assez forts, grâce aux immigrants, pour renverser la vapeur et angliciser le Québec, à moins qu’on se sépare avant.
Qui n’est pas prêt à apprendre une autre langue pour survivre? Le livre Les juifs de Montréal, de l’écrivain Raoul Roy, nous rappelle la haine de ceux-ci pour les francophones et leur obsession à combattre surtout aux États-Unis, toute idée d’indépendance pour le Québec.
Cependant, il faut maintenant commencé à nuancer : certains ont compris notre désir d’autonomie.