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Radioactif 377

mai 18, 2022

Radioactif 377

Texte de 2008

La paternité.           

Quand je suis revenu au Québec, même si j’avais appris que les individus sont plus importants que les communautés et les nations parce que c’est à travers eux qu’on juge la vie, j’étais encore plus séparatiste que jamais.

On ne pouvait plus me faire pleurer en me faisant croire que le Canada est un pays bilingue, car c’est plutôt un pays avec des îlots folkloriques francophones et Radio-Canada français, d’un océan à l’autre.  Le pays, dans ma tête, ce n’est pas encore une soucoupe de télévision. 

Il est peut-être possible de se contenter de pouvoir fréquenter des francophones partout au Canada pour se faire croire que le Canada est un pays bilingue, ça ne te donne pas un territoire avec lequel tu peux t’identifier en dehors du Québec.   J’étais peut-être plus séparatiste, mais j’étais devenu beaucoup moins fanatique. 

La vie m’avait appris et prouvé qu’il y a des bons gars et des merdes dans toutes les nationalités.   J’aurais bien voulu apprendre les réalités culturelles de l’univers en vivant un bout de temps avec un petit gars de toutes les couleurs et de toutes les nationalités du mondeUn rêve qui en vaut bien d’autres !  

J’avais aussi compris que ce n’est pas la politique qui te donne à manger. 

Je savais que le NPD faisait semblant d’appuyer l’autodétermination du Québec pour avoir des votes et que l’Ontario domine le Canada. 

C’est encore tellement vrai que Bob Ray est déjà le chef du parti libéral du Canada et qu’il n’y aura des élections qu’au moment où les libéraux croiront avoir rattrapé le terrain perdu en Ontario.  Par ailleurs,  je ne suivais plus ce qui se passait en politique au Québec depuis de nombreux mois.  J’étais plus ignorant, donc, plus dépolitisé. 

Par contre, l’écriture avait presque pris une possession exclusive de toutes mes préoccupations.  Je me croyais un écrivain.  Écrire, c’était tout. 

Je me sentais important et je ne vivais qu’à travers la plume.  Peut-être était-ce parce que sexuellement j’étais moins écrasé et moins scrupuleux.  Vivre ta sexualité comme tu l’entends, ça te rend plus libre, plus autonome et moins obsédé.  T’as plus besoin de passer ta vie à essayer de créer un «momentum» pour pouvoir enfin te rassasier. 

J’étais moins coupable parce que grâce à mes aventures et mes lectures, je prenais conscience que ceux qui inventent nos règles de vie sont souvent des scrupuleux et des hypocrites qui servent un système qui fait de l’argent à pleine poche parce qu’ils dominent notre réalité quotidienne.  Ce sont des «lois fuckées» qui servent à maintenir les religions au pouvoir. 

Nos lois ne font que répartir le territoire entre la police et la pègre.   La mafia légale est parente avec les juges qui en sont les porte-paroles interprètes.  Les règles sexuelles ne sont là que pour maintenir le pouvoir des religions.

Je pouvais vivre sans problème comme je l’entendais.  Je n’ai jamais manqué de sexe en voyage.  Petit à petit, j’échappais aux peurs de mon enfance provoquées par les médias. 

J’appréciais maintenant d’être convoité par un bonhomme, quoique je ne fasse jamais, à cette époque, les premiers pas comme avec les femmes. 

À mon avis, forcer quelqu’un à un rapport sexuel c’est un viol, donc, quelque chose de fondamentalement contre mes idées.  Je n’arrive pas à percevoir comment tu peux ressentir un plaisir sexuel quelconque devant quelqu’un qui souffre. Je ne sentais plus le besoin de ne penser qu’à ça, puisque la vie se chargeait de me rendre aux bons endroits, aux bons moments.  Ça me suffisait alors. 

Mon désir d’avoir un enfant s’était amenuisé du fait que je n’aurais pas assez d’argent et de stabilité pour créer une famille.  Pourquoi rêver à l’impossible?  Avais-je vraiment été père à Lac-Mégantic comme le prétendait Yvette? 

Les femmes que je rencontrais prétendaient toutes que je serais un excellent père, mais prenaient toutes la pilule pour s’empêcher de tomber enceinte.  La vie de couple n’avait qu’un sens : sans avoir un enfant à gâter, car j’aurais aimé vivre cette responsabilité, mais j’étais complètement désintéressé par les filles. 

J’aurais fait un bon Chinois, quoiqu’aujourd’hui je trouve leur politique de natalité complètement stupide et aberrante.  La nature sait mieux choisir que des règles politiques ou religieuses.

Quand je rêvais de paternité, je me demandais déjà ce que je ferais si je me ramassais père d’une petite fille.  Est-ce que j’aurais autant d’intérêt pour elle?  Est-ce que je pourrais la comprendre?  Juste se poser la question est un signe de déséquilibre.  Vouloir les supprimer, comme en Chine, c’est un crime abominable contre l’humanité. 

Si les Chinois ne veulent pas de filles, ils n’ont qu’à être gais.  Un enfant, c’est un enfant.  Une merveille à priori.  C’est à la fois un potentiel de problèmes et de félicité, qu’il soit un gars ou une fille, c’est un être humain. 

La relation père-enfant est bien au-delà des sexes.  C’est une responsabilité extraordinaire et permanente.  Ce n’est pas un caprice d’un jour.  Est-ce que je crois vraiment assez dans la liberté sexuelle pour élever un enfant sans le vouloir génitalement ?   C’est une question que je me posais aussi de temps en temps, mais elle occupait peu mes neurones.  Je vivais au jour le jour.  De toute façon, je n’avais ni métier, ni avenir.

J’avais même travaillé dans un sauna gai pour survivre.  Je faisais du ménage et je réalisais que la vie peut-être très excitante, même dans ces conditions. 

À force de chercher un emploi, je me suis ramassé commissionnaire à la Ronald Federated Graphics, une importante imprimerie où je faisais un travail de petit jeune débutant, mais ça me payait bien.  J’étais commissionnaire.   

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