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Radioactif 363

mai 2, 2022

Radioactif 363

Texte de 2008

Prince George.      

Ce qu’il y a de plus comique dans le BC, les gens sont encore plus loyalistes que la reine elle-même, du moins dans les années 1970.  Pour créer la panique, il suffisait de rire de la reine.  Aussi, nous nous sommes amusés à remplacer la photo, accrochée aux murs, de la reine par celle d’une sorcière qui venait de paraître dans une revue humoristique.  C’était encore plus efficace qu’avoir été 100, 000 personnes dans les rues de Vancouver. 

On avait aussi trouvé une autre faille dans la froidure canadienne : les clubs gais de Vancouver.  La réputation sexuelle des Québécois étaient de l’ordre de Ti-Jean, dans les films de l’ONF.  Il nous suffisait au début de la journée de ramasser l’argent pour s’acheter le premier verre de bière dans une brasserie gaie,  pour y être installés pour toute la journée, soit jusqu’à ce qu’on doive quitter pour entrer à l’hostel du gouvernement, le soir, à heure fixe.  On pouvait se saouler sans que ça nous coûte un sous et sans devoir coucher avec personne.  On recevait gratuitement toute la bière voulue juste à faire un sourire.  Les compliments, les tentatives de séduction fusaient de partout.  On disait qu’un Québécois, ça baise bien.  Mais, pour aller au Mexique, il nous fallait de l’argent.  Aussi, sommes-nous partis pour Prince George à la conquête d’un emploi. 

Nous avons déniché un travail à la piste de ski.  C’était formidable, je recevais et aidais les jeunes à débarquer du monte-pente.  Je m’amusais, même si je chante très mal, je m’époumonais à chanter Alouette, ce qui plaisait énormément aux jeunes.  J’étais au ciel ; mais tout n’est pas parfait.  David, avec ses allures d’Indien du Québec, commença à subir tous les mauvais traitements du grand patron qui parfois se faisait aider par un jeune adolescent.  Tous les travaux déplaisants lui étaient automatiquement donnés.  Au début, je croyais que David se plaignait pour rien, qu’il exagérait ; mais j’ai été forcé de constater que ce qu’il me racontait était même en-dessous de la vérité. 

Un dimanche, à notre arrivée, le grand patron envoya son petit ado communiquer ses ordres.  Je lui dis qu’il pouvait se les mettre là où je pensais, mais il insistait pour qu’on le traite comme s’il était un dieu.  Je suis parti à courir derrière lui avec une pelle menaçante.  Il a vite déguerpi et il est revenu avec le patron.  Nous avons appris que l’amour du patron pour les gens du Québec venait du fait que c’était un anglophone qui avait vendu ses propriétés à Westmount parce qu’il avait peur du FLQ.  Aussi, dès qu’un des nôtres tombaient sous ses ordres, il mettait le paquet pour se venger. 

On a laissé l’emploi et dénoncé son attitude dans le journal de Prince George. 

Nous sommes retournés à Vancouver prendre l’autobus pour le Mexique.  Je la trouvais très drôle.  Quand nous sommes partis, j’étais convaincu qu’on passerait l’hiver à la chaleur et finalement, on avait surtout travaillé dans une piste de ski.  Vancouver est un endroit affreux durant l’hiver parce qu’il pleut au lieu de neiger.  Je préfère la neige à la pluie.  Si David fut malheureux durant notre séjour à Prince George, moi, j’avais eu énormément de plaisir.  Même un peu trop.  

Un soir avant de partir, je suis allé boire.  J’étais tellement saoul que je fus arrêté par la police et mis en cellule.  J’étais avec un indien, qui me dit s’appeler « Big Chief Jos ».  Le matin, la police libéra tout le monde qui parlait anglais, sauf moi et Big Chief Jos, sous prétexte qu’il nous fallait laver les planchers.            
    
Devant cette injustice, je me suis flanqué à poil et nous nous sommes mis à faire autant de bruit à nous deux que si nous avions été tout un bataillon.  Écœurés, les policiers ont ordonné qu’on s’habille et on nous a flaqué à la porte. 

J’étais très fort sur la mise à poil à cette époque parce que se mettre à poil c’était la pire des contestations.  Heureusement, personne ne s’est mis à rire en voyant un aussi petit moineau.      

Il y a même eu une tribu amérindienne qui a presque tout gagné ses revendications par cette méthode : hommes, femmes, enfants nus dans la rue.  Les bonnes âmes qui voyaient ça se pensaient déjà dignes des feux éternels de l’enfer et exigeaient des autorités qu’on règle vite le problème.    

C’est drôle, mais le temps où me suis le plus senti invincible dans ma vie fut cette période de voyage où je n’avais vraiment rien pour croire dans ma sécurité.  Surtout que je voulais tout essayer. 

Un soir avant de partir, j’ai passé une après-midi à la taverne.  Le soir, j’étais assez gommé que je me suis caché sous un banc tant je n’arrivais pas à me resituer.  C’est alors que j’ai vu des danseurs que j’ai eus dans la tête durant des décennies : un couple d’hommes gais dansait sur un air d’Elton John, Benny and the jets, je crois. 

J’étais la cible de bien des regards. Je profitais au maximum d’enfin plaire à quelqu’un.  Et je me croyais au paradis.  Peut-être qu’on peut y entrer par les deux extrêmes.  Je venais de découvrir le plaisir de se croire assez beau pour plaire à quelqu’un.  Cette joie, sans compter la bière, valait bien de me prostituer un peu sans être payé puisque je crois que le sexe n’a pas de prix.  J’aimais être désiré.


Trop osé ?  

La première partie de mon texte sur la liberté sexuelle fut d’abord composée sous le titre Pour en finir avec l’hypocrisie.  C’était plus direct, il me semble.  Une chose est certaine, ce texte s’est ramassé en cour contre moi ainsi que l’Homo-vicièr, le roman où j’ai essayé d’être le plus comique possible.  Ça démontre jusqu’à quel point les fervents de la censure sont non seulement bornés, mais vicieux. 

Au lieu de rire, de constater qu’un essai, c’est une réflexion sur un sujet ; un roman, une histoire inventée ; on voulait en empêcher la diffusion.  C’est d’ailleurs ce qui se produit encore aujourd’hui, après 30 ans. Il ne faudrait surtout pas se rappeler ce gars bizarre qui écrivit avoir aimé et essayé toutes les expériences sexuelles non violentes de la vie. 

Cependant, j’ai aussi écrit une deuxième partie de réflexion sur la liberté sexuelle. 

Elle se raffine en vieillissant pendant que le gars — c’est mon « moi » profond — cherche dans ses mémoires comment interpréter sa lecture de la vie. Heureusement, je n’ai pas besoin comme certains de me prouver que je suis un gars, même si la virilité existe davantage dans mes souvenirs que dans la vie présente. 

Quelques fantasmes m’ont permis de constater que dans la vie le sexe occupe une place inimaginable dans la tête de presque tous les gens qui n’ont rien d’autre à faire que de s’occuper de la sexualité des autres. 

Cependant, le sexe est une deuxième dimension,  une activité à peine perçue par ceux qui sont assez occupés pour ne pas devoir mener de campagnes pour la bonne morale sociale, en cherchant dans le pantalon du voisin ce qui fait défaut dans son propre pantalon

Les chastes ont peur de leur sécheresse intérieure.  Ils sont le «préservatif de l’imagination». 

Leur peur de la quéquette dominatrice les oblige à renier la beauté et l’existence même de leur propre corps.  La morale est toujours bonne, si elle s’applique aux autres. 

Quand je me suis aperçu la bedaine, l’autre jour, en débarquant de la douche, je me suis rendu compte que pour moi, c’est vraiment prêcher dans le désert que de souhaiter de nouvelles aventures ; car le moins qu’on puisse dire c’est que j’offre un tableau affreux à regarder.  Heureusement, on s’accroche à ce que l’on peut et j’aime rêver être à nouveau le roi de la pipe.  Si je continue à manquer d’expériences vivifiantes, je risque fort d’être détrôné. 

C’est agréable d’avoir une bonne image de sa personne, surtout quand la bedaine devient si grotesque qu’elle se prend pour une femme enceinte.  Il faut bien essayer de trouver une petite qualité à son nouveau style de vie.  Rire de soi est aussi important que de s’encenser  et je ne sais pas pourquoi, certains matins, je ne veux que rire de moi et de ma grande carrière d’écrivain non lu du Québec parce qu’on ne me publie plus et qu’on m’a mis sur la liste des personnes proscrites … non grata… Ce qui veut dire que je n’ai personne pour me gratter le dos le matin ou le paquet durant le reste de la journée. 

Cependant, mes longs moments de loisirs m’ont permis de constater qu’il faut absolument jouer aux fesses très jeunes pour ne pas devenir Alzheimer.  En effet, si tu as eu beaucoup d’expériences dans ta jeunesse, du temps où tu pouvais facilement enrichir tes collections de tableaux à mémoriser, tu peux mieux aujourd’hui essayer de t’en souvenir.  Puisque pour passer le temps, rien ne vaut d’essayer de fantasmer un peu, ces vieux souvenirs deviennent des heures de réflexion et d’exercices pour ta mémoire, car, il faut te souvenir du plus petit détail. 

Les jeunes de mon temps étaient rarement circoncis.   Ainsi, le cerveau étant un muscle, si tu as développé l’habitude de la curiosité, tu auras plus de souvenirs à faire remonter à la surface de ton petit cerveau. Le cerveau étant un muscle, plus tu auras eu de plaisir, plus essaieras-tu de t’en rappeler.  Un médicament extraordinaire pour la maladie d’Alzheimer.  Par ailleurs, plus tu as eu l’habitude dans ta jeunesse de te masturber, plus tu as de chance de ne pas souffrir un jour du cancer de la prostate, selon une étude scientifique. 

Voilà pourquoi les hommes contrairement aux femmes doivent s’exercer le poignet : car celles-ci, de toute façon le font souvent. Même si elles n’ont pas de prostate, elles préparent les gâteaux, Ce qui prouve que la prudence est de ne jamais prendre de chance. 

Cette grande découverte faite, cette nuit dernière, à deux heures, trente minutes, cinquante -cinq secondes et un millionième de trillions de battements de coeur (c’est fantasmer fort longtemps),  prouve hors de tout doute qu’il ne faut pas remettre à demain ce qui peut être fait aujourd’hui ou durant la nuit . 

La vie est aussi courte que ton zizi au sortir d’une douche froide. C’est d’ailleurs pour cela que les cadavres deviennent rigides.  Ils débarquent dans la douche du futur astral et ça les fige juste quelques secondes avant de réaliser qu’ils ont changé de monde. 

Aussi, pour cette découverte, le système médical devrait me verser un salaire pour avoir su prévenir les effets pervers de l’insignifiance de la censure active durant la période de l’adolescence. 

La mort est une éjaculation d’âme provoquée par une douche froide.  Un saisissement quelconque.  Une décharge de batterie.  C’est pourquoi il est bon quand on est jeune de se réchauffer les sens.

Je dois y aller.  Il fait un temps superbe et Benji est en maudit que je n’aille pas la promener.  Avant c’était les femmes qui menaient, maintenant, c’est la température…et Benji, ma petite chienne.


Le beau David…

David, un de mes compagnons de voyage, était un très beau garçon.  Il m’aurait certainement beaucoup intéressé, s’il n’avait pas été un peu trop vieux.  Il était, malgré sa ressemblance à Michel-Ange, comme un peu passé date.  Il était trop bâti pour que j’assouvisse, avec lui, ma passion de siphonner les petites flûtes à bec. 

Je préférais la découverte de mon côté féminin qui m’ouvrait à de nouvelles aventures dans les tavernes gaies de Vancouver.  Elles me réconciliaient enfin avec mon propre corps. J’apprenais que tu n’as pas besoin d’être beau pour jouir et être une tentation pour les autres.  C’est quelque chose d’extraordinaire de croire que tu peux fasciner quelqu’un, juste en étant ce que tu es.  Je n’étais pas plus beau, mais je pouvais choisir mon partenaire, tant je poignais. 

Je comprends depuis pourquoi les femmes font toutes semblant de détester la sexualité, d’être vertueuses, alors qu’elles ne rêvent que d’être déshabillées le plus vite possible par le premier venu qui leur tombe dans l’oeil.  Les femmes ont un besoin sans limite de se sentir irrésistible, d’où leur besoin d’hypocrisie pour ne pas se détruire elle-même.  Elles passent leur vie à soigner leur charme présent ou imaginaire.  C’est valorisant de  » venir en demande » comme un objet de luxe. 

Les scrupuleuses devraient tenter ça, elles verraient qu’être entre les mains d’une personne qui connaît ça, c’est comme avoir une valise d’un million qui te permet de découvrir le beau côté de la vie.  Tu t’imagines moins laid que tu es et ça fait du bien de se sentir ainsi désiré. Le contraire de ce que l’on m’a toujours dit.  Il y a des femmes qui en jouant les saintes nitouches passent leur vie à essayer d’améliorer leur petit « look», au cas où un beau mâle les remarquerait.  Quand ça arrive, c’est l’explosion intérieure, puis, quelques temps après, la dépression, car elles sont trop scrupuleuses pour assumer leurs désirs cachés. 

Ces aventures me permettaient aussi de mettre fin à la peur débile que les curés et les journaux nous avaient enseignée. Quand j’étais ado, je faisais du pouce en cachant une roche dans mes poches pour me défendre, s’il le fallait, contre les mauvais conducteurs qui avaient la générosité de m’embarquer. La paranoïa est une folie qui te fait passer à côté de la vie. 

J’aurais bien aimé être une cible sexuelle, tant qu’il n’y a pas de violence, mais je n’étais pas assez beau pour allumer qui que ce soit.  Et trop peureux pour essayer.  J’ai ainsi perdu plusieurs années de ma vie.   De toute façon, je pensais alors plus à la politique qu’au plaisir de vivre. Ça prit des années avant que j’aie le courage de m’offrir ouvertement et de découvrir que c’est aussi très agréable de servir de flûte à bec.  J’avais comme tout le monde entendu les grands discours contre les prédateurs sexuels.  Introduction à la paranoïa 101.  Je ne savais pas que ce vice pouvait enfermer autant de plaisir. 

C’est comme les cours de sexualité que l’on veut offrir à nos jeunes et qui semblent sortir directement des cartons de toutes les plus constipées ou les plus homophobes du Québec.  Pas surprenant, c’est la façon féministe actuelle de voir la sexualité dans notre société.  Ayez peur !  Ayez peur ! Une sexualité de femmes frustrées !  Étouffées par la peur du sexe.  Une vraie folie !

Cette fois, je suis tout à fait d’accord avec Richard Martineau.  Ces cours sur la sexualité seront des cours pour apprendre aux jeunes filles à être invariablement « une guidoune» sans l’être ou ce qu’on appelle « une agace-pissette ».  C’est un peu ce qu’on faisait, en se faisant payer la bière, tout en sachant qu’on ne pouvait pas aller coucher avec qui que ce soit, car on devait entrer à l’hostel.  Donc, on profitait de notre statut de mâle, un instant fait «femme prostituée». Puis, ça me permettait de jouer le jeune qui est vampirisé.  Une situation que j’ai trouvée fort agréable.  J’étais la victime du gros méchant prédateur.  David y participait aussi, sachant très bien qu’il ne pouvait rien lui arriver. 

En m’observant, Il a pris goût à se faire entretenir par les femmes.  Il a mis ses talents qu’ils pratiquaient à la taverne au profit de ses propres aspirations. David a vite appris que les féministes de Vancouver contrairement à celles de nos jours au Québec savaient qu’elles étaient égales aux hommes. David disparaissait une semaine ou deux, le temps d’avoir assouvi la femme qui l’amenait avec elle.  Entretenu par elles, il nous revenait épuisé. 

Les vrais féministes, celles de Montréal durant les années 1970-80 étaient, elles aussi, de cette qualité.  Elles revendiquaient parce qu’elles se croyaient véritablement égales aux hommes, elles cherchaient à prouver cette égalité en se comportant comme elles le voulaient, elles n’hésitaient pas à se choisir un mec. 

Pour elles, ces vraies féministes, liberté voulait dire libération sexuelle contrairement à aujourd’hui où féminisme veut dire avoir peur du sexe. 

Donc, David faisait aussi parti des objets sur convoités.  On ne pouvait pas se marcher sur les pieds, nous avions chacun notre cour. 

Quand j’étais jeune, on séparait les filles de garçons, ce fut une règle durant presque toute ma vie.  Sauf, avec les vraies féministes qui me mettaient le grappin dessus et, j’aimais ça beaucoup, beaucoup. Ce furent mes périodes hétéros.

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