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Radioactif 341

avril 6, 2022

Radioactif 341

Texte de 2008

Ma fierté.      

Je suis très fier d’avoir été aussi radical quand je fus journaliste en Estrie (Vaucouleurs). 

Je me suis probablement enflé la tête quant à mon rôle réel joué dans le développement du Québec.  Je faisais mon possible en écrivant des lettres ouvertes, en essayant d’attirer l’attention, en organisant des manifestations où j’étais seul, pour ne pas impliquer personne à cause de ma pédérastie et pour dénoncer les manœuvres fédérastes.  Et ce, même si j’ai toujours été un maudit peureux.  J’ai vaincu mes peurs. 

Aujourd’hui, on oublie ou on n’a pas vécu comment le fédéral a mis notre démocratie sous arrêt.  Harper se promène dans le monde en se prétendant démocrate et il n’est même pas capable de respecter sa plus grosse majorité : les francophones.  Les lois pour défendre le français sont menottées.  La loi 101 a été charcutée.  Nous revivons les mêmes crises économiques qu’il y a quarante ans.  On utilise tout simplement un vocabulaire différent.  Est-ce que ces crises sont organisées cycliquement par le pouvoir pour gratter encore plus dans nos poches?  C’est l’évidence même. 

Je suis aussi très fier d’avoir créé pour moi une morale qui tienne compte de la réalité dans ma pédérastie.  Contrairement, à ce que certains disent ma première préoccupation, ce fut, c’est et ce sera toujours le bien des jeunes.  Il faut absolument combattre le suicide chez les jeunes.  Le suicide, à l’adolescence, tient du mépris que l’individu nourrit contre lui-même, en se détestant ou en refusant de s’accepter comme il est.  Déjà, pour plusieurs, adolescence veut dire déception de soi, se sentir détesté des autres, être inférieur.  Alors, y ajouter ce qu’une partie de la société considère comme une perversité (alors que tout être humain est sexué) ; c’est la goutte qui fait déborder ses capacités à endurer la méchanceté du regard des autres.  Nos chastes âmes en rut n’ont pas l’intelligence d’apporter des nuances à leur intolérance.  Une intolérance assassine.

Ce défaut, ma pédérastie, s’est muté en tolérance.  J’ai compris qu’il ne faut pas laisser les autres être notre seul juge.  Nos âmes pures et chastes n’hésitent pas à piétiner n’importe qui pour se donner bonne conscience.  Elles ont besoin de régler tout ce qui se passe dans le pantalon du voisin.  Tant qu’il n’y a pas de violence, que les participants sont conscients, consentants et responsables, les découvertes sexuelles ne peuvent être que bénéfiques,  malgré la paranoïa que les groupes de droite ou féministes réactionnaires (féminounes) essaient de nous inculquer.  «Connais-toi toi-même.» 

Ma façon d’aborder une solution à te découvrir différent me semble plus appropriée que la répression.  La même que nous avons connue quand nous étions jeunes.  Mais de notre temps, au lieu de combattre ce qui se passe sur internet, ces âmes chastes combattaient la pornographie des revues que l’on retrouvait sur les tablettes des dépanneurs.  Elles n’ont jamais compris que leur attitude obsessionnelle est carrément malade. 

La répression coûte chère et ne fait qu’augmenter les problèmes jusqu’au suicide des jeunes.  Je suis peut-être un idiot, mais j’ai décidé de combattre sur le plan sexuel le mensonge et l’hypocrisie de la société dans laquelle j’ai été élevé. 

C’est à mon sens essentiel pour créer une véritable égalité entre les humains et combattre la violence sous toutes ses formes.  La vie n’est pas qu’un signe de $$$$.   

Rencontre avec la mafia légale.           

Je me rendrai demain matin au Palais de l’Injustice de Sherbrooke pour connaître la décision du juge.  Puisque j’ai travaillé au cours de la dernière année, pour avoir un avocat, je dois contribuer à l’aide juridique.  Si j’étais dans la pègre, on m’organiserait ça, de façon à ce que ça ne me coûte pas un sou.  C’est ce que tout le monde dit et je n’ai aucune raison de ne pas les croire.  Le juridique est un niveau de mafia différent du politique.  Mieux organisé et plus sale, plus haut dans la hiérarchie, il doit s’autonourrir d’où il y a de plus en plus d’avocats.     

On vole des centaines de millions, mais on fait chier le peuple pour moins de 50,000$.  On fraude des vieux, mais ce n’est pas grave, ils vont quand même mourir bientôt.  Même s’ils souffriraient un peu avant, psychologiquement, ce n’est pas grave.  On a des «connes» pour nous faire croire qu’un attouchement sexuel, c’est dangereux.            

Les féminounes sont devenues une partie intégrante de la Gestapo québécoise. Si en 1996, on n’avait pas essayé de me planter à la suite du référendum, je n’aurais jamais eu ces dettes (lire : je suis volé par le gouvernement) puisque je gagnais un très bon salaire.  Depuis, c’est le harcèlement incessant.  Pas de travail.  Même pas de bénévolat.  La prison jusqu’à la mort pour avoir mis la main sur un petit pénis, même si le propriétaire est revenu pour s’assurer que notre relation ne soit pas brisée par les accusations. 

Je me suis arrangé pour ne pas me faire vivre par les autres.  J’ai pris le travail que j’ai pu.  Je n’ai rien, mais je ne dois rien, en mon âme et conscience. 

Je me rappelle d’une discussion avec Vallières où je défendais ma position pour la non-violence.  Je ne suis plus certain que j’avais raison.  C’est peut-être du masochisme ?  Mais, je crois toujours que si on se débarrasse d’un gouvernement, on en a un autre aussi pire pour le remplacer, sauf que ce n’est plus la même gang qui en profite.  La démocratie est-elle autre chose que la dictature de la majorité ? 

Je sors d’un bureau d’avocat, c’est bien normal que je sois écœuré..  Je suis trop vieux pour recommencer à contester, mais ça me tente.  Ces folies mangent ma santé. 

Je vais aller prendre de l’air, ça va me calmer les nerfs et Benji aime bien ça dans ce temps-là. On marche plus longtemps. Les dieux sont tombés sur la tête, mais on sait maintenant que les dieux sont des tyrans… 

Ça brasse ! 1.         

Je cite quelques passages de mon livre Il était une fois dans les Cantons de l’Est ou Lettres ouvertes aux gens de par chez-nous.

En parlant de langue, ça me fait penser à la séance du Comité de la constitution canadienne… Il y a quelques semaines, j’ai commencé à travailler avec les gars de la construction comme animateur.  Pendant ces périodes de travail nous avons étudié la situation des Cantons de l’est.  Nous devions poursuivre ce travail, mais nous avons dû nous consacrer à un problème plus urgent : à cause des nouveaux décrets du ministre Cournoyer, les travailleurs subissaient une baisse assez appréciable de leur salaire.

Imagine-toi un peu la situation ; as-tu déjà vu les députés, les juges et les policiers, qui protègent le régime, subir une baisse de leur salaire ? … À force de brasser le député, il a réussi à organiser quelques rencontres entre les partis intéressées.  Puisque que personne ne voulait se grouiller, nous avons décidé de rédiger un manifeste : le Manifeste du royaume des amorphes, lequel dénonce notre situation dans l’Estrie.  Pour avoir une publicité qui dépasse les cadres régionaux, nous l’avons fait distribuer à l’occasion d’une première mondiale d’un film au Granada.  Je n’aurais jamais cru qu’une telle décision puisse faire autant de bruit.  Pensez-y un peu, les étudiants qui distribuaient le manifeste en question portaient des tuques des patriotes et de plus, le texte a été livré aux stations de radio sans être identifié. 

Parce que le manifeste se terminait par  » Avec ou sans vous, nous vaincrons. « , les mass-médias ont fait paniquer tout le monde en tenant un suspense ridicule à savoir s’il s’agissait d’un manifeste du FLQ ou autre.  Cela nous a créé quelques problèmes.  À tout événement, les travailleurs de la construction, en assemblée générale, ont décidé d’appuyer le document et de le présenter à la séance tenue par le Comité sur la constitution canadienne.  Nous avions appris que l’on devait se servir de Sherbrooke pour faire une propagande pas possible sur un petit coin du Québec où les deux ethnies s’entendent à merveille.  Cela devait se faire d’une marre à l’autre, directement du chic motel Le Baron.  Faute de peau, les organisateurs qui avaient commencé leur publicité en ce sens ont dû abandonner.

À notre arrivée à cette assemblée, nous avons distribué les manifestes à tous les membres de la Commission, lesquels n’en ont pas glissé une ligne dans leur compte-rendu officiel.  Lors du début de la session, on s’est vite aperçu que cette rencontre pour connaître le point de vue du peuple était un gros show publicitaire organisé à l’avance.  Les dirigeants avaient même le culot de nous parler en anglais et de nous fermer le micro sous le nez quand les témoignages n’étaient pas à leur goût.  Aussi, pas plus fou que d’autres, nous avons attrapé la fièvre collective de l’éternuement.     

Évidemment, la maire Marc Bureau, de Sherbrooke, nous a priés de bien vouloir nous abstenir de tousser, mais c’était impossible dès que les dirigeants de la Commission nous parlaient dans une langue étrangère.  Ça prenait un gars qui a du front tout le tour de la tête pour nous forcer à subir l’humiliation de devoir se traduire entre nous ce qu’il avait l’obligeance de nous dire.  Pauvre sénateur Molgat !  Nous l’avons offensé en exigeant qu’il nous parle français.       

À un moment donné, nous nous sommes bien aperçus que nous étions de trop à cette assemblée.  Aussi, avons-nous décidé de sortir et de convertir notre présence (qui avait pour but de faire connaître partout la situation pénible de la population de l’Estrie et le problème des gars de la construction) en une manifestation pacifique.  Nous sommes revenus avec des pancartes et nous avons circulé gentiment en chantant.  Évidemment, le lendemain, les journaux anglais ont fait apparaître la situation comme si des bombes avaient presque éclatées de partout. La Truie Brune, qui doit normalement défendre les intérêts de la population de l’Estrie, comme elle le prétend, a fait passer les gars de la construction pour une bande de mal élevés. L’éditorialiste Alain Guilbert a mis le paquet et dépasser les faits réels pour salir davantage la réputation des contestataires.  Il a toujours eu la tête enflée. 

Évidemment, le système a pris peur. À cause de ma participation à cette manifestation, le député fédéral Paul Gervais a exigé mon renvoi du journal et la GRC aurait augmenté ses effectifs.  Pour prouver que nous n’avions rien à nous reprocher, nous avons invité les policiers, les éditorialistes, à venir nous donner un coup de main. C’est tout ce que nous voulions : justice pour tous.  Un flic de la SQ est même venu me voir à la Truie Brune, pour savoir qui avait écrit le manifeste.  Je comprends mal pourquoi ils ont fait tout ce chichi.  

Les maires ont tenu une assemblée de l’Association des cités et villes, à Richmond, et les mass-médias, particulièrement CJRS qui ne s’y rendaient jamais, étaient bien représentés.  À cette occasion, évidemment, un contre -manifeste a été lu.  J’ai appris à cette occasion qu’une cellule d’information du FLQ opérait à Sherbrooke et était reliée à Montréal.  C’est ainsi, qu’à travers leur stupidité, je suis devenu publiquement un grand révolutionnaire, comme si j’avais déjà été assez brave pour en être un.  Le contre-manifeste avait été pondu pour un officier de la ville de Sherbrooke qui ne manquait pas d’imagination et flattait mes tendances napoléoniennes.  Être felquiste, après tout, c’est à envier. 

Les flics ont poussé l’enquête jusqu’à Scotstown. Ils voulaient savoir ce que j’avais fait dans l’occupation de l’école et ils l’ont su : mon métier de journaliste. La lutte a permis aux travailleurs de gagner une augmentation de 1.38 $ l’heure en moyenne pour les trois prochaines années.  Si l’on ne s’était pas battus, les travailleurs de la région auraient perdu au moins 5 millions $.  Ils auraient subi une baisse de salaire entre 0.45$ à 0.75$ l’heure. Pour le système, ces luttes, même si nous avons demandé qu’elles soient non violentes, sont négatives.  Si nous avions remporté toutes les luttes entreprises, elles auraient simplement apportées quelque 1.2 milliard au Cantons de l’est.  C’est là tout le problème, cette fois, ce n’aurait pas été les gros qui auraient fait de l’argent, donc, ça devient négatif.   

C’est pas étonnant, qu’on ne retrouve pas mon livre dans les bibliothèques de la ville de Sherbrooke.  Le temps m’a donné raison. Il a fallu plusieurs morts, avant que le système se décide de réaliser une Transquébécoise à quatre voies (vers 2006).


Il était une fois dans les Cantons de l’Est ou Lettres ouvertes aux gens de par chez-nous, Éditions Québécoises, 1973

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