Radioactif 327
Radioactif 327
Texte de 2008
Citation de La pédérastie mise à nu.
« Si la pédérastie est une orientation sexuelle, donc, qui devrait être permise par la Charte des droits, personne ne peut accepter la pédophilie, car, les enfants de moins de 10 ans pourraient être traumatisés par une expérience qui ne respecte pas leur rythme de développement physique et psychologique.
Même face à la pédophilie, il faut être assez intelligent pour faire la nuance– ce que notre système ne fait pas — quant à la gravité des gestes.
Il y a tout un monde entre une pénétration et un attouchement ; mais on réagit comme si c’était la même chose. La gravité n’a rien à voir avec la morale. Nous ne devons pas juger selon notre morale d’adulte, mais le bien-être réel de l’enfant : quelle est la signification et l’importance réelle de la situation quant à l’enfant? À quel point les gestes posés risquent-ils de le perturber et de le marquer? »
Au lieu de punir, il serait préférable de soigner l’enfant et de s’assurer qu’il ne souffre d’aucun traumatisme.
Par contre, si le cerveau peut réparer des années d’enfance très difficiles quand on est transporté dans un bon milieu, affectueux, compréhensif, je me demande comment un enfant demeure perturber par un simple attouchement puisqu’un attouchement sexuel ne fait pas très mal et peut même être très agréable quoique c’est très payant de faire croire le contraire.» Aie-je ajouté depuis.
La pédérastie mise à nu, page 13.
Gaston Gouin.
La guerre pour un Québec français s’est transportée dans une manifestation à East-Angus, à l’occasion de la visite du premier ministre Jean -Jacques Bertrand, en plein débat sur le bill 63.
À cette occasion, les journaux ont tous raconté qu’un des manifestants, identifié plus tard , comme étant Gaston Gouin, un poète et professeur au CÉGEP de Sherbrooke, aurait craché au visage du premier ministre Jean-Jacques Bertrand alors qu’un autre manifestant aurait donné un bon coup de pied au cul du ministre des Terres et forêts, M. Claude Gosselin.
Pourquoi je ne voulais pas l’écrire ? Tout simplement parce que je n’ai pas vu l’incident et que je ne voulais pas parler d’une chose aussi grave sans en être absolument certain.
Aujourd’hui, j’imagine que ce doit être vrai. Tout ce que je me rappelle de cet événement que j’avais été appelé à couvrir : des proches du premier ministre sont entrés dans l’hôtel où se terminait la manifestation et où j’étais déjà, en disant que c’étaient des maudits cochons.
Je crois me rappeler que quelqu’un s’était essayé le visage avec son mouchoir, mais qui? C’est trop vague pour que je puisse être capable d’identifier qui que ce soit. Je ne pouvais pas l’affirmer, je ne savais pas. Si ça avait été le premier ministre, je l’aurais reconnu.
Je savais que ça avait brassé, mais je n’en avais pas été témoin. Je suis sorti pour assister à ce qui se passait.
Je ne me rappelle pas pourquoi j’étais plutôt à l’intérieur de l’édifice qu’à l’extérieur. Probablement parce que je ne voulais pas manquer ma chance d’interviewer le premier ministre sur la loi 63, la loi sur la langue.
Ça m’étonne que je n’aie pas été mêlé à la manifestation. La Tribune m’envoyait toujours à l’Intérieur des manifs, sous prétexte que j’avais une gueule à semer la confiance et être mieux être accepté des manifestants pour avoir plus de détails croustillants. Je pensais déjà, avec l’affaire de l’aéroport et la misère économique de la région, exactement comme eux.
Quoiqu’il en soit, j’ai été approché pour rectifier mon texte et j’ai appris qu’on me croyait plus radical que je suis en réalité.
C’était mal me connaître. Effectivement, pour la langue, je suis devenu et je serai toujours radical, mais, je l’étais encore plus en ce qui touche la vérité pour un journaliste : Je ne pouvais pas écrire une chose sans savoir que c’était vrai.
Je crois que le Québec doit être un état français, même encore plus aujourd’hui. C’est tellement important que ça devrait être un sujet qui déborde les mesquineries des partis politiques.
Si le Québec cessait de toujours avoir peur de son assimilation, et ce n’est pas de la paranoïa, on pourrait se montrer beaucoup plus tolérant envers ceux qui ne parlent pas français et créer une véritable unité nationale québécoise, unité qui sera bien nécessaire quand ça ira encore plus mal sur un plan international et économique.
Mais les quarante ans où je me suis plus ou moins mêlé de politique prouvent que les Anglophones ne se contenteront jamais de la place de seconde langue. Ils veulent l’égalité, ce qui dans leur tête, veut dire domination comme les féminounes interprètent l’égalité homme-femme.
S’il y a un domaine où tous les francophones du Québec devraient être d’accord, c’est celui de la langue. Si on ne peut pas s’entendre sur un sujet aussi fondamental, y a rien à faire. Nous ne pouvons même pas être fiers d’être ce que nous sommes. Même un Robert Bourassa, après Meech, n’aurait pas admis que le français soit encore plus piétiné.
Murray Hill.
La fin des années 1960 et le début des années 1970 furent une litanie de manifestations. Je me suis ramassé à Montréal, comme journaliste, lors de la grève de la police qui s’est terminée par le meurtre de Murray Hill.
Les policiers s’étaient retranchés dans une aréna et tenaient une réunion syndicale. Certains, pour ne pas dire une maudite bonne gang, avaient la buvette très facile et les pattes plutôt croches. Quand dans mon rapport à la Tribune je soulignai cette aberration, deux policiers me malmenèrent et s’assurèrent d’entendre ce qu’il voulait bien entendre. C’était leur conception de la démocratie. Je me suis éloigné et j’ai recommencé mon rapport au journal.
Cette soirée de manifestation fut particulièrement frappante du fait que j’étais dans les premières rangées de la parade avec les manifestants. C’était très impressionnant d’entendre s’effondrer les vitrines et voir les gens courir les bras pleins de nouveaux produits volés dans les magasins vandalisés. Rien de bien valorisant. Quel vacarme ! Je ne me suis pas rendu là où les chauffeurs de Murray Hill devinrent les cibles. On apprit ensuite que la victime était un policier qui avait infiltré les manifestants et avait été tiré par un autre policier.
C’est d’ailleurs ça le problème des manifs, le système les infiltre et leurs policiers déguisés en êtres humains mettent le trouble partout. Ça justifie l’intervention des autres policiers qui passent leur temps à se pratiquer sur l’art de cabocher la démocratie. Ainsi, les manifs perdent tout leur sens : les journaux ne parlent que des trouble-fête et ne disent pas un mot sur la motivation de cette manifestation ainsi que les principales revendications.
Le système est assez pourri pour organiser la violence et ainsi manipuler l’information. Les morts, ça n’a pas l’air de les fatiguer, mais ils nous font la morale sur notre façon de se comporter.
À notre décharge, on doit avouer qu’ici c’est quand même moins pire que dans bien des endroits dans le monde. Ce n’est pas une raison pour que ça puisse arriver chez-nous.
Peace and love.
Si je me radicalisais un peu plus à chaque manifestation, c’est sûrement parce que j’avais de moins en moins peur. Le journal m’a aussi permis de connaître le premier incident où enfin des gens avaient la jugeote de se baigner nus devant les médias atterrés. Se baigner nu, c’est dix fois plus agréable qu’avec un maillot.
En effet, après m’avoir bien averti que je ne pouvais pas fumer ou droper sur la job, les dirigeants de la Tribune m’ont envoyé passer une semaine à Manseau où on célébrait le premier Woodstock en Québec.
J’étais là avant même le début des spectacles. Le premier soir, j’ai passé la nuit debout avec les jeunes complètement à jeun, donc, dans une docilité absolue. Plus tard, j’ai recommencé l’expérience, mais cette fois, il y avait un beau petit gars qui ne cessait de me regarder et qui me passa son joint de hash. Le hash m’a toujours fait exploser les fusibles de la sexualité, particulièrement, du toucher. Les moments suivants furent exquis d’extases.
J’étais non seulement journaliste, mais on m’avait fait la réputation d’un bon tireur de joint. Les pauvres, qui m’offraient de fumer, le regrettaient vite, car j’étais d’une avidité sans borne. Aussi, je devenais complètement une autre personne. Drôle comme un singe. Je poursuivais deux ou trois idées en même temps. Les dimensions de l’esprit sont très intéressantes quand elles se pénètrent et se superposent les unes aux autres.
Évidemment, je faisais quand même attention parce que je ne voulais pas perdre mon emploi. Qui a déjà écrit gelé, sait que tu te reprends souvent. La dérive est plus que facile. Ce fut tellement amusant qu’un de mes grands patrons, Alain Guilbert, est venu me rejoindre, tout comme Bourassa est venu faire son petit tour d’hélicoptère.
J’avais beau me surveiller, j’avais quand même appris à me fier à mes premiers « tripeux » et à partager les plaisirs de la communication musicale. C’est ainsi que j’ai glissé les doigts dans une enveloppe où se trouvait une petite poudre qu’on portait à la bouche. La danse qui s’en suivit fut extraordinaire. Sans le savoir, j’ai dû absorber une drogue que je ne connaissais pas.
Du plaisir, de la danse, je suis passé à la fin de la soirée à la paranoïa totale. J’ai cru que le chanteur était une réincarnation du diable. J’avais tellement peur que le lendemain matin, quand je me suis réveillé, je me suis aperçu, ô bonheur, que j’étais couché dans un sac de couchage avec un petit gars. Rien ne combat aussi bien le diable que la tendresse.
Pour moi, cette manifestation de la musique remettait en question mes nouveaux sentiments politiques. Qu’est-ce qui est la vraie révolution : changer la vie, vivre sans contrainte, ou se battre en politique pour changer quelque chose qui reviendra exactement pareil quelques années plus tard?
Peace and love ou FLQ ? Qu’étais-je vraiment ?
Le Peace and love est égoïste, mais tellement plus agréable à vivre. Il est aussi beaucoup plus profond. Le Peace and love est plus universel et sera certainement plus permanent. Le Peace and love est jeune et rêve.
Le pot.
C’était une atmosphère survoltée à tous les points de vue. Ce qui m’a sauvé et m’a empêché de sombrer dans l’enfer total de la drogue fut ma peur des drogues plus fortes et de leur effet sur mon petit cerveau.
Malgré cette peur, j’ai eu mes quelques années de bons voyages, une expérience que je ne regrette pas, mais que je ne recommencerais pas. Ce fut une bonne chose que je craigne les drogues. J’ai préservé ma dignité, j’ai conservé ma conscience. À cette époque, on avait de » l’assez bon pot » mexicain. Il était beaucoup moins dangereux que celui d’aujourd’hui, mais j’aurais pu facilement devenir dépendant.
Je ne sais pas par quel miracle j’ai cessé de fumer. Malgré ce que certains disaient quand je suis arrivé à Val-d’Or, je ne fumais plus depuis longtemps. Je trouvais que ça me rendait trop paranoïaque. Par contre, je n’ai jamais empêché quelqu’un de fumer, même les jeunes qui étaient avec moi.
Depuis, j’ai modifié ma perception des drogues. Je suis convaincu, même si je ne suis pas médecin, que la drogue est la principale cause du nombre effarant de jeunes qui souffrent de maladies mentales.
Le pot est trop fort pour ne pas laisser de séquelles. Je suis honnêtement persuadé qu’en permettant à nouveau d’en cultiver chez soi pour sa propre consommation ce serait le meilleur moyen de contrôler sa force et ses dommages. Il faut le décriminaliser (en fermant toute possibilité pour les drogues dures) et le vendre comme de la boisson, sous une certaine surveillance quant à la force et la qualité.
C’est exactement comme la prostitution. Comment enrayer les maladies vénériennes si tu ne peux pas en connaître l’étendue? Comment exiger que les prostituées soient médicalement suivies de très près tant que c’est un crime? Comment éviter les maladies vénériennes chez les ados si on revient à la censure d’antan, à la folie de ne pas pouvoir en parler?
On serait mieux de lâcher un peu la cigarette et le sexe et s’occuper de nos jeunes, de la violence, sans agir comme de veilles mangeuses de balustres déconnectées de la réalité.
J’ai arrêté de fumer la cigarette, il y a environ deux ans. Les moments les plus difficiles sont quand on commence à nous casser les oreilles avec leurs maudites campagnes de non-fumeurs à la télévision. Je viens tellement enragé que ça me tente de recommencer juste pour avoir la sensation de les avoir envoyé chier.
Je trouve que nos gouvernement ont le nez trop longs dans nos vies personnelles : le sexe, le jeu, la cigarette, la bouffe, et pis quoi encore
Pourquoi la fumée secondaire des cigarettes est-elle plus dommageable que celle des milliers de tonnes de pollution du pétrole dans les villes? J’ai bien de la misère à croire ça.
Higgins avait fait une étude pour nous prouver que Ste-Scholastique, c’était le bon choix pour l’aéroport international ; mais il avait été payé pour arriver à cette conclusion. Avec le temps on peut dire que son étude était là pour mieux nous emplir. Ce sera peut-être un jour comme pour les patates que l’on condamnait. Elles ont été réhabilitées parce qu’elles se vendent bien. Tout marche au fric !