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Radioactif 320

mars 16, 2022

Radioactif 320

Texte de 2008

Le scandale Trudeau.     

Durant la campagne en faveur du projet d’aéroport international à Drummondville, j’avais pris de l’assurance. 

Je pouvais facilement interroger un ministre et parfois même le mettre en boîte puisque je préparais mes dossiers.  Même qu’un jour, à la rédaction, presque tout le monde est devenu fou parce que je refusais de  laisser un appel qui avait été commencé alors qu’un certain Robert Bourassa, chef de l’Opposition au Québec,  voulait me parler.  C’était idiot, mais je pensais sérieusement que «la fonction ne te rend pas plus important qu’un autre individu.» 

Je savais que, dans ce cas précis, j’aurais plus de difficulté à entrer à nouveau en contact avec la personne avec qui je discutais pour avoir des informations que de rejoindre à nouveau Robert Bourassa, même s’il s’impatientait.   

Robert Bourassa a toujours été un gentilhomme et je n’ai pas encore de raison de remettre sa gentillesse en doute.  Je savais qu’il pouvait comprendre que ce n’était pas parce qu’il m’appelait que son appel devait nécessairement passer en priorité.  Bourassa était encore à cette époque un politicien que je respectais. 

Quant à moi, je pense aujourd’hui que j’étais un peu-beaucoup trop tête enflée. 

Je connaissais le pouvoir de ma plume à travers le journal ; mais en même temps, j’apprenais que les autorités municipales et autres n’avaient pas assez de colonne vertébrale pour contester la décision du fédéral.  Il devenait clair que le French Power, c’était de la frime.  Trudeau et cies venaient de me prouver qu’ils se fichaient amplement des Québécois. 

Pour moi, le Canada n’était plus mon pays.  Je n’acceptais pas les interventions de Toronto dans un dossier qui ne les regardait pas.  La raison fondamentale pour laquelle l’équipe Trudeau a rejeté le projet de Drummondville fut la peur de l’indépendance du Québec.  Advenant l’indépendance, l’aéroport situé à Drummondville devenait propriété du gouvernement du Québec et c’était indiscutable.  Par contre, à Ste Scholastique, à cause des corridors aériens, dans une négociation, le fédéral conserverait l’aéroport.  Quand je l’ai appris, je n’étais pas fâché, j’étais furieux.  Quelle bande de salauds ! 

Qu’adviendra-t-il du développement économique de l’Estrie?  J’étais insulté qu’un groupe de politiciens du Québec puissent faire croire aux Québécois qu’ils défendaient leurs intérêts alors qu’ils étaient des marionnettes fédérastes des « big boss » de Toronto. Mais, on nageait en pleine trudeaumanie.

Pour essayer de récupérer assez d’argent, pour nous sortir du pétrin, j’ai inventé la zone spéciale.  Un projet d’aménagement de 200 millions pour l’Estrie.  Trudeau semblait disposé à en discuter. 

Pour compenser ?

Quand tu commences ta vie en te faisant dire que t’es un malade mental parce que tu es accroché aux petits pénis, il faut bien trouver quelque chose pour compenser et rééquilibrer l’estime de soi essentiel au bonheur de chaque individu. 

C’est ainsi que j’interprète ces croisades pour améliorer le sort économique des gens de l’Estrie.  Elles devenaient des croisades personnelles.  J’aurais laissé ma peau pour ces gens que je ne connaissais même pas, mais qui me permettaient à travers « mon baume à leurs souffrances » d’être fier de moi.  Autant de zèle méritait bien une petite compensation sans culpabilisation : un petit amour par ci, par là.  

Évidemment, je travaillais très souvent en temps supplémentaires.  Le syndicat m’a demandé de calmer mes ardeurs, car ça nuisait aux autres journalistes moins en chaleurJournaliste, c’est une vocation : l’absolu nécessité de rechercher d’abord la vérité et de promouvoir des valeurs comme la solidarité humaine, la compassion et la tolérance.  Ma fièvre compensait pour la léthargie de nos députés et de nos maires trop poignés dans leur fidélité à leurs partis politiques. Ça n’a pas changé depuis. Il suffit que le chef dise qu’il pleut pour que tous les partisans s’abritent sous un parapluie, même si le soleil brille.  Même si j’avais pu travailler mille fois plus, je me suis calmé un peu les nerfs par solidarité syndicale. 

Qu’on le veuille ou non, le rapport de force ne se modifiera que le jour où tous les syndicats de la planète se battront tous ensemble pour améliorer le sort de tous les ouvriers du monde.   Si les patrons sont unis, les travailleurs doivent l’être encore plus, si on veut un jour un peu de justice sociale. 

Notre beau Jean Marchand, à qui j’élèverais un autel pour le pire des vire-capots, s’est objecté à ce que l’Estrie soit une zone priorisée dans le choix des zones spéciales, c’est-à-dire les régions ayant des subventions spéciales pour l’établissement d’industries en dehors de Montréal. 

Quant à Pierre Trudeau, il m’a offert une heure d’entrevue particulière en tête à tête avec lui et j’ai refusé. 

Je venais d’apprendre que les manifestations bien organisées sont aussi importantes que la curiosité journalistique.  On me dit que Marchand téléphonait très souvent pour avoir ma peau ; mais M. Dubé, président du journal, prétend qu’il n’a jamais subi de telles pressions, mais qu’on se lamentait parce que je parlais trop du projet de Drummondville. 

Ça fait drôle de constater que pour les autorités locales l’appartenance à un parti politique avait plus d’importance que le bien de leurs commettants.   


Smiley Pépin.

Il a fallu organiser une manifestation, lors de son passage à Drummondville, pour que le ministre de l’Industrie et député de Drummond, Smiley Pépin, se rende compte que tout ce tapage se passait dans son comté. 

Quand j’ai su qu’Ottawa, contre la volonté de tout le Québec, avait choisi un autre site, j’ai immédiatement téléphoné à M. Bonardelli, au bureau du ministre des Transports.  Quand il m’a répondu, j’ai commencé par lui lancer : « Vive le Québec libre ». Ce à quoi, il m’a répondu : «je vois que tu es au courant.».  Ce n’était peut-être pas important pour lui, mais ça signifiait que je venais de comprendre que le French Power n’était pas là pour aider le Québec, mais permettre aux bailleurs de fonds québécois de participer à la dégustation de la manne $$$ fédéraste. 

Bonardelli me confirma ce que j’avais entendu à la radio.  J’étais intérieurement pire que la bombe d’Hiroshima.  J’ai appelé Jean Marchand.  J’ai rappelé à son chef de cabinet que les Anglais avaient triomphé des Français sur les Plaines d’Abraham, grâce à un traître qui leur avait montré par où passer pour se rendre sur les plaines et j’ai ajouté : « Et vous, Monsieur Marchand, comment vous sentez-vous dans des culottes de traitre? » Il ne m’a pas raccroché au nez comme je m’y attendais, mais il m’a averti que si je ne changeais pas de ton, c’était ce qui était pour arriver.

Né pour un petit pain, à moins de se nourrir à la bourgeoisie fédéraste canadienne,  La Tribune m’enleva, avec raison, le privilège de me servir de la ligne directe avec Ottawa.  Puisque les autorités régionales pliaient l’échine devant le verdict, je ne pouvais plus rien, sinon créer un autre projet du genre.  Au moins, j’avais compris que Trudeau et son French Power, c’étaient plutôt les rois- nègres de Toronto que les défenseurs du Québec


La Transquébécoise.      

Pendant que les animateurs sociaux et moi, nous nous cassions la tête pour organiser le développement économique de la région, nos autorités municipales jouaient aux têtes enflées et refusaient systématiquement tous les projets qui ne faisaient pas plaisir aux députés du coin.  Les absents. 

Sherbrooke menait le bal.  Les dirigeants de Sherbrooke ne comprenaient pas que la situation économique ne pouvait pas se résorber sans avoir une vision régionale cohérente.  On aurait dit qu’ils rêvaient tous de devenir un jour députés et que, pour cela, ils ne voulaient pas se mettre à dos les partis politiques. 

Avec le CERCE ou le Conseil économique régional des Cantons de l’Est, nous avions créé ce que j’ai surnommé le projet des 200 millions$, c’est-à-dire qu’on demandait cette somme pour réaliser un projet de développement régional. 

Si nous ne pouvions plus rêver à des milliards d’investissements, grâce à l’aéroport, de rayer le chômage à partir de ce seul projet, au moins ainsi on pouvait panser les plaies.  Tout y passait, mais le coeur du projet était la construction de la Transquébécoise, une autoroute nord-sud.  On avait même intégrer le tourisme comme argument. 

Grâce au peintre Frédéric, et un peu de mes amours, Scoststown devenait le centre de la peinture.  Avec Frédéric, nous avions fait réaliser une immense murale par les enfants.  Ça me permettait de voir le petit gars qui me virait à l’envers.  Juste le voir était ma récompense.  L’autre attraction majeure, c’était Magog-Orford. 

À cette époque, même le ministre Claude Gosselin était contre la construction de l’autoroute.  Il préconisait plutôt qu’on élimine les courbes sur la 5-22.  Par contre, Robert Bourassa appuyait nos projets.  Économiste, il comprenait ce que nous cherchions à faire. 

Effectivement, avec les élections, non seulement il appuya le projet de construction de la Transquébécoise, mais il me confirma que son gouvernement étudierait le projet des 200 millions$.  J’étais très heureux et à cette époque, j’aimais bien Bourassa.   

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