Radioactif 284
Radioactif 284
09 décembre 2007
La drogue et l’itinérance.
On se frotte la bedaine en se faisant croire que l’on a l’esprit ouvert, mais on se fiche qu’un jeune meurt dans un banc de neige parce qu’on prétend que c’est lui qui a fait le choix de vivre ainsi.
Le système médical concernant la maladie mentale est encore plus déficient que la surpopulation dans les urgences, mais ça ne paraît pas.
Les autorités s’envoient les jeunes : police et psychiatres, sans avoir de réponse au problème, sans savoir ce qui en est la cause fondamentale : le lien entre la drogue et la maladie mentale. On prétend ne pouvoir rien faire.
On refuse de reconnaître que c’est leur façon de penser qui en est la principale cause d’incompréhension.
Quand le jeune Gabriel, qui restait chez-moi, sortait de prison, il n’avait aucun secours et il fallait toujours tout recommencer, même chercher toujours les cartes d’identité comme si on ne les avait pas dans les ordinateurs.
Quand son état se dégradait, nous n’avions aucun endroit susceptible de vouloir nous aider. On aurait dit que ça faisait leur affaire que je me fasse tuer.
Le mieux, on a obtenu qu’il puisse être reçu par son psychiatre, un mois plus tard, comme si ce n’était pas suffisamment long pour lui permettre de socialement se désintégrer absolument.
Si tu peux réussir à rencontrer un juge, qui est le seul à pouvoir ordonner une évaluation psychiatrique et que le médecin détecte une présence de drogue, le jeune est immédiatement renvoyé à la rue comme si c’était une guenille. Notre société n’a aucune compassion, sauf dans le temps des fêtes.
Plutôt que de mettre des millions pour combattre la prostitution individuelle, une guerre perdue d’avance, ces fonctionnaires devraient se demander pourquoi il y en a et ce qui est important : la vertu ou la vie.
Des gangs de rue, ce n’est – ce pas du crime organisé ?
09 décembre 2007
Québec prisonnier.
À mon sens, le Québec est encore prisonnier des enseignements religieux dans ce qu’ils avaient de plus pervers, de plus débiles. On y accorde une importance démesurée, maladive, pour ne pas dire obsessionnelle.
On essaie tellement d’étouffer tout ce qui est marginal que la vie devient un enfer.
Et, ceux qui organisent cet enfer se pensent les gardiens de la tradition morale alors que ce ne sont que des pourris qui n’essaient même pas de comprendre une personne qui ne pense pas comme eux.
C’est cet aspect de la société que je ne prends pas. Son incapacité et son refus d’essayer de comprendre ceux qui ne pensent pas comme eux, qui sont incapables de remettre la bêtise en question.
Je croyais qu’au Québec, on avait droit à son opinion.
10 décembre 2007
Poésie de jet.
Très comique de relire les vieux textes d’Hymne à l’amour, le vice et la révolte, datant de 1968.
Le plus comique, c’est que l’on soit assez fucké aujourd’hui pour croire que la poésie de jet soit de la pédérastie, à cause de son nom.
À cette époque, tous les sujets étaient susceptibles de se ramasser dans mes textes. Mon chien Kiki a eu droit à son poème. Je l’aimais. Je croyais que le plus grand don que l’on pouvait offrir aux autres, c’était ce que tu écrivais. J’aurais accepté de mourir martyr pour communiquer ce que tu ressens quand tu meurs brûlé.
Écrivain, ce n’était pas qu’un don, c’était un bain de vie, une vocation. Mercure était dieu. Même si aujourd’hui, j’en ris, il n’en demeure pas moins que la souffrance intérieure que je décrivais était bien réelle. Stupide, mais réelle.
Je ne me sentais pas aimé, voulu, intelligent. C’est une façon bien adolescente de saisir la vie. Il y a des adolescentes qui veulent mourir parce qu’elles ont un bouton sur le nez. Moi, je voulais prouver que j’étais capable d’apporter quelque chose au monde, aux gens que j’aimais. Je ne savais pas quoi. Je ne savais rien faire.
Tout a changé après avoir vécu à Québec, où je me sentais aimé, avec le retour à l’école, mes premiers élans de révolte contre la religion, mais le plus significatif, à part Daniel, ce fut quand pour les premières fois je me suis senti désiré physiquement par des clients au club où je travaillais.
J’étais aussi niais que les jeunes de mon temps pour tout ce qui touche à la sexualité parce que nous émergions d’un monde de censure et de crétinisme.
Le plaisir l’emportait quand même sur le lavage de cerveau que les religions et leurs saintes âmes hypocrites entretenaient.
La libération est une sensation époustouflante et pourtant je mourais de peur d’avoir eu l’audace d’écrire certains textes.