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Radioactif 275

janvier 30, 2022

Radioactif 275

02 décembre 2007 
Expression.

Ce qui m’étonne après 40 ans, c’est ce mode « pontife » de m’exprimer comme si je possédais la certitude incarnée alors que j’ai passé ma vie à douter de mes capacités, de mon utilité, et surtout de mon interprétation du sens de la vie. 

Mes poèmes contredisaient en tout mes grandes réflexions comme si ces dernières étaient le fruit, les solutions à apporter à mes expériences vécues.        

La pire période dans l’histoire de l’humanité sera celle ou on ne croira plus en aucun dieu.  Elle sera courte, mais terrible. 

Tout se rétablira quand l’Art et la Science remplaceront les religions, car celles-ci ne répondent plus à nos besoins. 

L’art servira à la communication ; et la science à nous situer face à notre réalité : la vie n’a aucun sens, c’est à nous, les hommes, de lui en donner un.


02 décembre 2007 
Société du péché.

La pire chose qui pouvait t’arriver au Québec quand j’étais jeune, c’était de ne pas se conformer aux normes de la sexualité de l’ensemble des Québécois ou à vrai dire de l’Église. 

Ce n’était pas juste l’homosexuel qui était banni, pour qui on priait presque pour qu’il meurt afin d’obtenir le pardon et une nouvelle bénédiction de Dieu; c’était aussi le cas, et parfois c’était encore pire, quand il s’agissait d’une fille mère.

C’était la honte de la famille. Il fallait la cacher et elle n’avait presque aucun moyen de survivre dans l’horreur sociale. 

Le Québec était prisonnier de l’hypocrisie totale des saintes âmes, mangeuses de balustres.

Cette haine étouffait même le pauvre enfant né en dehors du saint sacrement du mariage.  Quand j’ai rencontré Gilles Laflamme, il faisait partie des Rose-Croix. C’était un authentique patriote, mais qui rougissait d’être bâtard. 

Son histoire me fit prendre conscience jusqu’à quel point les «bâtards» souffraient de l’étroitesse d’esprit de notre société catholique.  C’est exactement ce que j’ai décidé de combattre quand j’ai commencé à écrire. 

J’étais loin d’être brave, mais je croyais dans le devoir de dire la Vérité, surtout quand on est auteur. 

Aussi, la poésie de jet était loin de symboliser la pédérastie ou l’éjaculation que je n’étais même pas capable de nommer par ignorance à cette époque. 

La poésie de jet voulait tout simplement se nourrir de la réalité pour prendre la parole plutôt que de se dissimuler derrière des images que personne ne comprenait,  comme il fallait en pondre un discours incompréhensible quand on se prenait pour un poète.         .

Hymne  à l’amour, le vice et la révolte comprenait aussi un texte intitulé : L’art et la science sont notre salut.  Si je trouve maintenant complètement stupides certains passages, au moins, ce texte a la valeur de marquer la longue pérégrination nécessaire pour apprendre à se connaître. Imaginez ce qu’il fallait pour s’accepter. On oublie ce qu’était la haine des homosexuels, des fifis, à cette époque.


02 décembre 2007 
L’art et la science sont notre salut.

J’aime la Vérité, la Vérité de tous les jours que notre imagination transforme en un tableau comique et franc, un tableau tout comme nous, avec ses obsessions, ses grossièretés et ses audaces. 

Je découvre cet aspect de la poésie, la poésie de la réalité, la poésie de l’action qui rit de tout parce qu’elle sait qu’il y a quelque part, au-delà du tableau, une image d’espoir qui sourit, même si  le temps n’est pas encore venu pour elle de se montrer nue. 

À mon avis, la Vérité en elle-même est un poème, elle n’a pas besoin de forme ou de matière, elle est et c’est tout ce qui compte.  Je crois que la poésie n’a de valeur qu’en coopérant à l’ascension de l’homme sur une montagne, une montagne dont on ne connaît pas encore les paysages; mais chose certaine la poésie sera pure et détachée des règles, des sons et des couleurs actuelles, elle sera un miroir.  Il y aura la paix, l’amour et la liberté. 

Ce sera une poésie responsable, mais engagée à rien, ne vivant qu’au souffle de la vie.  La poésie vivra, le jour où nos écrits cesseront d’être esclaves de la religion, où ils cesseront d’être rabougris, frêles et peureux; bref, lorsque les poèmes reflèteront l’esprit de nos poètes, transcendant les boutades qui soulèvent la main du squelette hideux qu’est la somme de nos conventions appelée Société. 

Alors, la poésie pourra marcher le front haut, car, c’est à elle qu’est livré la dignité humaine, c’est elle qui est responsable.  La poésie n’est-elle pas faite pour expliquer l’homme à l’homme ?          

Lors du dernier colloque de la poésie internationale, à l’Expo, j’ai compris que la poésie doit être engagée si elle veut survivre.  Quant à moi, j’irais encore plus loin, je dirais que la poésie doit être dé guindée si elle veut vivre.            

Actuellement, la poésie telle que conçue par la plupart des poètes que je connais tant en France qu’au Canada, est une forme mitigée de masturbation intellectuelle inutile.  Elle ne sert nullement à faire prendre conscience de la réalité.  Elle ne produit que des rêves et la vie n’est pas dans le rêve, mais la réalité. 

La poésie actuelle, c’est une manière aristocratique, la seule qui ait survécu à la révolution française, et pourtant, qui aurait dû être la première à disparaître. 
           
La poésie actuelle n’est qu’une fuite au même titre que la drogue.          

Je regarde la poésie moderne (qui est d’ailleurs comme la peinture moderne)  et je n’y comprends rien comme tous ceux qui l’écrivent d’ailleurs.  Cependant, pour ne pas dire qu’on est imbécile, nous faisons semblant de tout comprendre, de tout admirer, et nous nous gavons d’une pseudo-poésie pour, en fait, aiguiser un peu notre snobisme.

Je suis d’accord. La poésie doit être l’image de nos sensations, mais quand je vois une image, j’aime bien en comprendre le sens, sans faire semblant.  Je trouve que nos poètes actuels sont un restant d’aristocratie universitaire qui devrait être crevé depuis longtemps ; car, quand on veut se peindre et qu’on n’a pas le courage de se peindre franchement tel que l’on est, on a qu’une chose à faire : casser ses stylos.    

J’en ai marre des belles montagnes que l’on n’a jamais vues. Des oiseaux bleus qui nous mangent sur le front. Je voudrais que l’on parle ensemble un tout petit peu de la pelletée de merde que l’on avale tous les jours, des frémissements qui nous courent sur le corps quand on s’élance de toutes nos forces dans l’amour.  Appelez-le animal, si vous voulez. 

Je voudrais que dans nos textes, on le sente ce rythme de la révolte, même s’il est plate.  La révolte c’est monotone, c’est de l’obsession. Je veux que les images reposent sur ce que tout le monde comprend. Que les images soient crues. 

En poésie, il n’y a pas de pudeur, il ne doit pas y avoir de censure et tout ce qui compte, c’est d’exprimer pour mieux nous unir.  Et, il n’y a rien pour unir les hommes comme leurs limites, leurs souffrances et leurs rires.  Voilà le vrai sens de la poésie faire prendre conscience par la réalité de notre véritable état d’homme- créateur. 

Fini le temps des originaux qui se promènent avec des airs idiots et qui se disent poètes.  Être poètes, ce n’est pas être snobs; être poète, c’est vivre, manger la vie par les deux bouts, c’est chercher la Vérité pour la livrer nue aux lecteurs, c’est montrer aux hommes ce que le fonds des choses nous réserve. 

Pour moi, être poète, c’est celui qui épuise toutes ses passions et toutes ses vertus simplement pour donner aux autres les vérités qu’il a pu trouver, c’est celui qui accepte de se sauver ou de se damner pour aider les autres dans la recherche de la Vérité.  C’est d’être honnête.        

Je n’accepte pas que la poésie n’existe que pour la lecture.  Elle doit maintenant être un chant.  Elle doit cesser de s’adresser à l’œil seulement, mais s’adresser à tout le corps.  C’est pourquoi une partie de mon travail n’est pas fait pour être lu, mais pour être récité et je dirais même pour être crié. 

Ce procédé, pour moi, est aussi nouveau que pour vous parce qu’il y a trois ans, quand je l’ai pensé, on m’a dit que ce n’était pas de la poésie et aujourd’hui seulement, je réalise qu’il est le début de ce que doit être la poésie de demain

Ce n’est qu’un premier travail et j’espère avancer plus vite dans cette voie, par ma première pièce de théâtre (au printemps).  Les paroles doivent être accompagnées de couleurs, de sons, etc. Elles doivent être l’âme, et non, le corps et l’âme.  L’image ou la structure doit devenir aussi importante que le texte.  Un texte, une image.         

Oui !  Si nous voulons que l’Art ne soit pas une forme de snobisme, mais la religion par excellence, notre œuvre doit être une communication profonde et créatrice.  La poésie doit être la voie de la libération.   Et, cette première voie est la prise de conscience.        
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Le moins que l’on puisse dire : je me prends vraiment pour un autre depuis bien longtemps.  Une chance que l’on ne m’a pris au sérieux, j’aurais pu changer le monde.
           

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