Radioactif 209
Radioactif 209
20 Octobre 2007
Intimidation à Lac-Mégantic.
Mon expérience m’amena à voir un peu plus de flaire.
Je commençais à m’intéresser sérieusement à des anomalies financières concernant l’hôpital. On me fit savoir indirectement de me mêler de me affaires, si on ne voulait pas que ça tourne mal.
Si je ne partageais la morale sexuelle du pays, par contre, j’étais un vrai fanatique de la vérité et de l’honnêteté. Rien au monde ne pouvait me faire taire quand je croyais que l’intérêt de la population était en jeu.
Le journalisme, c’était pour moi, une vocation taillée sur mesure. Pas question de me taire, d’avoir peur ou de tricher.
Aussi dépassé que cela puisse paraître, j’étais prêt à y laisser ma peau. Je devais accomplir ma mission d’informer la population.
Les rumeurs de plus en plus persistantes et répandues d’une petite pègre qui réglerait mon compte, si j’allais trop loin , ne m’atteignait pas vraiment , même si au fond j’avais peur. J’ai toujours été pisseux. On ne sait jamais. Ma paranoïa était–elle réelle?
20 Octobre 2007
Dénonciation.
Même ou peut-être parce que je travaillais et produisais à plein tube, j’ai échappé aux plaintes portées par des grands gueules plus catholiques que le pape. On me reprochait ma propension à amener un peu trop souvent des jeunes filles dans mon lit à l’arrière du bureau. Je me demande qui ça pouvait bien déranger.
La Tribune fut avisée que son bureau régional était devenu un des pires bordels de la ville de Lac-Mégantic.
Les patrons me signifièrent bien comprendre ma jeunesse, mais me demandèrent de bien vouloir calmer ma fougue. Mes élans pour devenir ce qu’ils prétendent être normaux étaient à nouveau rabroués. Je devais laisser les feux de l’enfer me consumer sans que jamais ne se manifeste une flamme.
J’avais la libido assez forte pour exiger les interventions d’un poste de pompiers en entier.
Par contre, je travaillais tellement que j’avais, sans le savoir, un immense pouvoir. Non seulement je publiais énormément d’articles, mais je participais souvent à des « beep phone», c’est-à-dire qu’on montre ton portrait à la télévision durant que tu lis ta nouvelle.
J’avais aussi une émission de radio durant laquelle je commentais ce qui se passait. Pas si mal pour un jeunot de 18 ans.