Radioactif 166
Radioactif 166
28 Septembre 2007
Premier amour absolu.
Si Rénald m’éblouissait par ses histoires sur l’Europe, Patrice me rendait littéralement fou par sa façon de prononcer les mots, la senteur de ses cheveux et ce rire digne de tous les petits princes de la terre.
En fait, j’ai toujours été en amour absolu avec la beauté.
Je vivais mes semaines en fonction des fins de semaine parce qu’alors je n’étais pas que quelques minutes avec lui , mais des journées complètes. Chaque instant était une nouvelle forme de fascination.
Je sais que ces frères ont tous deviné comment il m’hypnotisait dès qui m’approchait, mais ils ne se montrèrent jamais jaloux. Ce fut la première personne de qui je suis tombé assez profondément amoureux assez pour être prêt à vendre mon âme au diable pour l’avoir sur mes épaules.
À l’école, personne n’interférait entre nous, sauf que vers la fin de l’année, un jeune un peu plus anti-français décida de le frapper. Par malheur pour lui, je le vis faire et je lui sautai dessus. Il regretta amèrement son geste car je l’ai presque étouffé.
C’est alors qu’une des jeunes filles de ma classe me traita pour la première fois de » fifi ». Je n’y comprenais rien, mais à les voir se tordre de rire devant cette réflexion, c’était bien évident que ce n’était pas en ma faveur.
Une chose fut cependant bien comprise : on ne pouvait pas frapper Patrice sans avoir de mes nouvelles. C’est peut-être fou d’être aussi amoureux, mais ce fut très souvent mon cas. Si c’est fou, au moins je suis un fou heureux, ce qui est bien préférable à une vie de frustration.
29 Septembre 2007
Aristote.
Je ne crois pas à l’amour platonique, même si Platon est très persuasif.
C’est vrai que l’amour grandit avec la tentation inassouvie. Elle prend une autre forme, une autre signification, mais elle s’éteindra si à un certain moment on ne succombe pas à la tentation. Le rapport charnel n’est qu’une autre étape vers l’amitié.
L’amour est un fait exclusif à la relation homme-femme et sa finalité ne peut être autre chose que d’avoir un enfant. Comme disait Platon, l’amour est un acte de création. Il rejoint deux personnes qui se complètent pour en former une autre. Cet autre devient le centre de tes préoccupations et pourtant si tu continues de t’imposer de choisir pour lui quand il est adolescent, tu le tues dans son autonomie en devenir.
C’est difficile pour un parent de convenir que son enfant n’est pas sa propriété. C’est une évolution terrible à franchir que d’apprendre à respecter la liberté d’un être pour lequel tu t’es habitué d’être la référence absolue.
En ce sens, je trouve que l’ami Aristote a tout à fait raison. Il y a toutes sortes d’amour, de degrés en amour. Celui que je trouve le plus profond et le plus durable : c’est l’amitié.
L’amitié est la forme homosexuelle de l’amour qui peut s’exprimer sans se sentir freiner par cet élan vers une autre personne du même sexe pour avoir nécessairement un enfant. L’amitié n’a rien de génital. C’est de l’ordre de l’émotif, du sexuel. La croissance vers la pureté d’intention est son ultime but. C’est pourquoi il y a si peu de vrais amis dans nos vies. L’amitié n’a pas d’intérêt…