Radioactif 117
Radioactif 117
14 Septembre 2007
Les chiens.
Les chiens ont toujours eu place privilégiée dans ma vie.
Quand Princesse est morte, ce fut ma première crise religieuse. On m’avait dit que tout ce que tu demandes avec foi, tu l’as. Je voulais qu’elle ressuscite et rien de tout cela ne s’avéra vrai. Pire, elle avait été tuée, selon nous, par exprès, par le curé, ce qui le fit haïr par les plus vieux de la famille.
Puis, Pitou mourut d’un âge vénérable. Quant à Kiki, je l’ai connu presque naissant jusqu’à la fin. Sa vieillesse m’attriste encore et je me reproche parfois des moments d’impatience avec lui. Il jouait un rôle de premier plan dans ma vie. Il était toujours content de me voir et il m’acceptait comme j’étais.
C’est comme Benji, aujourd’hui, à part ma famille, c’est le seule être vivant avec qui je suis en relation quotidienne. Ça me fait oublier le sentiment d’être rejeté de tous pour oser dire ce que je pense.
Benji se fiche que soit un pédéraste, elle n’a pas besoin d’avoir peur et elle fait une vie de pacha avec moi. Elle est moins stupide que la société qui se prive de mes talents par paranoïa.
11 août 2021
J’ai toujours une certaine culpabilité vis-à-vis Benji parce que je lui donnais du chocolat, même si on m’avait averti que c’est très mauvais pour les chiens. Elle adorait le chocolat et je me sentais très égoïste quand j’en mangeais de ne pas lui en donner.
J’ai un peu l’impression d’avoir joué un rôle dans sa mort. Je me sens un beau dégueulasse, mais quand j’y pense davantage, moins émotivement, je me rappelle que je lui en donnais moins de chocolat qu’elle en voulait parce que j’avais peur que ce que l’on me disait soit vrai. J’aurais dû m’abstenir au complet.
Je me reproche aussi de ne pas avoir été assez compréhensif lorsqu’elle fut malade à la fin de sa vie. J’aurais dû comprendre qu’elle était vraiment très malade. Être plus attentif, plus affectueux.
Les chiens ont un amour inconditionnel que les humains n’ont pas.
Elle était devenue diabétique, ce qui n’aidait en rien à solutionner son cancer. Cela n’aidait pas à me déculpabiliser quoique j’acceptais (hypocrite?) de la soigner quotidiennement avec injection d’insuline pour le reste de sa vie. Malheureusement, quand je suis retourné chez le vétérinaire, celui-ci me dit qu’elle n’avait pas survécu à son opération, qu’elle est morte à son réveil.
Sa mort me hante quand même depuis plusieurs années. Elle me force à me demander si je suis capable de véritablement me mettre dans la peau des autres ou si je suis autiste, d’une certaine manière, en n’arrivant qu’à me projeter dans les autres.
Je suis convaincu que les autochtones ont raison quand ils disent que l’homme est un animal parmi les autres et qu’ainsi ils sont d’une certaine manière nos partenaires dans le mystère de la vie.
La vie est la formule chimique d’une distribution des énergies qui nous créent. C’est la situation, la répartition des éléments du moment dans l’espace-temps. Rien n’est plus vrai sur le plan de la conscience que le moment présent, car c’est le seul instant que l’on peut percevoir notre réalité. Pas étonnant que dans une vie, on chance de corps sans s’en rendre compte. Suis-je la cellule de base qui comprend tout notre développements futur ou l’ensemble des cellules qui naissent avec une nouvelle fonction pour compléter le tout que nous sommes?