Radioactif 92
Radioactif 92
30 Août 2007
Français : langue de travail.
On n’essaie pas de nous assimiler seulement par l’école et l’immigration, mais surtout par la langue de travail. Plus il y aura de compagnies américaines qui s’installeront chez nous, moins on sera respecté, particulièrement, dans le domaine des centres d’appels.
Je travaillais pour une compagnie de sondages canadienne, installée à Montréal. Comme dans les autres compagnies, il y avait des périodes de chômage par manque de travail, mais la patronne faisait tout en son pouvoir pour me trouver du boulot. La compagnie fut vendue aux Américains, une belle internationale qui, comme toutes les autres internationales, se fichent de ses employés et ne pense qu’à son expansion ou en d’autres mots à ses profits.
Immédiatement après la vente de la compagnie, le matin quand ma patronne se présenta au travail, on lui annonça qu’on avait plus besoin d’elle, qu’elle avait quelques heures pour préparer des affaires personnelles et déguerpir sans rien apporter. Elle vint me dire que je suis un bon intervieweur.
J’aimais ce que je faisais d’autant plus que ma relation avec mes patrons immédiats, grâce à Paul Hervé, était excellente.
Seulement quelques semaines passèrent, le travail se fit de plus en plus rare. On me retirait ainsi que Carole des assignations qui nous étaient habituellement réservées. Pendant ce temps, on remplissait la salle d’à côté d’intervieweurs parlant surtout anglais et qui, parfois, barguignaient le français, en plus.
Pour eux , le français c’était rien. Il suffisait de se faire comprendre. Le français était en piètre état dans leur allocution, tout comme dans les textes à lire.
Plus le temps passait, moins moi et Nicole n’avions de travail. Ça ressemblait étrangement à un congédiement parce que j’ai un accent français quand je parle anglais alors qu’elle ne parlait que français.
Devant cette situation, j’ai décidé de ne plus me présenter au travail et plutôt porter plainte pour congédiement illégal.
La compagnie prétendait que mon accent nuisait car mes entrevues étaient faites à l’extérieur du Canada. Or, c’était faux. Je n’appelais personne aux États-Unis, car ils sont trop mémères pour te répondre si tu as le malheur de parler un peu différemment d’eux.
La Commission du travail m’a donné raison et forcé la compagnie de me dédommager. J’ai donc décidé de porter aussi la cause à la Commission des droits de la personne.
30 Août 2007
Victoire du français.
J’ai eu une très bonne avocate.
Non seulement la maison de sondages a dû me payer une compensation, mais la vice-présidente de la compagnie américaine s’est informée du comment ça se passe à Montréal et elle a même demandé que je fournisse les moyens à employer pour que de tels événements ne se reproduisent pas.
Mon cas fait juridisme prudence . Quand j’ai commencé ce travail, je mourais de peur à mon arrivée, car, j’avais lu dans le Journal de Montréal qu’il s’agissait peut-être d’une base d’opération de la CIA, de Chicago. En dedans, j’avais lu un livre racontant comment un journaliste de Radio-Canada avait passé 10 ans en prison sous de fausses accusations parce qu’il avait refusé de coopérer avec la CIA. Le message en prison qui m’était adressé était assez clair : « Tu en as assez fait. On ne fera pas de toi un second Mandela. Tu prends ta retraite et tu surveilles ce que tu écris, tu ne fais pas comme Ferron ou tu finiras comme lui. II s’est suicidé.
Toujours des allusions qui finissent par ressembler à un message, dans les bons moments de paranoïa. Une expérience capable de me prouver que je n’ai rien d’un brave ou d’un héros.
Pourtant, mon premier livre Projection intra projective en était un de dénonciation politique. Je me disais : si je crève au moins le message sera passé.
12 juillet 2021
C’est invraisemblable que l’on en soit rendu à Montréal à se battre pour protéger le français comme les francophones hors-Québec.
Que notre gouvernement continue d’y aller en « moumoune », c’est s’assurer que dans quelques années ce sera trop tard, le Québec deviendra irréversiblement anglais, une province comme les autres.
L’anglicisation passe par de nombreux circuits : l’immigration d’abord. Le patronat plutôt que de penser qu’une augmentation de salaires et de meilleures conditions de travail sont les principales modifications à apporter pour combattre le manque de main-d’œuvre s’ingénue à crier pour le « cheap labor » que représente malheureusement trop souvent l’immigration. Le Québec doit reprendre tous les pouvoirs en matière d’immigration.
Sur le plan scolaire, ce n’est pas mieux. Les universités anglaises, qui bénéficient de l’argent du fédéral, attirent plus les jeunes que les universités francophones. En plus, on « tataouine » encore à savoir si les cégeps devraient être uniquement en français. On a qu’à regarder ce qui se passe dans l’affichage pour voir que la seule façon de sauver notre langue devra nécessairement passer par de solutions radicales.
Le Canada peut nous traite de racistes, il devrait se regarder dans un miroir. Quand on a voyagé assez pour savoir ce qui se passe, on sait que le Canada anglais souffre de racisme systémique dont la haine des autochtones est vite suivie par celle des francophones.
Ce n’est pas la religion catholique qui a inventé les pensionnats autochtones. Ils le furent par le parlement du Canada sous l’emprise des CONSERVATEURS.