Radioactif 45
Radioactif 45
06 Août 2007
Mon père.
J’ai eu des parents extraordinaires, même si dans mon adolescence, je leur ai fait la vie dure. Ils ne m’ont jamais rejeté comme cela arrivait souvent dans bien des familles quand on découvrait qu’un des jeunes était homosexuel.
Imaginez pédéraste que l’on confond aujourd’hui à pédophile. . Au nom de leur religion d’amour, j’étais à jamais maudit, rejeté et méprisé. Ma crise d’identité était bien plus personnelle qu’une affaire de famille.
Je ne m’acceptais pas comme j’étais. Je ne connaissais rien. J’avais une peur atroce de devenir adulte. Comment arriverais-je à gagner ma vie, seul, hors de la famille. Et, tout est arrivé bien normalement en temps et lieu.
Mon père me traînait partout, même s’il parlait peu avec nous, les enfants. Un soir d’élection, il m’amena avec ses amis entendre Daniel Johnson, père, expliquer son : Égalité ou indépendance. Papa était fier de moi jusqu’à ce qu’il me demande ce que j’en pensais : «je ne le crois pas, c’est trop beau».
Nous avons reparlé politique quand René Lévesque fut au pouvoir. Mon père détestait Pierre – Eliot Trudeau parce qu’il endettait le Canada et méprisait les Québécois. Mais, par-dessus tout, parce qu’il avait fait accepter le bill omnibus et légaliser l’homosexualité.
Personne dans ma famille endosse mes amours illicites, mais tous savent que je ne suis pas dangereux et apprécient mes bons côtés. Une preuve de grande intelligence et de tolérance.
06 Août 2007
Humour.
Mon père, Émile, adorait l’humour et je n’étais pas toujours assez vite pour comprendre.
Ainsi, sans le savoir , il prononça la pire sentence jamais encaissée dans ma vie parce qu’elle était dite devant un des hommes que j’admirais le plus, Léonce Laperle, et qui se disait surpris de constater comme j’avais grandi, ce à quoi mon père ajouta : « mais ça ne l’embellit pas».
Il a fallu des années avant que j’aie le courage d’expliquer à mon père combien il m’avait blessé sans s’en douter. Il me pensait plus intelligent que je le suis. Quand on est jeune, on s’en fait parfois avec des détails sans importance.
21 mai 2021
J’ai appris dans la vie que le plus important c’est de s’accepter comme on est.
De toute façon, on n’a pas tant de pouvoir que ça pour modifier notre personnalité, mais c’est possible. On peut cesser de boire , même si on est alcoolique. On peut passer de la déprime à être positif, mais encore faut-il que les événements nous le permettent.
La société qui nous entoure a un rôle déterminant. Nous apprenons jeune ce que sont les valeurs ou les défauts de notre société. On peut universellement s’entendre sur le fait que la non-violence est l’essentiel. Que la tolérance a de bien meilleurs effets sur les êtres humains que l’autoritarisme.
Que d’être trop scrupuleux, c’est de la paranoïa et le rejet des autres.
Tant que l’on m’abordait du côté politique, j’étais aimé par les uns et détesté par les autres. Au Québec, il n’y avait que les Unionistes et les libéraux, les bleus contre les rouges. Puis, dans les années 1960, avec le Maître chez nous, il s’est développé le souverainisme, puis, l’indépendantisme. Pierre-Elliot Trudeau faisait la guerre aux Québécois qui se tenaient debout.
Lors des élections contre Joe Clark, le candidat conservateur dans Sherbrooke a retenu mes services comme attaché de presse. On le critiquait parce que j’avais été candidat Rhinocéros quelques années plus tôt.
J’ai profité de ma situation pour demander à M. Clark, s’il était vrai que le fédéral et l’Ontario avaient uni leurs efforts pour subventionner des industries afin qu’elles déménagent du Québec à l’Ontario. Il me dit ce que c’était vrai et quand je lui ai demandé combien d’industries, il m’a simplement répondu qu’il ne voulait pas le dire, car si on le savait, ce serait la révolution au Québec. Il n’y a pas eu que les commandites. Un système organisé de corruption pour faire valoir le Canada à l’intérieur du Québec.
Pire, en exil, mon compagnon s’est fait offrir d’entrer dans une unité spéciale créée dans l’Ouest canadien. Cette armée se pratiquait pour la guerre afin d’intervenir si le Québec devenait indépendant. L’unité canadienne ou le colonialisme ?
Aujourd’hui, après avoir nié l’existence du peuple Québécois, après Meech , un essai pour réintégrer le Québec, après avoir nié nos droits les plus fondamentaux, avec la loi 96 du gouvernement du Québec, nous assistons à une levée de boucliers dans le Canada pour nier notre réalité soit qu’on est une nation et que notre langue est le français.
Les journalistes canadiens mentent quand ils défendent la pauvre minorité an- glaise au Québec, parce que c’est la minorité la plus choyée sur terre.
On me supportait quant à mes pensées politiques, mais si on apprenait que j’aime les garçons, c’était le refus total. Je ne sais pas combien de gens qui avant m’aimaient bien et ont cessé de me voir, de me parler, de m’accepter dans leur entourage parce que j’ai eu l’impudeur de rendre public mon attirance pour les garçons..
Ce n’était même pas fait hypocritement, ils affichaient clairement leur dédain pour un personnage comme moi.
Même les partis politiques auxquels j’appartenais ont demandé ma démission, lors de mon dernier procès.
Peu étonnant qu’aujourd’hui, je ne crois plus dans la liberté d’expression.
Même mes livres ne sont pas vendus dans les librairies au cas où un ado pourrait mettre la main dessus.
Dans cette perspective, je dois dire que l’humanité est une belle saloperie grâce aux religions. L’humanisme fiche le camp au détriment d’une morale régressive qui soutient les imbécilités des religions sur le plan sexuel.