Radioactif 7
Radioactif 7.
J’ai toujours voulu être père, malheureusement, toutes les femmes avec qui j’ai vécu ne voulaient plus ou pas d’enfant.
Jeune, je ne savais jamais ce qu’il fallait dire à une fille et mon intérêt était ailleurs. Je n’étais pas misogyne, mais je n’acceptais pas ou ne comprenais pas leur idée de fidélité.
Là-dessus, la belle Hélène m’avait aidé à progresser un peu : je peux avoir un amant sans que mon mari soit fâché en autant que sa présence de nuise pas à l’esprit de notre famille. C’était loin de la guerre que me menait ma petite amie de Québec quand on allait danser. Elle ne voulait pas que je regarde le jeune garçon qui travaillait au vestiaire. Une situation qui, dans ma petite tête, s’apparentait à de la jalousie. J’ai aussi compris avec elle que les chicanes homme-femme tiennent autant de la femme et de son degré d’appartenance à la pensée féministe que de l’homme qui s’imagine être le grand patron comme la Bible le dit. Les chicanes sont souvent pour le pouvoir.
Chez nous, mon père nous a appris le respect des filles. Une fille on ne frappe jamais ça. On en aurait mangé toute une, si on avait été dénoncé comme un batteur de filles. Donc, le comportement mâle envers la femelle tient de notre éducation à 98 pourcents. C’est pourquoi je tiens tant à que l’on aborde l’aspect émotif dans tous les cours sur la sexualité. La domination mâle et la violence masculine sont d’abord et avant tout un phénomène culturel. Ça je l’ai compris plus tard grâce à Rouhed.
J’imagine que ce désir d’être père a été la racine de la relation que j’ai vécue avec Shuhed et Rouhed.
J’ai rencontré Shuhed parce qu’il travaillait dans une petite épicerie en face de l’appartement chez Gabriel, l’homme avec qui je vivais.
Shuhed, c’était la beauté incarnée. Je devenais fou chaque fois que je le voyais. Un jour, j’ai acheté de l’alcool pour son père afin de pouvoir l’amener à la Ronde. Quand on a quitté le paternel, on a couru et ce n’est que dans la métro que l’on a eu la certitude qu’il ne nous empêcherait pas de vivre ce rêve manifesté par un petit Shuhed tout gêné de m’avouer que c’était pour lui le plus grand rêve de sa vie que de se rendre participer à tous ces jeux dont il avaient entendu parler , sans jamais pouvoir y aller. Il n’était pas question d’aller à la Ronde sans la permission du paternel Adam.
Shuhed vivait avec son père, Adam, et son frère aîné. Adam décida de retourner au Bangladesh et de laisser Shuhed à Montréal chez sa tante. Shuhed insista et réussit à faire accepter à son père qu’il demeure avec moi.
Nous avons dû préparer les papiers officiels de tutorat au cas où Shuhed ait à se rendre un jour à l’hôpital. J’ai trouvé un appartement au 2240 rue Quesnel assez grand pour qu’o y aménage.
C’était ma fierté. Toutes les heures étaient consacrées au bonheur de Shuhed. Je l’aidais dans ses études et j’allais faire du patin à roulettes avec lui les fins de semaine. C’était le bonheur parfait.
Shuhed semblait avoir 13-14 ans, mais il me disait en avoir 17. Je ne l’ai pas cru tant que son père ne lui amène ses papiers d’identité quand il revînt nous voir accompagné de son neveu Shofique, qui devait avoir dans la vingtaine, et un petit de neuf ans qui se promenait dans la maison. C’était Rouhed. C’était juste avant Pâques. J’enseignais grâce à un contrat d’un an.
Quand Adam décida de repartir il m’expliqua que Rouhed restait avec moi puisque Shuhed n’arrêtait pas de lui dire qu’il vivait avec moi comme dans un paradis.