Journal intime 4
Journal intime 4
28 janvier 2018
Le sexe doit cesser d’être une préoccupation. Je dois trouver une autre raison de vivre. Le problème est que je ne sais rien faire d’autre que lire et écrire.
Peut-être devrais-je faire un effort pour trouver un sujet de roman?
Antoine Naaman, mon professeur à l’université de Sherbrooke, me croyait génial, mais affreusement paresseux.
Ne pas avoir l’internet me prive de pouvoir chercher un sujet qui en vaille la peine. Mais quelle importance ! Personne, je dis bien personne, n’achète les livres que j’écris.
Mieux vaut dans ce cas continuer de me faire croire que je suis un écrivain. Ayant osé parler de d’amourajoie, je serai sûrement le plus haï des écrivains du Québec. D’ailleurs, je ne suis plus reconnu comme un auteur du Québec par les autres. C’est contre la Charte des droits, mais ce n’est pas important. Il n’y a que deux groupe sur lesquels on peut vomir et être applaudis. Canadiens ont vomi sur le Québec. Québécois on entretient la haine des pédophiles, sans avoir l’intelligence de faire la différence avec l’amourajoie, la pédérastie.
Dommage que les gens ne soient pas assez lucides pour se rendre compte que la peur du sexe est une invention pour tenir tous les individus dans un même moule. Toutes les discriminations tournent autour du sexe et du pouvoir (l’argent).
Oser essayer d’expliquer l’amourajoie est se mettre en danger d’être tué. Je le sais.
Ce doit être mon côté fou : de vouloir dire la vérité en racontant comment se vit réellement l’amourajoie. Un suicide déguisé comme quand on boit pour oublier. Vouloir être brave pour être encore plus vaniteux. Une compensation pour une jeunesse qui m’a toujours fait sentir comme un mal aimé pour ne pas dire pas aimé du tout.
« Si tu continues à faire de la politique, on te retrouvera comme le Dr Ferron », m’avait-on dit à ma sortie de prison, c’était en 2000, je crois. Le Dr Ferron a été retrouvé mort, assis sur un banc, dans un parc. On a prétendu qu’il s’était tiré une balle dans la tête. Je n’y ai jamais cru. Il était trop dangereux à cause de ce qu’il savait du FLQ.
Une pièce de théâtre, racontant la prison en 2000, ce pourrait être un sujet intéressant. Ce fut la période la plus politique de ma vie. Comment on s’est débarrassé de moi comme professeur , au lendemain du référendum.
Dans les murs, certains ont cru que je pouvais être le nouveau leader révolutionnaire du fait que je tenais tête au chef du secteur qui, lui, était libéral.
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Je ne comprends pas ce goût absolu de mourir le plus vite possible, écœuré de la société au point de ne plus trouver plaisir à vivre.
Je suis écœuré que l’on me prête toujours des intentions que je n’ai jamais eues. Pire, en éliminant ce que j’ai écrit, c’est comme prétendre que j’ai la peste.
Même si j’ai toujours trouvé que je ne suis pas tout à fait normal, j’ai toujours écrit pour appeler à la tolérance.et éliminer la violence, mais pour les autres, je ne suis qu’un maudit cochon. C’est vrai que je suis très cochon sexuellement et que j’ai une tonne d’admirateurs même si je suis laid.
On est trop religieux pour même essayer de comprendre ce que je veux dire. J’écris pour fournir des solutions aux autres à partir de ma propre expérience. Je n’ai jamais totalement caché que je suis amourajeux. C’est très nombriliste, mais c’est mon principal défaut. C’est le fond du problème.
Selon mon avocate, mes cousins disent qu’ils n’ont jamais été consentants, alors pourquoi faisait-il tout pour venir chez moi ? C’est absolument impossible si jamais il s’était vraiment passé quelque chose d’ignoble. Je n’ai jamais forcé quelqu’un à avoir une relation sexuelle avec moi. Pourquoi voulais-je allé les voir en 2016, avant d’être accusé, si j’avais eu l’impression qu’ils avaient des raisons de m’en vouloir? Je ne savais même pas qu’ils pensaient à moi en bien ou en mal.
Maudite mémoire ! Si je me rappelais toute cette période, je pourrais juger de ce qui est vrai ou faux. J’ai la certitude que je n’ai jamais touché Daniel, qu’il n’est jamais venu avec moi à Hamilton. Comment le prouver ? Shuhed, le plus vieux de mes fils adoptifs m’a aussi certifié que je ne me suis jamais rendu chez lui avec un jeune. Mais Shuhed a des problèmes de crédibilité. La drogue l’a transformé en itinérant plutôt que père de famille.
Ce goût de mourir est-il lié aux malaises de dos dont je souffre ?
Depuis que l’on m’a accusé, je n’arrête pas de me diminuer, soit que je me trouve lâche de ne pas me battre à plein temps contre la répression sexuelle, soit que j’accepte de n’être plus rien et de me ficher de ce que l’avenir réserve aux autres. Au moins j’ai compris que je ne peux rien changer.
Je viens de manger tout une claque dans ma perception de ma responsabilité comme écrivain.
La dame qui est responsable de moi m’apprend qu’aujourd’hui, les gars dans les bus volent les portables des filles pour ensuite exiger une fellation pour leur remettre le portable volé. Vraiment dégueulasse! Où est le consentement ?
C’est une urgence et un fait essentiel de devoir remplacer les cours de religion par des cours sur la sexualité. Il faut apprendre aux jeunes comment vivre dans le respect de l’autre. Ça ne veut pas dire sans amour et sans sexe.
Il faut que ces cours fassent connaître aux jeunes ce qu’est le consentement. Ce que ça fait de forcer quelqu’un à se soumettre à un jeu sexuel. Ces cours doivent porter sur le comportement et le respect essentiel entre humains. On doit insister sur la non-violence pour combattre du même coup le cas des femmes battues. On doit faire ressortir l’égalité homme-femme.
Les filles doivent cesser de se voir comme une victime et doivent imposer le respect. C’est une chose que l’on doit apprendre à la maison et à l’école.
Si on a vécu sa sexualité tout croche, c’est en très grande partie parce qu’on ne nous a jamais rien dit sur le sujet.
Le sexe ne peut être bien que s’il est consenti.
Je n’aurais jamais pensé que les jeunes souffrent encore de cette maudite manie de ne jamais rien vouloir leur dire quant à la sexualité. On doit absolument en parler, sans rien cacher pour que chacun comprenne sa responsabilité vis-à-vis de l’autre.
J’ai commencé à me demander ce que mes textes peuvent vouloir dire pour eux. Heureusement, j’ai toujours demandé que ma littérature ne soit accessible qu’aux adultes.
Les cours sur la sexualité doivent absolument voir l’aspect émotif. On ne comprend pas ce que l’autre ressent si on ne l’a jamais ressenti. C’est ça se construire une conscience personnelle.
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La mort n’est finalement que la transformation de notre situation de particules en ondes. Dans un cas, comme dans l’autre, notre essence demeure la même. Est-ce ainsi aussi de la mémoire? Notre ADN supporte une mémoire ancestrale.