Journal de bord 6
Journal de bord 6
Pourtant, maintenant, j’ai une difficulté presque insurmontable à m’installer devant le petit écran pour laisser ma petite âme en peine s’épancher sur ses diverses vibrations, face à la grossièreté de la misère de vivre, la violence, la pauvreté, et, que faire des pleurs bien futiles d’un lutteur, qui se demande plus que jamais, à quoi ont servi toutes ses luttes inutiles.
Quand je mourrai, je serai vite oublié, car, je le suis déjà.
Le Centre des Archives de l’Estrie qui devait recevoir tout ce que je possède et créer le fond Jean Simoneau, le refuse après l’avoir accepté. Pourquoi Sherbrooke ? Parce qu’il y a déjà le fond de la Thérèsa, mais c’est conservé sous le nom d’un chiffre pour que personne ne puisse le consulter.
J’ai demandé s’il s’agissait d’une décision politique, car, je suis engagé dans deux combats impopulaires : la reconnaissance de la pédérastie comme orientation sexuelle et l’avenir du Québec comme pays ou que les Anglophones du reste du Canada décident que le Québec fasse partie d’une vraie confédération réaménagée.
Je suis devenu un « doute » ambulant. Paranoïaque.
Le futur est plus important, car il est ce que nous construisons dans le présent.
Quant au passé, il est irrémédiablement derrière nous. Le passé n’a de valeur qu’en étant une mémoire qui nous permet à certains moments de mieux se comprendre et de pouvoir réajuster notre tir.
Même si la vie n’a de sens qu’à travers l’évolution collective qui s’effectue extrêmement lentement à travers les individus des différentes générations, de différents millénaires, les individus ont une raison d’exister : corriger et transmettre la connaissance.
Heureusement, l’homme est un animal et, comme tous les êtres vivants, il a su jusqu’à date, s’adapter et survivre. Il faut, cependant bien se demander, si son orgueil ne sera pas la cause de sa propre disparition. En s’enlisant dans les religions, l’homme s’enferme dans la violence et l’inconscience.
Si grâce à la science, nos connaissances techniques ont évolué ; nous sommes comme au temps des Romains.
Les inspirations divines de la grande noirceur de l’Inquisition ou les délires des César, des Borgia, des Bonaparte et des Hitler sont de la même famille inconsciente que les discours des chefs grandes puissances mondiales actuelles.
Nous vivons une régression de droite depuis déjà plus de 10 ans.
J’ai commencé à la décrier avec “ À droite toute ”, un poème écrit un peu avant de me retrouver en prison. Mon procès à Val-d’Or était politique, en ce sens qu’on rejetait pour la première fois ce que j’ai toujours voulu prôner, la liberté sexuelle.
La liberté sexuelle est un prérequis à la paix et à la tolérance, car toutes les religions se sont servies de la répression sexuelle pour faire croire aux individus qu’ils sont des monstres du mal incarné dès qu’ils sentent vivre leur “ état d’humanité ”.
Pourtant, le premier et le pire des péchés a été de refuser à Dieu de reconnaître la beauté de sa création, malgré sa futilité.
La liberté n’est pas une affaire de majorité d’âge, mais de conscientisation. C’est pourquoi il est essentiel que tout individu soit le seul à avoir un droit total sur sa vie sexuelle. Tant que les individus ne seront pas sexuellement (je devrais dire corporellement) libres, responsables, la paix et la démocratie n’existeront jamais, car, la frustration conduit à la violence et non à la tolérance.
Il n’y aura toujours que des exploiteurs et des exploités. Pour moi, les partis politiques sont devenus tous pareils. Il n’y a dans ce monde que les riches et les pauvres. Même l’indépendance est passée au rang d’une forme de « structurite » interne. L’important est de bien vivre et de combattre la pauvreté et la violence, sous toutes les formes.
Je demeure formel, sans compromis, même si on m’a presque tué pour me faire penser le contraire : l’amourajoie (pédérastie) est une orientation sexuelle qui devrait être protégée par la Charte des droits de l’homme, partout sur la planète, et pour les deux sexes.
Tout état politique devrait être laïc et le Québec doit devenir d’urgence – avant que le nombre ne le permette plus – un état souverain parce que fédéral ne partagera peut-être jamais notre idéologie, notre vision de la vie.
Par contre, si le fédéral acceptait d’être très décentralisé, de créer des états à l’intérieur d’une vraie confédération, ce pays, le Canada, pourrait jouer un rôle essentiel dans le monde.
Quand tu as passé ta vie, à croire que tout ce que tu fais aide l’univers à se transformer, à s’améliorer, à combattre la misère et l’injustice, il est assez effroyable de découvrir que finalement tes actions ne servent à rien.
La démocratie, c’est un moyen de maintenir hypocritement au pouvoir une bande d’assassins et de voleurs légalisés. La démocratie ne peut pas exister dans la hiérarchisation. J’ai une bien drôle de façon de percevoir le pouvoir. Je ne sais pas si ça dépend de ma fréquentation des Jésuites ou la contradiction d’une éducation très à droite, mêlée à une sensibilité pas mal à gauche.
Mais, pour moi, le bien et le mal, ce n’est qu’une seule et même énergie qui se manifeste à divers degrés ou si l’on veut dans un dosage différent. Par exemple, il est normal et bien d’être un peu jaloux, de se sentir unique dans la vie d’une autre personne ; mais cela devient un problème, le jour, où tu décides des relations de cette personne.
Nos religions et nos gouvernements ont bien compris le message. Ainsi, ils créent des lois contre-nature et pénalisent ceux qui ne s’y conforment pas. C’est une forme d’exploitation, d’aliénation, car, les victimes croient dans les mensonges invoqués par l’autorité pour justifier leurs interventions.
Le système est donc dieu et diable, à la fois. Ceux qui ont écrit la Bible, la Torah, tous ces livres saints ne faisaient que mettre à jour les règles susceptibles de diriger la barbarie de leur peuple. Ainsi, Dieu a-t-il été créé à l’image de ces penseurs.
C’est pourquoi dieu dans les livres Dieu déteste la femme et les amourajeux : pour protéger les hommes de leur côté “ cochons ”, de leur propre projection. Les dirigeants religieux ont inventé les règles, la sainteté et la perfection.
Les lois ont été établies à travers la projection en dieu de ces vieux cochons qui avaient besoin pour se protéger contre eux-mêmes. Leur folie à vouloir devenir aussi parfait que Dieu les amenait non pas à vouloir surmonter leurs tentations, mais à éliminer la tentation.
Vouloir être un dieu quand on est un homme conduit à toutes les formes d’abus. La répression de ces désirs crée les hallucinations de l’être pur esprit. Ce fut le premier vrai péché : le refus d’être ce que l’on est.
Toutes les règles, concernant l’interdit sexuel, naissent de cette peur de l’Autorité de succomber à sa tentation, le sexe, qui l’éloigne de ses désirs de possession et de domination.
Ceux qui créent l’Autorité ont un tel orgueil qu’ils croient être les seuls sur terre à avoir raison. Toutes les religions sont bonnes parce qu’elles prêchent l’Amour ; mais elles sont toutes viciées parce qu’elles enseignent que l’Amour est possible sans accepter d’abord les limites de notre réalité matérielle.
L’amour, c’est la force de l’attraction, le besoin des trous noirs de tout avaler, la conscience grandissante de cette osmose à travers le temps et l’espace. Nous sommes la création en devenir. La concrétisation d’une pensée que l’on dit divine.
Ce que l’on nous présente comme Dieu est un monstre, une projection des cochonneries cachées qui habitent tous nos saints hypocrites humains qui pensent vivre à la recherche de la perfection, oubliant que nous sommes poussière et que nous retournerons, qu’on le veuille ou non, à la poussière.
Le pire, dans la liberté, c’est que l’on peut se mentir tant qu’on veut quant à nos intentions profondes et souvent inconscientes.
Je ne suis pas un écrivain qui en vaut la peine.
Je n’écris même pas pour faire plaisir au monde, mais pour changer le monde, le rendre plus compatissant, plus compréhensif, plus tolérant.
C’est pourquoi je me suis toujours battu pour l’indépendance du Québec parce que de l’autre côté de l’Outaouais, les Canadiens pensent qu’ils doivent dominer un Québec qui en veut toujours plus un Québec qui veut être trop libre.
C’est assez étrange de ma part, car je n’ai jamais cherché ni voulu la gloire pour la gloire. Je ne me suis jamais cru un penseur profond ou acteur indispensable à l’évolution de son peuple¼je me suis toujours, au contraire , cru très limité, incertain même d’avoir un peu de talent parce que j’ai toujours été ébloui par la profondeur de ceux que j’ai connu comme Gilbert Langevin, Gaétan Dostie, Janou St-Denis, Jean Ferguson , Gaston Miron, sur le plan littéraire. Quant à la politique, j’ai rencontré et discuté avec presque tous les grands personnages de l’époque. Je leur écrivais constamment¼Est-ce qu’il perdait une seconde à m’écouter ? J’ai parfois l’impression que oui, mais j’en doute fort
Quand je rencontre des gens qui font un détour pour une pas être vu avec un amourajeux comme s’il s’agissait d’une fièvre virulente qu’il faut craindre et dont il faut se sauver¼Bizarre que j’aie parfois la sensation d’avoir été quelqu’un dans la vie et , en même temps, d’être pire qu’un monstre parce que l’on a pas su me comprendre et que l’on a tout fait pour que ce soit mon jugement quant à ma valeur.
Je dois avouer que je suis encore très profondément croyant, mais je ne veux pas croire n’importe quoi ; car toutes les religions nous mentent depuis des siècles ; aucun système judiciaire ne vise la justice, mais cherche à affermir le pouvoir des exploiteurs qui les nourrissent bien.
Le problème tous ces exploiteurs se nourrissent des avoirs des moins bien nantis. Le vrai dieu de notre système, c’est l’argent et le pouvoir. Le sexe est son diable, car, quand on dit sexe, on dit AMOUR et quand on dit amour, on dit DIEU.
Ceux qui prônent la violence que ce soit pour n’importe quelle raison sont diaboliques puisque être démons c’est de manquer d’amour. Ce n’est pas une pensée de curé, c’est une conviction personnelle.
La société dans laquelle nous vivons est une société d’hypocrites, sinon on aurait trouvé une solution pour venir en aide à ces personnes abandonnées.
J’aime toujours Gaby (que les cochons qui pensent au sexe aillent se rasseoir ), mais je ne suis plus capable de l’aider à s’en sortir. Son emprisonnement et sa misère m’empêchent de vivre, d’échapper à la souffrance de voir un autre souffrir¼
J’ai décidé ce matin que le journal de bord sera écrit pour moi.
C’était en 2004, 18 ans plus tard, je radote les mêmes choses, mais je suis devenu conscient que ce bla bla n’est qu’une illusion pour me croire que je suis quand même quelqu’un de bien.
Comme me disait mon ami Gabriel Charpentier : Cesse de toujours devoir te justifier. J’ajouterais : Et vie tabarnak !
Quand je dis que la discrimination vient des religions, voici le titre d’un article dans le Journal de Montréal, 16 mars 2021, page 25 : L’homosexualité est un péché, réitère le Vatican.