Journal de bord 4
Journal de bord 4
Tant que l’humanité n’aura pas la sagesse d’éliminer la violence, la terre ne sera qu’un enfer. Il n’existe plus que quelques grands moyens pour influencer l’avenir de notre planète : la conscientisation, le refus de payer des surplus d’impôts pour des projets militaires ou cesser la consommation de bien de sociétés qui vandalisent la planète.
Ma dernière incarcération, à mon avis, pour des raisons plus politiques que sexuelles, m’a fait découvrir mon impuissance individuelle et sociale.
C’est bien beau de rêver d’un monde meilleur : seul, tu n’as aucun pouvoir. Le système a tous les moyens pour faire croire dans sa prétendue réalité démocratique ou sa vérité, sa toute puissance.
En me condamnant, on savait qu’à mon âge, on se débarrassait d’un vieux chialeur qui cherche à instaurer au Québec (et pourquoi pas au Canada, en Amérique) un monde meilleur, plus humain, sans misère et sans grande pauvreté.
La question de l’indépendance n’est pas qu’une question d’argent, de limite territoriale, de haines fratricides, mais de respect, de capacité de vivre ensemble nos différences ou d’avoir l’intelligence de créer un système dans lequel tous les individus puissent avoir le plaisir de vivre dans la liberté. C’est un idéal.
Il faut être une société assez tarée, très profondément aliénée, pour empêcher un bon professeur d’enseigner parce qu’il est amourajeux alors que des milliers d’analphabètes continuent de devoir se ronger les mains pour subsister¼sans espoir de pouvoir s’en sortir.
Le manque de scolarisation ne touche pas seulement ceux qui ont moins de 14 ans, soit l’âge de consentement. Mais, quand on te reconnaît coupable pour des motifs sexuels avec un jeune qui aura quatorze ans une semaine plus tard, c’est presque pire que d’être un tueur. Tu n’as plus le droit à l’avenir d’avoir une vie sociale, tu peux être tué, ruiné, déshonoré complètement, ça n’a pas d’importance puisque ton geste semble à la très grande majorité des gens moins criminel que d’envahir l’Irak ou la Tchétchénie ou le Tibet pour voler le pétrole ou refuser le bouddhisme.
C’est moins important que des centaines d’enfants se suicident parce qu’ils se découvrent homosexuels ou que la pègre leur fasse sauter le cerveau avec ses drogues que d’avoir découvert le plaisir d’une fellation. Que dire d’un toucher ? Il est évident qu’à leurs yeux de moralistes frustrés, le jeune, son pénis, sa conscience, sa morale, tout est détruit sous les effets du plaisir que ces gestes créent. Ils doivent être asséchés. Il est préférable de les laisser mourir. Comme si la Grèce Antique n’avait pas connu la beauté, la grandeur, la pureté des amours pédérastiques. L’ignorance est la pierre angulaire de tous les fanatismes. Une personne peu instruite a moins de chance de découvrir qu’elle a été bernée depuis des siècles sur l’importance des rapports sexuels, le danger “sur gonflé” de ses déviations; il est donc préférable d’interdire tous ces rapports humains capables de redonner un sens à la vie.
Ce qui m’est arrivé, depuis 10 ans, a fait basculer ma conception de nos sociétés. Je crois qu’il y a les puissants qui inventent leurs normes et les pauvres qui doivent les vivre. Ces normes individuellement répressives nous empêchent d’être ce que nous sommes fondamentalement. Cela permet aux institutions ou aux rapaces de vider nos poches pendant qu’on focalise sur le besoin de nous corriger.
Nos autorités sont tellement obsédées par le sexe qu’elles nous empêchent, de faire du bénévolat même auprès des adultes, comme si le fait d’être pédéraste (amourajeux, aimer les adolescents) était une maladie contagieuse.
Une chose est certaine, c’est un moyen politique de se débarrasser pour longtemps d’un indésirable, car, en général, les populations avalent facilement tout ce qui touche à la répression sexuelle. C’est normal, les bourgeois et les Églises violent les consciences depuis des siècles en faisant croire que la sexualité est un péché, si elle ne s’exerce pas selon les règles de leur étroitesse d’esprit et leur malversation, leur projection mentale de puritains.
Jeune, je ne comprenais pas que la masturbation puisse créer des boutons, rendre fou ou cardiaque. Il m’a fallu des décennies pour me rendre compte que l’on m’avait menti et de commencer à croire que si l’on avait pu me mentir ainsi sur un sujet aussi fondamental – la sexualité est l’essence fondamentale du psychisme- on pouvait aussi me mentir et m’exploiter sur d’autres sujets tout aussi fondamentaux.
Qui est mort pour nous dire ce qui se passe après la mort ? Pourquoi faut-il tant se culpabiliser d’être mortel, si Dieu lui-même a trouvé que sa création est bonne. N’a-t-il pas une vision plus vaste ? Cependant, il faut aussi admettre que les religions, en dehors de la sexualité et des péchés inventés au nom de Dieu, nous aident à se créer un idéal et à donner un sens à notre vie. « Le péché est un manque d’amour », c’est ce que me semble l’essentiel de ce que l’on doit retenir de l’enseignement religieux. C’est ce qui doit guider notre conscience et non la peur, particulièrement, de son corps et de la jouissance.
La répression sexuelle est née de l’embourgeoisement et du viol des âmes par les religions. Pour un bourgeois, c’est très important de ne pas se laisser toucher ou salir par un vulgaire, un pauvre.
Un religieux qui veut être un saint oublie vite qu’il est un homme et que le pire des péchés mortels, c’est l’orgueil, vouloir être parfait, et non, d’avoir du plaisir ¼
Des milliers d’années d’imbécillité, d’ignorance et de mensonges ça grave profondément les consciences puisque l’homme est comme un disque dur. Des millénaires d’aliénation, ça ne s’efface pas dans une décennie.
La répression sexuelle s’est déplacée jusqu’aux symboles. Et, quoiqu’on en dise, la féminité à certains endroits du corps a un charme que la virilité n’aura jamais. La circoncision et l’excision sont une aberration mentale qui démontrent jusqu’où la folie de la peur de la sexualité peut conduire.
Pour moi, la beauté physique des autres et la liberté transcendent le fanatisme religieux – macho, borné et antisexuel. La beauté n’a ni sexe, ni couleur. La jeunesse demeure un plaisir inestimable pour les yeux de toutes les personnes qui vivent en dehors de l’hypocrisie. Par contre, si l’aspect physique prend souvent le bord avec l’âge, rien n’équivaut à la lucidité de ceux qui ont une grande expérience de la vie. En vieillissant, on dirait que la beauté s’intellectualise. La vieillesse peut être aussi belle que l’enfance dans un autre ordre d’appréciation.
Ce caprice, ce goût étrange, mais combien fascinant, qui manipule mon petit cerveau m’a conduit à une rencontre toute particulière avec mon Dieu. Une visite qui n’a rien à voir avec les hallucinations payantes d’un Raël. Cette présence à la fascination m’oblige à l’amour, cet amour m’oblige au plus de gratuité possible, et cette gratuité exige que je reconnaisse ce même droit au respect et à la liberté des autres. La morale est un droit individuel tant qu’elle refuse la violence. Dieu est Amour et l’amour crée, elle ne détruit pas. La morale individuelle est la plus grande richesse de la vie privée et aucune loi ne devrait s’attaquer à ce droit fondamental individuel.
Le seul vrai péché, le seul mal réel est de nuire à autrui, de lui faire ce que nous n’aimerions pas qu’il nous soit fait.
Je ne crois pas que l’on puisse être chrétien ou musulman ou autre, si on accepte la violence et la pauvreté. Aucun Dieu ne peut prôner la haine, la domination, sans être un esprit du Mal. Les penseurs qui se prétendent de Dieu, qui ont rejeté le corps, tout comme Lucifer a rejeté la création de l’homme, sont des menteurs. C’est pourquoi nos livres religieux sont en constantes contradictions. Tu ne peux pas accepter la vision dominatrice de la Bible, tout en croyant dans les Évangiles. Le Nouveau Testament est basé sur la tolérance quasi – absolue et non sur la domination psychique des individus. Et, dans le Coran, la principale qualité de Dieu est d’être miséricordieux. On prétend être seul à interpréter Dieu parce que ce privilège hautement hiérarchisé permet de gouverner, d’exploiter les autres au nom du Tout – Puissant. Il ne faut pas oublier qu’au moment où les religions ont été créées, elles formulaient les lois et les manières de vivre. Elles dominaient tout et tous.
En interdisant la liberté sexuelle, nos dirigeants peuvent dominer tout notre être, car ce sont des interdits hors – nature. La libido réalisera toujours ses projets. C’est limiter l’expérience de nos sens. Si on essaie d’éliminer la libido ça conduit à la violence tandis que si on essaie de l’orienter vers le respect et le partage avec les autres, cet élément, même dévié, devient un instrument de générosité.
Le fanatisme religieux anti-sexe, la drogue et la violence sont les trois pires ennemis de l’homme.
Ainsi, tous les états devraient être laïcs. L’état et la religion sont deux institutions totalement différentes. Alors que l’état est une institution pour nous obliger au partage des biens entre les membres d’une même communauté, la religion est un droit strictement individuel fondamental, celui de la conscience ou de la morale, de l’agir, de l’interprétation de sa raison de vivre.
Par contre, pour moi le dieu des religions, n’importe lesquelles, est une invention pour discipliner ses pratiquants et pouvoir, grâce à la domination psychique, leur vider les poches. On peut faire tout le mal que l’on veut au nom de Dieu, mais tout ce que l’on fait alors est en contradiction avec LUI, car, Dieu n’est que ÉNERGIE, AMOUR, et par conséquent, tout le reste n’est qu’invention.
Le corps est trop limité pour nous permettre d’avoir une vue, une maîtrise complète de l’énergie de l’univers. Ce corps limite la connaissance même de l’esprit. Essayer de parler au nom de Dieu est s’approprier un pouvoir qu’aucun humain n’a. La science des religions et leur prétendue exclusivité à la vérité est un moyen de domination psychique et non une voie à la vérité.
Aujourd’hui, les Hommes (les femmes sont aussi des Hommes, à entière égalité) n’ont qu’un maître l’argent et le pouvoir pour en avoir plus.
Toutes les paroles soi-disant divines sont au service de ce nouveau maître : le bénéfice, la productivité, la violence. Les Humains sont confrontés depuis des millénaires avec le mensonge, selon lequel la sexualité est l’ennemi du bien comme si le plaisir était en soi une violence. L’approche religieuse de la sexualité est tarée depuis si longtemps que c’est l’aliénation la plus évidente. C’est le moyen par excellence d’amener les hommes à parler de faux problèmes, car le pire est le pillage des contribuables et de la planète par une petite bande d’exploiteurs.
Les religions ont détruit la bonté chez les humains, en leur faisant croire que la femme est inférieure, que la sexualité n’a de sens que dans la procréation, rejetant le droit de jouir, d’être différent, d’avoir une couleur différente, d’être gai.
Le droit au plaisir d’avoir un corps était une des pensées essentielles des féministes avant qu’elles ne deviennent obsédées par le sexe et sa répression. En se rejetant, les individus deviennent ainsi incapables d’aimer et pensent que la projection de leur vide intérieur est le propre de la sainteté. En rejetant la sexualité qui, hors la violence, la domination, est la plus grande des richesses spirituelles ; les religions ont établi toutes les formes de racisme, d’intolérance et de mépris pour ceux qui ne constituent pas leur petit nombril. “ Hors de l’Église, point de salut ” est une intolérance qui conduit directement en enfer¼si enfer, il y a, en dehors de la vie actuelle¼ La vie est un enfer parce que ceux qui dirigent les hommes en font un enfer.