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La Thérèsa 9

janvier 26, 2021

Simoneau. Théâtre 24

La Thérèsa 9

C’est le printemps. Des mineurs reviennent de Géraldton, de la boue jusqu’aux genoux.
 
Tout à coup, un groupe arrive de la mine, tirant un chariot. Ils sont excités. On leur demande ce qui se passe. C’est Charline qui va bientôt accoucher. On se dépêche pour arriver à la voiture, de l’autre côté de la rivière. De là, on les conduira à Hearst.

À leur retour, on apprend que Charline a accouché dans l’auto, avant même d’arriver. Conrad, le père de l’enfant, dit que le petit s’appellera Maxime, mais qu’on lui ajoutera un surnom pour se rappeler l’événement. Il l’a surnommé « Transcanada », pour marquer l’endroit où il est né.

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On est à la salle communautaire. Paul et Maurice terminent un match de ping pong. Paul n’aime pas un jeu de Maurice. Ils commencent à se pousser. Aussitôt, tout le monde autour intervient.

On rappelle qu’à la Thérèsa tout le monde forme une grande famille où la violence n’a pas sa place. « Quand on est perdu dans les bois, il faut savoir se tenir ensemble, pas se casser la gueule. », lance un des intervenants.

Un des mineurs prend une guitare et commence à chanter des chansons à répondre de l’abbé Gadbois. Aussitôt, la bonne atmosphère est rétablie.  

                                      Un mineur

Je suis certain qu’il n’y a pas un seul endroit dans tout le monde où l’on connaît une aussi belle et grande fraternité qu’ici. 

 C’est notre bien le plus précieux. Rien ne doit nous diviser.

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C’est l’automne. Fête de Ste-Thérèse, donc, l’assemblée des actionnaires. Plus de 100 sont présents. Ils habitent chez les mineurs et certains chez les Caouette même. Un groupe de visiteurs sortent de la mine. Ils sont littéralement éblouis.
 
Le soir, chez les Caouette, un groupe de visiteurs (Leblanc, Simoneau, Dubé, Gélinas) discutent avec Caouette. 

Ils décident de se servir des structures des mouvements nationalistes du Québec auxquels ils appartiennent pour créer les clubs thérèsiens. 

                                       Leblanc
      
Ce sera une arme terrible. Une telle structure pourra augmenter le nombre d’actionnaires dans un temps record. Par contre, si jamais le club se tourne contre la mine, ce sera sa fin.

Le photographe Dubé est chargé de visiter la mine pour produire des cartes postales, ce qui fera encore plus connaître la Thérèsa. Premier objectif : doubler le nombre d’actionnaires.Aucune grosse compagnie ou grosse somme d’argent ne seront acceptées, sauf des institutions religieuses. L’évêché de Sherbrooke ainsi que le Petit Séminaire du même endroit sont d’ailleurs parmi les plus gros actionnaires. 

La paroisse Ste-Thérèse étant aussi une mission, elle reçoit l’aide la Propagation de la foi.                    

                                              Marcel Caouette
 
La mine doit être la propriété des pauvres qui ont décidé de devenir riches

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Puisqu’il y a maintenant quatre adolescents et trois adolescentes, Caouette décide d’engager une seconde institutrice. 

Mlle Duval arrive toute guindée. Elle reconnaît son cousin de la sixième génération avec qui elle se tient presque toujours, en dehors de son travail. 

Sa jeunesse et sa jolie trémousse en font jaser plus d’un (e). Sa beauté a quelque chose de diabolique. Les femmes essaient de ne pas laisser leur mari trop près et ne cachent pas qu’elles ne peuvent plus maintenant vivre en sécurité. 

 Son cousin lui rappelle que « toutes les femmes sont malades quand il s’agit de sexe. Plus colonisées que les hommes, elles croient davantage dans les sermons des curés. Les femmes seront libres quand elles pourront accepter leur corps et comprendront que l’amour est plus important que les péchés qu’elles y voient. Le mal a été inventé par les religions pour les dominer, mais elles ne s’en rendent pas compte. Elles sont trop occupées à surveiller leur apparence et nourrir leur jalousie.»

 Un dimanche, Mlle Duval et son cousin ne vont pas à la messe à laquelle tous doivent assister sans exception. Le Père Corriveau rend immédiatement visite à Mlle Duval pour lui rappeler que son rang exige plus de sérieux. 

                                         Père Corriveau     

 Si Félix n’était pas votre cousin, je n’hésiterais pas à vous questionner en confession afin de savoir si une liaison charnelle existe entre vous. Une enseignante doit toujours être pure pour donner l’exemple aux jeunes.   
    
 Mlle Duval, loin d’être intimidée, porte le soir même une nouvelle robe, plus décolletée, lors de la projection des films. 

 Elle traverse la salle de la première rangée jusqu’à l’arrière où des bancs sont plus élevés et réservés aux notables de la mine. (Caouette, ingénieur, institutrices)
 
 De jeunes mineurs la sifflent au passage. Mme Caouette est insultée et quitte les lieux. Son mari court derrière elle. 

 Un groupe de femmes, visiblement jalouses, se rencontrent pour dénigrer la nouvelle institutrice que les élèves apprécient grandement à cause de son ouverture d’esprit.

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Les mineurs tiennent une réunion pour créer une coop. Celle-ci verra à installer l’aqueduc et les égouts à tout le monde. Discours sur la solidarité. 
    
On espère bientôt créer des caisses populaires et on discute de la règle de l’achat chez nous qui prévaut au Québec. Que doit-on en penser? Comment se faire respecter par la majorité anglophone ?

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Un dimanche après-midi, les garçons décident de procéder à l’initiation des deux nouveaux à la mine. Benoît a13 ans, Gérard, 12. 

Cet après-midi-là, on présente un film de cowboy comme d’habitude, mais celui-ci a déjà été montré, il y a quelques mois. C’est le temps d’en profiter. Il fait froid, les jeunes à la fenêtre seront moins nombreux pour la projection du film pour adulte.
 
Seuls, les plus vieux se rendront à la cabane secrète pour ne pas que Suzanne Fortin s’aperçoive de leur absence. Celle-ci a toujours voulu découvrir le nouvel emplacement de la cabane. 

À la construction de la première cabane, Suzanne avait donné une dizaine de planches dès les débuts. Peu après, la chicane a éclaté et Suzanne a exigé ses planches. Les gars avaient ainsi perdu leur cabane.
 
Ils sont une dizaine à se rendre à la cabane, après avoir emprunté différents sentiers pour être certains de ne pas avoir été suivis par les filles. 

Pour l’initiation, les deux nouveaux doivent se coucher entre deux couvertures sur le plancher et se déshabiller. Le dernier deviendra le trou-de-cul, c’est-à-dire celui qui sera au service des autres. 

Quand ils sont déshabillés, ils doivent mettre les bras au-dessus de la tête, hors des couvertures. Cependant, dès que le dernier met les bras en dehors, les autres tirent les couvertures et les initiés se ramassent nus devant les autres. 

Ils doivent ensuite parader nus pour prouver leur courage. Seul, le trou-de-cul a le devoir d’être obéissant à ses supérieurs. Une fois, le nouveau trou-de-cul nommé, celui qui l’a précédé devient un membre comme les autres. Après la cérémonie, le nouveau trou-de-cul devient le chef du gang durant six mois. Question de goûter autant les joies que les difficultés.

Benoît décide d’ouvrir le rond de la truie rougie pour griller des guimauves. Une des guimauves prend feu. Elle tombe sur le plancher et le feu éclate dans la cabane. Les jeunes ont beau tirer de la neige, la cabane est complètement détruite. Ils retournent à la maison. Nos deux nudistes ont réussi à se rhabiller, mais on n’a pas trouvé les bas de Gérard. Il arrive à la maison les pieds gelés. Il reçoit toute une dégelée de sa mère qui ne comprend pas qu’il puisse avoir été assez fou pour oublier ses bas.
                     
 
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Tous les élèves de Mlle Charbonneau doivent faire leur confirmation. 

Ils sont en haut dans l’école. Ils ont mis leur brassard. Les filles ont leur robe blanche. Ils attendent dans la classe, l’arrivée de Mgr Landry, le nouvel évêque de Hearst. Tout le monde attend avec impatience, surveillant la porte qui conduit directement de l’appartement de l’abbé Corriveau aux classes.
 
Soudain, la trappe s’ouvre dans le plancher. On voit le bout de la mitre s’avancer. C’est le rire général quand l’évêque arrive cul-le-premier. L’abbé Corriveau s’est trompé et il a fait monter l’évêque par l’échelle de secours.

Malgré la présence de l’invité, Paul Arnould a décidé en servant la messe de se moquer un peu des pertes de mémoire de l’abbé Corriveau. Tel qu’il l’avait gagé, il recommence deux fois l’offertoire, en se présentant deux fois avec le vin et l’eau. 

L’abbé Corriveau se fait souvent jouer de pareils tours par ses servants de messe. Ils ont compris qu’ils peuvent ainsi s’amuser de ses pertes de mémoire.

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Il faut cacher les livres français, car, c’est la visite de l’inspecteur. 

On amène le visiteur dans la classe de Mlle Charbonneau parce qu’elle parle parfaitement l’anglais. Congé pour les plus vieux parce que Mlle Duval ne parle que français. 
    
Une jeune fille récite un poème en anglais. L’inspecteur est étonné et satisfait. Il insiste sur l’interdiction d’utiliser le français à l’école en Ontario.

                                    L’inspecteur                                            

La langue des faibles, des colons et de ceux qui refusent de vivre une véritable culture. En plus, d’être des papistes.

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Mlle Charbonneau déménage : les enfants Drouin l’empêchent de dormir. Elle demeurera au même endroit que Mlle Duval, dans la même chambre. 

Chicane entre la vieille institutrice et la jeune Duval. Mlle Charbonneau prétend que la Duval l’empêche de dormir par ses ronflements. En réalité, elle est jalouse de Mlle Duval. 
     
La vieille prend trois mois de vacances, sous prétexte d’une dépression nerveuse.

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Une soirée est organisée à l’occasion de la visite de l’abbé Gadbois. 

Mme Dupuis fait remarquer à Mme Caouette que son époux semble prendre plaisir à bien ceinturer l’institutrice quand il danse avec elle. Elle insiste sur le danger de péché que constitue une belle femme dans une mine d’hommes.

À la maison, Mme Caouette commence une crise de jalousie. 

                              
                                             Mme Caouette  

Tu semblais aimer ça danser avec l’institutrice ? 
                                        

                                           Monsieur Caouette
 
Elle a beaucoup d’esprit.


                                             Mme Caouette

Alphonse, je t’aime. Tu dois savoir que toutes les femmes de la mine sont liguées contre elle. Elle est célibataire et trop belle. Un danger pour toutes les femmes mariées. 

                                         Monsieur Caouette

Elle est une excellente institutrice. Elle se mêle, elle, de ses affaires. La discussion est close à moins que tu aies, toi, des choses à me reprocher.


                               Mme Caouette (qui s’avance).

Tu as certainement raison. Il ne faut pas céder à cette maladie des cancans pour le cancan.» 

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M. Caouette se rend au bureau de l’évêché à Hearst rencontrer Mgr Lambert.

La mine n’est pas assez rentable pour permettre d’effectuer la paye des mineurs. Mgr Lambert l’assure qu’il se rendra bientôt à la Thérèsa et apportera l’argent nécessaire.

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Trois jours plus tard, Mgr Lambert arrive à la mine dans un drôle de véhicule : un Bombardier. Son inventeur en a fait don à l’évêché. 

C’est le vendredi. Mgr Lambert se rend chez les Durand. Quand vient le temps de manger, Mme Durand lui offre de beaux dorés puisque c’est vendredi. Mgr Lambert refuse, il veut son steak. 

                                                       Mme Durand

Mme Durand lui fait remarquer que c’est péché de manger de la viande le vendredi, ce à quoi Mgr Lambert rétorque qu’il est permis de manger de la viande quand on a fait un long voyage ou que l’on a beaucoup travaillé.

Mme Durand ne perd pas une seconde :

                            Mme Durand

Avec cinq enfants, je devrais avoir une permission perpétuelle.


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