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La Thérèsa 7

janvier 24, 2021

Théâtre. Simoneau 22

Thérèsa 7

Cloutier profite d’une visite éclair de Caouette pour décider où sera installé le chevalement.       

Caouette le voudrait à l’ouest de la rivière, mais Cloutier fait remarquer que le quai existe déjà. Aussi, les découvertes d’or en surface démontrent hors de tout doute, selon Cloutier, que le meilleur endroit est situé à l’est, près du village.
     
Marcel Caouette est nommé directeur général, en charge de tous les travaux, tandis que Gilbert, le mari de Thérèse Caouette, s’occupera de toutes les tâches comptables et administratives. Une affaire de famille, quoi!

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3-

Deux camions arrivent près de la rivière, chargés de meubles. On s’affaire à mettre les meubles sur un gros radeau qui les transportera au quai de la mine.
    
 En chemin, un câble lâche et une partie de la cargaison tombe à l’eau. Une femme pleure. « Tous mes livres étaient dans les tiroirs. »– « Il faudra vous en acheter quand vous irez au Québec. Ici, il ne s’en vend pas. » Tranche un jeune mineur pour qui les livres ne représentent pas grand-chose.

 Malgré cet incident, tous les autres meubles sont amenés à la mine et placés dans un hangar en attendant que les maisons soient construites.

 Le lendemain, on amène deux gros moteurs diésel. Ces derniers activeront les ascenseurs et les outils pour travailler.
     
 Le village est construit à une vitesse phénoménale. Les familles s’installent dans les maisons. 

 Dès que les diésels sont mis en opération, un électricien installe l’électricité dans les maisons. Paterson est le seul anglophone, un Irlandais, parce qu’il est catholique et indispensable. 

Le plus jeune mineur est son assistant, pour le moment. Paterson est émerveillé de la vitesse à laquelle cet enfant apprend tout de lui. Son frère, Camille, lui, assiste le forgeron. Il est surtout très paresseux.
     
 Déjà, une cinquantaine de jeunes sont au travail. Ils construisent les maisons des Caouette, de vrais petits châteaux, puis, de petites maisons carrées, toutes identiques, près de la rivière, du même côté que les Brassard… le village de la Thérèsa.
     
 À un certain endroit, on doit bulldozer beaucoup de terre puisqu’il y a des marais.
     
 « On serait mieux d’y mettre plus de roches, crie un travailleur anonyme.
     
 On voit déjà poindre le réservoir d’eau et on entend les pompes.
   
 Le soir, un jeune grimpe sur le bord du réservoir. On lui demande ce qu’il fait là. Il dit monter pour échapper aux mouches noires qui sont légion… et très en appétit.

 À son arrivée, Caouette est renversé par la somme de travail qui a été abattu pendant son absence prolongée de deux semaines. Il avait prolongé son séjour étant donné l’intérêt que le projet suscitait en Beauce. Il convoque une réunion pour pouvoir s’adresser à tous.
     
                                 M. Caouette

Il faut accélérer la construction des maisons. Nous avons déjà une trentaine de familles qui viendront nous rejoindre.
     
Les mouches font un vrai carnage. Il y a plus de claques que de mots.
      
                                M. Caouette
   
 Nous ne pouvons pas continuer à nous réunir ainsi à l’extérieur. Dès demain, nous tracerons les plans d’une salle communautaire qui répondra à ce besoin et à ceux que nous devons prévoir avec la création du village. Soyez fiers d’être ici, à la Thérèsa. Il élève la voix en prononçant le mot Thérèsa.

Gosselin, j’ai appris que tu viens d’arriver avec ta nouvelle épouse. C’est regrettable, mais tu as toujours été un sacreur et nous n’en voulons pas ici. Demain, tu repartiras.

                            Gosselin

Quand je suis parti pour Sherbrooke, vous saviez que j’allais me marier avant de revenir ici. Vous me connaissiez et vous ne m’avez jamais averti ou dit quoi que ce soit. Si vous ne vouliez pas que je revienne, vous auriez pu nous avertir avant.

                            Caouette

Tu ne me l’as pas demandé. Demain, tu partiras, sinon on brûlera sur place toutes tes affaires. Les flammes de l’enfer ne valent pas qu’on s’y enlise pour toi.
     
 Caouette est sur le bord du quai. Gosselin a tout chargé. Il est prêt à partir.

                                 Gosselin

C’est ce que votre Dieu vous a montré. C’est probablement ce que vous appelez la charité chrétienne. « Aimez votre prochain comme vous-même pour l’amour de Dieu.»  

Je vous plains… Mon Dieu à moi, c’est l’Amour. Un être de bonté et de miséricorde. Je suis certain qu’après notre mort, c’est vous qui brûlerez en enfer. S’il y a un enfer!

                                Caouette

Je n’ai pas de leçons de religion à recevoir de la bouche d’un suppôt de Satan.


Caouette retourne chez lui. Il annonce à Marcel qu’il doit partir encore une fois au Québec pour aller chercher des fonds. « Au rythme où la Thérèsa se construit, nous avons de la difficulté à conserver la marge de manœuvre que se garde le clergé pour attirer les colons. »

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4-
  

Un mois plus tard, les maisons sont construites ainsi que trois nouveaux dortoirs et une salle communautaire. On y installe là le bureau de poste et une épicerie. Il y a aussi une salle de jeux. La Thérèsa compte maintenant presque 1,000 personnes, presque toutes venues de la Beauce.


Caouette arrive avec une statue de Ste-Thérèse, hauteur nature. Il fait aménager un socle, en plein centre du village.

                                      Caouette

Puisque Ste-Thérèse est notre patronne, elle doit avoir la meilleure place.

                                      Caouette (à l’endroit de M. Brassard)

Dimanche, Mgr Charbonneau viendra bénir la statue ainsi que le village que vous avez érigés en un temps record. Je ne peux pas cacher ma fierté à votre endroit.

Le dimanche, Mgr Charbonneau arrive accompagné de Mgr Lambert, du Père Couture et d’un nouveau prêtre que personne ne connait encore. Il est vieux, mais il se mêle déjà aux ouvriers, serrant des mains, distribuant des bénédictions.

Mgr Charbonneau présente le nouveau prêtre aux mineurs.

                         Mgr Charbonneau

Voici l’abbé Corriveau. Ce sera l’aumônier de la mine et de votre nouvelle paroisse. La paroisse Ste-Thérèse. Cependant, pour le moment, celle-ci sera officiellement reconnue comme une mission. Ainsi, elle pourra bénéficier, pour un temps encore, de l’œuvre de l’Enfant Jésus, directement dirigée par Rome.

Les nouveaux paroissiens sont en délires.

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5-

Vendredi soir. Un groupe de jeunes décident de se rendre à Géraldton afin de boire un peu et danser, profitant ainsi de l’absence des Caouette. Le samedi après-midi, ils retournent à la mine, encore assez ivres.

Dans la chaloupe, les jeunes chantent des chansons à répondre grivoises. 

Trois décident de se déshabiller et de se baigner nus. 

 De retour dans la chaloupe, ils s’installent dans chacun des coins pour pisser. Tout à coup, on aperçoit une autre chaloupe qui vient en sens inverse.   Deux dames de la mine y ont pris place.

                                    Une dame

Rhabillez-vous, bande de jeunes salauds! Vous n’avez-pas honte ?  Que diront les Caouette quand ils reviendront de voyage? Ne comptez pas sur nous pour leur cacher la vérité. Nous sommes ici pour donner l’exemple de vie chrétienne, pas pour exhiber nos vices !

Comme prévu, les Caouette sont vite informés par une des femmes que les jeunes manquent de pudeur. Caouette en profite pour exiger une réunion à la salle communautaire. La première à cet endroit.

S’adressant au plus jeune qui faisait partie de l’expédition, il le pointe du doigt et Caouette lance.

                               Caouette 

T’as pas honte, jeune abruti. Qu’aurais-tu dit si l’une de ces dames avait été ta propre mère? Tu veux donc la faire mourir de chagrin ?

Vous vous confesserez au Père Corriveau. Ce n’est pas une suggestion, c’est un ordre. Et je vous avertis solennellement, cette fois, je passe l’éponge parce que Mgr Lambert est intervenu en votre faveur, mais c’est votre dernière chance.

Toi, le jeune, j’écrirai à tes parents.   Ils décideront si tu dois rester ici.

Le jeune fond en larmes.

Cependant, l’attention fut vite détournée quand Mme Caouette fit son entrée, accompagnée par une autre dame âgée d’une quarantaine d’années, bien habillée.

                              Caouette

Il est temps que l’on songe à bien organiser notre vie sociale à la mine. Nous ne pouvons pas nous permettre de refuser de l’aide sous prétexte que nous vivons complètement dans le bois. Pourtant, contrairement à bien des cultivateurs du Québec, nous, nous avons tous de l’électricité (Rires) 

Par contre, nous devons songer aux enfants. C’est pourquoi nous avons engagé les services de Mlle Charbonneau. Ce sera notre institutrice. Dans deux semaines, ici, comme ailleurs, vos enfants pourront aller à l’école. Le haut de la salle communautaire sera aménagé de façon à ce que le Père Corriveau ait son propre logement alors que le reste de l’espace servira de locaux pour l’école.

Les mineurs et leurs épouses applaudissent à tout rompre.

L’institutrice est présentée alors que les jeunes hommes se rendent aux tables de ping pong. On peut voir sur les affiches que les ligues sont déjà organisées. Les enfants sont les seuls à mal accueillir la nouvelle.

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