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Simoneau. Théâtre 8

janvier 11, 2021

Simoneau .Théâtre 8

Les puces 1

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Le texte fut préparé pour un cours de scénarisation, à l’UQAM, en vue de réaliser un film qui doit se dérouler dans un seul lieu, clos, avec le minimum de personnages.

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Un poète d’une cinquantaine d’années, Philippe, rencontre Gaston, un jeune poète qui tombe en amour avec lui.

Il est persuadé qu’en vivant avec son aîné, il parviendra à avoir autant de talent et ainsi publier plus rapidement ses écrits. 

Les refus répétés de Philippe d’accepter Gaston comme colocataire découragent Gaston et l’amènent à se mépriser lui-même davantage. 

Gaston parvient à la longue à faire accepter cette cohabitation avec Philippe.

C’est oublier la différence qui existe entre les plus âgés et les plus jeunes. Ils décident de vivre ensemble, mais cette rencontre fait naître alternativement l’amour et la haine à cause d’une jalousie intergénérationnelle. 

Philippe est-il le révolutionnaire pourchassé par le système qu’il croit et prétend être? Son petit ami Gaston arrivera-t-il à se faire aimer, malgré son caractère de chien?


 1— Int.   Maison — cuisine — Matin 1

PHILIPPE, malgré ses cinquante ans, travaille comme un fou à nettoyer le nouvel appartement qu’il occupera avec Gaston. Il place des meubles qui débordent de partout quand Gaston, un jeune poète de 16 ans, qui a même l’air plus jeune que son âge, arrive avec son baluchon, son ordinateur, son système de son, son téléphone et ses cinq caisses de livres.


2— Int.    Maison — cuisine — matin 2



GASTON dépose les cinq caisses de livres dans une chambre, installe sa chaîne stéréo et se rend dans la cuisine.


3— Int. Maison — cuisine — matin 3



Gaston place ses affaires dans les armoires : une tasse, une fourchette, un couteau, une cuillère, du riz, du beurre de peanuts et de la mayonnaise. Il écoute Léo Ferré, dans « Poètes, vos papiers », qui résonne en sourdine dans la cuisine.

Philippe le regarde amusé.
                                         
 

                      PHILIPPE (moqueur)
        
Ça t’a pris l’avant-midi pour ramasser tous ces meubles. Une chance qu’il n’y en avait pas trop, sinon j’imagine qu’on aurait dû pendre la crémaillère le printemps prochain…

Pendant que tu perdais ton temps à faire ton pseudo ménage, je frottais comme un fou. C’est une vraie porcherie, ici. Il y a de merde de chat partout. Celle qui vivait ici avant nous était une vraie cochonne ou une irresponsable.

Juste à faire le ménage, j’en ai mal à la tête.

Gaston le regarde, faisant semblant de rire. Il répète ce qu’il entend en gesticulant et en se moquant de Philippe. Il se casse les poignets comme une grande et se promène sur le bout des orteils comme s’il dansait un ballet, tout en disant :

                                          GASTON

J’imagine qu’on aurait pu pendre la crémaillère le printemps prochain.


Gaston s’arrête devant Philippe, bat des paupières et lui fait les yeux doux…                                                                
Gaston prend Philippe par le cou.
           
                                          PHILIPPE

Moque-toi de moi tant que tu voudras. Mais, détrompe-toi, je ne suis pas intéressé à toi… sexuellement, j’entends. Tu es beaucoup trop jeune.
    

Philippe enlève gentiment les bras de Gaston et il va s’asseoir à la table, sirotant un café.


                                           GASTON

T’es pédéraste, non ?

Le Jean Genêt du Québec… Voyons donc, Langevin ne les connaissait pas pour te surnommer ainsi. Ta vie, ce serait plutôt « La mort de Jonathan» ou encore plus précisément « Les amitiés particulières », en moins bon, évidemment… Toi, le marginal des marginaux, fuck you !

   
 Gaston se tourne, relève le derrière. Puis, se retourne et se place la main entre les deux jambes… l’agitant comme s’il se cajolait.

                                     PHILIPPE
   
 Ce n’est pas parce que je suis pédéraste que je dois nécessairement être amoureux de toi. Je ne saute pas au cou de tous les garçons.

                                     GASTON

Avoue que c’est tout ce qui t’intéresse de moi. Je suis comme les autres garçons dans ta vie. Les vieux sont tous des vicieux, c’est bien connu. Il faut bien qu’ils prennent ce qui se présente. Ils n’ont plus rien à offrir en contrepartie.
    

Philippe demeure indifférent. Il se prend un livre et commence à lire.
    
Gaston est visiblement choqué par cette attitude. Il range ses affaires, en déplaçant tout simplement les objets avec fracas.


                                      GASTON
    
 C’est malheureux que l’on soit encore aussi aliéné. Ça permet de croire que les enfants sont des anges et les anges, tout le monde le sait, n’ont pas de sexe. Christ de monde d’hypocrites!     Ce n’est pas tout d’écrire, il faut vivre… Aime-moi comme je t’aime !
    

Philippe encaisse les sarcasmes en lui faisant la moue et en lui tirant la langue. Il essaie de produire des grimaces qui soient drôles.
                                      
                                     PHILIPPE

Je te l’ai dit t’es trop jeune. Je suis pédéraste, pas pédophile.


                                      PHILIPPE (en haussant la voix)


J’ai plus que 10 ans, tu ne viendras pas me dire, toi un écrivain, que tu ne sais pas qu’un pédophile ne s’intéresse qu’à des enfants qui ont moins de 10 ans. T’es un perverti sexuel introverti. La vérité choque.
   

Gaston bouscule une chaise pour manifester sa colère de ne pas être plus désiré.

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