Un sourire venu d’enfer 45
Autobiographie approximative
pp. 373 à 381
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La mort de papa
L’époque de mon livre Avant de se retrouver tout nu dans la rue, publié par Parti pris, a aussi été marquée par des événements tristes et marquants.
Au début de février, je m’étais rendu à Barnston rencontrer mes parents. J’étais accompagné de Gilles Laflamme qui était devenu un véritable ami. Il faisait aussi des prédictions en lisant dans les mains et réalisait des cartes du ciel. D’ailleurs, selon ses prédictions, je mourrai dans la mendicité et les souffrances les plus totales.
C’est bien parti pour ça, mais pour l’instant, je suis encore assez béni des dieux. Les autres tireuses de bonne aventure m’ont prédit des événements complètement différents. Dans un cas, je suis censé devenir très riche; dans l’autre, je finis sur une île entourée de petits gars et j’écris sur la philosophie, ce qui me rendrait assez célèbre pour être reconnu durant des décennies après ma mort.
Ces prédictions sont tellement contradictoires que je n’en crois aucune. La vie sera ce qu’elle sera. Je vis maintenant en couple avec un homme de mon âge ce que je n’aurais jamais été capable de prévoir. Je n’aurais jamais cru que la pédérastie finirait par être chose du passé.
Gilles a lu dans les mains de tous, sauf mon père.
Papa était très heureux d’apprendre que j’avais un nouvel emploi et que je travaillais à écrire un livre sur le problème du logement.
Il me croyait d’autant plus devenu sage qu’à cette époque, j’habitais avec une petite amie, la belle Hélène. Celle-ci devint différente sous l’influence des féministes. Alors qu’au début, nos interrogations sexuelles étaient au centre de toutes nos préoccupations, de nos aventures et de nos recherches; à la fin, elle mesurait au quart de seconde près le temps consacré à la vaisselle et aux planchers pour être certaine que « la femme n’en fasse pas plus que l’homme ».
Cette vision du féminisme était à la mode. Je trouvais Hélène très belle et très ouverte. De plus, je venais de retrouver une de mes cousines qui avaient été une de mes flammes quand j’étais petit. Elle avait trois fils et elle partageait mon point de vue à l’effet qu’il appartient à l’individu de décider de ses expériences sexuelles, tant que celles-ci sont mutuellement consenties et bénéfiques pour le plus jeune.
Ce fut une période où les femmes comptaient beaucoup dans tout ce que je faisais. Pour elle, ma pédérastie était un objet de curiosité plutôt qu’un motif de culpabilisation. On me regardait vivre et on était bien d’accord à l’effet que ma façon de vivre ma petite nature était profitable aux jeunes.
Après m’avoir laissé, la petite Hélène se maria à un Algérien, je crois, et finit par se suicider.
L’Islam est condamnable ne serait-ce que pour sa façon de percevoir les femmes et les homosexuels. La Charia est une loi criminelle, car elle invite au meurtre et aux mutilations. Les hommes ne comprennent pas encore qu’on ne peut pas vivre comme à l’époque de Mahomet. Les femmes sont nos égales. Même Mahomet le reconnaissait, lui. Le pire, chaque fois qu’un crime est commis au nom de l’Islam, ce sont les musulmans qui se font encore plus détester. Pourtant, être musulman c’est comme être chrétien.
Dans ma tête, l’égalité de la femme est aussi essentielle pour modifier la vie que l’acceptation de la pédérastie qui signifie le droit de l’individu sur son corps et son esprit, car à l’avenir, l’individualisme sera une valeur plutôt qu’un obstacle à la socialisation.
En visite, j’étais parti faire un tour avec Gilles. Devant le cimetière à Barnston, je me demandais qui était enterré sous la neige, près de la clôture. J’avais beau chercher, je ne trouvais pas. Je m’y suis rendu pour voir, mais je n’appris rien, car il y avait trop de neige pour pouvoir lire sur les monuments.
Gilles me reprocha d’avoir dérangé les morts. Stupidement, j’ai commencé à me demander ce qui me ferait le plus de peine si quelqu’un mourait. Le choix était clair : papa ou mon chien Kiki. Je n’avais rien fait, à ma connaissance pour penser à ce choix. J’avais honte intérieurement de m’offrir ce choix, car, même si je m’ennuyais énormément de Kiki, ce n’était quand même qu’un chien. Mon père est un humain à qui je dois tout, donc, aucune comparaison possible. Pourquoi une telle idée m’était-elle venue ?
De retour à Montréal, je dus me rendre un bon matin à l’hôpital pour des examens à l’estomac comme d’habitude. Je pensais à papa et j’ai décidé de lui dédier mon prochain livre Laissez venir à moi les petits gars. Dans ma tête, c’était le meilleur moyen pour lui rendre hommage. Même si papa n’acceptait pas ma pédérastie, il m’aimait bien et je l’admirais pour son courage. Il a toujours fait en sorte que nous ne manquions de rien, même si on était huit enfants vivants et il aida aussi de nombreuses familles à se tirer de la misère.
Quand je suis arrivé au bureau, on me dit qu’on avait une très mauvaise nouvelle à m’annoncer. Papa venait de mourir. Quel choc ! Quelle peine !
Ce n’est que quelques mois plus tard que je rêvais à lui. Il me montrait un mur que je trouvais affreusement laid. On aurait dit un paquet de merde. Il me fit avancer avec lui. Je pouvais de plus en plus distinguer qu’il s’agissait d’une forêt. Elle était de plus en plus belle. À la fin, j’étais estomaqué de constater comment ce monde était merveilleux. La forêt devint un arbre. C’est alors qu’il me dit que s’il en était ainsi, c’est que chaque branche d’arbre était un petit gars de qui j’avais été amoureux.
J’en ai déduit que de l’autre côté mon père a pu vraiment juger ce que je vis. Il savait dorénavant que mes rapports avec les jeunes n’étaient pas des agressions, mais des romans d’amour.
Le problème avec les humains est que nous sommes pour le reste de notre existence marqués par les premières années de notre vie. Tout se passe avant six ans. Nous évoluons au fur et à mesure que notre corps se transforme. Notre capacité intellectuelle est correspondante à ce développement physique puisque maintenant on sait que le cerveau se développe tout comme le corps jusqu’à notre vie adulte. Nos réactions, nos impulsions sont les effets créés par les sécrétions chimiques ou électromagnétiques, d’hormones dans notre corps.
Nous sommes beaucoup plus dépendants de notre corps que les religions nous l’ont appris. Les religions nient le corps et sa beauté. Une erreur fondamentale, car si Dieu avait créé quelque chose de mauvais, il ne serait qu’un sale. Je n’en étais pas encore à me demander si nous avons été créés par Dieu ou le fruit de l’évolution. Freud disait que nier la mort est une forme de schizophrénie, surtout en y ajoutant une vie après la mort. Freud parlait aussi d’étapes dans nos développements personnels et même dans le développement de la conscience de notre réalité sexuelle. Le problème ce n’est pas la sexualité, mais la violence. C’est aussi l’ignorance dans laquelle on nous garde.
Devenir adulte, c’est devenir autonome. Pouvoir, penser par soi-même à partir de ses découvertes sur la vie.
Je suis devenu un adulte simplement plus lentement, plus tardivement que les autres. J’ai passé ma vie à me percevoir comme un être inférieur. J’étais fort comme un pou depuis ma naissance. J’étais plus noir qu’à la normale. J’apprenais à l’école qu’il faut devenir quelqu’un, influencer le cours des choses; mais je n’avais rien pour y parvenir. Je m’accrochais à ce qui me semblait mon point fort : croire que la vie est belle.
Quand j’ai découvert plus tard le corps des autres, je me suis mis dans la tête, comme bien des petits gars, que j’avais un zizi très peu développé comparativement aux autres ne sachant pas que j’étais dans le plus normal des normaux. La grosseur et la longueur ne sont pas les mêmes pour tous et surtout pas les mêmes pour tous à un certain âge donné. Si j’avais pu en parler, ça aurait changé les choses. J’aurais su que ça change vers 13-14 ans et plus tôt pour les plus précoces. J’étais bourré de complexes sans le savoir et si je n’avais pas voulu autant me comprendre, je n’aurais jamais eu la liberté d’esprit que j’ai maintenant.
En fait, mon cheminement a été pénible parce que les adultes autour de moi faisaient tout un plat de la sexualité. Je n’ai jamais cru sincèrement qu’il y a du mal ou de la perversité à vivre sa sexualité tant que c’est sans violence et consenti. Autant les jeunes que moi n’avons jamais éprouvé autre chose que de l’amour dans sa plus pure complicité. Le plaisir fut toujours au rendez-vous.
Malheureusement, je suis trop vieux pour recommencer les luttes d’antan.
J’ai énormément lu et assez vécu pour me poser de nouvelles questions. Depuis, je suis capable prouver que notre société est absolument arriérée quand il s’agit de sexualité. Nous voyons la sexualité comme l’Église nous l’a enseignée et nous sommes incapables d’échapper à leur ignorance.
En fait, j’ai commencé ma vie d’adulte, en adoptant Shuhed et Rouhed et en devenant enseignant. J’ai commencé à vivre le jour où j’ai cessé d’avoir peur. J’ai commencé à vivre quand j’ai cru en moi. Ce n’est pas pour rien que depuis je crois que l’essentiel quand on est jeune est de s’accepter tel que l’on est.
J’essayais de comprendre pourquoi je suis ce que je suis. Ma vie sexuelle était sûrement un facteur prépondérant. Ma pédérastie était une forme de fixation à ma vie d’enfant. Pourtant, je n’avais jamais été réprimé et puni pour mes agissements sexuels pour la simple raison que mes parents ne le savaient pas et pour moi il n’y avait rien là. Cette manière de voir les choses n’a pas changé d’un iota. Ma sexualité était un geste de curiosité comme pour tous les enfants du monde. Un plaisir a partagé. J’étais plus normal que l’Église à ce sujet, car elle s’obstine à y voir du mal.
Pour moi, comme à l’époque de la Grèce antique, la sexualité était bonne, un plaisir. La société était un frein, un arrêt dans mon évolution, car elle me privait de vivre une relation physique avec ceux qui me fascinaient. Elle m’empêchait de me créer une morale personnelle. Je ne l’acceptais pas parce que les lois à ce sujet sont ridicules et basées sur la peur et non sur la compréhension et la responsabilité.
On fait toujours croire qu’il y a de la violence, des traumatismes dans des rapports pédérastes alors que c’est absolument faux. Ces relations sexuelles sont la recherche du plaisir, de faire plaisir à celui de qui on est amour. C’est loin d’être la recherche d’un pouvoir. Le pouvoir est une obsession d’adulte. Le vrai pouvoir en pédérastie c’est le jeune qui l’a; car on ne veut que lui faire plaisir. Il a un pouvoir émotif extrêmement grand. Le pédéraste cherche que son bien au- delà de la sexualité..
La peur de la pédérastie des féminounes est une projection de leur propre peur de la sexualité. La peur de la pédérastie est une peur de l’homosexualité. C’est la peur de l’autre, de celui qui est différent.
Quant à la pédophilie, on la retrouve surtout chez les hétérosexuels probablement simplement parce qu’ils sont plus nombreux.
Notre société veut tout niveler. Elle accepte seulement l’hétérosexualité et prétend que le seul but de la sexualité est la procréation. En fait, on a peur que l’enfant aime tellement un rapport sexuel gai qu’il change d’orientation sexuelle à partir de ce moment. Ce qui est impossible. Cette conception est basée sur l’ignorance puisqu’elle ne fait aucune nuance entre la sexualité, l’affectivité, et la génitalité strictement localisée aux organes de plaisir. Pour y arriver, on ne fait aucune différence entre un pédéraste et un psychopathe. On essaie de nous faire croire que toutes relations pédérastes reposent sur la sodomie, ce qui est très loin d’être vrai pour tout le monde.
La sodomie est un choix individuel. Dans le Code pénal, c’est un acte visé en particulier. La sodomie, à mon avis, ne se réalise pas sans douleur, ce qui la rend très peu intéressante. Peut-être qu’un jour quand je l’aurai essayé, je changerai d’avis.
D’autre part, la société idéale que j’avais perçue dans ma compréhension de l’Évangile devenait une société hautement hypocrite. « Fais ce qu’on te dit et non ce que l’on fait.»
L’instruction, le savoir, me révélait que ceux qui nous prêchent cherchent à nous diriger, à nous écraser pour conserver leur pouvoir. Ce sont des exploiteurs. Ils nient les connaissances de la science. Comment peut-on croire sans douter? Qui peut affirmer sans crainte de se tromper que ce qu’on nous enseigne s’est vraiment passé, il y a plus de 2,000 ans? Qui peut en témoigner, personne de cette époque vit encore? Comment Lazare pouvait-il être mort, ressuscité et mourir encore? Ça n’a pas de sens. Mais, réfléchir à partir des textes bibliques me semblait toujours un moyen de rechercher la Sagesse.
Je n’ai jamais été un être docile qui accepte tout ce qu’on veut lui faire croire. Je veux et je dois d’abord comprendre. Et, pire j’ai appris chez les Jésuites que ma vision de la religion était d’une naïveté sans borne. La religion repose sur l’ignorance et l’émotivité. La spiritualité est différente des religions. Les religions sont des règles et non des dogmes. Les Jésuites m’ont ouvert les yeux.
La vieillesse est un autre stade que je vis présentement. On se met à reculer avec la dégradation physique.
Qu’on le veuille ou non, notre vie intellectuelle, émotive, spirituelle dépend de notre corps. Le corps est l’instrument de la perception et de l’interprétation de notre réalité. Si le corps se dégrade trop, l’esprit est perturbé.
Par contre, nous ne sommes pas qu’un corps. Il est seulement le conducteur de la vie. Le « Je », notre conscience, se forme et se dégage pour enfin se distinguer du grand « Tout énergétique » qu’est notre réalité totale, réelle. C’est une des plus grandes découvertes faite sur nous, les humains. Nous ne sommes pas ce que nous pensons être. Nous sommes une infiniment petite énergie perdue dans un univers infiniment grand. Pouvons-nous être en contact avec lui et en être conscients? Notre destin est-il autre chose que le fruit de notre contact avec notre environnement? Un hasard intelligent, comme disait Einstein.
La faculté la plus essentielle est la conscience. Sans elle, nous existons, mais nous ne le savons pas? Est-ce ça la vie après la mort? Un trou absolu. Une énergie qui ne sait même pas qu’elle existe?
C’est la conscience, qui interprète tout. Nous sommes la continuité de l’existence de la vie et notre corps est l’instrument de conscience qui nous permet de nous en apercevoir. C’est la réponse à la grande question à savoir s’il y a une vie ou non après la mort. Cette question, cette peur, est à la source des religions. Ce sont des interprétations qui mises au service des institutions devient une force plus grande que les multinationales. L’insécurité humaine est la plus grande source de revenus à exploiter.
Enfant, sans qu’on puisse réfléchir, nous développons nos qualités et nos défauts. Nous sommes alors à la merci de notre environnement. Nous ne pouvons pas avoir déjà un esprit critique simplement parce qu’on n’a pas assez d’expériences pour pouvoir mesurer les événements. Nous ne pouvons pas nous défendre. Nous sommes une éponge. C’est la raison fondamentale pour laquelle je suis contre la pédophilie.
Le pouvoir responsable de choisir est à mon avis inexistant avant au moins 10 ans. À partir de 10 ans, la force des hormones et l’arrivée de la symbolisation entrent en ligne de compte et réveillent nos besoins sexuels. Nous sommes un individu plus complet. Un individu qui rêve de durer et faire sa marque. Tout cela se vit dans l’espace de quelques années et non à une date précise.
.Mais comment développer notre connaissance sur la sexualité si nous ne pouvons rien expérimenter? Comment se définir si on a peur de tout?
Les religions tiennent absolument à être vécues et enseignées dès l’enfance parce qu’elles produisent une empreinte indélébile qui agira sur nous le reste de notre vie, grâce à son approche sur la sexualité.. On confond ce que l’on doit croire, ce qui est spirituel avec les religions comme modes de vie. Les rites ne sont que des inventions humaines. Un moyen de se faire de l’argent ou de dominer. Les rites sont comme les commandements de l’Église et la Charia des règles inventées par les autorités religieuses. Ces règles sont souvent complètement débiles.
Les religions peuvent en inventant des modes de vie diriger tous les gestes et toutes les pensées de chaque individu. C’est une déformation de ce qu’elles devraient être.
C’est la raison fondamentale pour laquelle il ne faut pas que les religions soient enseignées à l’école, du moins, avant le cégep. C’est trop tôt pour qu’un individu puisse en toute liberté se créer une conscience personnelle. La seule voie pour enseigner les religions plus hâtivement est le respect que tous doivent avoir les uns envers les autres et le droit de ne pas penser comme tous tant qu’il n’y a pas de violence. Or, depuis toujours, les religions sont des sources de haine et de discriminations de toutes sortes.
La confession, un outil religieux, avait le pouvoir absolu sur notre vie intellectuelle et émotive. Le philosophe Foucault démontre dans ses écrits le pouvoir de l’aveu et de la confession dans la vie quotidienne des gens au 17e siècle. La confession est au centre de la répression sexuelle. Ce fut l’instrument privilégié. Ce fut ensuite les médecins qui ont inventé tout un vocabulaire monstrueux autour de la sexualité de manière à développer une forme de haine des déviances sexuelles que l’on n’arrivait pas à expliquer. On a alors créé un index de ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Évidemment, tout tenait sur la fréquence des comportements rencontrés, niant la sexualité des enfants. La masturbation ou la précocité devinrent des comportements à proscrire.
La religion est un héritage familial, culturel. Ce savoir sera une empreinte qui te marquera toute ta vie. Elle dirigera tes croyances et ton jugement sur tout ce qui adviendra dans le futur. Nous apprenons à réagir devant ce qui nous rend heureux ou malheureux. Nous ingurgitons la vie quotidienne et sans s’en souvenir plus tard, ce sont ces événements qui feront de nous ce que nous sommes. Ils créeront notre inconscient. La religion forme notre émotivité. Notre capacité à juger grâce à notre faculté de comparaison. Plus nous sommes riches d’expériences, plus nous sommes capables de porter un jugement. De plus, notre mémoire alimente nos décisions, notre esprit critique. . Il est donc normal de s’assurer que ce qui nous marquera soit quelque chose qui améliorera notre jugement et non des explications imaginaires comme dans les religions.
Les expériences créeront notre capacité à saisir les choses en dehors de leur apparence, c’est-à-dire qu’avec l’adolescence, il ne se produit pas que des changements physiques, mais notre capacité intellectuelle s’arme d’un autre pouvoir, celui de la symbolisation et les hormones orientent différemment nos besoins.
Les événements ne reproduisent plus nécessairement qu’une réalité. Nous devenons capables de les comparer, les classer et réagir différemment, même en dehors de ce que l’on nous a appris. Avec ce nouveau pouvoir intérieur, on peut former notre propre jugement, notre propre morale.
Avec l’adolescence, on devient de plus en plus enfin « soi-même ». On est capable de plus en plus d’évaluer les situations. L’autonomie est le but fondamental de l’éducation.
Bébé, nous cherchons à obtenir l’amour de nos parents et de nos petits copains/copines puisque nos sentiments deviennent une partie de soi. Presque tout est de l’ordre du non verbal au point de vue émotif, ce qui constitue notre prise de conscience et notre mémoire émotive. C’est pourquoi les enfants qui ont été caressés génitalement par leurs parents dans le cadre de leur culture ont une personnalité plus heureuse, plus stable et plus épanouie. Ces sociétés ne font pas face au suicide à l’adolescence parce que les enfants ont connu, grâce aux parents, ce qu’est la stabilité et le plaisir. Ils ne sont pas divisés par la dualité corps esprit comme dans nos religions. Ils n’ont pas honte d’être sexués. Ils obéissent à la leur nature qui à travers les expériences de vie modèle une morale personnelle.
À partir de l’adolescence, nous créons notre propre personnalité. Enfant, on se développe en imitant les autres et en craignant de ne pas être aimé, ce qui nous guidera durant toute notre vie d’adulte. Comme le disait mon bon ami Freud, dans le développement d’un individu, la personne peut demeurer fixée à un stade de développement, régresser vers un autre ou sublimer un besoin que l’on n’arrive pas à admettre dans notre personnalité réelle. C’est ainsi que la sexualité fut remplacée par l’argent, les biens, le pouvoir, car ces gens n’arrivaient pas à vivre une vie sexuelle intéressante. La sublimation est la marque et l’origine de notre civilisation.
Dans mon cas, le fait d’avoir vécu avec un curé qui me confessait presque tous les matins parce que je m’étais masturbé la veille a été une façon de me déculpabiliser, car je pouvais ainsi continuer de communier et de vouloir devenir un petit saint. Objectif que tout bon-chrétien poursuit malgré ses faiblesses.
Ce qui était intéressant dans la religion catholique, c’est que la confession était devenue avec le temps un moyen de te déculpabiliser. « Va, mais ne pêche plus». Tu pouvais pécher, mais avec l’absolution, tu redevenais blanc comme neige.
C’est sans le vouloir ce qui à mon avis confère au christianisme sa supériorité sur les religions plus scrupuleuses et par conséquent moins humaines. Il laisse une place à l’erreur. Personne n’est parfait et ce n’est pas une raison pour se haïr. On ne peut pas aimer les autres si on ne s’aime pas soi-même. C’est la suite normale du « Connais-toi toi-même » de Socrate.