Un sourire venu d’enfer 37
Un sourire sorti d’enfer 37
Autobiographie approximative
pp. 303 à 313
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L’école libre.
Cette fois, plutôt que de retourner à la religion, de m’enliser dans leur folie quant à la sexualité, j’assumais mes contradictions comme une guenille qu’on déchire.
J’ai travaillé plusieurs mois à la construction de l’école libre et à la rédaction d’une constitution pour la République du Québec. Avec un ami, l’école libre est devenue une obsession quant à ce qu’il fallait faire pour vraiment changer la société et la rendre plus heureuse, plus autonome.
Patrick m’accompagnait souvent. Il s’était créé une espèce d’osmose entre nous deux. Je me sentais responsable de lui et de Yanie, comme si c’eut été mes propres enfants. Une complicité extraordinaire. Patrick était devenu un sosie. Je respectais sa volonté, ses désirs et dans la mesure du possible, je réalisais quelques-uns de ses rêves. J’étais fier que Patrick ait moins de difficulté à s’exprimer. Je crois que c’était parce qu’il avait plus confiance en lui. Je me sentais un petit peu responsable de ce changement plus que positif.
La pédérastie offre aussi de très grands avantages quant à la communication avec les jeunes. Des adultes qui refusent de devenir adultes, ça comprend plus vite les jeunes.
Ce travail manuel difficile, mais sain, de construction me permettait d’oublier la vie politique; quoique j’en parlais encore. La drogue de la politique est comme l’héroïne. Aucune cure ne t’en détache complètement. À l’école libre, on était trop socialiste pour être péquiste. Ça ne me touchait pas tellement puisque je me suis toujours cru un révolutionnaire.
J’étais tout à ma paternité. Tout respectueux de la philosophie de l’école : intervenir le moins possible dans la vie des enfants. N’être là que pour répondre à leurs demandes.
J’ai travaillé plusieurs mois à la construction de cette école parce que je me sentais accepté. L’école libre, c’était la « grande révélation », le « grand espoir » de créer un Nouveau Monde où le respect de la spécificité de l’individu l’emporte sur les tabous.
Après avoir travaillé avec acharnement à sa construction, j’ai commencé à craindre que ma pédérastie ne nuise à sa réalisation et à sa réputation.
Les gens du Québec quand il est question de sexe, surtout à l’école, où ce sont très majoritairement des femmes qui s’y retrouvent, sont incapables de se raisonner et de voir qu’on fait tout un plat avec la sexualité. On est malade de scrupules, alors qu’il n’y a rien là, s’il n’y a pas de violence. On ne peut pas se détacher des siècles de répression sexuelle où ce qu’on nous montrait reposait sur l’ignorance de notre corps.
J’ai tenté de devenir animateur quoique mon incompétence me fasse peur.
J’étais encore divisé entre ce que je crois fondamentalement et ce que nous prêche la société. Serais-je un exemple de « culpabilisé » toute ma vie? Je ne me faisais pas confiance. D’où vient cette mésestime de soi quand on vit sa sexualité différemment des autres? Être prisonnier de sa propre nature.
J’étais moins poison pour les jeunes que ceux qui me faisaient la leçon. Je croyais que l’éducation c’est d’abord et avant tout créer des êtres autonomes et fiers d’eux. Et, aussi fou que ça puisse être, dans ce cas pour moi, il n’y avait aucune différence entre un garçon et une fille. Les deux sont égaux, même si l’un nous attire plus que l’autre.
De toute façon, ils étaient trop jeunes pour faire des enfants, même s’ils avaient joué aux fesses toute la journée, c’était sans réelle conséquence. Donc, pourquoi s’énerver ?
Digne de ma naïveté, j’ai décidé d’informer le groupe de ma pédérastie. Je me disais que je ne pourrais jamais être un danger pour un jeune si tout le monde était averti de mes tendances.
Question aussi d’honnêteté pour que l’école ne se ramasse pas dans un ouragan à cause de moi, parce que j’étais trop lâche pour dire la Vérité. Je n’ai jamais voulu qu’une personne autour de moi ait à souffrir de cette révélation en apprenant sous forme de dénonciation que je suis pédéraste. D’autant plus qu’ainsi surveillé, je ne pourrais jamais provoquer le goût chez un jeune de me flirter, sans qu’il soit protégé. Je ne pourrais certes pas profiter de mon expérience pour obtenir les faveurs de qui que ce soit. En le disant, je devenais la cible de tous les regards.
Quelle erreur ! Je n’avais pas compté sur la bêtise de ceux et celles qui prétendent être les étendards des droits des jeunes. Certaines femmes, qui pivotaient autour du projet, n’attendaient que ça pour laisser éclater leur stupidité et bien évidemment essayer de me faire expulser de l’école.
Si j’ai été plus tard en quelque sorte écarté de l’école par les féminounes avec la complicité de mâles hétéros, leur victoire était loin d’être définitive. Elle trahissait plutôt leur faiblesse et leur ignorance. Elles provoquaient une curiosité malsaine.
Ces femmes me reprochaient mon hypocrisie. L’histoire avait été déclenchée à partir d’un geste anodin.
J’avais aidé un jeune garçon à monter d’un étage à l’autre, il n’y avait pas encore d’escalier. L’autre animateur, au deuxième, prenait le jeune par les mains pour le grimper alors que moi je le soulevais pour que ça devienne possible de le tirer. Une nouvelle animatrice y voyait là une raison de scandale.
Selon elle, je manifestais dans mon visage une trop grande jouissance pour que ce soit normal, surtout parce que j’avais dû le pousser par les fesses pour le soulever davantage. À son avis, ce geste banal était une forme de sollicitation. Quant à moi, quand elle en parla, je pensais plutôt qu’elle avait un urgent besoin
de se faire soigner, car elle était stupidement scrupuleuse et peut-être jalouse.
Je n’étais quand même pas à me mettre à pleurer parce que je devais le tenir par les fesses pour être assez haut. Tout le monde agit comme je le faisais sans qu’il y ait de problème. Elle capotait parce que j’avais dit que j’aimais les petits gars. Donc, elle extrapolait quant à ce que je ressentais et le jeune aussi… Le jeune, qui soit dit en passant ne s’en était même pas aperçu, tant tout cela se passa normalement.
Non seulement elle s’attachait aux gestes, mais elle me prêtait des intentions que je n’avais même pas. Elle me savait pédéraste, donc, ça devait être ainsi. Comment peut-elle le savoir puisqu’elle ne sera jamais pédéraste. Les féminounes sont trop aliénées pour comprendre qu’il n’y a rien là. Pas de violence, rien de particulièrement indécent; mais elle avait l’imagination et la critique perverse. Elle se projetait intérieurement sur moi. Pourquoi une personne normale évaluerait-elle mon degré de satisfaction à travers mes yeux ou mes sourires, à moins d’être complètement perverse elle-même?
Les féminounes m’en voulaient d’être populaire auprès des enfants. Dans leurs petites têtes, elles auraient voulu que je réponde complètement au stéréotype véhiculé par les journaux jaunes sur la pédérastie : un pédéraste est un sanguinaire qui écrase les enfants de son âge ou avec sa force.
On avait beau me reprocher quoi que ce soit, je respectais complètement la décision de l’équipe voulant que jamais un adulte ne puisse faire les premiers pas pour être en contact avec les jeunes.
Il y a des adultes qui plaisent automatiquement à un certain type de jeunes. La confiance, l’amitié, l’affection sont automatiques. Je n’y pouvais rien, c’est ce qui se produisait. On était bien obligé de s’en rendre compte. Les adultes ne connaissent rien aux plus jeunes parce qu’ils sont tellement imbus de leur vocation de parents qu’ils n’arrivent pas à comprendre le cheminement du développement de leurs jeunes. Ils ont peur pour eux et les étouffent, ils les empêchent de vivre leurs expériences. Ils s’imaginent que tous les jeunes sont pareils à eux, ce qu’il y a de plus faux.
Malgré les coups de gueule sale, on laissa les choses se développer normalement, grâce au fait que je m’étais mis complètement à nu et qu’on considérait que jusqu’à preuve du contraire, j’avais un comportement non seulement satisfaisant, mais exemplaire.
À cette époque, dans ce milieu, les esprits étaient moins tordus qu’aujourd’hui. On essayait vraiment de comprendre et de changer les choses. Il y avait des féministes en nombre croissant, mais elles ne partageaient pas l’étroitesse d’esprit des féminounes. Elles aussi s’interrogeaient sur la réalité des jeunes, sans vouloir leur imposer leurs valeurs.
On décida de ne pas tenir compte des réactions de la mégère. La directrice de l’école conclut que peut-être les jeunes vivaient leur sexualité différemment de ce qu’on leur avait appris. La seule chose importante, c’était leur liberté. On souligna aussi que Neil, le fondateur de Summerhill, n’aurait jamais toléré un gai dans son école libre quoiqu’il ne faisait pas de montagne dès qu’un incident sexuel s’y passait. Elle termina en disant qu’elle croirait que les jeunes sont plus ouverts sexuellement quand Donald, son garçon le plus âgé, initierait librement un jeu sexuel.
Malgré toutes nos projections, c’est Antoine, son second fils, qui a été le premier à m’inviter à coucher dans sa chambre. Que fallait-il répondre ? Fallait-il me faire confiance et courir le risque? Les jeunes invitent ceux qu’ils aiment bien à coucher dans la même chambre qu’eux. C’est comme partager une amitié. C’est un partage qui officialise qu’il t’aime bien.
À moins d’avoir un jeune à qui on interdit ce genre de rapport, il est difficile d’expliquer pourquoi ce serait indécent. D’ailleurs, pour les jeunes même le mot indécence est difficile à comprendre. Ils ne sont pas encore conditionnés à la pruderie. Un corps c’est un corps, il n’y a rien de mal là-dedans, même la nudité est naturelle. Ils ont raison, sauf qu’on ne se met pas nu n’importe où, n’importe quand. D’ailleurs, tu peux coucher dans le même lit sans qu’il y ait des ébats sexuels.
Sa mère ne s’y opposa pas, mais elle manifesta son mépris pour cette décision avec beaucoup d’arrogance. Il était cependant entendu que c’étaient les jeunes qui menaient et décidaient de leur vie. Il était évident qu’elle craignait que son fils ait des attraits pour les hommes. Mais, comment justifier qu’elle refuse que je couche dans sa chambre? Ça la forçait à s’interroger, car elle savait très bien que je n’avais rien fait pour valoir cette invitation. J’étais moi-même très surpris par cette invitation.
Pour elle, l’homosexualité était encore anormale, contre nature, mais elle avait l’honnêteté de ne pas me juger et décider pour ses enfants.
Elle me reprochait autre chose. Elle ne digérait pas mes reproches quant à son habitude de trop brailler sur son sort et sur la condition d’infériorité des femmes. Dans un groupe de féministes, rien n’est plus grave que de reprocher aux femmes de brailler sur leur sort plutôt que d’agir en toute égalité. Agir au lieu de se plaindre. Si on se croit inférieure, on n’a pas à blâmes les autres d’agir en mâles envers nous. L’égalité commence par sa propre façon de se voir. Elle avait cependant l’honnêteté d’être franche.
Pour d’autres, j’étais l’insulte suprême parce qu’au lieu de m’intéresser aux femmes, je disais que j’étais intéressé par les petits gars. Elles ne pouvaient pas digérer un tel outrage à leur magnétisme supposément invulnérable.
Ma vie me posait beaucoup de questions. Comment un gars peut-il être pédéraste et vivre avec une femme? Le pire, le sexe n’existait qu’avec Suzanne. Une passe dans le temps où j’étais temporairement strictement hétéro. Un temps où je me questionnais encore plus profondément sur mon identité sexuelle. Vivre en toute liberté avec des petits gars, ça soulève d’autres questions.
Est-ce qu’ils perçoivent la sexualité comme nous? Comment savoir qu’on agit vraiment en égaux? Peut-être que les féministes avaient raison quand elles prétendaient que juste le fait d’être adultes les influençait. Que sans s’en rendre compte on attire le jeune vers ce que l’on veut? Que le jeune ne peut pas penser sexe sans qu’on l’ait amené à le faire. Ce sont des questions très importantes, fondamentales, quand tu crois dans la liberté absolue.
Patrick venait me trouver dans le lit sans que je lui demande et même si on couchait ensemble, pas question d’y toucher parce qu’il ne voulait pas. Il se sentait plus en sécurité en étant avec moi. Point à la ligne.
Les féminounes projettent-elles leur propre peur sur les jeunes pour justifier leurs valeurs morales ? C’est aussi très possible.
Les femmes s’étaient mises d’accord pour prouver que la pédérastie n’est pas normale en formulant que jamais Donald, par exemple, n’accepterait une telle expérience.
Or, à la suite de cette réunion où j’avais fait part de mes amours et de mes scrupules, de ma peur de nuire aux jeunes et au bon déroulement de l’école, j’ai sans que je n’aie eu rien à dire, dût confronter ma réalité à la grande sagesse, basée sur l’ignorance des gens qui se disent normaux.
Je travaillais à la construction de la nouvelle école, gelé comme une balle quand trois jeunes apaches sont apparus nus, courant autour de la maison qui était en même temps l’école.
Je ne pouvais pas me cacher mon intérêt visuel, je ne suis pas le curé d’Ars. Les jeunes l’ont sans doute remarqué et ont continué leurs petits jeux en m’apparaissant de plus en plus près. Je les croquais ou les dévorais des yeux. J’étais follement mal à l’aise d’en jouir autant. J’étais un radiateur surchauffé.
Le même soir, ils m’ont invité à aller jouer au Monopoly avec eux. Donald était du groupe.
J’étais le seul adulte sur le terrain et je n’avais plus rien d’autre à faire. J’ai aussi
accepté avec un plaisir immense. J’espérais en silence, en jouant la sainte âme, qu’ils répéteraient leur exploit de nudité. On est tous plus ou moins hypocrites quand il s’agit de profiter d’une situation qui nous éblouit même si elle devrait nous paraître mauvaise. On souhaite que ça recommence tout en s’en voulant d’être aussi cochon.
Le soir, en jouant, ils ont très vite introduit l’obligation d’effeuillage, à laquelle je ne me suis absolument pas opposé. Pourquoi l’aurais-je fait, sinon pour obéir à une règle morale que je trouve dépravée, car elle repose sur la honte de son corps.
Nous nous sommes tous retrouvés à poil.
Donald s’est même permis des attouchements sur moi et je fus invité de lui rendre la pareille. Quel plaisir ! Nous étions en pleine séance de Monopoly quand nous avons entendu plus prématurément que prévu probablement, le bruit d’une auto qui arrivait.
Nous nous sommes rhabillés en vitesse comme des criminels. Pourtant, à l’école libre, la sexualité était libre, si elle était consentie par tous ceux qui étaient impliqués.
Je regrettais ma réaction d’aliéné, mais trop tard.
Je suis demeuré très scrupuleux, malgré toute la théorie que je prône. Mais, ce fut une fausse alarme.
Nous avons ensuite discuté au cours de la soirée autant de ma pédérastie que des étoiles. Les petits déambulaient à nouveau nus, se cachant parfois derrière les meubles pour me voir les chercher du regard. L’un d’eux ressemblait comme deux gouttes d’eau à l’acteur principal, dans Mort à Venise, en plus beau et en plus jeune. Ils m’excitaient comme un fou. Ils aimaient jouer à la danseuse. Il se cachait et me réapparaissait en se dandinant nu. C’était un délice de les voir.
Quand je me suis couché, j’ai entendu les jeunes discuter à savoir s’ils devaient venir coucher avec moi. J’aurais bien aimé ça, mais il était entendu que jamais l’incitation ne devait venir d’un adulte. Finalement, ils ont eu peur. « Ils auraient dû faire la femme », disaient-ils. Ils ne voulaient pas se faire enculer. Une chose que je n’aime pas, mais comment pouvaient-ils le savoir? Ils pensaient comme les adultes : un pédéraste encule nécessairement. Ce qui est absolument faux. Où sont-ils allés chercher cette image du pédéraste?
Laisser libres, les jeunes raffolent de ce genre d’expériences, quand ils se sentent en sécurité, mais les adultes le nient, car ils s’imaginent que les jeunes sont encore de petits innocents. Ce pourrait être dangereux, j’en conviens, si le pédéraste était un psychopathe, donc victime d’une maladie mentale qui n’a rien à voir avec la pédérastie .
Bien des sociétés ne s’offusquent pas de cette tradition qu’ont les jeunes de jouer à des jeux sexuels.
Or, nous, on nous a appris à en avoir honte et à y voir quelque chose de malsain, de sale, de pervers. La pudeur que l’on croit naturelle est en fait ce que l’on appelle « une marque primaire » en éducation. C’est la certitude intérieure que c’est mauvais parce que l’on constate très jeune à travers le non-dit des adultes que la sexualité est le pire des crimes. En même temps, il arrive qu’on expérimente quelque chose de profondément amusant, parfois drôle, d’où cette double manière d’aborder la sexualité. Nous ne sommes pas encore adultes que nous sommes intérieurement divisés entre la réalité humaine et les enseignements religieux.
Au Québec, on vit nos contradictions comme si elles n’existaient pas. C’est un des plus grands plaisirs, et sans que ce soit vraiment justifié, il faut absolument le répudier. C’est tellement grave qu’on doit avoir honte d’en parler. Si on en parle dans les écoles, c’est juste pour te montrer que c’est mal ou éviter les maladies vénériennes.
Si on étudie l’histoire de la répression sexuelle, on se rend compte que la folie tient à ce langage qui place la sexualité au rang des perversions. Pourtant rien n’est aussi fabuleux que la sexualité. La reproduction est un phénomène qu’aucune machine n’arrivera à reproduire. C’est le miracle le plus grandiose de la nature et pourtant on le place comme étant le plus sale.
Peut-être que les plus fous ne sont pas ceux que l’on pense; mais les ignorants qui s’imaginent que sans le sexe l’humanité aurait survécu. Pourquoi avoir honte d’une chose aussi naturelle? Qu’est-ce qu’il y a de plus beau, de plus magique qu’un spermatozoïde qui rencontre son ovule qui développe un enfant?
La modération a toujours meilleur goût. . Il faut être libre, mais pas trop, car, la liberté comprend aussi la responsabilité.
Enseigner que la sexualité est mauvaise, c’est un crime; mais apprendre à dominer ses plaisirs, comme le voulaient les philosophes de la Grèce antique, c’est un pas dans la direction de la SAGESSE. La sexualité est grande et belle dans la vérité.
On veut tout savoir sur ce qui se passe quand de telles situations arrivent, mais quand on l’apprend, on réagit comme si le ciel nous était tombé sur la tête.
Il faut dénoncer parce qu’on ne peut pas garder son sang-froid quand ça se produit.
Ce fut bien évidemment le scandale total quand les jeunes racontèrent nos expériences. Ces pauvres femmes n’en sont pas revenues, oubliant que dans une éducation libre, ces genres de jeux sont tout simplement normaux. Qu’on le veuille ou non, les jeunes sont sexués et très intéressés s’ils ne sont pas réprimés.
Quand les jeunes se sentirent vraiment libres de faire tout ce qu’ils voulaient, leur première réaction fut de déshabiller les animateurs. Si ces derniers pouvaient demeurer de bois, pas moi. On aurait dit que les jeunes me percevaient plutôt comme un complice alors que pour les adultes je ne suis qu’un pervers.
C’est évident quant à moi qu’il faut même si on veut être libre d’une manière absolue reconnaître qu’il y a une limite, soit de respecter le « oui » ou le « non » de l’autre.
Notre réaction à la sexualité dépend strictement de notre éducation quand on était très jeune. Si on devient fou au Québec dès qu’il est question de liberté sexuelle, c’est qu’on a été élevé dans cette atmosphère. Il ne fallait même pas y penser si on ne voulait pas être vu comme des cochons. C’est complètement contre nature, mais on croyait ce que les curés nous prêchaient. Entendre le contraire, nous rend malades. On s’imagine que les jeunes n’ont aucun droit à la sexualité; mais qu’on le veuille ou pas, ils sont sexués. On se dit libérer des religions, mais on obéit aux règles des religions à travers ce que nos parents nous ont appris.
Les pauvres femmes venaient d’être démenties dans leur propre raisonnement à l’effet qu’elles ne pourraient croire dans la possibilité que les jeunes aiment les expériences sexuelles que si Donald si prêtait. Et à la première occasion, il était le premier au front…
Ce ne sont pas les jeunes qui ont succombé à mes avances. C’est moi qui ai répondu favorablement à leurs invitations. J’en suis encore très heureux et je recommencerais n’importe quand dans les mêmes circonstances.
Si les animatrices étaient sérieuses et voulaient être honnêtes, elles devaient convenir dans la possibilité que des jeunes soient les initiateurs de tels événements. C’est normal puisque c’est un des plus grands plaisirs humains.
La Grèce antique le reconnaissait, mais considérait qu’il fallait l’encadrer. Ce que j’appelle le consentement. Tu ne sautes pas sur n’importe qui et tu dois t’assurer que le plaisir est partagé.
Elles auraient dû reconnaître que leur position ne tenait pas. Tu ne peux pas refuser absolument de te mêler de la vie du jeune, à moins qu’il y ait violence, lui
donner le droit de faire tout ce qu’il veut et, en même temps, lui interdire ce à quoi il pensera dès la première fois qu’il se sentira vraiment assez libre. Pas besoin d’un adulte, ses hormones se chargeront de lui apprendre.
La notion de respect ne s’intègre pas facilement à celle de consentement, mais c’est à mon avis, là où il faut aller. Le respect est l’accord de l’autre. La complicité est aussi un plaisir. C’est la base de l’amitié, du partage et de la réciprocité.
Les femmes, en particulier, mélangent le respect et leur peur de ne pas être aussi belles que les autres. C’est d’ailleurs ce qui les anime lorsqu’elles combattent la nudité. Elles ne peuvent pas concevoir qu’une belle femme puisse être objet d’admiration, tout en étant, elle, privée de cette même capacité de séduction. La séduction, pensent-elles, devrait leur appartenir en propre et ne peuvent pas concevoir que la beauté des autres puisse leur faire concurrence. Les femmes sont jalouses des autres.
Si elles se croient moins belles, elles jalousent tout ce qui est mieux qu’elles. Leur peur guide leur façon d’interpréter leur besoin de respect. Chaque individu est à la fois égal, pareil en étant un humain et différent parce qu’on se constitue à partir de notre génétique, mais aussi de notre éducation. L’inné et l’acquis. Ce sont des éléments fondamentaux dans le développement de sa manière de percevoir la liberté sexuelle.
Le problème avec les féminounes, c’est de refuser de voir que la perception quant à la sexualité est tout à fait différente entre un homme et une femme, même si les deux sont égaux.
L’égalité n’a rien à faire avec les accessoires. Les humains ne sont égaux qu’en fonction de leur nature profonde. C’est un élément rattaché directement à notre évolution sociale.
Les sociétés d’aujourd’hui viennent de celles qui les ont précédées avec quelques nuances près. Elles suivent les lois de l’évolution.
On ne peut pas voir la sexualité du même œil quand on a compris qu’elle est interdite parce qu’on croyait que faire l’amour pouvait modifier notre état de santé. On croyait que le sperme était une partie du cerveau ou de la moelle épinière ou encore l’écume du sang.
On ne peut pas continuer de croire les religions quand elles condamnent la sexualité, car elles sont fanatiquement contre toutes formes d’activités en dehors de la procréation. On sait ce que leur célibat a donné.
Si tu crois qu’aucun adulte ne peut intervenir dans la vie d’un enfant comme on le préconisait à l’école libre, pourquoi ferait-on un drame parce que le jeune cherche à établir un rapport de nature sexuel? On est absolument libre ou on ne l’est pas. La vie est fondée sur la logique.
Quand on était jeune, on ne pouvait pas comprendre ce qui se passait. On n’avait pas le droit de rien faire et pire, on commettait un péché seulement en y pensant. On se demandait pourquoi on devenait aussi fou dès qu’il était question de sexe.
Pour ma part, je ne comprenais rien. Je n’ai jamais été trop vite sur le plan sentimental. Je trouvais pénible de parler de quoi que ce soit, particulièrement avec les filles.