Un sourire venu d’enfer 33
Autobiographie approximative
pp. 262 à 272
36
La vengeance des libéraux.
Les procès
Approcher la sexualité librement exige une pleine conscience des limites humaines et l’importance de la culture dans les rapports amoureux. Il faut aussi un profond respect de la beauté et de l’intelligence. Une telle liberté exige l’approfondissement quasi quotidien de ce qu’est l’Homme et le pourquoi de ses réactions. C’est une réflexion quasi quotidienne de ta responsabilité face à l’être aimé. C’est une vie plus exigeante, car elle demande d’être plus à l’écoute des autres.
Les manifestations terminées, la vie continuait. Ainsi, mon ami, Pierre qui connaissait mon intérêt pour Summerhill, décida de me présenter Suzanne dont les deux enfants fréquentaient une école de type Summerhill, l’école libre. Elle habitait aussi Montréal.
Le charme de Suzanne résidait dans la voix, le regard et le sourire parfois triste. Elle avait une intelligence brillante et une approche séduisante de la vie et de la liberté.
Ses enfants, Patrick, 10 ans, et Yanie, huit ans, fréquentaient cette école dite libre.
J’étais captivé par cette approche nouvelle en éducation. En aucun moment, il n’était permis d’intervenir violemment. Il fallait aussi demeurer sans cesse à l’écoute des enfants pour capter tous leurs désirs, comprendre leurs besoins et s’assurer que chaque jour fournisse une nouvelle occasion aux enfants d’expérimenter leur autonomie.
Notre vie était fabuleuse. L’équivalent de n’importe quel conte de fées. La maison était toujours pleine à craquer d’enfants. Je n’avais ni les yeux, ni les oreilles assez grandes pour enregistrer toutes leurs réactions.
Si au début, je me suis tenu à distance; à force de me rendre chez Suzanne, les enfants m’ont entraîné dans leurs activités les unes plus captivantes que les autres. J’étais heureux, car je n’avais pas à combattre ma nature profonde.
En ville, les complexes et les frustrations d’être toujours anonyme, sans importance, sans amour, s’incrustent dans la peau des enfants sans que l’on s’en aperçoive. Les enfants sont souvent rejetés par les adultes, tenus à l’écart comme si c’étaient des lépreux. Leur compagnie semble chez les adultes ajouter des problèmes différents et supplémentaires.
Chez Suzanne, ça n’existait pas. Chaque petit bout d’homme ou de femme était important. Leurs désirs étaient souvent des ordres. Ils étaient les rois. Le principe même de l’éducation libre était que l’adulte ne devait jamais intervenir avec son autorité d’adulte. Ce que je respectais scrupuleusement.
Laissez libres, les enfants nous désorientent complètement. Ils ne sont jamais ce que nous aurions cru qu’ils sont.
Pour eux, tout est jeux, plaisirs, découvertes, rires et parfois, il faut bien l’admettre, des mesquineries, des jalousies. Les enfants qu’on prend naturellement pour des anges peuvent être d’une cruauté inouïe entre eux.
Patrick, souvent écrasé par ses petits copains, était très heureux que j’accepte de jouer avec eux. Il se sentait probablement mieux protégé, du moins, j’étais un atout dans ses cartes.
Je luttais souvent avec Patrick et ses petits copains. Je me permettais de temps en temps, après qu’ils l’aient eux-mêmes fait, de vérifier leurs petits appareils de jouissance. Je les aimais bien et ils me le rendaient au centuple. Cela les amusait passablement à en juger les lamentations quand je refusais de lutter avec eux.
Les jeunes faisaient souvent la queue à la porte chez Suzanne dans l’espoir que j’accepte d’aller jouer avec eux. Partager le jeu des enfants, c’est leur faire le plus beau des cadeaux.
Si Patrick ne m’intéressait pas physiquement, il était trop jeune et trop petit, ses deux amis, Daniel et Réjean, me faisaient tourner le cœur à grande vitesse. Quant au troisième du groupe, Alain, il ne m’intéressait pas du tout, même que je ne l’aimais pas tellement. Ce n’était pas sa légère infirmité qui me fatiguait, mais il était jaloux et hypocrite. C’était un petit frustré qui ne sortait jamais des dentelles ou des slips de sa mère.
J’essayais autant que je le pouvais de m’adapter à leur façon d’être, de voir. Je les adorais. J’aimais cette situation, car j’apprenais beaucoup sur le comportement des jeunes. Pourquoi nous nous fascinent-ils autant ?
Pour une fois, je n’étais pas toujours contraint d’agir contrairement à ce que je ressentais. Patrick m’intriguait plus qu’il ne m’attirait physiquement. J’étais curieux de savoir pourquoi il s’excitait autant dès qu’on s’occupait de lui. Il n’a pas fallu des mois pour que j’ouvre mon aile protectrice et que je commence à confondre amourajoie et instinct paternel.
Plus le temps passait, plus j’étais souvent chez Suzanne.
Les enfants se réunissaient pour élaborer une foule de jeux auxquels j’étais très souvent invité à participer. Le jeu le plus populaire consistait à faire tenir grâce à la salive un bout de papier hygiénique sur l’ouverture d’un verre, d’y déposer une cenne et essayer par la suite, à tour de rôle de percer le papier avec le bout d’une cigarette allumée sans faire basculer la cenne à l’intérieur.
Parfois, les jeunes en profitaient pour fumer. Nous n’y faisions aucune objection, à condition qu’ils ne fument pas à la cachette et qu’ils ne jouent pas avec le feu sans la présence d’un adulte. C’était moins dangereux pour les incendies.
Les jeunes aimaient surtout se costumer, danser, fêter pour toutes sortes de
raisons. Aussi quand j’ai eu mon chèque mensuel de BS, j’ai amené Patrick et Yanie, dans une salle de jeux, juste pour leur faire plaisir et avoir la joie de les voir ainsi goûter le plaisir. Daniel et Réjean les regardaient avec envie. Je les aimais trop pour ne pas tenter un effort supplémentaire. Ce fut une soirée délicieuse. L’électricité de leurs regards valait mille mots et autant d’argent. Je suis très vite devenu aussi jeune qu’eux. J’étais pendu à leurs gestes, ébloui, même si cela m’a coûté l’équivalent de deux paires de lunettes en peu de temps.
Je vivais avec Suzanne et les enfants une expérience surnaturelle : des adultes complices à part entière avec des enfants. Jamais je n’avais ressenti une atmosphère d’amour aussi dense et aussi saine.
Si les enfants sont libres, le souci de se déculotter, la curiosité de voir l’autre dans son intégralité ne tardent pas. C’était chose assez fréquente à l’école libre et nécessairement une prolongation à la maison ne tarda pas.
Je devais m’habituer à ne pas en faire un drame pour respecter la philosophie que l’on se faisait de l’éducation. La seule règle : le jeu ne devait jamais être mis en œuvre par l’adulte.
Si tu ne voulais pas, pour ne pas les traumatiser, tu ne faisais pas de drame, mais t’inventais une façon d’attirer leur attention vers autre chose qui convenait mieux. Même si on est ouvert d’esprit, notre éducation a fait de nous des scrupuleux.
J’ai pratiquement fondu sur ma chaise quand la petite m’a demandé pour la première fois de lui montrer mon pénis. Devant mes hésitations, elle m’a aidé à répondre à ses désirs. J’étais beaucoup plus gêné que je ne l’aurais jamais cru possible. Si c’eut été Patrick, ça aurait certainement été beaucoup plus facile pour moi. Dans notre éducation, on est toujours plus scrupuleux quand il s’agit de rapport avec le sexe opposé. Ce qui me prouva que même adulte, l’éducation reçue enfant nous mène encore par le bout du nez.
La nudité a quelque chose de terrifiant quand il s’agit la première fois de rompre avec les habitudes de notre culture qui valorise extrêmement l’esprit aux dépens du corps, en fonction de se mériter une éternité spirituelle dont l’existence n’a jamais été prouvée.
L’approche sexuelle de Suzanne a été lente et plus fignolée. Nous sommes passés dans le même lit qu’après de longues discussions et plusieurs verres.
De visiteurs, je suis devenu l’amant.
Nous couchions ensemble, habituellement, quand les petits étaient endormis. Patrick et Yanie désiraient presque toujours coucher dans notre chambre, sur leurs matelas, ce qui nous compliquait un peu l’organisation de moments d’intimité.
Nos nouveaux amours étaient marqués par la tendresse, la musique, les enfants, la complicité d’esprit. Toute la vie nous entraînait comme dans un cyclone de bonheur.
Patrick était très bizarre. Il se servait de ses scrupules comme moyen d’attirer l’attention. Alors que nous nous couchions tous nus, lui préférait garder ses sous- vêtements. Certains y verraient là un acte normal quoique ce soit la réaction d’un enfant dont la sexualité a été réprimée dans son entourage alors qu’il était tout petit.
Il accouchait des mêmes scrupules que ses camarades, même s’il vivait dans une famille très ouverte. Mais, notre cheminement acceptait ça comme un droit individuel au même titre que de ne pas aimer les épinards. Cependant, on craignait que ça cache souvent un problème, car il agissait comme si cette honte de son corps dissimulait autre chose. Il ne se lavait pas et devenait affreusement sale.
Être scrupuleux cache presque toujours un fort complexe d’infériorité, la peur de ne pas être aussi beau que les autres. Pour éliminer ce problème « possible », car c’est son droit le plus absolu de coucher avec ou sans sous-vêtement, nous avions pris l’habitude de lui dire qu’il est beau, de jouer son jeu et de ne jamais lui parler de ses scrupules, sinon pour le taquiner.
À long terme, ça eut des effets très positifs. Il s’est senti plus valorisé, ses agissements le montraient très clairement plus francs, même s’il continuait à être scrupuleux. Il riait plus. Il s’amusait plus. Il était plus sécurisé. Donc, je faisais partie du problème.
Suzanne et moi, nous passions de longues heures à nous définir, à mieux nous faire connaître l’un à l’autre. Notre drogue d’amour était certains disques que nous écoutions en faisant l’amour au même rythme, après avoir fumé un bon joint.
Suzanne avait connu des felquistes, ce dont je ne pouvais pas me vanter. Elle me les peignit telle qu’elle les avait connus à la Maison du pêcheur, en Gaspésie. Elle n’avait pas la même admiration pour eux que moi qui les vénérait tout simplement. Loin de là. Elle était étonnée de voir jusqu’à quel point je m’étais identifié au FLQ, même si je n’avais connu personnellement aucun membre de ce mouvement, encore moins une cellule. J’avais tout au plus rencontré à l’occasion Pierre Vallières, Charles Gagnon et Robert Lemieux.
Je lui ai raconté comment je m’étais servi de ma petite réputation pour hâter la réalisation des projets gouvernementaux dans les Vauxcouleurs (Estrie) parce que le fédéral me croyait plus dangereux que je l’étais en réalité. J’étais très fier de ces exploits.
Nous nous sommes souvent endormis sans faire l’amour, ne cessant jamais de placoter et, le matin, les petits nous tiraient du lit, ce qui nous privait de reprendre le temps perdu. On ne pouvait même pas y rêver. Toutes les situations possibles nous arrivaient pour nous empêcher de vivre notre vie de couple.
Un soir, j’ai gardé les enfants pour permettre à Suzanne de sortir avec une amie. Cela me faisait plaisir. J’avais appris avec assez de rapidité à me faire écouter sans commander. Pour être l’invité des enfants dans ce cénacle de confiance, j’acceptais leur façon de vivre, d’être pleinement complice dans tous leurs désirs. J’avais appris que ce n’est pas parce que tu es un grand que ton point de vue a plus d’importance que celui d’un petit. Nous devions tous être des égaux quel que soit l’âge et le sexe. Le fondement même d’une éducation libre.
Je lisais dans la cuisine, les jeunes jouaient au « strip-tease » ou au docteur dans leur chambre. Je respectais le code de discipline de l’école libre : ne jamais intervenir, sinon pour des raisons de violence afin de s’assurer que personne ne soit blessé. Yanie n’a pas tardé à proposer à ce que je sois inclus dans le cercle des jeux en cours.
- Jean n’est pas comme les autres, l’entendais-je dire. Il va vouloir jouer avec nous et se montrer la bizoune. Je l’ai déjà vue. Elle est grosse de même (en écartant les bras).
Même si intérieurement cela me faisait énormément plaisir, j’hésitais. Que doit- on faire dans un tel cas? On prêche une chose, mais dès qu’il faut la vivre, ça prend une tout autre dimension. J’ai essayé de créer un moyen pour m’en sortir.
- Je me déculotte que si vous vous déculottez aussi.
L’ambiance d’excitation et de curiosité était refroidie, avant de disparaître complètement.
Réjean relança, devant mes hésitations :
- Tu le fais, je le fais.
Je me sentais pris au piège. J’étais aussi curieux que lui. Je désirais lui voir autant qu’il voulait me la voir.
- Si je le fais, tu ne le feras pas. Je me suis déjà fait avoir comme ça. J’étais sûr que Réjean abandonnerait la partie.
Les autres criaient à Réjean de dire oui. Il a longuement hésité à son tour, puis il baissa ses culottes jusqu’aux genoux. Il me regardait tout gêné.
- Pis toué !
Je n’avais plus le choix : si je me dégonflais, j’étais un hypocrite, pire un menteur; si je ne faisais pas comme lui. Je devais trouver moyen que ça n’aille pas plus loin.
Je me suis exécuté en toute vitesse. Je pouvais d’autant plus aller vite que je ne portais pas de sous-vêtement. Je n’ai rien dans le pantalon pour effrayer qui que ce soit, les jeunes sont déjà presque tous déjà aussi bien bâtis que moi. Les yeux avaient quitté Réjean et se concentraient sur moi. J’ai fait valser mon petit
« boutte » en descendant mon pantalon, question de montrer qu’il n’y a rien là et j’ai remonté mes culottes en vitesse.
- Ça ne te fait rien d’être nu?, demanda Alain.
- Pourquoi ça me ferait quelque chose ? C’est agréable. Le zizi, c’est un morceau de chair comme un autre.
- C’est péché.
- C’est de la folie. Avant tu pouvais être damné parce que tu mangeais de la viande le vendredi. Aujourd’hui, il n’en est plus question. Pourtant, rien ne justifie ce changement. Ce sont les curés qui ont inventé les péchés. Il n’y a rien de mal à être nu. Pourquoi serait-il péché d’admirer un corps que Dieu a pris tant de mal à créer?
- T’aime ça, jouer aux fesses?
- Oui, avec les petits gars, surtout quand ils ont beaux comme vous.
- Un bonhomme m’a dit qu’il me donnerait deux piastres si je le suçais. Tu aimes ça, toi, te faire sucer?
- Je comprends j’adore ça, mais quant à moi c’est plus agréable de le faire que de me le faire faire.
- Tu me donnes deux piastres et je vais me laisser faire. L’autre fois, ce fut bien le fun.
- Je ne paye jamais. Si tu joues aux fesses, il faut que ce soit parce que tu aimes ça. C’est bien trop important pour faire cela pour de l’argent.
Je ne voulais pas passer la soirée à refuser les invitations des petits gars. Même un saint peut flancher. Cela me tentait trop pour respecter plus longtemps ce scrupule, d’autant plus que je n’ai rien contre la prostitution pourvu que cela ne t’humilie pas. Je me suis forcé à trouver un moyen pour changer la conversation.
Nous avons passé le reste de la soirée à jouer à des charades.
Les petits venaient s’asseoir sur moi à tour de rôle quand ça leur disait. J’évitais de les inviter. Je profitais de l’esprit de liberté qui se répandait, je serais très hypocrite de dire que ça ne me plaisait pas.
Réjean est venu s’asseoir sur moi. Je me suis aperçu qu’il aurait pu être accusé au hockey de bâton trop élevé. Je pouvais sentir les pulsions des « push-up » sous le pantalon, surtout si je pesais un peu du bout des doigts.
Réjean me regardait les yeux en feu, le sourire encore plus beau que celui de la Joconde. Il essayait en agitant les traits de son visage d’indiquer à Daniel de regarder où j’avais les doigts, ce qui déchaînait les rires chez Daniel. Alain essayait de comprendre ce qui se passait. Il ne pouvait pas voir, à cause d’une chaise dans son champ de vision. Réjean préférait s’asseoir sur moi plutôt que d’aller mimer à son tour comme tous les autres. Il ne voulait pas courir le risque de perdre sa place. Nous nous amusions follement.
Quand ce fut mon tour, je me suis rendu près du sofa où Patrick et Alain étaient assis. J’ai fait semblant de les saisir et Alain m’a écarté la main, en ajoutant de ne pas lui poigner la poche. Je n’y avais pas songé le moindrement. Je l’ai regardé, étonné.
- Tiens, un autre scrupuleux comme Patrick !
Patrick me regardait les yeux en feu. Il était ravi que je le replace au centre du jeu et de mes commentaires. J’ai fini mon mime et je suis retourné m’asseoir. Réjean est vite venu reprendre sa place.
Réjean et Daniel voulaient bien savoir si Suzanne partageait mon ouverture d’esprit. Je leur ai dit que c’était leur problème, en leur soufflant une solution.
- Nous dormons nus et nous ne nous habillons que tard le matin.
Je n’aurais jamais cru pouvoir bénéficier d’une telle ouverture d’esprit même si je sais par expérience que les jeunes en profitent dès qu’ils sentent qu’ils peuvent agir à leur guise. Les gestes d’amourajoie (de pédérastie) sont toujours consentis ou presque.
Les jeunes espéraient maintenant voir les seins de Suzanne. Je n’ai pas découragé leur curiosité, bien au contraire. Pourquoi aurions-nous accepté de vivre le contraire de ce que l’on pensait? Nous assumions pleinement cette éducation libre et je me comportais en véritable apôtre de ce nouvel Évangile.
Les jeunes sont revenus souvent, le matin, dans l’espoir de nous prendre lorsque nous étions nus. Malheureusement, pour eux, l’occasion ne se présentait pas aussi souvent qu’il l’aurait souhaité. Si nous ne refusions pas de les voir vouloir vivre la liberté sexuelle, nous ne les provoquions pas. Suzanne leur avait demandé de ne pas se présenter le matin afin que l’on puisse être nus aussi longtemps qu’on le désirait.
Cette ouverture d’esprit amenait les jeunes à me raconter leurs expériences. Comment s’y prenaient-ils pour grimper et aller voir par un petit trou les danseuses nues dans un club situé pas loin d’où ils demeuraient? Il me parlait du vieux qui leur donnait une piastre tous les jours.
À la toilette, Réjean est venu pisser à côté de moi. Je me suis aperçu qu’il était gêné et inquiet d’avoir le pénis aussi croche. C’était son moyen de m’en parler puisqu’il savait que je n’en ferais pas un drame. C’était un problème très grave pour lui. Nous avons échangé sur le sujet, après avoir comparé nos avoirs. Comment lui permettre d’avoir un examen médical puisque normalement ça ne me regarde pas et que je ne suis pas censé le savoir? Pourtant, à mon avis, il en avait besoin. La liberté sexuelle permet aux jeunes de parler de leur problème à ceux en qui ils ont confiance.
Notre vie de couple nous poussait dans le dos. Les enfants m’acceptaient de plus en plus. Par ailleurs, pour des raisons financières l’école ne pouvait pas fournir un système de transport. Yanie et Patrick devaient l’abandonner à moins que j’aille vivre avec eux près de l’école libre.
La décision de déménager pour se rapprocher de l’école fut vite prise. Cependant, nous avions un nouveau problème : Patrick s’y opposait. Nous comprenions mal son comportement. S’il m’aimait, pourquoi cette réaction ? Après plusieurs efforts de communication, nous avons découvert le pot aux roses : Patrick avait peur, car il croyait que si j’allais vivre avec eux il serait obligé de vivre dans la cave de notre nouvelle demeure.
Nous l’avons rassuré. Cela nous a aussi permis d’apprendre que Patrick n’était pas toujours en sécurité quant à ses parents. Il avait trouvé très pénible que son père les abandonne et il craignait très facilement que sa mère en fasse autant. Il avait peut-être aussi été marqué du fait que sa mère, durant les événements d’octobre, avait été emprisonnée. Son engagement pour la lutte en faveur des femmes pensait-elle, l’avait mené là. Pourtant, elle était libérale.
Nous nous sommes mis à la recherche d’un endroit qui rende l’école plus accessible. Nous avons dû mettre fin aux visites de Réjean et compagnie parce qu’ils auraient toujours été à la maison espérant des petites aventures. Nous voulions garder autant que possible nos minutes pour nous, car nous vivions ensemble depuis si peu longtemps.
Cela n’avait rien à voir avec la possibilité que les jeunes nous causent des problèmes. Personnellement, j’étais convaincu qu’ils ne parleraient pas de notre liberté, et si ça arrivait, nous étions convaincus de pouvoir expliquer notre point de vue à leurs parents. Si, après de bonnes discussions, ils n’acceptaient pas notre façon de voir la liberté sexuelle, ils n’auraient qu’à empêcher les jeunes à revenir chez nous. Sans la permission de leurs parents, nous ne les aurions jamais admis.
C’était fabuleux quand ils venaient. Tout était libre, gratuit, tendre. La vie tenait dans la chaleur de nos câlins, la flamme de nos regards, le rire de nos pupilles, les vibrations de nos touchers, les ondes de nos rires.
Les jeunes s’intéressaient autant à leur corps que les femmes le font généralement. Un vrai rappel de l’importance pour un jeune de se sentir beau, d’attirer l’attention des adultes.