Un sourire venu d’enfer 25
Un sourire venu d’enfer 25
Autobiographie approximative
pp. 191 à 200
Par contre, la chicane est de plus en plus vive entre moi et Jimmy. Je lui pardonnais mal sa peur maladive des Mexicains alors qu’il avait toujours joué au brave, à l’exploiteur en herbe.
Le travail est rare et la rémunération est très faible. Nous nous sommes embarqués dans un bateau qui prenait l’eau : travailler en voyageant. C’est plus facile à dire qu’à faire. Les Chicanos sont surexploités, c’est connu de tout le monde. Et, nous sommes avec eux à chercher le même soutien économique.
Le soir, nous décidons d’aller coucher dans un Jesus Save. Nos finances sont trop basses pour se payer une chambre. Nous avons dû attendre plus d’une heure avant d’entrer dans le Jesus Save, à San Francisco. Les dirigeants nous mangeaient au nez un succulent repas.
Pour avoir droit à la nourriture, il fallait nécessairement assister au sermon. Nous attendions impatiemment. À l’église, un gros bonhomme me sourit à pleines dents. Il vint s’asseoir près de moi. Après le sermon, il commence à me tâter les mains, me priant de me rendre avec lui à la confession. Je n’étais pas d’humeur à me laisser charrier dans leur folie religieuse.
À la salle à manger, nous avons eu droit à un petit bouillon de poulet, probablement extrait de ceux que nous les avions vus manger par les dirigeants.
Un des responsables s’installa devant moi et commença à me sermonner.
J’aurais dû aller à la confession. Je suis trop jeune pour voyager. Mon pays a besoin de toutes nos énergies. Je devrais cesser de voyager et me faire couper les cheveux.», me disait-il. Je l’ai laissé aller jusqu’à ce qu’il me tape trop sur les nerfs.
- Je voudrais, Monsieur, que vous me fichiez la paix. Je ne suis pas Américain et je ne veux rien savoir de religions subventionnées par la CIA.
- Tu ne crois pas à la Bible ?
- La Bible est un bien beau livre. C’est l’histoire de la résistance, de la délivrance d’un peuple. Le peuple Juif. Ce sont les enseignements que les chefs juifs tiraient des événements et qu’ils expliquaient au peuple dans des fables. Vous le savez comme moi.
- Vous ne croyez pas en Jésus ?
- Écoutez! Je sais que votre mission est subventionnée par la CIA. C’est un moyen d’essayer de récupérer les jeunes qui une fois écrasés dans leur misère essaient d’y échapper, en faisant semblant, le pire en y croyant parfois, que Jésus vint les sauver.
Quand tu n’as rien à manger, tu peux croire n’importe quoi pour bouffer. Vous savez, comme moi, que la religion est une institution carrément politique. On en a inventé de toutes les sortes pour diviser les hommes, car les guerres, c’est ce qui paye le plus. Les gens sont simplement trop bêtes pour se rendre compte que l’ensemble de l’humanité est dans la misère pour engraisser les trafiquants d’armes, les producteurs d’idéologies, de peurs et de tabous.
Les vieux m’écoutaient, malgré mon mauvais anglais. Le curé rougit. Il ne sait plus trop quoi dire. Il ne s’attendait pas à se faire répondre ainsi.
Aux États-Unis, plusieurs sectes religieuses ont été formées par la CIA. Elles devaient essayer de récupérer les jeunes drogués. C’est pourquoi les voyageurs devaient assister à des séances religieuses pour avoir droit à manger.
D’autres ont été une réponse à la répression. Les mouvements de gauche devant la persécution, l’assassinat par centaines de Black Panthers, ont essayé de se sauver en s’impliquant dans une nouvelle forme de révolution sociale : la Bible. Ce livre est un des meilleurs exemples de communisme dictateur.
Certains ont conservé cette illusion, plusieurs ont pris cette recherche au sérieux.
Les plus affectés par la persécution de la police américaine ont démesurément poussé leur paranoïa. Sous cet angle, le suicide de Guyane de plus de 900 personnes se comprend plus facilement. Il sert à discréditer les sectes. Leur rôle ayant échappé à la police.
D’autre part, un peu partout des gens avides de profits vite acquis ont sauté sur la religion, le moyen par excellence d’exploiter la naïveté humaine, surtout les pauvres.
Le curé m’a laissé tranquille. Nous devions attendre avant de pouvoir nous coucher.
Un des responsables nous a avertis de l’obligation de prendre une douche pour avoir un lit.
Tout m’a paru bien normal jusqu’à ce que je m’aperçoive de l’intérêt du gardien quand je me suis déshabillé. J’ai dès lors compris l’intérêt spirituel des dirigeants qui passaient par un regard qui valait bien mieux qu’une confession.
Si le surveillant avait pu me faire fondre la queue du regard, j’en aurais pu depuis longtemps. Je n’ai jamais autant fasciné quelqu’un. Ça flattait mon égo, mais en même temps, j’étais vexé à cause de l’hypocrisie.
Je savais qu’en Californie être gai est chose courante. Pourquoi ne pas le dire carrément plutôt que de trouver mille artifices pour te faire descendre le pantalon? C’est tellement mieux quand on est tous d’accord. Je demeure malgré tout un gars profondément prude.
Le lendemain matin, Jimmy était gravement malade. Il faisait une fièvre de cheval. J’ai demandé au responsable que Jimmy reste au lit jusqu’à ce qu’il soit passablement rétabli. Ce fut refusé. Toute la charité chrétienne ressortait avec son vrai visage.
Nous nous sommes rendus à l’hôpital où nous avons bénéficié du service de l’assurance maladie du Québec à l’étranger. C’est quand même assez extraordinaire. Le médecin nous a fait savoir que les voyageurs attrapent facilement cette maladie en se rendant au Mexique. C’est la vengeance des Dieux contre les Blancs qui ont presque exterminé tout le monde au nom de leur foi et de l’or.
J’ai par la suite contracté la même maladie. Une fièvre à te faire fondre, accompagnée par de soudains maux de ventre et une envie de chier immédiate. C’était plutôt déplaisant.
À San Francisco, le premier soir, je m’installe chez les Krishna. J’ai cru mourir en rampant dans les escaliers vers les toilettes.
Je suis dans le quartier noir. J’aime bien la ville, quoique je la trouve trop violente. Partout, tu sens une grande tension. C’est la visite des parcs. La parade du Jour de l’an chinois, le jour de ma fête.
Je recommence à vivre un peu plus libre. Je demande à un noir ma direction, il me renvoie à un blanc quand je lui dis que chez nous le racisme n’existe pas. Il est étonné. Peut-il exister un pays où les Blancs ne sont pas racistes ?
Nous discutons et je continue avec toutes les informations nécessaires. Il vient d’apprendre l’existence du Québec, un pays dont il rêve déjà.
Avant de partir, je me rends à la gare avec Jimmy. Je décide de passer la prochaine et dernière soirée en m’offrant un service d’accueil gai. Jimmy ne veut rien savoir, il est hétéro. Nous nous chicanons, car il ne veut pas qu’on se sépare, mais nous décidons de respecter, comme convenu, notre autonomie individuelle.
Le soir, j’aboutis dans les draps d’un directeur de journal qui n’en revient pas d’être enfin couché avec un Québécois, car, nous avons une réputation nettement exagérée chez les gais Américains.
C’est ensuite le retour à Vancouver. Je retrouve Jimmy qui m’explique avoir couché avec un noir. Je suis épaté. Jimmy est bourré de pognons. Est-ce vrai ou encore une de ces inventions? Une chose certaine, ça semble avoir payé…
J’avais appris beaucoup quant à la solidarité internationale.
Je croyais possible une intervention politique des pays riches comme le Québec en faveur des pays sous-développés. Je m’étais trompé.
D’abord parce que les gouvernements riches protègent toujours les multinationales. Dans les pays faibles, la syndicalisation n’a pas encore assez de force pour que soit créée mondialement une échelle minimale des salaires et de conditions de travail.
Presque tous les pays pauvres sont soumis à des exploiteurs bourgeois ou une dictature. Les seules interventions possibles sont une meilleure circulation de l’information internationale; l’organisation à l’échelle planétaire du boycottage des produits des multinationales qui ne respectent pas les peuples.
Il faut forcer les pays riches à ne pouvoir aider les pays pauvres qu’en versant directement des allocations familiales pour garantir que l’aide se rende vraiment au peuple. C’est le seul moyen de s’assurer que les argents ne sont pas toujours récupérés par une petite clique.
Chose certaine, le communisme est pour de nombreux peuples le seul moyen de s’en tirer sur un plan économique, mais ils sont malheureusement les esclaves du communisme idéologique, qui n’a aucun respect pour l’individu. La liberté n’est pas au rendez-vous.
Quant au capitalisme, s’il veut survivre, il n’a qu’un moyen de combattre efficacement le communisme : fournir une qualité de vie qui ne sera jamais atteinte par le communisme.
Le capitalisme doit aussi dompter ses multinationales pour qu’elles apprennent que la vie humaine est plus importante que les profits.
Quant à la domination armée, il semble évident qu’elle ne sera bientôt plus possible à une échelle planétaire. C’est la raison pour laquelle, on organise des guerres régionales, car sans guerre ou dépenses inutiles le système ne peut pas survivre. Il faut créer une concurrence entre les pays pour garder un degré nécessaire de patriotisme. Le patriotisme joue d’une certaine façon le même jeu d’entraînement psychologique des masses.
C’était de bien grandes considérations pour des personnes aussi peu importantes que moi et Jimmy.
Les dix mois suivants ont été presque sans histoire. Je travaillais quasi quotidiennement à la rédaction d’un nouveau roman : La fin d’un état.
De temps en temps, j’écrivais des lettres ouvertes ou je faisais parvenir au Québec des découpures importantes de journaux politiques. Parfois, j’envoyais des découpures de MAD au gouvernement du Québec. Question de rappeler mon existence à Bourassa et de remettre mon petit grain de sel dans le combat.
J’étais tombé dans le piège de la monotonie. Non seulement les journées se ressemblaient, mais leur platitude compétitionne avec les gouttes d’eau, car, il pleut tout le temps, à Vancouver.
À Vancouver, l’hiver, c’est de la pluie, de la pluie et de la pluie. La pluie, c’est suicidaire.
Les jours de soleil, nous passions des heures à examiner les pigeons se fasciner avant de copuler ou les chauves-souris étendre les ailes, au Stanley Park.
Je me tenais avec les Québécois. Nous discutions du pays sous toutes ses coutures. Jamais je ne me suis autant ennuyé de la culture du Québec.
Un des bonshommes rencontrés, se disant au fait du FLQ, m’a appris que Paul Rose n’était pas sur la rue Armstrong quand Pierre Laporte a été assassiné. Cela correspondait avec ce que j’avais déjà lu dans le Journal de Montréal, avant mon départ.
Selon lui, le FLQ n’avait jamais exécuté Laporte, d’où Paul Rose n’avait jamais eu de procès régulier. La justice à même dérogé à la Constitution canadienne dans ce dossier. Il fallait un très bon bouc émissaire et ce fut lui.
Cela me semblait fort plausible, mais pourquoi alors les felquistes taisaient-ils la vérité? Leur silence répondait-il à des menaces de mort contre eux, leurs familles ou tout autre felquiste? Voulait-on préserver la peur que les autorités avaient du FLQ, donc, d’une manière son pouvoir de faire trembler ?
Celui-ci me rappela également que la pègre a offert à Bourassa de retrouver Laporte pour un million de dollars. Pourquoi la pègre voulait-elle être incluse dans les négociations ? On dit que Pierre Laporte a obtenu du FLQ de lui laisser la vie, s’il dénonçait par la suite, en fournissant les preuves, le lien direct entre la pègre et le parti libéral. Ce serait la raison pour laquelle on l’aurait étendu vivant dans le coffre de l’auto, oreiller pour lui protéger la tête, afin de le remettre aux autorités. En choisissant la base militaire, on savait que Laporte pouvait y être soigné, mais les choses ont mal tourné. On n’avait pas prévu la paranoïa des autorités fédérastes qui n’ont pas voulu que l’on ouvre immédiatement le coffre. Même 50 ans plus tard, on s’interroge toujours sur comment est mort Laporte dont la mort a définitivement accidentelle. S’il n’avait pas paniqué et essayé de se sauver, ce ne serait pas arrivé. Son fils Jean a sûrement raison. Si le fédéral avait négocié comme pour Cross, probablement que Laporte serait encore vivant.
Les discussions étaient souvent plus détendues.
Plusieurs jeunes Américains étaient convaincus que la fin du monde était pour bientôt. Cela correspond bien à leur peur du péril jaune, du péril communiste, du péril économique, du péril d’être descendu en faisant du pouce, des périls de toutes sortes, inventés par le système pour conserver de bonnes raisons de maintenir un arsenal de premier ordre de peureux, tout en laissant poiroter ceux qui n’ont pas la chance d’être riches. La peur devient la raison maîtresse de croupir dans son impuissance.
Presque tous les jeunes Américains attendaient un Messie. J’avais fait la connaissance de ce phénomène en Europe, en 1972. Plusieurs jeunes étaient convaincus de la renaissance prochaine du Christ.
Cela peut plaire aux curés, mais c’est plus un danger qu’un élan vers la sagesse. Espérer un messie, c’est exprimer le désespoir qu’engendre notre civilisation.
Pire, c’est le désespoir de ne jamais voir une solution pointer à moins d’une intervention extérieure, au-delà des forces humaines.
La religion avait pris des proportions inquiétantes. Ces nouveaux disciples du scrupule, les puritains modernes, étaient radicaux comme les Blancs à leur arrivée en Amérique. Ceux-ci tuaient au nom du Dieu de l’Amour. Hors de la foi en Jésus pas de salut !
À l’inverse, un noir rencontré à San Francisco s’exerçait tous les jours en vue du grand jour où les Noirs balanceraient les Blancs dans l’éternité. La révolution est un geste basé sur l’optimisme, un rêve d’un monde meilleur.
Tous ces jeunes étaient désespérés, perdus, le disant de différentes façons.
Le désespoir, c’est de cesser de croire dans la société et encore pire, en l’Homme. C’est la solitude, l’échec de sa sensibilité.
Pour tenir conversation et mieux connaître ces jeunes, j’ai aussi raconté mes rêves à caractère religieux. Deux de ces rêves les excitaient particulièrement. Le premier se résumait comme suit :
« Je descendais l’escalier avec un autre garçon. Soudain, des bruits à l’étage supérieur. Nous comprenons tout d’un coup. Nous sommes les deux seuls survivants de l’humanité. Nous courons sachant très bien qu’il faut assurer la survie de la race humaine alors que l’on veut attenter à nos vies. Comment procréer, car il n’y a plus de femmes? Nous réfléchissons. Des images s’accélèrent dans ma tête. En cinq minutes, je visualise et ressens l’histoire de l’humanité. Plus cette vision s’accélère, plus je suis impressionné, plus je me sens heureux. À la fin de cette vision, je comprends le principe de la création du monde. Dieu a créé le monde en se masturbant. Je ressens une douleur dans la nuque et je m’effondre.»
Le second rêve était beaucoup plus messianique :
« Je suis soudainement englouti dans une tempête. Le vent. La pluie. La grêle. Un tremblement de terre. Le mont Orford, devant moi, se d’essouffle comme un ballon libéré de son air. Je suis près d’un poteau et d’une auto. Les éclairs surgissent de partout. Je suis touché. Je sens l’électricité me mordre et se propager dans tout mon corps. Un autre éclair frappe un buisson devant moi. Il brûle, mais ne se consume pas. Je comprends tout à coup la fascination exercée par ce phénomène. C’est le Dieu de la Bible.
Enragé, je lui reproche les guerres et la violence. Soudain, je ressens à l’intérieur de moi, la réponse. Je revis en moi la création et l’évolution du monde. J’admets mon orgueil. Chaque étape de la vie défile devant moi avec ses changements. Je suis émerveillé par la Sagesse de Dieu. Je me prosterne et je m’excuse pour mon orgueil. Je me lève. Je vois un prophète aux cheveux et à la barbe totalement blanche comme Moïse. Il marche avec son bâton de pèlerin. Ce nouveau prophète, c’est moi. »
À cause de ces rêves, je pouvais difficilement reprocher aux jeunes de s’aventurer dans les sentiers émotifs vilement exploités par les gouvernements. J’en connaissais leur force d’attraction. J’ai toujours été très profondément religieux, même si j’écris contre les religions. Mon rapport à Dieu n’a rien à voir avec les règles débiles sur la sexualité qu’ont inventé une bande de frustrés.
Cette fièvre religieuse chez les jeunes laisse présager beaucoup plus de violence, de folie que d’amour. C’est le lien entre le désespoir et la révolte. Les balbutiements de la négation de la foi par la foi, car cet élan de conscience, de mysticisme, ce cri de culpabilité entraînent impitoyablement une autre révélation encore plus dure à prendre : la corruption de toutes les religions.
La religion servait anciennement de code criminel, civil et moral. Les prêtres veillaient à maintenir le ciment de l’autorité, autorité qu’ils partageaient avec grands profits. Ils étaient les guides, les médecins, les juges. C’étaient eux, en vertu du pouvoir religieux, qui conféraient la divinité au pouvoir civil, au roi. Les prêtres se sont petit à petit enfermés dans leur caste, continuant à régir et à interpréter la vie, selon leurs visions et les connaissances de leur temps. Ils ont essayé d’imposer leur chasteté pour des raisons militaires et économiques. On croyait qu’un soldat sans relation sexuelle était plus enragé, donc, plus efficace.
La femme était reléguée au second rang. Elle était la mère. Leur enseignement a été dévié, il ne servait plus à explorer, mais à dominer.
Leurs recherches, étant inscrites comme vérité avant même de connaître les résultats, ont donné lieu à des règles morales et sont devenues un grand réservoir d’hystéries et de névroses. Les prêtres ont fondé des règles sur la sexualité en pure projection, ignorant que leur manière de la vivre était complètement contre nature.
Peu d’intelligence peut sortir des religions, car, elles rejettent la réalité : le corps et la matière. Tout le reste découle de cette folie. La peur de la mort en est le summum et l’aboutissement de cette erreur de point de vue. La religion se nourrit de la peur, engendre l’hypocrisie et la violence, car, en partant elle nie notre réalité, notre existence. Au lieu de nous amener à admirer Dieu, à cause du péché, on apprend à avoir peur de cet être qui a tous les pouvoirs.
Avec les religions, rien n’est bon ici-bas, tout est fonction de l’autre bord, de l’après-mort. Et pourtant, personne ne sait ce qui se passe de l’autre bord. Il n’y a peut-être rien. C’est aussi possible que le jugement dernier, même plus plausible.
Scientifiquement, il semble invraisemblable qu’il puisse y avoir conscience après la mort. Comment pourrait-on ressentir notre réalité si nous n’avons pas un corps pour nous transmettre nos perceptions? On ne fait que commencer à comprendre la conscience, une force reliée directement à la vie et rendue possible grâce à notre corps. Pas de corps, pas de cerveau, pas de conscience. La conscience est un système de comparaisons entre les éléments perçus par notre corps. La mémoire nous permet de comparer nos savoirs.
Par instinct, on s’accroche à la vie. Mais toutes ces interprétations ne sont que de la spéculation. Une seule chose est certaine : chaque individu devra mourir et la vie continuera sans nous. Qu’est-ce que la vie? Des forces qui s’épuisent se transforment? Puisque c’est un cycle, reviendrons-nous? Continuerons-nous à avoir une conscience, même si elle doit être différente? Avons-nous vraiment une âme? Qu’est-elle ?
La morale a été inventée en fonction de la vie pour la mort. Elle doit avoir la capacité d’annihiler la peur, de maintenir l’ordre. Elle n’est pas mauvaise en soi, ce qui la rend pernicieuse c’est d’avoir inventé le péché pour culpabiliser les individus. En réalité, le Bien et le Mal n’existent pas. Ce sont des inventions humaines.
Les religions sont de vastes fraudes intellectuelles et émotives auxquelles la jeunesse ne peut pas échapper, n’ayant aucune solution à présenter. On ne réfléchit sur la mort, qu’au moment où elle commence à nous interpeler. On découvre la vie à travers les années.
Notre philosophie de la vie est toujours pensée d’avance et très souvent instinctive. Les religions, elles, sont négatives, car plutôt que de porter sur la vie, elles cherchent à dominer en exploitant notre instabilité, à imposer leur point de vue comme si personne ne pouvait avoir raison en pensant autrement. Comme si un curé était déjà ressuscité et qu’il avait confirmé leurs hypothèses.
Depuis des millénaires, malgré les découvertes de la science, rien n’a jamais été remis en question dans ce domaine qui guide pourtant notre quotidien. N’est-il pas temps que l’on commence à s’y ré intéresser ?
La religion est un mensonge. Si le Christ est Dieu, c’est qu’il a ressuscité. Est-ce qu’un homme peut faire autant qu’un Dieu? En contrepartie, pourquoi Dieu ne nous aurait-il pas enseigné à travers le Christ qu’il y a une vie après la mort? Notre réalité en tant qu’énergie le permet. Rien ne se perd, selon Einstein. Il n’y a qu’un problème, cette énergie est-elle suffisante pour être consciente? Ne sommes-nous pas relégués qu’à la fusion avec les autres énergies éliminant ainsi notre réalité individuelle?
La religion est une interprétation, une incantation, comme chez les païens des siècles derniers, pour subjuguer la mort, d’où à chaque fois que ces valeurs sont remises en question, il y a un retour vers le conservatisme. La peur nous gèle dans notre passé, dans une fausse sécurité en appartenant à la majorité. Freud ne nous a-t-il pas appris que la régression est un mécanisme de défense ?
Cela n’enlève rien à la valeur du Christ. Sa force et sa philosophie sont axées sur l’amour et la tolérance. Les livres saints sont des livres de réflexion. La Bible et la Charia nous offrent le contraire des valeurs de notre société actuelle. Elles prônent la vengeance et la haine. C’est pourquoi le christianisme est novateur. Il prêche la tolérance. Le christianisme est la plus belle des religions si on oublie ses obsessions basées sur l’interprétation de ce qu’on prétend être la vérité. Les religions auraient intérêt à écouter davantage ce que la science nous apprend.
Jésus fut le chef d’une rébellion qui mérite encore toute notre admiration, car, son mouvement a renversé l’Empire romain. Sans sa tolérance, son appel au bonheur, le christianisme ne vaut rien de plus que les religions païennes d’où il a tiré son inspiration spirituelle. Il a basé sa force sur le nombre d’adeptes, de martyrs, plutôt que sur la force de la violence et de la domination armée. Le monde évolue vers la non-violence et la conscience personnelle et individuelle.
Le christianisme est même moins intéressant à certains égards que la philosophie. Il est en net recul par rapport à certains éléments de la philosophie de la Grèce antique.
Il faut avoir au moins l’humilité de reconnaître que devant la mort et le sens de la vie nous sommes encore des ignorants. Les curés sont aussi ignares autant que les autres, puisqu’en aucun temps aucun d’eux n’est revenu de l’autre bord pour nous dire ce qui s’y passe.