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Sourire en enfer 1

octobre 18, 2020

Sourire en enfer

(autobiographie autobiographique)

À mon grand ami, poète et compositeur

GABRIEL CHARPENTIER.

Le droit d’aimer

Qu’ils se lèvent ou qu’ils meurent ces soleils rouges ou gris

qui tournent l’amour à l’infâme quand passe la vie.

À la face des hommes au mépris de leur loi jamais rien ni personne ne m’empêchera d’aimer.

J’ai le droit d’aimer.

J’en ai le devoir !

En marge des lois je l’ai voulu ce droit

par des matins d’ivresse et des nuits de tendresse.

Luttant pour cet amour hors-norme je l’ai conquis mon droit

par la peur de tout perdre

au risque même de me perdre pour que vive en moi l’amour.

Bien que le temps n’efface ni les deuils, ni les joies

quoiqu’on dise quoiqu’on fasse tant que mon cœur battra quelle que soit la couronne

les exils ou la croix jamais rien, ni personne

ne m’empêchera d’aimer J’en ai le droit

Aimer

à la face des hommes au mépris de leur loi jamais rien, ni personne ne m’empêchera d’aimer de t’aimer

et d’être aimé.

Chapitre 1

1

La Tribune (prise 1)

Avant la prison en 1963, je crois, lors de la première année à La Tribune tout avait été sans histoire, sauf, que je m’amourachais vite des gens rencontrés. J’avais aussitôt de l’admiration et de la sympathie.

J’étais ainsi à fleur de peau comme un radar sentant jusqu’aux entrailles les malheurs dont je devais rendre compte dans le journal. J’étais vite bouleversé, peiné, impuissant. Rien de plus difficile à vivre que l’impuissance surtout que je me sentais culturellement ignorant, ce qui me rendait inférieur.

Lors de mes premières vacances, j’ai cru faire une dépression nerveuse tant les larmes d’un petit bonhomme qui venait de perdre sa mère dans un accident m’avaient terrorisé. Je digérais mal un autre événement : j’avais interrogé un petit gars sur ses réactions quand son petit ami a été happé par une automobile. Ce dernier s’était fait arracher la jambe par un chauffard et mourut quelques heures plus tard à l’hôpital.

C’est écœurant de jouer ainsi avec les sentiments des gens, ce n’est plus du journalisme, mais du voyeurisme. Mais, pour le journal, ma sensibilité était payante. Les gens aiment facilement se régaler du malheur des autres. On dirait une forme d’aboutissement de l’envie. Un petit «kik » de voir l’autre puni, ce qui permet d’oublier que l’on n’est pas parfait nous aussi.

Ce « jaunisme » allait parfois très loin. Pour avoir plus de détails, j’ai dû interroger un bonhomme qui venait tout juste de perdre trois amis dans une noyade. Je me rappelle aussi le cas d’un malade condamné à mort à cause d’une maladie de reins dont j’ai rapporté les pensées jusqu’à sa mort.

On n’avait pas encore Le Journal de Montréal pour nous jouer dans l’âme, mais des petits journaux qui ne parlaient que des crimes. Un journalisme qui permet de garder le peuple dans l’incapacité d’évoluer en dehors des jugements des autres et sur les autres. Un journalisme qui remplace la responsabilité sociale par une curiosité morbide. Je faisais pleurer les lectrices, c’était bon. L’insolite a toujours fait vendre des journaux. Certains propriétaires de journaux sont de vrais fossoyeurs afin de bien gaver les vampires qu’ils alimentent. Quelle saloperie! Les journaux occupent la fonction qu’avait le forum à Rome du temps de Néron et autres empereurs.

Par contre, La Tribune m’envoyait à la rescousse des sinistrés et grâce à la générosité de la population ceux-ci avaient au moins une bonne raison d’espérer. Quand les médias ne font que de l’information, c’est un instrument extrêmement utile. Il est impossible de parler de démocratie sans garantir une liberté absolue de la presse.

J’étais alors un journaliste estimé des patrons. J’étais assez curieux pour toujours vouloir aller au fond des choses et je devinais assez vite les événements à venir. Il me suffisait de quelques indications.

Ayant perdu mon emploi à cause de l’histoire du barrage Gayhurst, Lac- Mégantic, je fus une certaine période en chômage. Cependant, La Tribune me réengagea pour une deuxième fois d’où j’ai aussi exercé ce métier à Victoriaville.

Cette expérience me mena à L’Aiglon où ma vie prit une nouvelle tangente quand je fus accusé sur un plan sexuel.

Spécialisé à décrire les malheurs des gens, j’étais préparé à travailler peu à peu sur le sort des travailleurs du textile, celui des producteurs de lait, lors de ma dernière étape de journalisme à La Tribune.

2

Les Disciples de la Croix

1963. — Pour se débarrasser de moi, certains avaient réussi à me faire incarcérer trois mois pour mes activités amourajeuses. Je travaillais alors pour l’Aiglon de Lac-Etchemin à la suite de deux mauvaises aventures avec La Tribune.

Y avait-il réellement un aspect politique comme on l’a prétendu? Je ne le saurai jamais et cela n’a aucune importance. Les activités sexuelles avaient été en partie réelles. À cette époque, la majorité était de 21 ans¸ puis ce fut 14 ans et maintenant 16 ans avec en plus la folie religieuse qui déferle sur les collines parlementaires à Ottawa et la paranoïa collective féminoune quant à la pédophilie.

Une partie des accusations étaient fondées et je croyais que je devais payer pour mes fautes.

Ces trois mois de prison se sont traduits par un retour à la religion. Je l’ai raconté dans un autre de mes livres Laissez venir à moi les petits gars, publié avec Parti pris. Ce livre n’est pas totalement autobiographique parce que j’ai ajouté des éléments afin de mieux répondre aux objections que l’on inventait pour condamner la pédérastie, devenue dans mon langage, l’amourajoie. Par exemple, il n’y avait jamais eu de jeunes qui n’avaient pas consenti à ces expériences de jeu avec moi et  personne n’était aussi jeune.

L’amourajoie signifie simplement que le sexe est un plaisir et une forme d’amour idéal et non un crime comme on le prétend aujourd’hui. Par contre, les féminounes ont inventé le mot pédophilie pour redorer l’image de la répression sexuelle, sans même tenir compte que la perception de la sexualité chez un enfant n’est pas la même que chez les adultes. Chez l’enfant, la notion de bien ou de mal dans la sexualité n’existe pas, mais nous vivons dans une société où les adultes gèrent la vie des enfants comme s’ils leur appartenaient.

À ma sortie, j’ai travaillé une année à la Dominion textile, à Magog.

J’essayais aussi sous l’impulsion de la pièce, El Condor, de créer mon propre mouvement religieux. C’est dire combien la culpabilité peut rendre sénile.

Les Disciples de la Croix n’ont pas fait long feu. Le temps de rencontrer un petit gars qui m’incendia l’âme par sa beauté. Le temps d’une autre grande curiosité. Le temps d’un autre voyage dans une autre dimension. Le temps de réapprendre qu’aimer est plus important que d’obéir à des règles qui ne savent pas justifier leur existence.

Durant cette année, je demeurais avec mon père. J’apprenais à le connaître et à l’admirer. C’était un homme très généreux, aimant l’humour et la politique. Il travaillait à l’extérieur pour assurer la survie financière du magasin dont il était propriétaire à Barnston, depuis de nombreuses années.

Quant à Mgr Vel, curé à Ste-Marguerite, à Magog, c’était un ami de la famille issu de la Thérèsa, car il était l’aumônier des clubs Thérèsiens. Il croyait tout simplement que j’étais devenu un saint.

Il y a toujours eu une dimension spirituelle dans la sexualité que l’on nie au nom des péchés, oubliant que l’amour est aussi fondamental dans la vie que la liberté. Tout commence par l’admiration, la beauté. C’est l’essentiel du message du Christ dans lequel je croyais très profondément que l’on nie en insistant sur le péché. Tu peux tout faire avec amour dans le respect de l’autre, même jouer aux fesses.

[1] -J’ai écrit ce texte avant d’oublier pour être le plus précis et juste que possible. Une autobiographie est toujours ta vision des choses.

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