Spirale intraprojective 18
Spirale intraprojective 15
Ou Voyage au bout de ma folie.
L’indépendance et la mondialisation. Un peuple. Un pays. (pp. 156 à 168)
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Ma famille, particulièrement mon père Émile Simoneau et ma mère Irène Gauthier Langlois furent des gens formidables. Ils n’ont jamais admis mes goûts, mes amours avec de jeunes garçons ; mais ils ne m’ont jamais rejeté complètement.
Malgré ses 90 ans, ma mère a continué de m’aider quand je me suis ramassé dans la «merde». Je n’ai jamais su lui dire jusqu’à quel point ils ont été précieux, malgré bien évidemment leurs petites faiblesses humaines.
Mon père me croyait trop intelligent pour être pédéraste. J’ai donc été la déception totale. J’aimais les petits gars. Nous avons renoué d’amitié et il est mort alors que nous pouvions commencer à vraiment nous parler, ce qui faisait trembler ma mère de peur. Il fut mon guide politique alors que je croyais qu’il n’existait pas de communication entre nous. Il avait un sens de l’humour que je n’avais pas encore compris, ce qui prouve bien que je suis moins intelligent qu’il le croyait.
Quant à ma mère, elle a toujours su nous garder tous ensemble. À 91 ans, elle était encore bénévole pour la Fondation Constance Langlois, à Magog. Constance était elle-même une naine. Elle se rendait à leurs locaux, à toutes les semaines, même s’il y a plus de 20 milles (30 kilomètres) entre Magog et Barnston. Maman chauffait sa propre voiture qu’elle appelait » sa liberté ». Il faut le faire … être ma tante Irène pour autant de gens…
Cela me fait penser à ma barbe. Je l’ai laissé pousser comme Castro, en signe de révolution. Je savais que la CIA a déjà essayé d’éliminer la barbe de Castro, un symbole de révolution comme chez les Talibans aujourd’hui. Je voulais manifester ma détermination pour un Québec libre et la liberté sexuelle en portant une barbe, un signe de désapprobation. Malheureusement ou non, cette fameuse barbe est passée de la révolte au Père Noël. J’aurais l’air bon, selon les petits. Les jeunes ont des radars.
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Mes livres sur la pédérastie, comme mes conférences- partage sur la pédérastie dans les années 1980 avec le psychologue Alain Bouchard, à Montréal, ont toujours eu pour objectif de faire reconnaître ce droit à la liberté individuelle, mais aussi et surtout d’empêcher la violence dans la sexualité, car les pires ennemis de l’amour véritable sont la jalousie et la domination.
Les féminounes n’arrivent pas à valoriser leur sexualité (d’où le besoin de tout center sur leur féminité) elles prônent donc la confession publique d’où leurs campagnes intensives de dénonciation, oubliant que ton intégralité, ton intimité exige le respect le plus absolu de la vie privée. Personne n’a besoin de savoir si tu as été violé. C’est une affaire personnelle. Si tu as tant besoin de le dire, il y a des professionnels pour ce faire. Tes histoires de cul ne sont pas là pour charmer les autres et te rendre intéressant.
Ce qui se passe dans ton logement, encore moins dans ton caleçon, ne regarde personne. Les confessions publiques ne servent qu’à instituer une façon de dénoncer toutes les formes de sexualité qui ne sont pas tolérées. Par contre, toute personne devrait pouvoir affirmer son orientation sexuelle, si elle le trouve nécessaire, sans qu’elle soit privée de reconnaissance ou d’un travail. C’est anormal que je ne puisse pas enseigner alors que j’ai une maîtrise et qu’on manque tellement de professeurs qu’on doive engager des gens sans diplômes. Je n’ai jamais agressé mes élèves.
Pourquoi vouloir soigner un pédophile en l’écrasant par l’opinion publique? C’est une déviance, on ne soigne pas un malade en dévalorisant le patient ou en le tuant publiquement, ce qui revient au même. On accuse les pédophiles d’être paranoïaques, mais qui ne le serait pas pour moins ? Dire que tu es pédophile peut, de plus en plus, mettre ta vie en danger. Les jeunes avec qui j’ai eu des rapports sexuels sont aujourd’hui mariés, ils ont des enfants et manifestent beaucoup de plaisir à me revoir. Je ne suis pas obligé de dire à leur épouse que je leur ai déjà mangé le moineau. Dans de telles conditions, puis-je croire que je les ai traumatisés ? Je suis loin, à leur avis, d’être un maniaque dangereux comme le système à avantage de le faire croire.
Cependant, la manie des autres de surveiller la sexualité du voisin est un véritable danger. On défait la vie de milliers de personnes en projetant ses propres peurs sexuelles. En autant que ces personnes demeurent vierges tout va très bien, madame la marquise… BANDE DE MALADES … Cesser de faire la guerre au lieu de l’amour … Cessez d’être jalouses de ne pas avoir eu autant de plaisirs que les jeunes. Vous êtes les fuckées de l’avenir … Une société de paranoïaques, une société qui rejette tout ce qui vient des autres. Une société castrée.
Malgré cela, je suis bien conscient que cette façon d’agir n’est pas féminine en soi ; mais le fruit des millénaires d’esclavage macho. Libéraux-nous des scrupuleux ! La peur du sexe chez les femmes tient du fait qu’on les a toujours méprisées. Elles sont le produit des religions. Elles méritent mieux que ça.
Je suis un des rares fous à avoir accepté de défendre la pédérastie et la liberté sexuelle afin d’instaurer plus de clémence, de tolérance entre les humains. Mais je crois de plus en plus que c’est une lutte perdue : on préfère la haine à l’amour. Tuez-vous, mes frères ! Faites la guerre, subventionnez-la avec nos taxes et vos grosses bagnoles jusqu’à ce que la terre en crève. Vous êtes le mal! La sexualité est ce que Dieu a créé de plus beau, s’il a créé quelque chose.
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Les événements du WTC à New York viennent de prouver qu’il faut mettre fin à l’expansion de toutes les religions : l’Islam vise une domination mondiale comme les hébreux, comme le protestantisme, le capitalisme anglo-américain, ou le communisme. C’est un affrontement inévitable. Le fanatisme religieux est une maladie mentale. Une faiblesse dans nos émotions humaines.
Le fanatisme dans toutes les religions doit disparaître ou l’on doit se passer de religion car, le pire ennemi de l’homme, c’est la violence, son goût de domination.
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La sexualité, y compris la génitalité, est noble, belle, saine, indispensable au développement intellectuel et spirituel de l’homme parce qu’elle comprend d’abord et avant tout une part d’émotion, de communication avec l’Autre. Sans sexualité, la race humaine serait éteinte. Quelle importance (sauf pour les personnes directement concernées) cela a-t-il d’être pédéraste, lesbienne ou hétéro pourvu que cet amour soit consenti et créateur, positif pour le développement des deux personnes concernées ?
Il n’y a qu’une condition : la liberté des deux êtres qui participent à cette rencontre amoureuse. Je ne suis pas malade, je sais exactement qui je suis même si je vis occasionnellement toutes les orientations sexuelles. Le sexe n’est pas un devoir, une obligation, mais un plaisir.
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J’ai sacralisé, dans mes livres, dans ma poésie, la pédérastie en faisant du Québec «le petit gars adoré». C’est une image qui signifie que je veux autant la libération du Québec que celle de la pédérastie. L’engagement est tellement profond dans les deux cas, ce sont mon âme et mon esprit, qui sont engagés.
Pour moi, la pédérastie est devenue l’expression de la frontière entre l’oppression et l’hypocrisie. Il s’agit du degré de tolérance que le Québec doit atteindre pour arriver à son indépendance.
La prison m’a fait réaliser que le Québec a un rapport malsain, maladif avec la sexualité, à cause de la domination toujours existante quoique inconsciente de l’Église catholique qui se perpétue. On exagère l’importance de la sexualité jusqu’à rendre la vie de certains invivable.
Le Québec ne pourra jamais avoir assez de couille et de personnalité pour revendiquer sa liberté, son indépendance, tant qu’il n’aura pas appris à découvrir la beauté de sa «différence». Les Québécois ne pourront pas se réaliser tant qu’ils ne pourront pas penser par eux-mêmes et demeurer insensibles à ce que les autres veulent bien qu’ils pensent. Ils doivent apprendre à devenir autonomes et solidaires, le contraire d’une société de « stools».
Les femmes ont joué un rôle évident dans la perte des deux autres référendums. On se rappelle les Yvette.
Les féministes n’avaient pas encore appris à être elles-mêmes sans blâmer les hommes. Elles croyaient que ces derniers sont les principaux responsables de leur incapacité à s’accepter comme femmes dans une société de libres penseurs. Elles n’admettaient pas que la sexualité est aussi belle chez la femme que chez l’homme. Apprendre l’autonomie.
La fierté d’être femme n’exige pas d’être homophobe. La jalousie est la racine de l’homophobie.
Ce fut ma révolte, ma révolution, car très jeune, je fus comme bien des Québécois, révolté par l’obsession sexuelle répressive et hypocrite de l’Église catholique. J’ai constaté depuis que toutes les croyances qui éliminent la liberté sexuelle sont aussi très hypocrites…
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Je ne rejette pas tout l’enseignement de l’Église catholique pour autant… Si elle nous a rendus fou avec ses péchés, elle nous a apporté ce goût du pays, de l’amour et de la charité. Son apport : les valeurs de fraternité et d’amour que nous donnent les Évangiles. Ces valeurs sont plus importantes que tout le reste. La vérité fondamentale de cette philosophie de vie demeure un exercice quotidien dans la foi d’un avenir meilleur et dans l’Homme.
La religion doit cesser d’être hypocrite, de nourrir ses contradictions, et admettre que la vie sexuelle n’a pas tant d’importance que cela, sauf que si tu en es privé et qu’elle devient une obsession.
Avec le temps, la sexualité déviante entre dans l’ordre et s’y conforme. L’important dans toutes les religions devrait être l’amour et la tolérance. Dieu ne nous demande pas de devenir tous des saints. Il nous incite à y aspirer, d’y cheminer. La haine de son corps est diabolique. Ce mépris nous étouffe.
Dieu n’était pas assez fou pour nous donner une sexualité afin de la proscrire ensuite. Il a accepté notre évolution, le fait que nous soyons des êtres sexués qui doivent prendre conscience de leur réalité et de s’accepter comme tel. Le plus grand cadeau de Dieu, c’est la liberté. Le libre choix. La sexualité est le choix qui nous est accordé, grâce à l’évolution, de participer à la force majeure de l’univers. Plus cette attraction, cet amour est concentré, plus elle permet de choisir le partenaire (la valeur) qui permettra de grandir et de vivre. Un animal n’est pas libre, car il est esclave de son instinct sexuel de reproduction. Cependant, certains animaux se comportent mieux que certains humains, de façon plus responsable. L’animal n’est pas assez fou pour s’imaginer qu’une des plus grande force de la nature en lui est mauvaise.
Loin de voir du mal dans la sexualité, j’y trouve une raison fondamentale d’apprécier Dieu, de le remercier de nous avoir créés libres. Toutes nos religions nient ce pouvoir de Dieu : de nous avoir fait libres. Plutôt que nous apprendre à être reconnaissants, avec tous ces prétendus livres saints qui condamnent la sexualité, nous craignons et maudissons Dieu de nous avoir donné la liberté d’aimer et de choisir qui nous aimons. Je suis heureux de ne pas être né parfait.
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Sur un autre plan, même si j’ai approuvé les buts du FLQ — l’indépendance du Québec et le respect des travailleurs — je ne suis pas un terroriste. Je suis viscéralement contre la violence ; mais je suis prêt à me sacrifier pour l’indépendance. Le problème est que si nous votions pour l’indépendance, le risque de violence viendrait du Canada ou des États-Unis.
La non-violence, l’autonomie et la démocratie sont la véritable révolution.
La violence est créée et sert ceux qui nous oppriment. Ils créent des guerres pour pouvoir vendre leurs armes ou mettre la main sur les richesses naturelles d’autres pays. Je n’ai pas à coller de noms aux bandits à cravates, les mafiosos véritables, qui dirigent nos super-nations. Ça ne me regarde pas, mais ce sont les ennemis de la liberté. Je ne suis pas un moraliste, mais un individu qui s’oppose à ce que la morale soit engendrée par la bourgeoisie et soit à son service.
Je prône la morale individuelle comme le faisait Léo Ferré. Une morale responsable. Ce qui est bon pour moi, ne l’est pas nécessairement pour les autres. La morale est une science de l’agir complètement individuelle, une prise de conscience toujours en évolution. La seule limite de la liberté individuelle est la non-violence et le respect réciproque de l’autre.
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Il y en avait qui pensaient que je pouvais valoir 10,000$.
Les « pères» du système sont exactement ceux qui donnent naissance aux «sales» de ce monde binaire. (La prison t’amène à déparler, divaguer. c’est un exemple flagrant) Il faut un diable pour avoir un bon Dieu. Je n’ai aucun nom à distribuer et ça ne m’intéresse pas. Ils auraient dû savoir que même mort je suis extrêmement pauvre.
On m’a dit que si j’avais 10,000 $, je ne ferais pas une seconde de prison, mais sans cet argent, je devais oublier ma liberté.
Certains me croyaient très riche, étant donné l’effroyable secret que je devais porter et que j’ignore encore ainsi que la montagne d’argent que je devais faire comme professeur de français.
Tu travailles 35 heures à l’école et en classe, mais tu passes tes soirées et tes fins de semaine à corriger. Tu reçois de toute évidence un salaire inférieur à ce que touche un joueur de hockey. Taper sur une rondelle est bien plus important que d’instruire nos jeunes puisqu’un joueur de hockey gagne (rapporte) mille fois plus qu’un professeur. Quelle justice ! Ce phénomène prouve à lui seul que nos sociétés, en ne vivant que pour le profit, sont profondément malades.
Mais, il faut des sports pour hypnotiser les gens et faire oublier aux jeunes le sexe et ses misères…
On a cru que j’étais très riche parce que je prenais beaucoup d’assurances. On ne savait pas que ces assurances ne valaient rien de mon vivant, quoiqu’elles m’aient permis de soigner mon épaule sans m’endetter.
Quant à mes écrits, ça me coûte une fortune pour être publié et ça ne rapporte rien. Je reçois entre 0 et 0.42$ du Québec et environ 300 à 1,200 $ du fédéral chaque année. C’est dégueulasse, mais c’est ainsi … Publier un livre, dire ce que je veux, me coûterait au minimum 3,000$. Un autre bon moyen pour me fermer la gueule. On dirait que l’on ne me pardonne pas de comprendre que le Bien et le Mal sont une seule et même chose. Tout ce qui change c’est le point de vue, un point de départ ou un angle différent.
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Il est très important pour le système d’avoir des jeunes rendus mongols par la drogue et les sports. Cela permet de faire oublier dans le jeu ou dans les films que le deux-tiers de la population de la terre crève de faim, que tous les petits garçons sont un merveilleux pénis qu’ils ne doivent pas toucher et qu’en Chine on y voue un tel hommage que l’on essaie de se débarrasser des filles.
La conscience sociale est ce qu’il y a de plus dangereux pour ceux qui nous exploitent d’où nous divisent-ils en catégories et nous endorment-ils avec différentes religions. Il est bien normal qu’ils veulent diriger ce que l’on nous apprend, sinon on risquerait d’être éveillés. Ils veulent le contrôle de chaque individu, quoi de mieux que de s’accaparer de leur sexualité puisque tout individu est sexué.
Une personne consciente est une personne dangereuse pour ceux qui nous dirigent et nous exploitent.
Pour créer une nouvelle division mentale, on a créé les arts de la jeunesse. Le but ultime : que les jeunes ne soient pas conscients de l’existence de leur sexualité. Avec une littérature de la jeunesse, il est plus facile de s’assurer que les jeunes ne tombent pas par hasard sur des scènes sexuelles. Puisque ce secteur est presque exclusivement réservé aux femmes-auteures, cela permet de continuer à forger leurs petites âmes en dehors de la réalité de leur corps.
C’est à se demander si la jeunesse n’est pas réservée exclusivement aux femmes pour être certain que tous les jeunes deviennent hétéros… Les enfants au Québec, c’est la propriété exclusive des femmes.
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Tout ce que je dis du FLQ est conforme à ce que j’ai vécu, lu, imaginé ou entendu :
« Je ne voulais rien savoir de secret, je suis un communicateur. Par contre, ce que l’on veut qui se sache, on peut compter sur moi pour aider à transmettre le message. » Tel avait été l’entente avec le chef du FLQ, Pierre Vallières.
Vallières me considérait, à l’époque, comme un petit bourgeois (je gagnais 110$ environ par semaine comme journaliste, en 1970), mais ce titre tenait plutôt au fait que j’étais très clairement contre la violence et pire je travaillais pour Power Corp. On sait que Desmarais est aujourd’hui, un des pires ennemis de l’indépendance du Québec. Il a un mot à dire dans presque tous les coups de cochon politiques,
Au Québec, nous n’avons aucune tradition véritable de droite et de gauche. L’Union nationale était par son attachement à l’Église plus à droite que le parti libéral, mais il ne fallait pas trop remettre la religion en question sans être perçu comme un communiste même chez les libéraux.
Le parti libéral qui dans les années 1960 était le parti politique le plus progressiste. Il a cessé d’être à l’avant-garde quand on a mis René Lévesque à la porte du parti. Depuis, il pourrit sur place. Après avoir été le parti des Anglais, il est maintenant le parti de la mafia légale.
Quand René Lévesque fut éjecté du parti libéral, au congrès, j’étais président des Jeunes libéraux de Limoilou. J’avais présenté une foule de suggestions dans une longue résolution sur la corruption qui fut mise de côté pour être étudiée en commission ou comité. C’était le moyen de l’époque, pour mettre les idées sur la glace.
Puisque l’après-midi, j’avais voté en faveur de la proposition de souveraineté-association de René Lévesque, en disant qu’à mon âge, on préfère aller trop vite et trop loin à mourir étouffé. J’ai dû remettre ma démission comme président des Jeunes libéraux de Limoilou. Le soir, devant l’assistance, j’ai annoncé ma démission en précisant que je demeurais membre du parti pour veiller « au pain et au beurre » de la population. Ça m’a valu une ovation debout et les accolades de Jean Lesage et Éric Kierans.
Pourtant, j’étais complètement détruit, désemparé par ces luttes internes.
J’étais un jeune en période d’émancipation. On me disait de centre-gauche, issu d’une famille conservatrice. Aucun parti politique ne répondait dorénavant à mes aspirations.
La seule et la plus profonde révolution est la conscience. Elle sert à améliorer la vie quotidienne du peuple et non à servir les intérêts d’une élite, en exploitant ses commettants.
En 1989, j’ai perdu un poste de professeur de français au Manitoba pour les histoires que j’avais inventées dans une taverne en 1970 pour détourner la GRC de nos affaires. On a aussi rappelé que j’avais en 1963 fait de la prison pour des raisons sexuelles. Une vieille affaire de plus de 15 ans. Ça me fait rire aujourd’hui.
En 1970, quand on pensait que nous pouvions être observés et écoutés, nous parlions plus fort et on en mettait tant qu’on pouvait. C’était un moyen d’amusement tout en semant de fausses pistes, car, à cette époque, je me croyais vraiment un grand révolutionnaire.
J’étais prêt à mourir pour l’indépendance du Québec. Je me prenais au sérieux, mais c’était vrai qu’on nous surveillait. Nos discussions de taverne ne pouvaient rien changer, mais elles nous donnaient l’impression d’être en train de changer le monde.
Comme journaliste, je me battais pour que l’Estrie ait la Transquébécoise. Pas un sentier de lapin. Je voulais aussi que l’on injecte 100 millions $ en infrastructures pour combattre le chômage dans l’Estrie. Je me battais légalement de l’intérieur pour le peuple et non pour des philosophies. On me disait que je n’avais pas besoin de mitraillette, car, mes écrits étaient encore pires et plus efficaces. Aussi fou que cela puisse paraître ; j’étais bien plus régionaliste que nationaliste. Je n’étais pas encore arrivé à l’idée du Québec comme pays.
Pour moi, la réalité et le rêve d’indépendance du Québec est né avec le projet de l’aéroport international de Drummondville et mes gouvernements régionaux (décentralisation et déconcentration des pouvoirs). Un maniaque de planification.
Je n’ai jamais rien su de secret et le FLQ est mort depuis plus de 20 ans.
Quand j’ai accepté comme journaliste de fournir les textes refusés par le système aux journaux que le pouvoir ne contrôlait pas encore (Québec-Presse, le Jour, Point de mire), il était bien entendu que je ne voulais rien savoir de secret, mais j’allais permettre au Québec de savoir ce qu’on ne voulait pas qu’il sache. C’était idiot de me faire croire dans une trahison involontaire, mais j’aurais dû y voir la vengeance des féminounes qui me prenaient pour un pédophile. Ça aurait été sûrement plus près de la vérité.
Puisque je fumais de la marijuana, j’ai vécu la crise d’octobre comme un adolescent. Je trouvais excitant de me retrouver dans la tornade. Malgré ma peur, je fonçais. J’ai toujours été d’accord avec les buts du FLQ, mais j’ai toujours rejeté son emploi de la violence. Sur ce point, il ne pouvait pas y avoir de compromis ; mais j’étais aussi ébloui par le courage de leurs gestes.
Actuellement, se servir de la violence au Québec pour faire avancer ses idées, ça ne peut être que l’œuvre des fédérastes… comme ils le faisaient déjà dans les années 1970 en accusant le Parti Québécois d’être une bande d’extrémistes.
Raoul Roy, l’écrivain socialiste et père spirituel du premier FLQ m’a appris qu’il y a eu deux vagues ou mouvement FLQ. La première vague se battait essentiellement pour la langue française et l’indépendance du Québec. Le deuxième, celui de 1970, était surtout dicté par la pensée communiste et ouvriériste.
Dans les deux cas, l’approche de l’indépendance était très différente. Dans le premier mouvement, le Québec devait être indépendant pour sauver le français, une indépendance plus gaulliste que dans la deuxième génération felquiste où la conscience de l’exploitation des petits était bien plus importante que l’indépendance, vu comme une structure, un état. Le rêve était une indépendance de gauche où le centre de l’action et la pensée tourne autour de la condition sociale. Un FLQ plus syndicaliste, plus communiste.
Aujourd’hui, je me sens plus près de la nouvelle gauche, mais elle me semble dominée par les féminounes qui avec leur lutte sexuelle sont strictement et profondément de droite. La vieille lutte religieuse. La pauvreté existe surtout chez les femmes, je ne comprends pas que le sexe les étouffe encore. L’égalité entre l’homme et la femme veut aussi que la femme ait les mêmes privilèges, les mêmes droits sexuels que les hommes. Elles doivent apprendre à être aussi fières de leur sexe que les hommes. Et quand tu en es rendu fier, tu n’as pas besoin de passer ton temps à revendiquer que t’es une femme. Tu l’es. Il est inconcevable que l’homme n’ait pas encore compris que l’homme et la femme sont égaux. Ils ont simplement une vocation différente dans l’espèce.
Ça me calme les ardeurs, d’être pointé comme pédophile et je m’ennuie de la politique. Ce n’est rien à côté de l’absence de ma profession de professeur, celle-là elle me tue littéralement.
Pour la gauche, l’indépendance était seulement un outil proposé comme objectif à atteindre parmi d’autres afin de combattre le capitalisme. La gauche est ouverte à tout le monde. C’est aussi une façon de voir le monde à la Trudeau et d’accepter d’être les marionnettes des autres puissances socialistes internationales. On singeait littéralement les autres plutôt que de créer notre propre philosophie de vie et un pays à notre image.
Le pouvoir de René Lévesque fut de nous donner confiance alors que Trudeau nous percevait comme une bande de débiles manipulés par les soutanes. Trudeau, selon ce qu’on m’a souvent répété, aimait le Québec, mais détestait ses institutions trop étouffées par la religion. René Lévesque sentait que nous avions le potentiel de créer notre propre pays, mais encore plus de créer un des pays où ce serait merveilleux d’y vivre, tant pour son économie que pour sa liberté de vie, sa tolérance.
Le Québec ne doit pas être un rêve de droite ou de gauche, de telle religion ou de telle autre, mais un vrai paradis pour ceux qui y habitent.
Un Québec créé par et pour le peuple.
Pour l’écrivain Raoul Roy, le deuxième FLQ trahissait la cause du Québec. Tu n’as pas besoin d’être nationaliste pour être de gauche ou de tendance communiste. Encore pire, la gauche québécoise était soumise à celle du Canada, donc, de tendance fédéraste. La gauche était identifiée au NPD.
Les libéraux du Québec sont prisonniers des libéraux canadiens. Les libéraux ne peuvent rien faire sans la bénédiction des libéraux de l’Ontario et de l’Ouest. L’Ontario le sait bien. En se faufilant entre les deux extrémités du pays, l’Ontario domine. Elle est la plus nombreuse. Le Québec ne peut même plus constituer le parti de l’Opposition officielle au fédéral. Et, la gauche anglaise a démontré clairement qu’elle est opposée à l’indépendance du Québec.
La gauche fédéraliste oublie que le lien actuel entre le Québec et le Canada est un lien colonialiste, d’aliénés. D’ailleurs, la gauche canadienne a voté en faveur de la loi de la clarté qui a été promulguée strictement pour empêcher le Québec de devenir un pays.
Il suffit de constater la guerre de l’Ontario contre le français pour comprendre que le Canada anglais veut détruire tout ce qui est francophone en dehors du Québec pour ensuite mieux assimiler le Québec.
Nous sommes un peuple charmant, mais nous ne serons à jamais, dans le Canada, qu’une minorité, statut dont il faut se débarrasser au plus vite.
Raoul Roy a écrit héroïquement des tonnes de livres pour réveiller le Québec, mais personne ne voulait le publier. À mon sens, il charriait parfois. Par exemple, il refusait l’identification québécoise, prétendant que l’on devrait s’en tenir à celle de canadien-français, ce qui serait possible dans une véritable Confédération où l’on reconnaît le statut égal des Indiens, des Francophones et des Anglophones. Les immigrants auraient à intégrer un de ces groupes, ce qui ne veut pas dire abandonner sur un plan communautaire leur origine, au contraire. Plus il y a diversité, plus le peuple est en santé.
L’essentiel de son analyse, a toujours été très juste. Il prétendait que la go-gauche était plus fédéraste qu’indépendantiste (c’est encore le cas avec Québec solidaire (cela a-t-il changé depuis que ce parti se prétend indépendantiste mais dont l’ennemi principal est le Parti québécois ?).
Raoul Roy nous a prouvé que les juifs de Montréal nous ont salis durant des années dans les journaux américains jusqu’à nous faire passer pour des hitlériens. Selon Raoul Roy, la pire chose qui est arrivé contre l’indépendance est la prise de pouvoir du Parti Québécois, car, pensait-il, le projet devenait alors porté par une minorité, même si elle est au pouvoir. L’indépendance devenait un projet pour l’élite et le peuple s’en lavait les mains, se fiant sur son élite pour concrétiser le projet.
J’ai souvent joué verbalement au « dur » alors qu’en réalité, je suis une vraie moumoune.
En prison, un des prisonniers m’a d’abord dit qu’il ne croirait jamais que je puisse être un pisseux. Il venait m’accompagner, seul, dans ma cellule alors qu’on m’avait averti que ce prisonnier pouvait être très dangereux. Mon entre-jambe compensait pour mon manque de force physique. Il se contentait de désirer le peu qu’il pouvait entrevoir sous mes bobettes. Le sexe ne sert pas qu’à garantir une descendance.
J’ai toujours été fidèle à ce que je crois.