Spirale intraprojective 16
Spirale intraprojective 15
Ou Voyage au bout de ma folie.
L’indépendance et la mondialisation. Un peuple. Un pays. (pp. 138 à 148)
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Sur le plan politique, cela me fait penser à Trudeau qui disait au premier référendum qu’un vote contre l’indépendance était un vote pour le changement. Quel menteur…
Depuis, le gouvernement fédéral du Canada a essayé de nous mettre en cage par tous les moyens en inventant dernièrement la loi de la clarté, une nouvelle loi cadenas à la Maurice Duplessis. Mais cette fois, on ne veut pas nous interdire le communisme, mais l’indépendance du Québec.
Stéphane Dion essaie d’exécuter le testament trudeauiste, en emprisonnant les Québécois un peu plus dans la fédération canadienne avec sa loi sur la clarté. Il veut rendre l’indépendance impossible à réaliser.
Si Trudeau n’avait pas eu peur du nationalisme québécois, Québec serait déjà devenu un grand peuple et un pays.
Certains disent que Trudeau était indépendantiste et qu’ils nous provoquaient pour nous déniaiser. Est-ce que Trudeau était un révolutionnaire à sa façon ? Il ne pouvait pas être officiellement indépendantiste, il était le premier ministre du Canada. Trudeau a toujours été un provocateur. Il se croyait supérieur à tous les Québécois. Il ne pouvait pas perdre. Il était incapable d’accepter la défaite. Mais, comme Bourassa, Trudeau aurait probablement accepté l’idée d’une véritable confédération, si Lévesque avait accepté l’idée d’une vraie péréquation, pour sauver les provinces de l’Est de la pauvreté.
À mon avis, Trudeau était un hippie de gauche qui voyait peut-être Staline et Lénine ayant la même soif qu’Hitler ? Quelle différence y a-t-il entre tous ces personnages sanguinaires ? Trudeau vomissait sur l’ignorance des Québécois, leur religiosité, ce qui soignait bien ses rancœurs. Il se croyait supérieur. Mais, il faut dire à sa décharge que l’appareil politique de Duplessis qu’il combattait était entièrement corrompu. Et, il était aussi très intelligent.
René Lévesque s’était aussi attaqué à la grande noirceur : la domination catholique. Ce pourrait-il que Trudeau et Lévesque furent tous deux, à leur façon, de grands idéalistes ? Trudeau pensait que les Canadiens-français devraient reprendre leur place dans le Canada et se libérer de l’Angleterre alors que Lévesque croyait que cette indépendance ne pouvait pas se concrétiser sans le détachement du reste du Canada. Trudeau a bien dit qu’il n’irait pas se pendre dans le grenier, si le Québec décidait, un jour, de devenir un pays.
Si les libéraux veulent respecter l’esprit de Trudeau, ils devraient mettre de côté la monarchie. Sommes-nous encore une colonie d’Angleterre ? Pourquoi retrouvons-nous la reine d’Angleterre sur tous les dollars ? Pourquoi toutes ces dépenses pour la famille royale et ses représentants, si le Canada est vraiment un pays indépendant ? Trudeau a pourtant signé avec Élizabeth II, notre fausse indépendance…
Quand Trudeau et son «french power» se sont présentés à Ottawa, c’était pour défendre les intérêts du Québec au fédéral. Le Québec sortait à peine des griffes de Duplessis et du clergé. Nous vivions à l’âge de pierre. Nous allions dans des écoles de rangs (j’y suis allé), mais chez-nous Jean Lesage et René Lévesque mettaient en place des instruments collectifs qui nous modernisaient.
Avec René Lévesque, la politique passait du patronage au gouvernement du peuple. C’était la décolonisation. Trudeau et Lévesque étaient deux visionnaires. Lévesque nous a laissé la modernité dans ce qu’elle a de meilleure alors que Trudeau avec sa société juste a tenté de créer une société juste et libre basée sur la liberté sexuelle et le bilinguisme. L’esprit conservateur de l’époque, la poigne du clergé exigeaient que le Québec soit écrasé pour songer à de tels changements. Aujourd’hui, Trudeau serait surpris de constater que l’Ouest canadien est encore plus conservateur que le Québec. Quant à René Lévesque, sa lucidité nous éclaire encore. Notre relation avec les Autochtones le prouve assez bien.
Cependant, si la souveraineté-confédération ne se fait pas rapidement, il est normal que l’on revoie les raisons d’exister du « modèle québécois», qui est là pour garantir une forme de sécurité économique et financière, au début de notre autonomie. Sinon, ce sont quelques individus qui s’enrichissent de notre beau rêve.
Le Québec ne peut s’affranchir, sans d’abord éliminer les carcans de peur et de naïveté, sans s’assurer qu’il sera toujours un état francophone. La souveraineté exige que le Québec soit le seul sur son territoire à pouvoir percevoir toutes les taxes et tous les impôts.
Tant que le Québec n’acceptera pas d’être un pays ou de faire partie d’une vraie confédération (ça revient à la même chose que la souveraineté-association), nous vivons dans un régime colonial. Les « Red Necks», les « Wasp» anglophones canadiens essaient d’écraser tous ceux qui ne sont pas de cette confrérie.
Quand René Lévesque pensait au peuple, Trudeau pensait Trudeau (il s’adorait lui-même tant il s’admirait) et vivait de la prospérité d’être chef du Canada, même s’il venait d’une très riche famille.
Avec Trudeau, le Canada anglais a commencé à se mirer dans le Québec à travers une lentille déformante. Il accusait le Québec de tout ce qu’il faisait, tout était mauvais quand ça venait faisait au Québec. Mais, tout ce qui était avant-gardiste venait du Québec. Le Québec est vite devenu la mauvaise conscience du reste du Canada.
Il suffisait que le Québec crée une solution dans un domaine pour que le fédéral essaie de la récupérer, avant de dire que c’était mauvais au Québec. Cette imitation grotesque du savoir-faire québécois est devenu une véritable industrie politique.
Pendant que le peuple crève de faim parce que les programmes sont inefficaces, trop gros, trop mur à mur, Ottawa dépense des millions pour nous apprendre que l’on est des Canadiens et non des Québécois. (Ce fut prouvé avec les commandites) Cette guerre constitutionnelle rapporte une fortune aux amis du pouvoir. Pendant que Chrétien se pavane à l’extérieur pour prôner la démocratie, au Canada, l’éditorialiste en chef d’un journal anti-chrétien, est mis à la porte parce qu’il ose le critiquer. Paul Martin, la marionnette exécutive de la haute finance, essaie de le faire tomber parce que les vrais riches veulent avoir un des leurs pour assurer le bon fonctionnement de leur exploitation.
Nos institutions et nos lois sont devenues une véritable farce puisqu’elles existent pour servir une mafia légale de plus en plus corrompue pendant que les États-Unis envahissent l’Amérique … comme la Russie avec la Tchétchénie ; et en Asie, la Chine et le Tibet…
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En qui peut-on avoir confiance ? Les Églises ont inventé le péché de la chair pour nous contrôler tous et mieux nous exploiter grâce à la culpabilisation. La droite américaine juive fait la guerre au catholicisme, la seule religion basée sur l’amour, même si elle prêche et fait le contraire ; les pays ont inventé les frontières pour créer des guerres et favoriser le trafic d’armes. L’amour est jeté en prison par les faucons pour avoir plus de puits de pétrole ; les Talibans essaient comme les Mormons de nous ramener à la préhistoire de l’humanité. Si on veut croire que les musulmans ne sont pas des islamistes, ils devront dénoncer ceux qui prétendent parler en leur nom.
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Au Québec, le parti libéral est le voleur officiel, celui qui veut diriger pour avoir le gâteau à son tour alors que le Parti québécois est celui des idéalistes. Comment avoir confiance à des professionnels qui ne songent qu’à s’enrichir ? Combien en coûte-t-il pour avoir des soins dentaires, par exemple, d’urgence. Pourquoi faut-il toujours recommencer pour s’inscrire à l’aide sociale ? Est-ce parce que ça permet au gouvernement d’être encore six mois, sans offrir tous les services ? Faut-il endurer six mois, un mal de dent ? Pourquoi les logements sont-ils vite devenus une denrée privilégiée de la finance ? Pourquoi gagne-t-on toujours plus pour être de plus en plus endettés ?
Tant que le pouvoir sera concentré entre les mains d’un tout petit nombre, nous serons les victimes impuissantes de la mafia capitaliste.
Quand on regarde ce qui se passe en Russie avec la Tchétchénie qui n’a que le malheur d’être riche en pétrole, on sait que le communisme ne vaut pas mieux que le capitalisme, que les autorités paient la police ou les services secrets pour organiser ses attentats sur le dos de l’adversaire.
Ottawa essaie de récupérer la confiance des autochtones parce que le Québec vient de signer une nouvelle entente avec eux. Pour leur fournir plus d’argent, on augmente le prix des cigarettes, ce qui leur permettra grâce à la contrebande de se faire encore plus de profits. Les pauvres n’avaient que la cigarette car la culture coûte une fortune. Elle n’est pas abordable à tous.
Avec les taxes, le droit légal de voler le peuple, ils viennent de perdre aussi le droit de se payer une bonne cigarette. Les anti tabagistes sont bizarres. S’il est vrai que les cigarettes polluent à ce point pourquoi nos dirigeants n’exigent-ils pas qu’elles soient totalement interdites ? À ce moment-là, il faudrait aussi interdire les autos dans les villes…
Si on ne le peut pas, qu’on se ferme la gueule, c’est le seul loisir que peuvent encore s’offrir les plus pauvres… fumer pour mourir plus vite … encore là, ça coûte une fortune.
L’erreur du «French Power» fut de tellement s’assimiler aux plus forts, à la bourgeoisie Anglo-orangiste (Wasp) que le parti libéral est devenu obsédé contre l’indépendance du Québec. Dès lors, des Québécois pouvaient nous combattre en faisant croire qu’ils défendaient les intérêts des Québécois.
Au lieu de céder aux provinces tous les pouvoirs qu’elles peuvent mieux gérer ; le fédéral est devenu un instrument de strangulation pour le Canada lui-même. Chicanes sur chicanes. Le fédéral s’est outrancièrement centralisé et il s’est de plus en plus approprié des domaines réservés aux provinces.
Le « French Power» a découvert son pouvoir : il suffit de cracher sur le Québec pour devenir des héros nationaux.
Le parti libéral est devenu le parti des Anglais et des Juifs anglophones de Montréal. Comme le disait Raoul Roy, dans son livre : Lettres aux juifs de Montréal.
Aujourd’hui les fédérastes sont tellement imbus d’eux qu’ils ne respectent même plus les libéraux du Québec. Jean Charest est le vassal par excellence. Il accepte tout en autant que ce soit ce qui nous conduit à devenir majoritairement fédéraste. Ainsi, il a rejeté d’appuyer vraiment le rapport de l’ex-ministre libéral Seguin, même si cela fait crouler le Québec sous les dettes et le force à se priver d’un bon système de santé public et d’éducation. Charest a tellement soif des bénéfices du pouvoir qu’il s’écrasait avant même d’être au pouvoir, devant ses vrais patrons Ottawa et la finance.
Le plan B de Stéphane Dion n’est-il pas d’écraser économiquement le Québec ? C’est lui-même qui l’a dit. Même l’ancien ministre libéral, M. Savoie, de Val-d’Or, m’avait confié, croyant que j’étais libéral parce que j’enseignais à Percival, l’école anglaise de Val-d’Or, que le problème du Québec était d’être étouffé par Ottawa. Les Anglophones du Québec ne sont-ils pas aussi écrasés par Ottawa que les Francophones quand ils paient leurs impôts ?
Voter ADQ permettra-t-il d’aller chercher plus d’argent à Ottawa ? Cessera-t-il de revendiquer dès qu’Ottawa leur dira de cesser de japper ? Que fera l’ADQ quand Ottawa aura officiellement rejeté le rapport Allaire ? Ce qui l’est déjà officieusement sans même que l’ADQ soit au pouvoir à Québec. Comment pourra-t-il alors mettre le rapport Allaire en application ? Sera-t-il bonifié pour répondre aux besoins essentiels du Québec ? L’ADQ acceptera-t-il toutes sortes de compromis comme il le fait déjà ? Nous offrira-t-on une nouvelle constitution, genre Charlottetown ? Une chose certaine, les Québécois veulent qu’il se passe quelque chose, qu’ils cessent d’être étouffés, sans recevoir de services. Mais, auront-ils la lucidité de mettre fin au centralisme d’Ottawa ?
Le problème : Trudeau et Lévesque ont vécu à la même époque, en même temps. Il aurait fallu pour notre bien, que ces ceux-là vivent un après l’autre… Trudeau, puis, Lévesque.
Trudeau nous aurait débarrassés du joug colonialiste de l’Angleterre et Lévesque aurait créé un nouveau pays du Québec. Au pire, Lévesque n’étant pas un séparatiste, aurait-il prêché la nécessité de devenir une véritable confédération canadienne ou de devenir un état des États-Unis.
Si le Canada n’a pas l’intelligence politique de créer une véritable confédération, les États-Unis l’auront bientôt avalé. Jamais Trudeau n’aurait même accepté une chose semblable. Le Canada a beau être le joujou de l’Ontario, il doit demeurer complètement indépendant des États-Unis, marché commercial ou pas…
Avec la concentration des entreprises, les États-Unis prennent de plus en plus le contrôle du Canada. Bientôt, le Canada ne sera plus qu’un satellite américain. Un état du grand frère, abusé, impuissant, mais béatement comblé car il sera le partenaire de St-Georges Bush. Nous sommes des aliénés dans le sens moderne du mot …
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Dans mon procès à Val-d’Or, j’ai appris que les média sont aussi corrompus que la justice. Ils sèment le mensonge, l’opinion … ils refusent de chercher la vérité, car ils sont au service du pouvoir. Et voilà pourquoi il demeure tabou de faire la différence entre la pédérastie et la pédophilie. On préfère le sensationnalisme.
Les médiasde Val-d’Or ont d’abord prétendu que les accusations venaient de l’école où j’enseignais. Ce qui était absolument faux. Mathieu ne fréquentait pas à mon école. Les média ont suivi mon procès avec insistance. Même si je ne me présentais pas en cour, la télévision avait des séquences d’archives pour parler de moi.
J’étais l’indépendantiste radical pris dans une histoire de cul. J’avais été longtemps président de la Société nationale des Québécois. On considérait à Rouyn -Noranda que j’étais trop radical. Ce procès salissait la Société nationale des Québécois, car, en plus, j’avais été l’attaché de presse « incognito» de M. Irénée Pelletier, député péquiste. Y paraît qu’il ne m’a jamais pardonné d’être pédéraste parce qu’il l’a appris fort probablement avec mon procès ou par un de mes écrits. On n’en a jamais parlé ensemble. Je sais simplement qu’il était étonné de l’existence des homosexuels et qu’il n’en était pas un défenseur.
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Comme me disait Pierre Péladeau, propriétaire de Quebecor, ce dont il faut parler, c’est ce que les lecteurs veulent entendre. Comme journaliste, il m’a déjà congédié à Port-Cartier, parce que j’étais trop à gauche. Ce n’est donc pas exclusif aux libéraux de Paul Desruisseaux ou Power Corp. pour qui j’étais trop nationaliste.
J’ai toujours cru et je crois encore que la vérité est le seul maître d’un bon journaliste. On ne pouvait pas m’acheter, même si j’ai parfois eu très peur. J’étais trop indépendantiste au goût de Power Corporation, sous Paul Desmarais. On croyait que j’exprimais trop mon opinion, ce qui est totalement faux. Par contre, c’est vrai que j’étais trop fanatique. Je manquais de nuances. C’était carrément enfantin que d’appeler la Tribune de Sherbrooke– la Truie Brune– comme je l’ai fait dans Il était une fois dans les Cantons de l’Est ou Lettres ouvertes aux gens de par chez nous. Fondamentalement, je me révoltais contre la censure. Les gens de l’Estrie se faisaient littéralement écraser par le fédéral et nous devenions, avec notre silence, des complices.
Je faisais parvenir à Québec-Presse les articles que La Tribune n’avaient pas l’honnêteté de publier. Par contre, j’ai toujours beaucoup appris en travaillant à la Tribune. Je conserve l’essentiel de ce que son président, M. Yvon Dubé, m’a appris :
Il y a toujours deux côtés à une médaille et un bon journaliste ne cherche que la vérité et non à satisfaire les intérêts d’un des côtés concernés. Il présente les faits tels qu’ils sont, laissant au public le soin de choisir. Je suis toujours d’accord avec cette définition du journalisme.
Je crois qu’un bon journal doit chercher à recruter les éléments de toutes les tendances pour travailler avec lui. Ainsi, il appartient au lecteur de choisir sa vérité. Un bon journaliste ne peut pas — même si on prétend le contraire — être absolument neutre. Il y a toujours une part de subjectivité dans le choix même des questions que l’on pose. Seul le fanatisme qui conduit invariablement à la violence doit être interdit. Le fanatique ne respecte pas l’autre, celui qui pense différemment. Le seul maître et le seul but du bon journaliste est de dire la vérité, pas d’être un bon vendeur.
Il est incroyable que l’on prétende à la liberté de pensée et de parole au Canada et que l’on ne puisse jamais critiquer les femmes sans que les féministes nous prennent pour des misogynes ou les Juifs, sans faire appels aux camps de concentration ou de passer pour des antisémites. Bientôt, il faudra croire que Ben Laden est un bon gars. Remarquez qu’il n’est pas pire que George Bush.
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Je les trouve beaux, les petits juifs, avec leurs petites mèches de cheveux sur le bord de la tête. Je suis content, malgré tous les problèmes que m’a causé ma pédérastie que cela m’a permis d’aimer tous les enfants de la terre et d’ainsi éviter le racisme. Ma curiosité sexuelle me permit d’aimer les humains bien au-delà de la couleur de la peau.
Malheureusement, tous les petits juifs et musulmans sont circoncis, ce qui leur enlève le charme de la diversité… Avec ce qui se passe au Moyen-Orient, je ne suis pas certain, que ma farce soit encore drôle. Aucun enfant ne devrait subir la guerre des adultes et des fanatiques.
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Personnellement, je crois que toutes les mutilations corporelles, religieuses ou non, devraient être interdites, à moins qu’elles soient nécessaires à la santé de l’individu concerné. La nature peut être mesquine elle aussi.
On devrait interdire l’enseignement religieux dans les écoles. Cet enseignement devrait se faire par les parents à la maison, les religieux dans les temples des différentes confessions religieuses. Avant l’âge adulte, les jeunes sont incapables de saisir les religions. C’est ainsi quand il s’agit de la liberté sexuelle, pourquoi en serait-il autrement pour sa foi ?
Les religions doivent se soumettre et respecter les règles, les lois de la société civile. Les symboles religieux n’ont pas à être tolérés en public. Le jeune n’a pas à se promener à l’école avec un poignard pour rappeler aux gens qu’il a un pénis, peut-être même un peu plus petit que son symbole, mais le temps se chargera bien de le faire allonger.
Qu’on le veuille ou non, les religions ont multiplié consciemment ou non des symboles sexuels. Il est étrange que l’on croit maintenant que ces symboles sont essentiels. L’aliénation est fondée sur le contrôle de l’inconscient… Au Québec, les religions qui nous arrivent de l’extérieur, tout comme le catholicisme, doivent se soumettre et respecter l’ordre civil.
Le Québec veut être un pays laïc, neutre, respectant le droit individuel de professer la religion de ton choix en autant qu’elle respecte la réalité québécoise.
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C’est dommage que l’on n’apprécie pas mon sens de l’ironie .
J’ai toujours trouvé écœurant d’être perçu comme un gars merveilleux jusqu’à ce que je dise que je suis pédéraste comme si ça changeait quelque chose dans leur vie ou dans la mienne . Tu es hypocrite parce que tu ne l’as pas crié sur les toits, et pourtant, dès que tu as le malheur de croire que les gens sont assez développés pour entendre la vérité et de le dire franchement, tu es automatiquement crucifié, «rejet», vicieux. T’es le pire des écœurants alors que pourtant tu ne fais que tomber amoureux d’un jeune.
Je ne me vante pas d’être pédéraste par orgueil, mais parce que je suis socialement engagé. Je ne veux pas que mon orientation sexuelle rejaillisse sur ceux qui m’entourent, du moins, tant que les gens ne seront pas assez intelligents pour comprendre qu’il est préférable d’être en amour que d’être violent. Ce sera ainsi tant que le système s’attaquera à l’entourage et aux témoins pour briser un individu.
Certains jeunes qui ont vécu avec moi ont affreusement souffert de ma réputation, car ils deviennent automatiquement aux yeux des autres des homosexuels, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Presque tous ceux qui ont vécu très près de moi étaient hétérosexuels. Ce que l’avenir a confirmé. Mes voisins à Montréal m’ont admiré jusqu’à ce qu’ils apprennent que je suis pédéraste. Là, tout devient différent, je suis un « hostie de cochon»… mais pourtant, je suis exactement le même gars qu’ils admiraient et qu’ils trouvaient si généreux. Il paraît qu’avec les racontars autour du 2240 Quesnel, après la mort de Rouhed, on aurait pu développer une légende, tellement les grands gueules se faisaient aller. Le principal problème des humains, c’est de ne pas se mêler de leur affaire et de toujours essayer de contrôler l’autre au lieu de soi-même.
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Comment être pédéraste sans mentir ? Légalement, on peut te poursuivre jusqu’à l’époque de ton adolescence … le fanatisme antisexuel est la plus sauvage des violences… c’est encore pire que la lutte au tabagisme… Ça ne donne rien d’essayer de l’expliquer, ça ne te vaux que des souffrances bien inutiles… l’hypocrisie est mieux vue … la vie humaine est moins importante que la chasteté. C’est un monde de fous, de fanatisme, mais c’est notre monde… On n’a pas su évoluer.
Marguerite Yourcenar est un écrivain extraordinaire qui nous a montré que le fanatisme est omniprésent. Mais l’amour hors-norme est aussi la liberté… donc, une responsabilité.
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Ce fut non seulement la question de ma vie, ma quête dans l’Homo-vicièr et Laissez venir à moi les petits gars ; mais celle de tous les pédérastes que j’ai connus. Pourquoi faut-il toujours vivre en hypocrites ? Pourquoi un amour illimité, plein de tendresse et de caresses, un petit jeu de sexe de temps en temps, est-il pire que la violence, si le jeune est consentant ? Pourquoi a-t-il le droit de décider qu’à 16 ans ? C’est ignorer le développement des garçons, c’est les contraindre à vivre le contraire de leur nature profonde. C’est leur mettre dans la tête un mal, un péché qui n’existe pas.
Pourquoi une guerre est-elle plus acceptable qu’une manifestation d’amour ? Simplement parce qu’un des partenaires est mineur ? Pourquoi les grandes puissances sortent toujours leurs armes au lieu d’ouvrir le portefeuille pour solutionner les problèmes et la misère à travers l’humanité ? Aie-je parfois manqué de discernement ? Aie-je voulu profiter de quelqu’un sans même m’en rendre compte ? Aurais-je été un bourreau plutôt qu’un amant? À ma connaissance, ce n’est pas le souvenir que j’ai laissé aux jeunes que j’ai aimés.
Comme toute personne qui a une conscience, ce sont des questions qui me torturent. Apprendre à vivre la liberté, avec ses responsabilités, ça ne se réalise pas dans une journée d’expérience. Je suis «fucké» comme tous les humains parce qu’il y a trop de questions sans réponse. Suis-je responsable des rumeurs et des mensonges des autres quant à mon état d’humain ?
Le système judicaire — nos tueurs légaux — a inventé deux raisons pour que je puisse être tué en prison. Une femme de juge à Rouyn-Noranda, m’a-t-on dit, aurait même acheté une bouteille de vin pour fêter ma raclée ou ma mort en dedans. Ce n’était peut-être pas si stupide de croire qu’on voulait me tuer ? Mais comment expliquer que ce désir soit partagé par ceux qui menaient le même combat que moi pour l’indépendance du Québec ? On me prenait probablement pour un gars plus dangereux que je ne le serai jamais.
Ma conception de la vie, mon idéalisme quant à l’honnêteté et la vérité coûterait trop cher à ceux qui dominent pour la laisser se répandre… De la paranoïa? Possible. Quand j’enseignais, je ne publiais presque rien.
La raison que l’on a évoquée pour justifier ma sentence aurait été quadruple :
1- Pouvoir prétendre que je suis pédophile, alors que je suis pédéraste.
2- Prétendre que j’ai parlé avec des agents de la GRC. C’est faux, mais ça permettait de semer le doute chez qui je pouvais exercer une certaine influence en faveur de l’indépendance du Québec et surtout me valoir un attentat en prison.
3- Affirmer que je faisais perdre des millions à la mafia en appuyant la loi antigang.
4- Avoir touché au pauvre petit zizi de Mathieu qui n’a même pas eu le temps de bander et qui se serait vanté de m’avoir arrangé la face.
J’avais un certain poids politique, mais certes pas assez grand pour faire changer les choses.
Il y avait d’abord la pseudo-pédophilie dont on m’accusait à tort, en refusant de faire la distinction entre un pédophile, un pédéraste et un psychopathe. Pourtant, dans tous mes écrits j’ai toujours très clairement condamné la pédophilie (rapport sexuel avec des enfants de moins de 10 ans).
Je réclame le droit aux jeunes garçons d’avoir la maîtrise absolue de leur corps et à leur liberté du choix de leur apprentissage de l’autocontrôle. Si les jeunes adolescents le veulent, un adulte peut participer à cet éveil comme au temps des grands maîtres ou des grands chamans, en autant que ce choix soit vraiment libre et celui du jeune. La liberté sexuelle doit être éclairée par une bonne éducation sexuelle scientifique. Notre vie amoureuse dépend aussi de notre expérience des émotions, de la connaissance de son propre corps et celui des autres. La vérité doit être absolue quand il est question de sexualité. C’est notre vie qui en dépend.
Qu’on en pense ce que l’on voudra, il est préférable de contrôler la surpopulation par l’homosexualité que par des guerres ou en inventant des sidas en laboratoire, tout en exécutant des recherches militaires pour créer de nouvelles armes chimiques et bactériologiques. Quand il y a une épidémie, la main de Dieu n’a pas à être celle de la CIA ou de tout autre service secret.
Quand j’étais jeune, je rêvais aussi d’un mentor qui me guiderait dans la vie et dans ma carrière. J’avais peur de ne pas avoir les ressources nécessaires pour survivre sans mes parents ou la protection d’un adulte.
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Les parents seraient surpris de l’âge où on commence sexuellement à vouloir l’autre. Je n’avais pas dix ans, malgré ma peur, que j’aurais aimé être séduit, touché, caressé par un homme que j’aimais bien et que j’accompagnais à son travail. Il ne m’a jamais touché. Je l’ai bien aimé et il n’a jamais compris pourquoi son petit chinois (j’avais dit-on les yeux bridés) tenait tant à l’accompagner. Il me l’a demandé quand il avait plus de 80 ans. J’étais allé le revoir avec ma mère, après plus de 70 ans, mais je n’ai jamais pu lui avouer, devant ma mère et son épouse, que le petit garçon ne l’accompagnait pas parce qu’il aimait son petit chien, mais parce qu’il rêvait de se faire caresser, chérir, aimer par lui.
J’aurais voulu être la poupée ou savoir ce qu’on ressent quand un adulte te met la main sur le pénis. On nous refuse le droit d’avoir de forts besoins sexuels quand on est jeune. On sait que l’amour conduit à la solidarité. Et, la solidarité est le pire ennemi d’une institution ou d’un état qui veut nous exploiter. Dans un monde de solidarité, le plus faible est celui à qui l’on porte le plus d’attention.
Je parlais très vite de ma pédérastie à tous les jeunes avec qui j’entrais en contact pour m’assurer qu’ils sachent dès le départ qui je suis et qu’ils ne puissent pas prétendre ne pas avoir été consentants. La masturbation me suffira-t-elle jusqu’à la fin de ma vie ? C’est tout ce que l’on peut se permettre quand on enseigne.
Bizarrement, depuis ce temps, je vis de plus en plus d’expériences strictement gaies. Serait-ce que les psychiatres avaient raison à l’effet qu’on peut devenir gai si on est pédéraste ?