Spirale intraprojective 10
Spirale intraprojective 10
Ou Voyage au bout de ma folie.
L’indépendance et la mondialisation. Un peuple. Un pays. (pp. 76 à 86)
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Ce doit être dans ce même esprit que le ministère de l’Éducation du Québec a refusé de m’octroyer un prêt-bourse pour obtenir un bac en littérature (différent d’une maîtrise en création que j’ai déjà) , ce qui m’aurait permis de réorienter mon enseignement vers le cegep. Même si j’ai une maîtrise de l’université de Sherbrooke, cette formation ne me permet pas d’enseigner la littérature française, car ça exige d’autres connaissances. Ce avec quoi je suis d’accord. Il faut savoir de ce dont tu parles quand tu enseignes.
J’ai fait une erreur en choisissant d’abord d’aller chercher un certificat en scénarisation, en pensant qu’avec la Thérèsa, je pourrais travailler sur un film, ce qui me permettrait de me sortir du trou financièrement et de reprendre une vie normale. Je pensais sincèrement qu’en créant de bons scénarios de films, je pourrais me faire assez d’argent pour remettre les dettes que je venais de créer. Mais ce moyen a tourné contre moi. Je me suis endetté davantage et je n’ai jamais pu obtenir un contrat pour un scénario de film. Ce fut des études quasi inutiles puisqu’elles ont servi qu’à me faire dépenser de l’argent.
En création, tu peux travailler des années inutilement. Les créateurs reçoivent une récompense de famine alors que ceux qui exploitent leurs idées s’enrichissent. Je n’y vois rien à critiquer, sauf, qu’un créateur devrait pouvoir s’occuper de son œuvre, sans perdre son temps à gagner sa vie en dehors de son travail de créateur. Ainsi, tu dois travailler pour payer ce dont tu as besoin pour tenter de produire un exercice qui rapporte assez pour te faire vivre. Juste avec ce carnet si on me donnait un sou par visite, je n’aurais plus de dettes et j’aurais même de l’argent pour voyager.
Selon le ministère, je dois rembourser mes dus, avant de pouvoir suivre une autre formation universitaire, même si j’ai déjà remboursé tout ce que j’ai eu pour faire mon bac. C’est impossible de t’en tirer. T’as besoin de formation pour trouver un emploi, mais pour avoir cette formation, tu dois payer plus que tu en es capable. J’ai déjà remboursé tout ce qui m’a permis d’enseigner durant 15 ans, en payant aussi des impôts. J’ai dû aussi trouver l’argent pour m’occuper jusqu’à leur majorité des deux jeunes garçons que j’avais adoptés légalement (que le système aime ça ou pas). J’avais remboursé tout ce que je devais en raison de la loi des dépôts volontaires. Je ne devais plus un sou. Je travaillais.
Je voudrais bien en refaire autant, mais on doit me permettre d’en avoir les moyens. Je dois travailler, tout en ne nuisant pas à mon métier d’écrivain.
On me le refuse. On dirait qu’au cinéma, on a peur qu’il y ait trop de jeunes nus dans mes films. J’avoue qu’en plus d’être voyeur, je crois que la liberté de la nudité est une évolution nécessaire dans l’esprit des humains. Je n’ai pas honte de la nudité. Ça ne fait de mal à personne d’être vu nu. Mais, selon le système, il ne faut surtout pas réveiller les désirs. Quels cons ! Il faut être fascistes et réprimer le plaisir. Je suis trop vieux pour changer de trip.
En littérature, on a peur que mes textes soient des messages politiques cachés, en plus, d’être favorables à la pédérastie. Deux raison pour m’écarter. Donc, il faut me rayer le plus possible des rayons des bibliothèques. À Montréal, on refuse, on censure mes écrits. Des moralistes doivent décider, auparavant, ce qui sera lu par la population. Il est ainsi presque impossible de retrouver mes livres. Par contre, jusqu’à date, la bibliothèque nationale a presque tout ce que j’ai écrit ainsi que la bibliothèque de l’UQAM (sauf le dossier sur la Thérèsa qui est aux archives du gouvernement québécois, à Sherbrooke, sous un titre chiffré).
Et, dans la vie quotidienne, on a peur que je rencontre la jeune âme-sœur… quelle société d’abrutis ! L’amour est pourtant moins dangereux que la violence ! Mon ami actuel à 70 ans. Je suis la jeune victime de son charme.
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La démocratie passe par la vraie libération sexuelle de la femme, c’est-à-dire celle où elle est fière de vivre sa différence corporelle et de l’assumer pleinement. C’est loin de la perception sexuelle homophobe des féminounes.
Les femmes ne seront égales que le jour où sexuellement elles cesseront d’avoir honte d’être femmes et de se sentir objet sexuel (Pouvoirs de l’horreur, Julia Kristeva, éditions du Seuil, 1980), mais qu’elles se verront comme un partenaire dans la réalisation d’un plan de vie avec une autre personne, comme le disait même Mahomet.
Actuellement, leur chasse aux pédérastes (qu’elles nomment malhonnêtement pédophiles) et aux homosexuels (c’est ce qui couvre sous la cendre) cache presque toujours une chasse aux marginaux, aux libres penseurs ; car, s’il y en avait trop, on risquerait de semer le doute dans le système. Cette couverture permet aux autorités de faire diversion comme les sports et de s’infiltrer dans les foyers. La répression sexuelle est la base des mouvements de droite dans le monde pour faire revivre le fascisme. C’est un contrôle psychique…
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Au Québec, on veut un pays et on n’a même pas l’intelligence politico-culturelle de créer une littérature nationale.
Les hauts-fonctionnaires qui perpétuent l’exploitation du peuple reçoivent, même « tablettés», des salaires mirobolants alors que les créateurs (écrivains, scénaristes, peintres, musiciens, etc.) continuent de crever de faim s’ils ne sont encore très connus.
Ce fut le cas de Gaston Miron et de Gilbert Langevin, les deux plus grands poètes du Québec. Comment créer un pays si tu ne veux même pas assurer à tes créateurs le pouvoir de s’occuper de leurs œuvres sans crever de faim ? Comment créer un pays sans ses propres héros ? Pourquoi la littérature est- elle maintenant presque exclusivement féministe ? Elle est même féminoune, car on a créé une littérature de la jeunesse pour protéger les enfants trop intelligents contre les allusions au sexe et éliminer toute curiosité sur le sujet. Un autre moyen de contrôler la pensée des gens dès leur enfance.
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Aussi invraisemblable que cela puisse être, je reçois dix fois plus d’argent (redevances) du Conseil des Arts du Canada que du Québec. Pourtant, j’ai toujours cru que la raison principale pour laquelle j’écris et pour laquelle je me suis battu, soit l’indépendance du Québec, repose surtout sur le fait que le reste du Canada nie ma culture francophone.
Ce que j’ai à dire sur la pédérastie n’a pas de langue, ni de race, ni de pays. Il s’agit de la liberté de l’individu. On sait que les jeunes ne réclameront pas leurs droits. Dans la Charte des droits de la personne, toute discrimination d’âge est interdite, mais on dirait que c’est un élément juste pour paraître, faire avant-gardiste. On le dit mais il ne faut surtout pas que ce soit appliqué dans la réalité.
Si je ne vaux rien comme écrivain que l’on me le dise.
Je vais réajuster complètement ma vie sans l’écriture. En attendant, je dois payer pour me faire entendre. En ce sens, je doute fortement que j’ai assez de talent pour devenir un écrivain mondialement connu. La littérature est devenue un commerce. Il faut être bon vendeur pour être publié. Moi, j’écris pour changer les choses.
Par contre, dans ma vie quotidienne, on me défend mes amours pédérastiques à la Roger Peyrefitte, mes amours de « sugar dady ». On rend criminel des rapports sociaux individuels qui ne devraient regarder que les personnes directement concernées. Alors qu’en réalité, la sexualité n’occupe que très peu de place dans mon « temps physique », son interdiction a fait qu’elle noie tout. Ça me fait perdre un temps hallucinant.
Pendant que je perds mon temps à essayer de faire comprendre mon point de vue sur la pédérastie, que je braille sur mon sort alors que je demeure, malgré mes difficultés, un petit enfant gâté parce que je travaille à autre chose que mon écriture pour survivre.
La société bourgeoise resserre son emprise. Plutôt que de devenir plus libertaire, elle contrôle tout, en tuant, s’il le faut. On ne retient de la sexualité que les raisons pour l’interdire. Au lieu de féminiser l’homme, comme le voulaient les mouvements féministes des années 1970, où chacun acceptait sa part, sa réalité, homme-femme, on a gardé les raison de craindre la sexualité et la combattre. Cette paranoïa sexuelle ne cesse de se propager.
Demain, nous vivrons dans un monde où plus personne ne sera libre de s’aimer. La peur de l’Autre est devenu le moteur de notre agir et de nos suicides chez les jeunes, particulièrement, s’ils se découvrent gais.
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L’ascétisme, c’est le morbide, le masochisme dans la sexualité.
On circoncise l’homme pour enlever de son corps toute trace, même symbolique, de sa féminité, d’où la circoncision est en soi (sauf pour des raisons médicales) une création macho. On excise les jeunes filles pour les empêcher de jouir par stupidité. Pratiques religieuses ou culturelles barbares qui devraient être universellement proscrites.
Ces mutilations inutiles et stupides prouvent bien que sur le plan sexuel, nous ne sommes pas encore sortis des cavernes. On nous oblige, grâce aux interdits sexuels, de penser à autre chose pour mieux vider nos portefeuilles. Si l’on peut être assez naïf pour croire dans le péché de la chair, on est de bons moutons à tondre. …
Sur le plan sexuel, il n’y a pas de péchés, mais chacun de nos gestes portent en soi une très grande responsabilité. Toutes ses pratiques symboliques religieuses anti-sexe de masse devraient être interdites. De plus, le spirituel ne doit pas se confondre avec le politique.
Quand on est capable de nier ou de rejeter sa sexualité, on peut devenir par la suite assez fanatique pour se suicider pour un dieu. Le lavage de cerveau est complet.
Je ne suis pas de ceux qui croient qu’il faut nécessairement souffrir pour grandir. C’est en partie vrai, car la souffrance nous fait réfléchir, mais ça peut-être aussi le contraire… la souffrance peut aussi nous faire régresser. Elle peut nous rendre bêtes. Notre société est dirigée par les faucons, l’orgueil, le commerce et la domination ; voilà pourquoi on bénit la violence et son économie.
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Pour améliorer mon sort, on m’a refusé un prêt étudiant dans le cadre du projet Sprint pour qui me permettait de me recycler dans la connaissance des ordinateurs et de l’internet. Pour m’empêcher de polluer l’esprit des jeunes, j’imagine. Le pire on avait déjà accepté. Mon entrée était réglée au cegep ; puis, on a tout cancellé en disant que l’on avait fait une erreur administrative.
On a peur que je leur enseigne peut-être pour éviter les touchers défendus. Je les vois déjà ces pauvres jeunes se tordre de plaisir au bout de mes lèvres. Une première question surgit : A-t-on le droit de laisser jouir la jeunesse ? Je dois être anormal, je préfère sucer à l’être… question de direction des énergies, de boire à la source de la beauté plutôt que de m’offrir aux énergies dissipées dans le nuage du passé… criait un fantôme. On crut reconnaître Verlaine, mais ça pouvait aussi être n’importe quel vent.
Comment peut-on penser qu’il est préférable de laisser un jeune crever de faim plutôt que de le voir vivre de l’amour d’un bonhomme, qui l’a remarqué et en en est tout simplement tombé amoureux ?
La morale sexuelle répressive est une psychose paranoïde. Tout le monde sait que le fascisme de gauche et de droite naît de la répression sexuelle. Les deux extrêmes se rejoignent sur ce plan. La répression sexuelle tient de la peur et de la honte que le système a inventé autour du sexe. Elle permet aussi la notion de propriété privée : mon épouse n’appartient qu’à moi. La répression naît des tabous.
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J’écoutais l’autre jour, à la télévision un ex-jeune se plaindre d’avoir été sucé par un prêtre. On a prétendu que ce prêtre avait volé sa jeunesse. Ce geste l’a sûrement mutilé. Se serait-il asséché ? Les cadeaux reçus et les voyages faits lui furent sûrement aussi très néfastes. Si néfastes qu’il a pu continuer d’en profiter en le dénonçant. Adulte, il a porté plainte contre l’Église catholique qui, dans son idiotie, lui a versé 350,00$ américains … C’est cher pour une pipe.
Comment peut-on faire croire que se faire sucer fait si mal que ça t’enlève ta jeunesse ? La jeunesse tombe avec le bandage ? Il faut être débile pour croire dans ces mensonges et ces hypocrisies. Les jeunes qui se sont suicidés avaient-ils d’autres problèmes émotifs ou était-ce dû à leur incapacité à endurer le regard des parents et leur état d’hystérie ?
En réalité, la droite américaine avec ses preachers, a décidé d’occuper plus de territoire. Pour cela, il faut écraser le pouvoir de la religion catholique. Cela fait aussi l’affaire des autres religions. Plus on est hypocrite, plus c’est payant. Nous assistons à une guerre pour la suprématie religieuse, la domination des âmes … Chaque confession accuse l’autre de ses propres péchés.
L’amour des garçons existe depuis le début de l’humanité. On ne peut rien contre la petite nature, on naît ainsi. On ne peut apprendre qu’à la contrôler et s’en servir le plus positivement possible, mais l’homme est trop hypocrite pour l’admettre. Il préfère prétendre que c’est contre nature et que Dieu, dans son infinie sagesse, est un imbécile qui s’est trompé en mélangeant les gênes.
Le problème de notre société, face à la sexualité, est de ne pas comprendre qu’il y a tout un monde entre deux êtres qui tombent amoureux, même par la séduction du plus vieux, et le commerce, les réseaux sexuels qui sont protégés par la loi et basés sur le proxénétisme ou l’esclavage… On oublie de faire la nuance entre le trafic d’enfants pour le travail, leurs organes, les bénéfices du parrainage international et de l’adoption et l’amour qui peut tout simplement s’établir entre deux êtres. Un amour qui n’a pas de sexe, de couleur ou d’âge.
La pédérastie n’est pas un réseau, ce sont deux êtres qui tombent en amour l’un de l’autre … sans limite d’âge et de sexe. Aux États-Unis, on en est rendu à définir la pédophilie comme étant les rapports entre un jeune de 16 ans et un plus jeune que lui. Comme société malade, on ne peut pas envisager mieux … mais, on peut bien vendre des armes aux enfants, sous prétexte de la liberté. Un fusil doit être moins dangereux qu’une fellation !
Les réseaux sexuels tout comme ceux de la drogue sont très payants pour le système (il ne leur faut pas de concurrence déloyale). Voilà pourquoi on s’attaque aux plus petits, aux individus plutôt qu’aux réseaux. Détruire les réseaux, c’est bien plus difficile et coûteux, et le système n’en tire pas vraiment profit. On a même essayé de faire croire qu’il y avait un lien entre le FLQ et les homosexuels … On s’attaque aux individus en leur donnant une image qui ne soit pas populaire, de manière à avoir plus de succès dans la répression. C’est cela de la désinformation ! Tisser des liens qui n’existent pas.
La sexualité individuelle (un, deux ou en petits nombres) devrait être absolument acceptée et acceptable, en autant que tous les participants soient d’accord ; mais elle est une concurrence pour l’exploitation sexuelle organisée, d’où est-elle défendue.
C’est le prétexte employé pour bien subventionner les milieux policiers. L’amour entre un vieux et son protégé ne paye ni la police (l’état), ni la mafia (le contre-état), mais le jeune. Cet amour est interdit parce que le jeune est le seul à pouvoir en profiter financièrement ou autrement.
Pendant des siècles, les maîtres et les chamans ont initié des garçons et nous ont légué des génies. Ces derniers n’auraient jamais été capables de se développer, s’ils n’avaient pas rencontré l’adulte qui les a pris sous sa gouverne et les a aimés. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ?
Les jeunes doivent être protégés, mais non surprotégés. Écrasés.
La sexualité libre est un drame parce que les adultes en font un drame. Un drame qui n’existe qu’entre les deux oreilles parce qu’ils n’ont pas évolué…
Quand j’étais petit, il ne fallait pas manger de viande le vendredi sous peine de péché mortel. Aujourd’hui, plus personne ne se rappelle de cette loi religieuse. Où sont allés, après leur mort, tous ceux qui ont mangé de la viande depuis que cette loi n’existe plus ? Est-ce ça, la justice divine ?
C’est exactement la même chose avec le péché mortel d’impureté. En le créant, tu pollues l’existence des jeunes quand ils découvrent leur sexualité. Cela crée automatiquement un sentiment profond de mésestime de soi. Avec ces histoires de fous, ils peuvent être scandalisés, se détester, se culpabiliser à cause de cette invention religieuse. Puis, un jour, ils découvriront qu’ils se sont fait mentir toute leur vie. Notre civilisation est marquée par ce jansénisme maladif.
On attache un milliard de fois trop d’importance à la sexualité, qui devient tout le bien, tout le sacré, tout le mal, grâce à son interdit qui contrevient à toutes les réalités de la nature… À nous entendre parler, on dirait que la sexualité est la seule chose qui compte dans la vie alors qu’en réalité, pour moi en tous cas, comme la plupart j’imagine, la sexualité est «une absence omniprésente», une force, un moteur émotif. On la vie, sans toujours y penser.
La sexualité n’est pas que génitale, c’est aussi tomber en amour. La libido agit comme un phantasme, une obsession déambulante. Elle est de plus en plus rarement, malheureusement, une expérience physique du réel, de la vie quotidienne. C’est notre moteur individuel que l’on condamne.
On commence à peine à reconnaître le côté mafieux des divisions sexuelles puisqu’on n’a pas encore été capable d’écrire une histoire de la sexualité qui contient l’aspect positif de toutes ses manifestations (hétérosexualité, homosexualité, pédophilie, pédérastie, bestialité, etc.) dans toutes leurs beautés et parfois leurs horreurs.
On prétend qu’un enfant ne doit pas vivre une expérience sexuelle au cas où il serait traumatisé par la suite dans sa vie d’adulte. Même si l’enfant vit dans un monde où la sexualité est culpabilité et honte, le jeune n’en demeure pas moins un être sexué et curieux. Cette réalité de la sexualité est déjà en contradiction avec la réalité religieuse. Un jour ou l’autre, il sera confronté à cette contradiction. Cette morale religieuse, du péché partout, même là où il n’y en a pas, est menteuse et surtout profondément hypocrite. On aura beau dire, mais en quoi la chèvre (l’animal) est-elle traumatisée parce que son maître l’encule ? Nous projetons notre désaccord en y voyant du mal. Personnellement, je trouve ça plus stupide que dégueulasse. Souffre-t-elle comme nous le prétendons ? On ne le sait pas, mais le bon sens demande que tu ne partages pas ta sexualité avec une autre sorte d’animal.
On a oublié d’autre part que ce qui se passe dans le pantalon du voisin ne nous regarde pas. La morale est une invention humaine. Un miroir de ses peurs et parfois le reflet de son ignorance.
Je me rappelle mes premières lectures où l’on prétendait qu’un jeune pouvait être traumatisé par la grosseur du pénis d’un adulte. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi voir un «gros bâton» pouvait à ce point nous affecter, à moins de se faire enculer. Avais-je manqué quelque chose ? Je trouvais ça répugnant, mais pas traumatisant. Je me demandais pourquoi les psychologues exagèrent toujours ? Ils basent toute leur réflexion sur l’apriori que la sexualité est mal en dehors de la procréation, comme les religieux. Leur approche est aussi bornée.
La sexualité est encore vécue comme une chose, une force irrationnelle, incomprise. Aux yeux de beaucoup, la sexualité est mauvaise parce que certaines traditions humaines l’ont décrétée mauvaise. Par contre, on a sacralisé la Vierge. Une pudeur de pure hypocrisie que de vouloir enfanter, sans avoir fait l’amour, comme si c’était l’idéal.
Pourquoi priver les autres de ce que l’on se prive ? Remarquer l’obsession de ceux qui arrêtent de fumer et qui veulent depuis éliminer la cigarette de la terre. Est-ce pour universaliser sa douleur, sa privation ? Pour sublimer son mal en le projetant et en le partageant ? Est-ce que ça fait moins mal de sentir sa douleur partagée ? Superficiellement.
La sexualité chez les enfants est un jeu, une liberté, une curiosité. Elle est souvent vécue comme étant pratiquement inexistante ou une aventure momentanée. Elle est la découverte de son corps, de ses hormones et de la différence de l’Autre. C’est la beauté de cette découverte de son corps et en même temps de celle du plaisir. Apprendre à accepter d’avoir un corps, des limites dans le temps, apprécier la différence, apprendre à accepter de devoir d’aimer les autres comme soi-même, c’est le travail de l’éducation d’un enfant. (Tout se passe avant six ans, Fitzhugh Dodson, Marabout)
L’apprentissage génital ne vient que vers 10 ans ou après, pour la plupart des garçons. Il est l’expression d’un plaisir quasi innommable, indéfinissable, tant il est grand et sournois. Déjà, l’orientation sexuelle fait toute la différence car, elle constitue le degré d’attraction, de recherches des formes et des symboles, des expressions qui nous séduisent, qui nous guident bien inconsciemment dans notre soif de plaisirs
La sexualité pour un jeune n’a rien de dramatique, sinon l’emphase que les adultes mettent autour. Pour l’enfant, elle est curiosité, découverte, plaisir. Malheureusement, chez les filles, on enseigne encore que leur sexualité peut être signe de danger, elle est souvent présentée comme sale, honteuse, souffrante. Elle ne peut engendrer que la peur et la honte. Il n’est pas surprenant que tous les Hoover (un chef du FBI gai, qui pour que ça ne paraisse pas, faisait la chasse aux gais) se retrouvent aujourd’hui chez les féminounes qui se projettent dans les filles moins âgées.
Les plus scrupuleux sont très souvent ceux qui croient les autres pervertis parce qu’inconsciemment, ils se sentent et se savent des pervertis et se maudissent de l’être, comme si l’homme devrait être parfait.
La répression sexuelle ne sert qu’à établir une nouvelle division : les purs et les impurs. Elle sert à caractériser les gens. Cette division est à l’origine de la discrimination et du racisme. L’autre, nous est toujours inférieur quand on se croit pur.
Plutôt que d’interdire les relations sexuelles entre les jeunes et les plus vieux, on devrait au contraire établir des règles quant à la responsabilité civile qu’engendrent ces relations. Ces dernières devraient durer assez longtemps pour qu’elles soient profitables aux jeunes. Aux ateliers sur les homosexualités, les jeunes prostitués dénonçaient l’éphémérité et l’irresponsabilité des relations dans la prostitution.
Le premier point qui ressortait : personne ne devrait se prostituer contre sa nature. Si t’es hétéro que fais-tu avec un gai ? Personne ne devrait être scandalisé d’être «cruisé» parce que tu as la liberté de dire oui ou non. Un rapport humain sans amour a beau être très bien payé, ce n’est qu’une transaction. Elle ne pourra jamais être bénéfique pour le jeune. Devoir vivre ses amours à la cachette est toujours malsain. Comment faire autrement tant que les parents n’auront pas appris à accepter leurs enfants tels qu’ils sont ? Cela n’empêche pas de fournir une éducation saine, c’est-à-dire une éducation à la recherche de l’autonomie. Une possibilité qui s’offre dans la tendre enfance, car devenus ados, les jeunes écoutent de moins en moins les adultes. En fait, le rôle des parents et des éducateurs est de créer des êtres responsables, autonomes. Il y a toute une différence entre tout défendre et tout permettre.
Quel est le pire ? Tout défendre engendre des hypocrites ; des frustrés alors que tout permettre crée des enfants gâtés. Des enfants qui ne savent pas accepter les sacrifices.
Dans la pédérastie, c’est la tendresse, l’amour, le plaisir de vivre ensemble qui l’emporte ; car le pédéraste sait découvrir son âme d’enfant pour vivre d’égal à égal avec celui qu’il aime. Il n’y a pas de rapport de force. Le vieux est souvent celui qui est exploité, contrairement, à tout ce que l’on dit. Ainsi, cette relation ne pourra jamais être satisfaisante sans une osmose d’âme- à- âme, sans que cette relation se transforme en une amitié profonde.
La pédérastie n’est pas que génitale, c’est une senteur, un sourire, un geste du corps, une tendresse, une extase. C’est tomber follement en amour. Si Dieu a créé plus beau, il l’a gardé pour lui. Pourquoi ce serait dangereux ou culpabilisant, si l’on accepte comme dans la Grèce antique que la sexualité est bonne ? Si elle est vécue en toute liberté, sans hypocrisie ?
Le client du prostitué peut être d’un égoïsme lamentable, car sa relation lui permet, sans responsabilité de jouir du moment et d’abandonner l’autre comme un chiffon. Par contre, si les deux sont consentants à une telle relation, ça ne regarde qu’eux. Nous n’avons pas à juger les individus et leur notion d’éphémérité. Mais, avec la philosophie de surprotection des femmes, on fait du jeune un bibelot : regarde, mais ne touche pas… c’est 10$…
Un jour, un de nos politiciens fédérastes a dû apprendre qu’on ne tape sur les fesses d’une de ses électrices. Il a perdu sa course à la chefferie de son parti pour un geste aussi banal. Et moi, j’ai dû apprendre qu’il ne faut surtout pas féliciter un jeune qui a bien joué aux quilles en lui assénant une belle petite tape sur les fesses à son passage.
Cet interdit, ce reproche que l’on m’a fait, est une idée de bourgeois constipé ! Quelle connerie ! Il y a souvent la projection de sa propre paranoïa à travers nos lois qui veulent régir la sexualité. Une jalousie du plaisir ?
Pour l’adulte, la sexualité est autre chose, non seulement dans sa manifestation, mais dans les responsabilités que la procréation engendre. Elle prend la tournure d’une forme de possession chez les femmes et de domination chez les hommes, comme si l’amour ne pouvait pas se manifester de dehors de la pénétration, de la possession.
Qu’on le veuille ou non, l’interdit sexuel est relié à la procréation, au contrôle de la masse, puisque le seul but «accepté» socialement pour la sexualité est de procréer, et non de communiquer, encore moins de jouir.
La répression sexuelle est strictement un phénomène économique. Elle permet de contrôler les futures dépenses de la société.
La droite combat le péché, l’avortement ; mais ne semble pas comprendre que le meilleur moyen de combattre l’avortement serait de créer des mécanismes pour venir en aide aux femmes qui doivent avorter de manière à ce qu’elles puissent plutôt donner naissance et ne pas ensuite devoir payer pour leur geste pour le reste de leur vie et celle de leur enfant. On a qu’à rendre l’adoption plus facile.
Dieu ne nous demande pas de suivre ses ordres à la lettre, il sait que nous n’en sommes pas capables… On n’est pas tous parfaits comme lui.
Le retour à la peur de la sexualité va de pair avec l’arrivée de la majorité féminine. Les féminounes proclament la chasse aux pédophiles parce qu’elles retrouvent à travers les enfants, la même peur des mâles qu’elles doivent reconnaître en elles. Si on les écoutait, personne ne devrait faire confiance à un mâle et tout le monde devrait se protéger de tout ce qui est étranger. Mais, grâce aux religions, elles seront toujours des putains si elles vivent librement leur sexualité et qu’elles essaient de plaire aux mâles, comme leur nature le veut bien. Être à la fois la Vierge Marie et Marie-Madeleine… ce serait-il ça être femme ? Pourquoi ne peuvent-elles pas choisir la carrière plutôt que la procréation ? Leur vie leur appartient.