La vie sexuelle 10
La liberté sexuelle (pp. 92à 98)
Mes livres
J’ai abondamment écrit, crié ma pédérastie, dans mes livres alors que j’étais plus jeune. Ce fut le cas dans Réjean, dans L’amourajeux (premier titre de ce recueil de poésie). Je l’ai réécrit de différentes façons, à partir de presque toujours les mêmes textes, avant de l’appeler Autoportrait d’une révolte que je voulais un bilan de ma poésie.
Le roman que j’ai eu le plus de plaisir à écrire fut Le jeune espion. J’y mêle l’histoire de la Thérèsa et ma pédérastie. Lorsque j’ai écrit Le jeune espion, je l’ai présenté dans un concours de littérature gaie. Une poétesse féministe bien connue s’y serait tellement opposé que la remise du prix au salon du livre de Montréal fut annulée et le prix ne fut jamais accordé. Je n’ai jamais compris cette obsession de m’empêcher de publier au Québec. Ça ressemble à cette loi ultra stupide selon laquelle les dépanneurs doivent cacher les cigarettes… La folie ne porte pas qu’à tuer…
Quant à moi, je suis très fier d’avoir essayé à travers mes textes (beaucoup ne parlent même pas de sexualité), de créer avec le temps une utopie, un pays qui serait acceptable pour tous, même les pédérastes. J’adorais l’Utopie. C’était finalement ma véritable animation : essayez d’imaginer un monde dans lequel tous les humains seraient heureux. Une chose impossible sans la liberté et sans créer une conscience personnelle.
Puisque les pédérastes ne pourront jamais échapper à leur réalité, il est normal que l’on partage cette expérience pour d’essouffler cette baloune de peur, cette paranoïa. Mais, on n’est pas comme les cigarettes : on ne peut pas nier notre existence ou la présenter comme une réalité monstrueuse.
Essayer de rétablir la vérité fut donc aussi un autre but important de mon écriture.
Quant à moi, je suis fier d’avoir essayé à travers certains de mes livres (beaucoup de mes textes ne parlent pas du tout de pédérastie), de créer une morale acceptable pour les gens qui se découvrent pédérastes, car, ils ne pourront jamais échapper à leur réalité. Ce fut ma façon de combattre la violence.
Et, dire aux autres qui souffrent en silence, seuls, en endurant l’enfer social humain : vous n’êtes pas seul à avoir vécu autant d’intolérance. J’ai aussi souffert de la censure quand j’étais jeune et j’ai décidé de me battre contre cette forme de propagation de l’ignorance et de l’intolérance.
La censure est un viol de la conscience et de l’esprit. Il y a à peine 20 ans, Victor Hugo tombait au Québec sous les interdits. Les escouades de la moralité couraient les dépanneurs pour nous empêcher de voir les revues cochonnes, mais nous avons quand même appris ce que l’on voulait savoir. Peut-être tout croche, mais on ne pouvait pas faire mieux.
Nous avons posé les jalons pour la lutte des droits individuels, droits que l’on essaie maintenant de faire disparaître sous prétexte encore une fois de protéger les jeunes. Au moins, aujourd’hui, le Marquis de Sade est en vente libre dans les librairies. Le débat sur mes textes prouve qu’on est encore esclave de la religion au Québec dans ce qu’elle a de plus diabolique : nous faire croire que la sexualité est mauvaise.
La sécurité et la protection des jeunes sont à nouveau synonymes de censure et de dictature morale. Elle bafoue le droit des jeunes à leur sexualité et à leur vie privée. Ce n’est probablement pas le sujet de lutte le plus important alors qu’on parle de millions de gens condamnés à crever de faim au cours des prochaines années pour assurer de meilleurs revenus aux pétrolières ; mais la morale débarrassée de l’aspect sexuel permettra peut-être plus rapidement l’éclatement d’une solidarité mondiale, car elle ne sera plus freinée par les différences et les haines religieuses qui se résument principalement à la perception de la sexualité.
On installera peut-être la confiance plutôt que les procès d’intention. Tout le monde est d’accord sur la spiritualité, seule, la morale sexuelle et les institutions religieuses continuent de nous diviser et de prétendre qu’il faut se mépriser parce qu’il y a les purs et les impurs. Les vrais impies sont ceux qui refusent la tolérance et la compréhension des autres.
Aussi, quand je parlais de poésie de jet, ça n’avait aucune saveur sexuelle, Ça signifiait simplement que je ne me sentais pas encore assez bon poète pour me classer parmi les grands ; mais je considérais que mes poèmes étaient assez significatifs pour justifier leur parution. Mes textes n’étaient pas seulement tirés de la rêverie, dits de façon à ce que personne ne comprenne ce que je voulais dire, mais aussi de la réalité, de la vie quotidienne. Je préconisais une poésie plus musicale. J’avais essayé de créer une nouvelle ponctuation pour marquer la façon de les lire. Un échec total. Je voulais donc une poésie plus réaliste, plus engagée, plus politique. La poésie ne doit pas être que fleurs bleues, mais des mots qui ont un sens, un double sens parfois. La poésie, c’est aussi l’image, le tableau global.
La poésie ne sert pas qu’à exprimer les dépressions amoureuses ; mais aussi et autant la révolte. Un cri qui sort d’un coup, un jet. Parfois, un crachat comme l’exprimait si bien Léo Ferré. Comme le «slam» aujourd’hui, quarante ans plus tard. Une poésie de l’émotion.
Dommage que par ignorance, on s’imagine que c’est une éjaculation. Une perception de femme en chaleurs. Je n’étais pas encore aussi obsédé que celles qui me jugent aujourd’hui, sans avoir jamais lu mes textes.
Retour au fascisme
La vague-retour au fascisme est bel et bien déclenchée. Avec la loi C-10, on remet en place la censure comme lorsque j’étais jeune.
En essayant de protéger le fœtus, les Conservateurs espèrent interdire l’avortement à moyen terme ; avec les accommodements religieux, les religions pourront s’offrir tous les privilèges au nom de leur foi.
On reparle ce matin de la députée Sylvie Roy, de l’Action démocratique, qui tente de relancer le débat sur la liste permanente des pédophiles et la castration chimique, sans tenir compte à savoir si ces relations sont violentes ou non.
Donc, c’est encore la religion qui décide et impose ses valeurs morales. Le fascisme court dans nos rues. On essaiera certainement de revenir sur la maladie mentale pour définir l’homosexualité, c’est une question de temps.
Personnellement, avec tout ce que j’ai écrit, je me suis placé dans l’endroit idéal pour être victime de chantage. Il suffit de revenir à 40 ans plus tôt pour trouver un jeune qui se rappelle et qui n’obtient pas l’argent qu’il veut pour que l’on puisse me faire la peau. L’humanité n’évolue pas.
Pour du pétrole, bientôt on pourra y ajouter l’eau et la nourriture, on accepte que des millions d’humains meurent. Ce n’est pas une vision pessimiste, c’est la réalité. Il est impossible de voir ce qui pourra modifier cette tendance. Les journalistes se mettront bientôt à décrier les droits de la personne. On n’est pas sorti du bois… on retourne vers le pouvoir du fascisme.
L’industrie du chantage sexuel.
Il est évident que la pègre est directement liée au chantage qui s’exerce sur les présumés prédateurs sexuels. Ce n’est pas pour rien que l’Action démocratique exige que les listes de la police soient rendues publiques. À partir de ces listes et les différents chiffres d’accusation, il est possible d’établir un système de chantage permanent. Une rente à vie à payer au maître chanteur. Par exemple, en écrivant mon carnet (blog), je savais que je m’exposais au chantage, car aucune disposition de la loi ne permet une prescription, mais elle existe pour les proxénètes à deux ans.
Comme me le disait mon bon ami Pierre Faucher, qui était policier, tu as avantage à te faire oublier dès que tu es accusé, car tu perds automatiquement le droit de parole, surtout si tu t’intéresses aussi à la politique. « Même si tu défends les droits individuels, on fera croire que tu défends tes intérêts personnels.»
Dans mon cas, depuis quelques temps, les cas bizarres se sont multipliés. Par exemple, j’ai un individu qui est entré en contact avec discussions directes, service MSN. Puisque j’ai la Cam, il voulait tout voir ; mais pas question de se laisser voir, surtout le visage. Un policier qui s’essaie ? De la prévention entre adulte ? Bizarre ! Entre adultes, ces peurs ne devraient pas exister ; mais on
sait que des policiers se font passer pour des jeunes pour essayer d’attraper les prétendus prédateurs. Pourquoi pas «framer» une situation où la victime se dit adulte, mais que ce soit un jeune ou un maître chanteur (policier ou pas). Une fois qu’on t’a sur Cam, alors on peut faire croire que ça s’est passé comme on veut, selon ses bénéfices. Bizarre que le manège doive durer des mois avant qu’il y ait arrestation.
La sollicitation doit se faire dans des deux bords pour qu’il se passe quelque chose et que l’aîné puisse croire dans l’existence du plus jeune. Peut-on parler de sollicitation quand tu es ainsi harponné ? Est-ce légal ? Il faut pourtant la signature d’un juge pour seulement écouter les gens du crime organisé.
J’ai eu un deuxième cas, plus clair, une jeune fille qui prétendait être très riche, mais il lui fallait un intermédiaire pour avoir l’argent de la banque européenne. Une petite Africaine dont la famille a été décimée dans une révolte populaire par une junte militaire. J’ai transmis ses informations à la banque européenne comme elle le voulait et je n’en ai plus entendu parler depuis. Sauf, qu’elle prétendait vouloir venir vivre avec moi. Puis, j’ai une ancienne flamme, appelons- le Daniel (puisque je crois qu’il est mort) qui veut avoir de l’argent sous la menace de tout dévoiler ce qui se passait il y a 40 ans. On sait que l’Église catholique a dépensé des millions pour se faire pardonner. Le chantage a été ainsi consacré. Il fera dorénavant parti de nos mœurs. On sait que souvent, particulièrement les femmes, se sont servies de motifs sexuels pour avoir une meilleure pension alimentaire. Que ce soit vrai ou pas, le jour où les journaux en parlent, t’es un homme mort. Bizarre, comment TVA joue au curé …
On le sait et on en profite. Ce serait intéressant de savoir quels liens se sont établis à partir de ces chaînes de chantage, les médias et les partis politiques. Personnellement, j’ai pris conscience de ce trafic, il y a une dizaine années. Malheureusement, je n’y peux rien. On me l’a bien fermée. Tant qu’on ne peut pas espérer que la vérité soit connue et reconnue, la droite aura le gros bout du bâton. Il suffit d’entretenir la paranoïa pour que les gens croient que cette situation est normale. Ce n’est sûrement pas prêt de changer.
Même le ministre libéral, M. Dupuis, analyse les avantages politiques de rendre public la liste des prédateurs sexuels. On n’est jamais trop vertueux, surtout quand ça augmente les votes en sa faveur. Les femmes qui appuient l’Action démocratique pour l’obtenir pourront maintenant remercier les libéraux. L’Action démocratique sert de faire valoir libéral par la droite alors que Québec Solidaire semble jouer le même jeu à gauche pour éliminer le Parti Québécois. Les Québécois choisissent toujours le centre de préférence.
Être victime de chantage, c’est affreux. T’as vite mal à la tête, à l’estomac. Tu te demandes ce qui arrivera à tous ceux qui sont proches de toi. Tout est noir. Tu voudrais crever d’un coup. C’est une sensation affreuse. Tu n’as rien à dire pour te défendre, tu es condamné juste par le fait d’exister. Après, on s’étonne que les prédateurs deviennent fous et violents. On fait tout pour que ça arrive.
Le pouvoir est ainsi à l’abri de tous les dissidents… il suffit de les accuser de récidive pour qu’ils soient silencieux à jamais. Quand il y a chantage si on obéissait à la peur qui nous anime, on prendrait une corde et on irait immédiatement se pendre. Peut-être que ce sera le seul moyen de faire comprendre aux bien-pensants qu’ils sont aussi des salauds en ne respectant pas la vie privée, en autant qu’il n’y a pas de violence.