La liberté sexuelle 7
La liberté sexuelle 7 (pp. 63à71
Aimer les petits gars dans Sortir (1978)
Eh oui, je suis bel et bien pédéraste. J’adore les petits gars entre 10 et 17 ans. Ce n’est pas que je sois au-dessus de la loi, mais j’ai décidé de l’outrepasser, ayant la ferme conviction qu’il est urgent que ce soit fait. Je ne veux pas brailler sur la répression. Je sais, comme tout le monde, que le premier FLQ des années 1963 a été vendu parce que la police a donné le choix à un pédéraste d’infiltrer le mouvement, de dénoncer ce qui s’y passait ou de faire un petit tour au pénitencier.
Ce ne fut pas mon cas, mais ma première fois en tôle : les libéraux voulaient me balayer de leur route. Ce fut à peu près pour les mêmes raisons la deuxième et troisième fois et ce sera probablement semblable la prochaine fois.
Il est difficile de vivre pédéraste et être politisé, sans avoir un brin de paranoïa ; mais ce petit handicap vaut la peine d’être enduré pour la joie que cette forme de vie nous apporte.
Ma préférence pour les petits gars date d’à peu près mes quatre ans. C’était à l’époque où, dans le foin, les plus vieux nous avaient fait découvrir que les jeunes filles ont des vagins et les petits gars de magnifiques petites graines, bien différentes selon les personnalités. Ce choix n’est certes pas dû à des raisonnements psychologiques bien importants. Je trouvais le trou féminin laid et j’étais plutôt de tempérament curieux quant à la «longueur» que chacun pouvait bien avoir, sans oublier la forme.
Ma période de latence dont parle M. Freud a été de très courte durée. Il y avait beaucoup trop de petits gars à l’école pour mettre fin à mes études expérimentales en anatomie. C’était particulièrement intéressant parce que : toujours défendu. J’étais comme la plupart des jeunes, pas plus vicieux, mais sûrement plus intéressé. Le vice n’existait pas. L’impureté, je ne connaissais pas cela. Ce fut d’ailleurs tout un drame quand j’en ai découvert l’existence. Moi, qui voulais être un saint.
Les belles fesses rondes, les petites queues, ce n’est pas d’hier que ça m’intéresse. Mais, l’amour, la passion, j’ai connu ça que vers 16 ans. Ma première flamme a été un petit Français de huit ou neuf ans. J’ai commencé à apprendre avec lui ce que veut dire fascination. Ce n’était pas ce qu’il avait entre les deux jambes qui m’intéressait, Je n’ai jamais pu y toucher vraiment. J’ai pu, par hasard, tout au plus, quelques années plus tard, constater quand ses frères l’ont déculotté devant moi, qu’il avait de vraies belles fesses. Il ne faut pas se faire d’illusion, je n’encule jamais un petit, j’ai peur de lui faire mal. Mais, des belles formes, je sais reconnaître cela. Je ne suis pas aveugle. Si je trouve un petit gars plus beau que presque tout ce qui peut exister, c’est aussi à cause des rondeurs des fesses, des lignes du corps. Ce petit me fascinait surtout à cause de sa voix, à cause de ses regards, de ses attentions. Si vous l’aviez entendu rire quand je le portais sur mes épaules, vous auriez risqué de vouloir, vous aussi, un jour, d’être pédéraste.
Notre amour, puisque ça dépassait nettement le copinage et était en toute forme harmonieux avec la nature, était aussi pur que l’air de la campagne et aussi exigeant que la survie. Fallait souvent se voir en cachette, ses parents n’étant pas très religieux, cette fréquentation était scandaleuse. Fallait marcher trois milles avant de se rencontrer. C’était déjà l’extase de voir ce petit corps dans toute sa splendeur courir au-devant de moi pour se jeter dans mes bras. « Embarque-moi sur tes épaules.». Il te disait ça avec un tel ton que jamais les symphonies de n’importe quel classique ne pourront l’égaler.
Patrice, c’était une flamme dans tous les sens du mot. Moi, l’enfant modèle, j’étais devenu le petit révolté : j’insultais mon grand-père pour défendre mon droit d’aimer. À cette époque, je n’aurais jamais appelé cela de l’amour. J’avais bien trop peur d’être un fifi … c’était de la passion. Cette flamme existe toujours en moi quand je rencontre un petit gars qui me plaît. C’est comme si je redevenais moi aussi un enfant. Je me sens en communication d’âme à âme. Tout est langage avec un enfant. Les yeux, la façon dont il s’adresse à toi, la chaleur de la voix, la rigueur de l’étreinte, la confiance, l’espièglerie.»
C’est ce qui rend la pédérastie difficile à décrire. Comment pouvoir expliquer le changement dans l’étincelle du regard lors d’une descente en traîneau, à des adultes surtout? Sauf le désir sexuel, en quoi cette relation est-elle différente de l’amour d’un père pour son fils. ?
Patrice, c’était la France dans une chanson, sa façon de dire son nom. C’était la grange de son père qu’il fallait nettoyer. Le petit ruisseau près de la grande route. La perdrix mourante sous la neige. La boxe à l’école ainsi que la lutte pour se faire respecter. Les filles qui me traitaient de tapette, jalouses que je m’occupe plus d’un petit gars plutôt que d’elles. Patrice, c’était la désobéissance à mon ardeur d’être saint. La pointe d’une épingle dans ma foi, mon premier doute quant à l’honnêteté de Dieu. Ce fut quelques années de ma jeunesse et la première fois de ma vie où j’ai senti le besoin de vivre toujours de la présence de sa fraîcheur. Patrice rayon de soleil.
S’il avait fallu que les parents de l’un ou de l’autre apprennent l’ardeur de ce désir de lui mettre la main dans ses poches et d’essayer enfin de savoir ce qui s’y trouvait, Patrice aurait subi les foudres de l’enfer comme moi. Heureusement, ça se passait entre nous. Dans le domaine, de l’intention. Pour lui, ça n’avait pas d’importance. Je me demande s’il se souvient seulement de ces tendances. Je n’avais pas déjà mis les mains dans son pantalon ou dans ces poches qu’il fallait courir ailleurs et ça court très mal la main dans la poche de l’autre. Nostalgie ! la neige, les bonshommes, le vent. Les mains gelées. Ces petites mains si difficiles à réchauffer quand elles rougissaient.
Eh oui, c’est presque platonique. D’ailleurs, avec les petits gars, c’est toujours presque platonique. La pédérastie, c’est probablement un point de rencontre de deux énergies qui filent dans le vide. La lumière jaillit dans des braises et allume un tronc d’arbre qui devient automatiquement l’arche de Noé. Il pleut partout des chocs électriques, sauf dans ce courant électromagnétique que viennent de créer ces deux êtres. Les neurones font la fête. Ça danse en saperlipopette là- dedans. C’est la guignolée. Des masques de clowns qui succèdent au rythme des euphories.
Malheureusement, ces tranchées entre les obus de la vie quotidienne sont rares et disparaissent vite comme elles sont venues. Les saints martyrs canadiens vous parleraient bien de la quéquettte du petit Jésus, entrevue dans les flammes, alors que les petits Indiens dansaient nus devant eux. De l’extase. Pas moi. Parfois, c’est une fête que tout le monde essaie de tuer dans l’œuf parce qu’on est jaloux que seulement ceux à qui la chose est défendue survivent et puissent trouver autant de joie de vivre.
Ça me rappelle. J’ai été encore une fois électrisé par un visage, nourri par la nature.
J’étais retourné à mon ancien métier, le journalisme, dans une vaste ville de la Côte Nord. C’était un enterrement de première classe; si loin et si peu rémunéré : 220 $ par semaine. L’espoir de reprendre la plume et surtout la curiosité de mettre fin à une expérience de regrets commencée après la mort de mon père m’incitèrent à accepter.
Autant la ville me demeure hostile comme paysage, autant le fleuve m’éblouit.
J’avais presque le mal du pays quand un petit gars d’une douzaine d’années, installé sur le quai d’un bateau, attira mon attention. J’ai commencé par lui demander de poser sur le quai, puis nous avons pris différentes photographies à terre. Peu de temps après, nous étions plus loin sur la plage. Il accepta de poser cette fois sans chemise, faisant semblant de créer un château de sable. La tentation était trop forte, la mer voltait mes sensations. À l’affût de tous les gestes de ce petit corps, j’admirais la perfection d’une telle création.
C’est sans grand espoir que je lui ai demandé s’il acceptait de continuer de poser pour moi sur un immense rocher qui faisait pourtant à peine surface. Nous nous y sommes rendus, en pleine mer finalement, après avoir laissé nos bas et nos chaussures près d’une roche sur la plage. Nous avions à peine de l’eau aux genoux. Sur ce rocher, le petit accepta de poser en costume de bain. Je profitais des moments où il fallait changer de pose pour le caresser. Il était de plus en plus beau. De plus en plus sensuel. J’étais entièrement à son écoute. Les jeunes sont parfois fragiles et pour ne pas le blesser, il faut savoir discerner tous les sentiments exprimés. C’était un moule, un modèle parfait. Je sentais ses chairs s’enflammer quand je lui passais les doigts sur les cuisses et sur les jambes.
C’est à près d’infinies précautions que j’ai commencé à le tourner après avoir mis ma main là où je n’aurais jamais cru pouvoir me rendre. Quelle concentration pour saisir toutes les formes de ce maillot. Puis, il fallait partir, j’avais épuisé toutes les ressources de mon imagination et dépassé ce que j’espérais tirer de cette rencontre. Le petit me regarda et m’interrogea, découragé : « Je dois me rhabiller maintenant, complètement ?» Je n’étais pas certain de ce qu’il voulait dire, mais je crus le deviner à la façon dont il me regardait. Après réflexion, je lui ai avoué que oui, à moins … qu’il accepte « mais tu ne voudras jamais te laisser photographier nu». Une photo. Une petite période de suçage, une photo, des caresses. Au premier cliché, j’étais tellement excité, je tremblais comme une feuille. Il était exquis. Non circoncis. Une petite graine de trois-quatre pouces, avec un de ces ventres … fallait voir le paysage à travers ses cuisses : le golfe, le quai, la plage, le canot qui passe, les mouettes, la senteur marine.
Quand nous sommes revenus, le temps s’était tellement figé dans nos têtes que nous avions oublié la marée montante. Nous en avions à l’enfourchure et nos bottes flottaient à trois pieds du sable. C’est ce que j’appelle le paradis terrestre.
Malheureusement, nos relations en sont restées là. Il m’a quitté, gai comme un oiseau qui vient de retrouver son nid. Il m’agitait la main comme, le matin, il avait lancé sa ligne. Le soleil rougissait le golfe. Je venais de réapprendre à vivre. Ces tableaux sont essentiels pour écrire. Essentiels pour être heureux.
Il faut avoir joué aux fesses une fois avec un petit gars consentant pour comprendre combien est enchanteresse cette complicité ; combien c’est important pour lui. C’est comme lui révéler qu’il peut être beau, qu’il peut être aimé et que l’amour, ce n’est pas une définition livresque.
Puisque j’en ai plein la tête, je me contenterai d’une dernière anecdote, d’une expérience vécue dans une école libre en construction.
Deux des animateurs, deux femmes, n’acceptaient pas ma pédérastie. Jalouses? Peureuses ? Je m’en fous. Une fois, j’aidais un petit bonhomme à descendre du toit. Il me plaisait beaucoup. Aussi, en le descendant, je prenais plaisir à mieux saisir les rondeurs. Une des animatrices m’a fait une scène parce que j’avais joui en le faisant. Ce devait être le genre de femme qui aime qu’on se masturbe avec une poignée de braquettes. Malheureusement, elles sont encore nombreuses à percevoir la pédérastie ainsi. Comme les bonhommes, eux, qui enseignent la vie à leur fils à coups de pied dans le cul, je t’assure que ce petit cul, ils le surprotègent quand ils apprennent que certains ont découvert que ça ne sert pas uniquement qu’à recevoir des coups.
Cette première confrontation passée, j’ai décidé d’en informer tout le monde. Comme ça, pas de problème à cause moi. Un des jeunes assistait à la rencontre. Le lendemain, je travaillais à la construction. J’avais quelque peu fumé. Je me sentais comme un petit vieux qui, à force d’être névrosé, ne peut plus se servir adéquatement de ses membres. J’examinais les jeunes, me les figurant comme étant les thérapeutes.
À ma grande surprise, mes quatre petits médecins paradaient complètement nus devant moi. Ils découvraient enfin un autre mode de communication. C’était de les voir essayer de m’éblouir. C’est inimaginable jusqu’à quel point ils peuvent sentir tout ce que tu ressens. Ils ont répété une ou deux fois l’expérience.
Inutile de dire que, quand j’ai été seul avec eux, dès le premier jeu, le plus friand et le plus curieux a trouvé moyen pour qu’il y ait séance de déshabillage. Manque de pot, il a été la première victime de son invention. Tout le monde y a passé. Même le plus vieux qui, disait-on, refuserait certainement de s’y prêter (si jamais, lui, il accepte, je croirai que ça peut fasciner les jeunes, avait dit sa mère). Il avait les yeux plus grands que la tête. Un du groupe décida même de jouer de la main.
Soudain, une voiture arriva. Le chien criait. J’avais peur, la panique, je me suis rhabillé, ainsi que tous les autres. J’étais furieux d’avoir réagi ainsi, mais je ne peux pas encore avoir confiance dans les adultes… la peur de la prison, ça te rend dingue, des fois. Quand même j’aurais dit ensuite toute la nuit qu’il n’y a rien là, les jeunes savaient qu’on avait dépassé les permissivités habituelles juste à me voir réagir. Ils n’ont pas eu tort, j’ai été renvoyé du terrain. La liberté a la limite d’être hétérosexuelle, comme l’a toujours voulu la société. Sinon , préparez-vous au grand questionnaire : les enfants doivent se sentir écrasés, ils ont une haine naturelle des adultes; les enfants doivent garder une certaine crainte de ces expériences, ça doit les dégoûter… et c’est pour cela qu’habituellement le petit gars viendra me voir plus qu’une fois … mais j’oubliais ce n’est pas pour cela, c’est que j’adore les enfants, je leur témoigne cette volonté d’être un enfant comme eux avec de grands airs d’adulte … ce n’est pas pareil, les enfants n’ont pas besoin de paroles pour te dire : je t’aime. Et aucune prison ne peut t’empêcher de leur répondre : je vous adore.
La sexualité, une affaire plus que politique !
Il est urgent d’abolir les lois sur l’attentat à la pudeur, la grossière indécence, le détournement de mineurs, l’incitation à la délinquance et remplacer le tout par une seule loi : la loi de la « contrainte ».
La répression sexuelle est à la base des complexes d’infériorité et du fascisme (W. Reich, La psychologie de masse du fascisme) la racine de l’esclavage et de l’esprit réactionnaire. Elle est sciemment maintenue par les religions, la publicité et le système judiciaire pour entretenir cet état de haine de soi nécessaire à un asservissement psychologique permanent.
Il existe des rapports amoureux, voire sexuels, entre adulte enfant qui sont strictement nécessaires au développement global de l’enfant. Pour ce, la Cour, les cliniques psychiatriques et toutes ces instances répressives ne devraient jamais avoir droit de regard sur la morale, la sexualité de quiconque, à moins qu’il y ait eu contrainte physique et psychologique. La vie sexuelle des gens ne regarde que les personnes impliquées. C’est un droit fondamental à la vie privée de chaque individu.
Un affrontement se prépare entre le gouvernement fédéral et provincial concernant la jeunesse : le premier se veut plus contraignant alors que le second veut dé judiciariser, s’appuyer sur la réhabilitation.
Le gouvernement fédéral avait l’intention de présenter une législation en vertu de laquelle tout récidiviste ayant des rapports sexuels avec des enfants se verrait coller deux ans «indéfinis », sentence que même les prisonniers les plus endurcis n’ont que très rarement. Cette sentence signifie que tu es totalement à la merci du système carcéral en ce qui regarde ta libération. On peut demeurer en prison à perpétuité, sans même avoir un droit de rappel. Le gouvernement fédéral veut aussi rendre criminels les actes des enfants reconnus comme tels. Pourtant, s’il donne le droit à la police de prendre les empreintes d’un enfant, de le photographier pour les archives comme pour un adulte, le gouvernement est moins prompt à lui donner les droits équivalents. Si un jeune peut-être incarcéré en vertu du système judiciaire, il doit en même temps avoir le droit de diriger sa propre vie et même de voter. S’il est jugé apte à être adulte en termes criminels, il doit être aussi, ni moins, vieux dans tous les autres domaines.
Loin d’avancer, la cause des enfants régresse. Même dans la déjudiciarisation prônée par le provincial, le tribunal continue d’exister, on remplace les flics par des travailleurs sociaux puisque ainsi les aveux sont plus faciles à obtenir. Les enfants continuent d’être perçus comme des intrus dans un monde d’adultes. Des intrus fatigants et parfois même menaçants.
Je connais un petit gars qui ne veut pas aller à l’école : il sera placé dans une institution parce qu’il refuse de s’ennuyer dans le moule dans lequel on le force à vivre. J’en connais un autre qui a déjà goûté à sa première fin de semaine d’internement. Le cas était plus compliqué, du fait qu’il prenait aussi de la drogue. Pourtant, entre une plainte contre le «pot» et l’interrogatoire du policier de la C.U.M, il y avait tout un monde. Près de chez lui réside un célibataire qui arrive d’une autre province, mais qui aime les enfants. Tout ce qui a surtout intéressé les enquêteurs, c’était de savoir si ce célibataire avait joué avec les bijoux de famille du petit. Décevant, celui-ci ne lui avait jamais poigné la graine.
Je me demande comment un adulte réagirait si, de plein droit, n’importe quel imbécile en costume de flic ou de travailleur social avait le droit de l’interroger sur sa vie privée, ses rapports sexuels avec les gens. Le respect de la vie privée devrait être le droit le plus élémentaire même pour les enfants… Quant à l’école, je ne comprends pas que la loi ne puisse pas être interprétée comme une incitation à respecter le droit de tous les enfants à bénéficier de l’éducation gratuite plutôt que comme une obligation dont la sentence peut aller jusqu’à être placé en institution. Le problème, c’est que les adultes ont tendance à régler les conflits avec les petits par la répression : il faut sauvegarder la morale et l’ordre bourgeois qu’elle défend.
Évidemment, il faut protéger la jeunesse. C’est pourquoi selon la dernière trouvaille des flics travailleurs sociaux psychologues un enfant qui a des rapports sexuels avec un adulte ou avec un autre enfant plus vieux est traumatisé. Les problèmes commencent pourtant avec la police et s’amplifient avec la cour, etc.
C’est un pas, on commence à dire la vérité, mais les limites sont vite atteintes : que faut-il faire si on a connaissance de telles relations entre mon fils et un voisin ? — Appeler la police, voyons, pour le moment, il n’y a pas d’autres moyens … Le morceau est lâché. Qui protège-t-on ? Les lois ? La morale ? Ou l’enfant ? Pour tenir de tels propos, il faut être inconscient ou sadique.
À mon avis l’intervention de ces pseudo-scientifiques découle de l’importance que joue la morale dans l’établissement des structures qui ont toujours pour effet de garder le plus possible le peuple réactionnaire , le plus fasciste possible : ça permet de poursuivre le moulage de travailleurs dociles, étant bien culpabilisés. Cette structure est tellement bien ancrée dans nos mœurs qu’on se révolte alors qu’il est question de libération.
On pourra toujours dire que MM. Reich et Neil étaient contre l’homosexualité, c’est un fait, mais avaient-ils le choix ? N’étaient-ils pas déjà pointés comme des maniaques, débaucheurs d’enfants ? Comment auraient- ils pu poursuivre leurs expériences, s’ils avaient eu le malheur d’aller plus loin ? Plus tard, des psychiatres donneront raison à ceux qui prétendent que l’homosexualité est loin d’être une maladie : c’est un état de vie, comme dit M. Bory. L’élargissement face à la conception de l’homosexualité ne peut pas encore atteindre les relations de l’adulte avec l’enfant, parce qu’encore aujourd’hui la répression homosexuelle est très forte, très raffinée, et surtout elle est soutenue par la majorité et même par certains homosexuels honteux qui s’en prennent aux pédérastes pour cracher leur dépit. On n’a pas commencer à établir la nuance entre un pédéraste normal, c’est-à-dire un homme qui adore les petits gars (comment pourrait-il leur faire mal) et un sadique qui, par frustration et impuissance, s’attaque à un enfant ? Entre une relation consentie et une situation violente.
Le pédéraste est peut-être plus dégoûté que la moyenne des autres gens par de tels attentats ; mais il cherchera à comprendre avant de se lancer dans des réflexions superficielles et stupides sur le taux de répression envisagé. Si un enfant n’est pas tué par un policier, il est quand même profondément traumatisé quand celui-ci met son nez dans sa vie sexuelle ; et pourtant ce policier n’est pas puni ; au contraire, il est grassement payé.
Le problème principal ; dans ce secteur, c’est une éducation pourrie face à la sexualité, une éducation castrante et anti-plaisir. Une éducation basée sur la peur qu’entretiennent les curés et les journaux à sensation. Ce n’est pas encore aux parents qu’on donne du Reich à lire pour leur faire comprendre : « à quoi servent les phobies de la répression sexuelle ? Pourquoi les a-t-on moulés dans cette haine du corps ? et à combien de rackets et de sadisme la répression sexuelle a-t-elle donné naissance ? » On oublie de parler de l’époque où les parents perçaient le prépuce du jeune homme avant d’y introduire des fils afin de s’assurer qu’il n’ait pas d’érections ou le goût de se masturber. Était-ce parce que la nature était déformée qu’on devait agir aussi follement pour répondre aux ordres des curés, médecins, psychologues pédagogues ? Qui sont les malades ? Ceux qui soignent en projetant leurs frustrations sexuelles sur les enfants — les enfants qui, étant trop jeunes pour comprendre les mécanismes de la nature, sont de simples victimes de la morale — ou ceux qui vient en fonction de l’amour, que ce soit accepté ou non ?