De la pudeur à la paranoïa (24).
Lire dans le sens de 1 à 10+
Le droit d’opinion.
Puisque nous avons une littérature pour la jeunesse et une littérature pour les adultes, les librairies doivent respecter scrupuleusement cette différence quant à l’âge des lecteurs. Pourquoi interdire une description d’un geste sexuel entre un adulte et un plus jeune dans la littérature adulte? Cette information peut être pertinente pour la réflexion des parents. Va-t-on interdire tout ce qui a déjà été écrit de nature pédéraste auparavant? Il n’y a pas de différence dans la jouissance d’un acte sexuel pour un gars de 14 ans et un autre de 45 ans. La seule modification pour un gars est le pouvoir d’éjaculer qui se traduit par un plus grand plaisir.
Si les jeunes se questionnent sur la sexualité, il serait très étonnant qu’il recherche un livre adulte qui pourrait éventuellement répondre à leur question quand il y a internet. Non seulement les jeunes n’auront pas à s’imaginer ce que les mots veulent dire, ils le verront. On croit que nos jeunes d’aujourd’hui sont des imbéciles. Pourquoi un jeune doit-il nécessairement croire ce que les adultes disent sur le plan sexuel? On n’a pas fini d’inventer des stupidités pour expliquer les réalités sexuelles.
Un essai, c’est un livre qui te permet non seulement d’affirmer telle ou telle chose; mais d’essayer d’expliquer le pourquoi de l’existence des propos qui sont affirmés. Ça ne veut pas dire que c’est automatiquement vrai, mais l’essai veut amener un sujet dans la sphère des discussions. Comment peut-on éduquer vraiment si on fait fie d’une réalité qui existe? Si des choses étaient permises d’être dites il y a cent ans, n’est-ce pas de la censure que d’essayer d’interdire maintenant ces mêmes propos?
Comme disait Philippe Couillard, on a le droit de tout dire, même des stupidités, s’il n’y a pas de diffamation.
Si les bibliothèques sont des endroits publics, de quel droit les responsables peuvent-ils décider de ce que l’on a le pouvoir d’y lire ou pas. Les adultes sont supposés pouvoir décider de par eux-mêmes si tel ou tel propos est censé ou non.
Il devrait être absolument interdit d’interdire des sujets de lecture ou de discussion dans une bibliothèque publique.
La liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.
J’étais déjà membre de l’AAACE et l’UNEQ. Dans un premier cas, on m’a refusé de continuer à être membre, en refusant de me vendre ma carte de membre; alors que dans le cas de l’UNEQ, ce mouvement auquel je participais, qui existe pour défendre les écrivains, où j’avais même présenté ma candidature pour siéger au conseil d’administration, m’a mis à la porte, sous prétexte que j’avoue être pédéraste, éliminant pour moi ainsi toute référence comme auteur dans son site internet[1]. Je n’existe pas comme auteur au Québec.
J’aurais cru que des écrivains (es), comme moi, auraient assez de jugement pour lire un de mes livres avant de me condamner. La religion, qui domine toutes formes d’interprétation de la sexualité a eu raison de moi.
Y paraît qu’on essaie de m’éliminer de la littérature québécoise, parce que j’ai osé m’en prendre aux croyances religieuses et manquer ainsi de respect envers la religion, en donnant comme titre à un de mes livres, qui raconte l’histoire d’un prisonnier emprisonné pour des raisons sexuelles, Laissez venir à moi les petits gars. Ça rappellerait trop les paroles de Jésus.
L’article qui condamne le blasphème est venu, à ce que je sache, avec le rapatriement constitutionnel de 1982, un acte que jamais n’importe quel premier ministre du Québec, digne de ce titre, n’a osé signer. D’ailleurs, je n’ai jamais été dénoncé autrement pour des propos qui touchent la religion. Je n’ai pas à justifier ce que je crois. Si je ne crois pas dans la morale sexuelle des religions, j’avoue avoir apprécié celle des Évangiles.
Selon la Charte des droits, article 37, chapitre 3 : Nul accusé ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une violation de la loi. La majorité de mes livres ont été écrits avant 1990.
Le sacrilège apparaît dans la nouvelle constitution alors que mes livres ont été écrits dans les années 1970-1990, même s’ils ont été publiés plus récemment.
Retour à mon aventure
Je crois que pour éviter que j’aie droit à Jordan, mon avocate a demandé une enquête préliminaire qui a été fixée au 6 juin 2018. À cette époque, je ne croyais pas que mes cousins m’avaient vraiment dénoncé et j’étais convaincu que si on avait un procès, ils ne viendraient tout simplement pas.
Mon avocate a finalement avoué que la police est partie du témoignage de Ross et remonté jusqu’à mes cousins pour confirmer ce que Ross avait dit. Comme par hasard, à la fin du témoignage de Yann, celui-ci se rappelle ce que son frère lui aurait déjà dit, ce qui amène la police à rencontrer Richard.
Il n’y a rien de plus important comme crime au Québec qu’une masturbation faite 21 ans plus tôt? Qui paye pour la recherche?
En 1996, c’était clairement les mormons, à travers la mère de Mathieu, qui poussaient pour me faire condamner. Je dénonçais alors que les mormons sont les vrais patrons d’Hollywood.
Cette fois, on m’a privé d’internet et ainsi pu me faire taire durant deux ans.
Quand est venu le temps de mon enquête préliminaire, mon avocate du moment me propose d’y renoncer et de rencontrer un sexologue pour établir que je ne suis pas dangereux. Selon elle, avec deux accusateurs, je n’ai aucun moyen de m’en sortir, même si je n’ai rien fait depuis plus de 20 ans. Je suis d’accord avec elle.
Pourquoi garder le côté dramatique quant à la sexualité. « On a volé mon enfance ». Est-ce vrai pour une fille? Si elle est pénétrée, c’est possible. Si on lui a juste mis la main sur un sein, c’est moins certain que ça la traumatise à ce point. En tous cas, un garçon, à moins d’être déjà écrasé par la morale qui l’entoure, doit être déjà très perturbé pour que le plaisir le traumatise jusqu’à le rendre incapable de réagir avec une femme à l’`âge adulte. Les psys de ce monde semblent mettre tous les dérapages émotifs sur le dos de la sexualité. Et, très souvent, on découvre que les effets de la drogue côtoient celui de la sexualité. Qui est le principal responsable d’une vie manquée : le sexe ou la drogue?
10 juin 2018. J’arrive avant la juge et une dame affirme qu’une collègue lui a refilé mon cas, dossier qui lui avait déjà été refilé par une autre, au DPCP, j’imagine.
Mon avocate qui m’a persuadé de renoncer à mon enquête préliminaire ajoute que les accusations sont réduites, à la 1-4 et 5. On ne peut pas dire que c’est la plus grande des clartés. On a retiré deux accusations.
Je devais avoir un procès devant jury, mais mon avocate change pour un procès devant juge seul, sans même me demander ce que j’en pense.
Je demande à mon avocate de me traduire les chiffres, ce qu’elle fera plus tard par téléphone.
En fait, je suis accusé d’avoir comploté avec Ross et Denis; d’avoir touché Yann, de l’avoir incité à me toucher, et d’avoir finalement touché à Richard.
Ainsi, c’est vrai, je n’ai aucune accusation en rapport avec l’affaire Malaise. Rien en ce qui concerne la pornographie juvénile, et pourtant, on continue de me refuser accès à internet.
Aussi, à mon procès, après avoir affirmé que je ne me rappelle de rien de ce que l’on me reproche puisque j’étais perturbé par le suicide de mon fils, on s’attend à ce que je plaiderai coupable pour avoir la paix, même si je suis convaincu que Richard ment et que les déclarations de Yann ne correspondent pas à ma façon d’agir.
Que j’ai masturbé Yann, soit! C’est possible, même très probable s’il manifestait de l’intérêt, mais ce qu’il raconte ne peut pas être vrai. Ce n’est sûrement pas en 1994, j’aurais eu bien trop peur que ça se sache et que je ne puisse plus enseigner.
Un midi, je rencontre un ami commun qui me parle de la cérémonie organisée pour permettre à Rouhed de revenir sur terre, le temps de cette cérémonie. Ce fait me hante et provoque un retour partiel de mémoire sur les événements.
La mémoire est bizarre. Un fait entraîne à la longue la mémorisation d’un autre fait, permettant ainsi de tranquillement replacer les morceaux du puzzle.
Je me rappelle vaguement en lisant les témoignages des parents de Yan qu’en 1995, Yann est venu avec les autres membres de sa famille (Richard, Daniel, Estelle). Nous logions dans l’ancien appartement de mon fils Rouhed, tenu dorénavant par mon ami, Pierre, l’ancien membre de la SQ. Je couchais avec Yann, dans un petit lit simple, dans l’ancienne chambre de Rouhed alors que Richard et Daniel couchaient dans une autre chambre. Estelle dormait sur le divan du salon. Un premier flash!
Les sorcières avaient organisé une cérémonie qui permettait à Rouhed de revenir parmi nous. Yann était là, je m’en rappelle très bien.
Quand nous avons couché ensemble, Yann a manifesté qu’il n’était pas intéressé à vivre une aventure sexuelle. C’était clair à la façon qu’il se tassait contre le mur.
Puis, j’ai autorisé Yann à se rendre chez Ross parce qu’il voulait aller avec Stéphane, le fils de Ross. Il y aurait passé de deux à trois jours et dormit chez Ross. C’est alors, sans que je n’en sache rien, que Yann aurait connu ses jeux sexuels avec Ross et Denis.
C’est vrai qu’à son retour, Yann était très différent dans le lit. Il ne semblait plus porter attention à ce qu’il me colle ou non. Quand j’ai mis ma main sur sa hanche, il n’a pas manifesté le désir que je l’ôte. Il s’était même tassé encore plus vers moi d’où j’ai interprété son geste comme une invitation. D’ailleurs celui-ci dit à la fin de sa déposition : « Je n’ai jamais cru que j’étais une victime ».
S’il était réellement venu chez moi en 1994, j’imagine qu’il aurait eu le même comportement qu’à son arrivée en 1995 et que j’aurais réagi de la même manière, c’est-à-dire sans le toucher. Dommage que je ne me rappelle rien de 1994. Je n’y peux rien.
En 1995, Yann avait 15 ans alors que l’âge de consentement à cette époque était de 14 ans. Donc, je croyais que non seulement il avait l’âge, mais par son nouveau comportement, au retour de chez Ross, qu’il était consentant. Que ça ne se soit pas répété est normal parce que je savais que Ross aimait Yann et qu’il est interdit d’essayer de voler le serin d’un autre pédéraste.
Je pensai de plus en plus qu’un procès serait inutile parce que je suis condamné avant même sa tenue. Je me suis mis à espérer qu’on en finisse au plus vite.
« Mourir battu en prison ou ailleurs, il faudra mourir quand même un jour. Y paraît que de l’autre bord, on n’a pas à endurer la mesquinerie qui anime notre monde.
Je crois m’être trompé de planète. Là, d’où je viens la liberté se confond à l’amour. I wonder what love is? Y aurait-il autant de sortes d’amour qu’il y a d’étoiles?
Une chose est certaine la vie mérite quand même d’être vécue. Tous mes amours valent bien de souffrir un peu pour exister. C’est une expérience difficile, mais extraordinaire. Merci à Celui qui nous a donné la vie! Dommage que d’autres gens aient à souffrir parce que j’essaie de me tenir debout ».
Bizarre! À la suite de la publication de mon livre, prétextant que je ne l’écoutais pas en écrivant des lettres, mon avocate décide de me laisser tomber.
Ainsi, lors de ce procès, j’ai rencontré la responsable de la Couronne et l’on m’a donné un mois pour me trouver un autre avocat ou de me représenter moi-même.
J’avais préparé une déclaration de neuf pages pour expliquer à la juge ma décision de plaider coupable à l’accusation d’avoir masturbé Yann et non coupable à tous les autres chefs d’accusation.
Lettre à ma juge.
La légitimité d’un procès[2]?
1- La dénonciation vient de Ross P., au cours de ses interrogatoires, dans le cadre du projet Malaise. Voulait-il revoir Yann ou me faire payer parce qu’il pense qu’un jour je suis parti, à son avis, avec son téléviseur et non le mien? Je ne sais pas.
Ross a été interrogé au moins deux fois dont une, durant plus de huit heures. Pourtant, il a été établi qu’il est inapte à subir un procès pour des raisons mentales ou émotives. Comment a-t-il été jugé apte à subir ces interrogatoires? C’était le même gars six mois auparavant.
2- Pourquoi la police a-t-elle vérifié, au lac St-Jean, si Ross disait la vérité pour un geste[3] posé, il y a plus de 20 ans. Est-ce une entorse à la loi sur le droit à la vie privée puisque la personne impliquée n’avait pas déposé de plainte ou de dénonciation? Quels étaient leurs intérêts, sûrement pas la protection de Yann et de Richard, puisqu’il n’y avait pas eu de dénonciation de la part de Yann et, même qu’en 2001, Yann avait refusé de collaborer avec la police lorsqu’on l’avait approché à propos du testament de Ross et éventuellement de ce qui se serait passé entre Ross et lui.
3- Pourquoi la police n’a-t-elle pas vérifié mon affirmation à l’effet que Yann était allé chez Ross parce que Yann et Stéphane, le fils de Ross, s’entendaient à merveille? Suffit-il d’imaginer des complots pour qu’ils existent? Pourquoi avoir essayé de me faire croire que Yann était allé plusieurs jours chez Ross alors que sa visite a duré environ trois jours, si on lit sa déclaration? Quel geste ou discussion prouve que j’ai prêté Yann, comme jouet sexuel, à Ross et Denis? Quel intérêt aurais-je eu à comploter avec Ross?
Tout cela se serait passé lorsque Rouhed, mon fils, comme il aimait le dire, venait de se suicider. À ce moment-là, la douleur occupait toute la place au point où je fus abasourdi, choqué par l’esprit tordu, d’entendre le policier parler de complicité, lors de mon interrogatoire. C’est vrai que Ross est un ami depuis des années, que je lui faisais confiance. Je savais que nous étions, à l’époque, tous les deux de la même orientation sexuelle, la pédérastie. Le droit à l’orientation sexuelle est protégé dans la Charte des droits, sauf, pour la pédérastie, que l’on voit comme une déviance plutôt qu’une orientation sexuelle, et ce, même si la pédérastie existe depuis des millénaires. En quoi une question d’âge vient-elle changer l’homosexualité des individus? Les homosexuels n’étaient-ils pas classés malades mentaux, il y a à peine 40 ans?
Je dis était, car je n’ai pas été en compagnie d’un jeune de moins de 16 ans depuis plus de 21 ans, d’où j’ai accepté l’offre de mon avocate d’être vu pas une sexologue.
4- Quant à la complicité avec Denis, je n’ai pas parlé avec lui, selon ma souvenance, depuis environ 1985 alors que l’on enseignait ensemble à Montréal. Simplement parce que je suis allé travailler ailleurs en dehors du Québec. Ça payait plus et j’avais beaucoup de dettes.
5- Dans Les faits énoncés, on prétend qu’en voyage chez ma mère, je me suis couché près de Marc et je l’ai masturbé, avant de me masturber par la suite ou en même temps, selon les occasions (à la maison ou à Barnston). C’est non seulement me prêter une agilité que je n’ai pas, mais dans sa déclaration, Marc dit clairement qu’il ne s’est rien passé entre nous en voyage parce qu’il avait appris chez Ross (où il aurait eu à mon insu des aventures avec Ross et Denis), à se protéger, en se couchant sur le ventre.
Il dit être allé chez ma mère à Cowansville (comme disait Ross), alors qu’elle habitait à Barnston, près de Coaticook. Un détail qui montre bien que la mémoire se trompe parfois. Mieux, on dit que je suis allé le reconduire chez lui après, alors que, comme aujourd’hui, il habitait au Lac- St-Jean. Je n’ai jamais eu d’auto, quoique j’aie toujours quand même gardé mes licences. Cowansville au Saguenay, c’est long à marcher.
6- Je pensais tellement que c’était une invention des policiers que j’ai absolument voulu voir les interrogatoires sur vidéo. La police n’avait-elle pas téléphoné pour me laisser croire que Yann m’avait rappelé? Le Yann de la déposition est-il vraiment mon cousin Yann?
Je n’ai pas revu mes cousins depuis leur passage à Montréal, en 1994 et 1995, parce que je travaillais à Val-d’Or et que Ross m’avait parlé d’une lettre qu’il avait fait parvenir aux parents de Yann, disant que ce dernier est homosexuel, même s’il ne veut pas le reconnaître. Je n’étais pas d’accord avec le contenu.
7- Est-ce que ces démarches ont été initiées parce que je suis un écrivain? Dans l’entrevue avec Richard, le policier lui demande ce que je fais, Richard répond professeur et le policier ajoute : écrivain.
Est-ce à moi qu’on en veut ou à ce que j’écris? Sur 4,500 pages, je n’ai jamais écrit quelque chose qui serait illégal, du moins à ma connaissance, malgré les nouvelles lois cachées dans des bills omnibus, passées sous le gouvernement Harper, imitant George Bush. Surtout que pour qu’il y ait crime, il faut d’abord vouloir commettre un crime.
Il y a une différence entre faire la promotion de la pédérastie et se servir de gestes explicites pédérastes dans un but carrément littéraire, comme cela arrive dans une nouvelle littéraire ou un roman, par exemple, pour mettre en lumière le contexte. On ne semble pas apprécier mon humour. Je ne peux même plus acheter une copie des quatre livres que j’ai publiés à Paris, et j’ai été privé d’internet, depuis mon accusation. Des livres drôles, de pure imagination.
Où est le respect de la Charte des droits quant à la liberté d’expression? On a créé au Québec la littérature pour la jeunesse pour s’assurer que jamais les jeunes ne confrontent le mot sexe et son monde, maintenant va-t-on censurer la littérature pour adultes? La perception de la sexualité n’est-elle pas d’abord une affaire de croyances religieuses? Outlander va plus loin que tous mes livres ensemble.
8- Quant à la déclaration de Richard, je la perçois comme un rêve érotique que les jeunes garçons font avec l’arrivée des premières hormones (la tour du CN, symbole sexuel, selon Freud) et surtout parce que le tout se termine par « j’ai presque crié. ». C’est très souvent la finale révélant un rêve qui se termine en cauchemar. Dans mon cas, je voyais la tour Eiffel.
Je n’en crois toujours pas un mot quant à la réalité de ce voyage avec Richard parce que je ne me rappelle pas avoir amené quel que jeune que ce soit à Hamilton pour rencontrer Shuhed, le frère de Rouhed, en 30 ans. Je n’en aurais pas eu les moyens, d’une manière ou d’une autre. Qui d’ailleurs aurait pris soin du reste des trois autres membres de la famille en visite chez moi, durant près d’un mois, selon le témoignage des parents, si j’étais parti pour une semaine à Hamilton avec Richard?
J’ai parlé à Shuhed. Mon fils à Hamilton, qui m’a confirmé que je n’ai jamais été accompagné quand je suis allé le visiter. Même son épouse, Happy, dit la même chose, mais elle est là seulement depuis 1996. La mère de Shuhed pourrait le corroborer aussi, mais elle est retournée au Bangladesh.
9- Quant à Yann et ce qui serait survenu à Montréal, lors de sa première visite, selon son dessin, il était couché dans la petite chambre, face aux escaliers, dans un petit lit simple qui longe le mur, qui ne permet pas de voir qui monte l’escalier ou qui va dans les autres chambres et encore moins de savoir s’il y a quelqu’un dans la cuisine qui parle à l’étage inférieur. Il y avait trois chambres en haut de l’escalier, en plus, des toilettes. Comment peut-il affirmer sans l’ombre d’un doute que c’est bien moi qui étais couché près de lui pour le masturber?
J’étais en visite à Montréal pour les vacances d’été, dans l’appartement que je gardais pour Rouhed et que j’ai ensuite laissé à un ami, un ancien agent de la Sûreté du Québec. Or, il arrivait souvent que j’aie des visiteurs, dont la très grande partie était pédéraste, à cause des conférences que j’avais données sur la pédérastie quelques dix ans plus tôt avec le psychologue Alain Bouchard.
Cette fois, on me visitait aussi parce que Rouhed venait de se suicider parce que sa blonde l’avait quitté.
Je ne me rappelle de presque de rien de ce juin 1994. Je ne me rappelais même pas que mes deux sœurs étaient venues chez moi et m’avaient accompagnées pour identifier Rouhed. Je voulais mourir à sa place. Il faut avoir perdu un de ses enfants pour savoir comment ça fait mal.
Je ne dis pas que je n’ai pas masturbé Yann, la première fois qu’il serait venu à Montréal. Je ne me rappelle tout simplement pas[4] qu’il soit venu, seul chez moi, l’année où Rouhed s’est suicidé. Il n’est pas sur la petite vidéo qu’on a tourné, lors de la visite faite à l’occasion de la mort de Rouhed. Cela me semble aussi impossible, car quand il est revenu en 1995, nous devions coucher ensemble, c’était la seule place disponible, et je me rappelle qu’alors, il affichait clairement qu’il n’était pas intéressé (sa façon de se retourner et se rapprocher contre le mur).
La façon qu’il raconte ça est impossible parce que je n’agis jamais comme il le dit. Je ne me masturbe jamais en compagnie d’un autre et encore moins en même temps ou les deux à la fois.
Je veux bien plaider coupable, mais je ne suis pas assez masochiste pour dire une chose qui me coûtera de la prison quand ce qu’il raconte est, à mes yeux, tout à fait impossible. Il n’y pas que ma mémoire qui puisse être déficiente.
Mais, puisqu’on enlève des accusations et qu’on en ajoute des nouvelles, deux ans plus tard[5], je me permets de penser que l’on élabore la preuve au fur et à mesure, selon l’air du temps. Dans la vidéo de l’entretien de Yann avec la police, il n’est nulle part question que je lui demande de me toucher. D’où cela sort-il? Dans la vidéo que j’ai de leur visite, Yann n’apparaît pas.
10- De plus, on se sert d’un autre procès, qui est d’un an postérieur à la visite de mes cousins pour essayer d’aménager une espèce de « façon d’agir ». C’est simplement un autre moyen employé pour s’assurer d’avoir « une grosse sentence ». Une façon de me faire payer en double. J’ai déjà payé pour 1996 et je n’ai pas bénéficié d’une diminution de peine parce que j’ai dit devant la commission des libérations conditionnelles que je ne pouvais pas regretter quelque chose que je n’ai pas fait. Mon premier avocat m’avait alors dit que c’était 10,00$ ou la prison. Je n’avais cet argent. Je n’ai pas témoigné parce que mon second avocat m’avait dit de ne pas le faire parce qu’en reconnaissant être pédéraste, je ne pourrais jamais avoir de crédibilité.
Le juge en 1996, à Val-d’Or, a lui-même reproché à mon avocat, le deuxième, de ne pas m’avoir défendu correctement. En appel, on a dit qu’on ne pouvait pas mieux juger les témoignages que le juge de première instance. Je peux élaborer davantage si nécessaire. Si, lui, n’a pas trouvé qu’il y avait lieu d’avoir un doute raisonnable, personne ne le fera; mais il ne connaissait pas le contexte parce que je crois qu’il aurait vu la chose très différemment. La police avait alors dit au père que s’il ne me dénonçait pas, il perdrait la garde de son garçon. Le père et la mère était en guerre pour la garde des enfants à la suite de leur divorce.
11- Finalement, je crois qu’un procès serait illégitime parce que la loi invoquée est à caractère « Préjudice ». Comme on sait, c’est une loi en laquelle tout le monde croit, personne ne peut l’attaquer parce qu’elle est crue depuis toujours et pour toujours. De plus, puisqu’on a donné des millions en subventions pour préparer les « victimes », il est impossible d’avoir un procès à caractère sexuel dans lequel on peut croire ce que l’on appelle l’agresseur plutôt que ce que l’on appelle la victime. Même qu’après tant d’années, il est possible de ne pas pouvoir faire appel à des témoins pour se défendre parce qu’ils sont morts. C’est le cas de mon ami Pierre. Selon la Charte des droits, tout individu a droit à un procès juste et entier, pédéraste ou pas.
12- Les seules personnes qui pourraient témoigner, le propriétaire de l’appartement en 1995, un ex-policier, est mort d’un cancer. La mère de Shuhed et Rouhed est au Bangladesh. Puisque c’est un procès où seules les déclarations peuvent être mises en preuve, c’est un procès d’où je sors automatiquement condamné d’avance, car il y a deux personnes qui témoignent contre une.
Donc logiquement, un nouveau procès serait inutile et ne servirait qu’à justifier une peine plus lourde, sous prétexte que ça amènerait des dépenses supplémentaires de faire témoigner Yann et Richard, même si cela permettrait par contre de relever les contradictions de leurs témoignages et ainsi faire valoir mon point de vue.
Yann avait l’air d’un gars torturé, lors de sa déposition contre moi. Je ne veux pas lui faire revivre cette situation. C’est pourquoi je plaide coupable de l’avoir masturbé en 1995, alors que j’étais certain qu’il était consentant, avec son changement d’attitude quand on couchait ensemble. Il avait 15 ans et, à cette époque, l’âge de consentement était de 14 ans.
13- Si à la lumière de ce texte, il y a quand même un autre procès, je me défendrai seul.
J’aimerais aussi connaître d’avance la sentence, car je vis chez une personne handicapée, qui a absolument rien à faire avec mon passé (je vis chez lui que depuis cinq ans) et je ne voudrais surtout pas qu’il paye pour quelque chose qui lui tombe subitement dans la face. C’est un trop bon gars. C’est aussi la personne qui sera la plus marquée par ce qui arrivera. Le philosophe Alain Foucault, qui explique aussi l’histoire de la sexualité, parlait de retombées des sentences dans « Surveiller et punir ».
Je ferai remarquer, en finissant que dans les années 1980 et dans mes livres par la suite, j’ai essayé d’expliquer la pédérastie afin d’éliminer la possibilité de violence dans ces relations, en expliquant comment se vit la pédérastie.
Depuis, en quelques mois seulement on a dit, dans deux cas de meurtres, que l’on avait agi ainsi par peur, comme je le disais il y a 40 ans, et ce, sans compter les dizaines de jeunes qui se sont suicidés pour éviter la vindicte populaire qui existait contre les homosexuels, car, à cette époque, on croyait encore que les gais étaient des malades mentaux qui s’attaquaient aux enfants.
Pour pouvoir travailler à mon prochain roman et surtout effectuer les recherches pour préparer ma défense, je demande que l’on annule la condition selon laquelle je n’ai pas le droit à l’internet, d’autant plus que l’on a retiré les accusations de pornographie juvénile. On peut exiger que je ne puisse pas être seul avec l’internet dans une maison ou un établissement afin qu’il ne me soit impossible de regarder de la pornographie juvénile.
En cas d’un nouveau procès, j’aurai aussi besoin des vidéos[6] des interrogatoires de Yann, Richard et de Ross. Il faudrait s’assurer que je puisse les consulter sur mon appareil, car il y aurait une espèce de code d’accès sur les vidéos des policiers.
—————————————————-
« Je serais prêt à m’engager sous serment quant à ce que ce texte représente exactement ce que je sais, ce que je me rappelle. Je serais tout aussi prêt à subir un test du polygraphe à partir de ce texte, à condition que je puisse dire je ne me rappelle pas, quand je ne rappelle pas ».
————————————————-
La différence de verdict tient au fait que les choses se sont déroulées soit en 1994 ou 1995, à cause de l’âge, volontairement ou non.
On m’a alors informé que je ne pouvais pas présenter ce document à la Cour et que si je me représentais moi-même, je n’avais droit à aucune note.
Je me suis donc contenté de répondre à la juge que c’était dommage que mon avocate demande de se retirer de mon dossier parce qu’elle croyait que je ne lui faisais pas confiance. Ce n’est pas en elle que je n’ai pas confiance, mais dans le système.
Entre temps, j’ai trouvé une nouvelle avocate et je me suis présenté pour être évalué par une sexologue.
L’entrevue avec la sexologue a duré quatre heures et demi. Elle m’a remis une facture, à mon nom, de 1,000 $ et a ajouté que le rapport ne serait disponible qu’au moment où elle serait payée.
J’ai voulu laissé la facture à l’Aide juridique de Magog qui l’a refusée, mais qui m’a indiqué les procédures à suivre pour être payé. J’ai donc fait parvenir la facture à ma nouvelle avocate, avec les indications pour que l’Aide juridique paye les frais de cette rencontre.
Une semaine avant la prochaine comparution, je n’avais aucune nouvelle. J’ai communiqué avec mon avocate. On me demandait, pour accélérer les procédures, de payer en attendant que l’Aide juridique paye, soit à la fin de tout le processus.
On me remettrait mon 1,000$ quand tout sera terminé. Le procès a été reporté parce que le dossier de la sexologue n’était pas complété.
[1] – Charte des droits, Chapitre 1.4 Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et sa réputation. Toute personne a droit au respect de sa réputation.
[2] – Puisque mon avocate avait décidé de ne plus me représenter parce que je ne lui faisais pas confiance, j’ai préparé ce texte pour la remettre à la juge. On m’a dit que cela ne se faisait pas et que je n’avais même pas droit à des notes écrites, si je me présentais devant la juge. Alors, comment m’expliquer? Est-ce que ce procès est strictement un moyen pour m’empêcher d’écrire?
[3] -Une masturbation
[4] – Début de juin 1994, mon fils adoptif se suicide; en 1995, je tombe dans une trappe, la blessure est telle que je ne peux plus bouger mon bras droit, donc, physiothérapie durant des mois; en 1996, le fils d’un ami m’accuse de l’avoir touché pendant un voyage de récompense à Montréal. À l’enquête de 1996, on a rien trouvé sur moi, ni à Montréal, ni là où j’ai enseigné. De plus, depuis plus de vingt ans, je n’ai pas été en contact avec aucun jeune de moins de 16 ans.
[5] – Nouvelle accusation : j’aurais incité Yann à me toucher.
[6] – Presque de tout ce dont j’ai parlé dans ce texte a été possible parce que j’ai lu les dépositions de mes accusateurs. Je me rappelle encore que très vaguement cette époque.