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De la pudeur à la paranoïa (16).

avril 14, 2020

Il faut lire dans le sens de 1 à 10+

Ma réflexion sur la pédérastie a duré presque toute ma vie, avant d’aboutir à une certaine forme d’éthique que j’essaie de structurer. 

C’est évident que ma vie n’a pas été que des paroles. Ma vie est colorée par les amours que j’ai connues. Je ne les regrette pas, au contraire, j’aimerais les revivre, mais je suis trop vieux maintenant.

Voici quelques exemples qui nous tracent un portrait actuel de la pensée de la société.

Premier exemple : en amour avec son prof.

Un juge vient de condamner un professeur qui a entretenu une liaison amoureuse avec une étudiante, ce qui conduit nécessairement à des relations sexuelles, même s’il n’y a pas eu de pénétration.

Dans ce cas, il a été prouvé que la jeune fille était pleinement d’accord et qu’elle n’a subi aucun préjudice, sinon de voir la société s’emballer et publiciser son amour pour faire peur aux autres professeurs. Pour engendrer la peur, on a ruiné la vie du professeur qui a eu le malheur de tomber en amour avec cette jeune étudiante adolescente[1].

Cette relation s’est bornée à des caresses, des baisers et de la fellation, ce qui, doit-on l’admettre, ne fait pas tellement mal et traumatise moins que d’être dénoncé.

Le danger dans ces relations, ce ne sont pas les gestes sexuels, mais la difficulté émotive que pourrait avoir à subir une ou un ado quand surviendra la rupture ou la naissance d’un enfant.   Une adolescente enceinte peut signifier dans notre société une vie de misère, et après, on crie contre l’avortement plutôt que de lui venir en aide. Quelle charité!

Quand on est jeune, notre premier grand amour, c’est toujours la fin du monde. Tu crois vraiment que tu ne retrouveras jamais autant l’amour que cette fois. La rupture est tellement douloureuse qu’elle peut conduire au suicide. C’est ce qui est d’ailleurs arrivé avec le plus jeune des garçons que j’ai adoptés. Il s’est suicidé parce que sa blonde l’a quitté. Ce fut le pire moment de ma vie.

Le suicide est aussi possible quand le jeune se croit ignoré de la personne dont il est tombé en amour.

À l’adolescence, la valorisation de sa personnalité est exigeante. Qu’est-ce que je vais faire de ma vie? Se demandent les jeunes.

Faire croire que la sexualité est une saleté, c’est le premier acte qui conduit à la mésestime de soi.

On oublie de dire que la pédérastie est une réalité absolument homosexuelle. Le pédophile, lui, aimera autant un jeune enfant, gars ou fille, selon ses goûts. C’est une variante extrêmement importante, car vivre sa sexualité quand tu es un gars, ne présente aucun danger physique comme tomber enceinte. C’est la même chose, pour une lesbienne. Pourtant, on agit comme s’il n’y avait aucune différence.

Il faut donc réaliser « que de tomber en amour » est une réalité qui exige que chaque cas soit vu comme d’un point de vue particulier pour ne pas tuer émotivement un individu ou les deux.

Par contre, pour l’adulte, être accusé de pédophilie alors qu’on parle en réalité de pédérastie, c’est déjà être condamné à voir le suicide comme la meilleure solution contre une vie de misère à venir.

Je me rappelle mon ami, Marc L., qui avait créé des cirques en Éthiopie. Quand il a été dénoncé pour pédérastie, il s’est suicidé et il a écrit : « Je veux que mon suicide soit vu comme un assassinat. » Et, je suis parfaitement d’accord avec lui. Il était pédéraste, c’est vrai, mais il sauvait des centaines de jeunes de la misère et leur donnait un avenir. Que certains aient eu une relation avec lui, c’est quoi l’affaire, si elles étaient consenties. Ça, je ne le sais pas. Mais, j’admirais qu’il sauve ainsi autant de jeunes de la misère. C’est une preuve que la pédérastie pouvait donner naissance à des gestes charitables extraordinaires. On a mis tellement d’importance sur la chasse aux pédophiles qu’on lui confère même un statut international.

« Mieux vaut crever de faim que de jouer aux fesses », une réalité que tu peux assumer seulement quand t’es assez bourgeois pour ne pas savoir ce que c’est d’être pauvre.

Pour le jeune, qui est souvent encore en amour, voir celui qu’il aime être crucifié par la morale publique, c’est pire que les caresses.

Le seul motif de la condamnation est de passer le message qu’aucun professeur ne peut avoir de lien charnel avec un élève dont il est responsable. Il y a une différence entre être responsable et avoir été responsable quand tu cesses d’enseigner à cette personne.

Cela a guidé ma vie professionnelle comme professeur. « Never on the job ! » Cette réalité m’est entrée dans la tête, le jour, où j’ai tellement aimé mon travail que je ne voulais pas le perdre pour une aventure sexuelle passagère.

Imposer un âge pour s’aimer, c’est de la folie pure.

Je n’aurais jamais accepté avoir une relation sexuelle avec un étudiant à qui j’enseignais (pourtant, j’ai la libido très forte), car dans ce cas, il peut y avoir réellement un lien d’autorité. Un professeur pourrait faire couler un élève qui ne répondrait pas à ses avances. Dans ce dernier cas, qu’il y ait relation ou pas, ce chantage devient un viol en soi.

Par contre, ce n’est pas parce que tu es professeur que cette règle d’abstinence tient en tout temps, 24 heures sur 24, en tous lieux, jusqu’à la fin de tes jours, sous prétexte de donner l’exemple. Une telle règle signifie que le sexe est mal en soi, une aberration religieuse, qui repose sur l’ignorance de la réalité humaine. On n’entre pas en communauté quand on devient prof.

Ce qui est intéressant dans ce jugement, c’est que l’on a tenu compte du fait que la jeune fille n’avait subi aucune séquelle (elle n’a pas cherché une compensation financière ou à se venger) et que l’on s’en est tenu au message : Never on the job!

Que fait-on de l’existence des sentiments humains? Un prof est-il fait de marbre? Il y a une différence entre la contrainte et le consentement. Il devrait y avoir cette nuance, car autrement, c’est prétendre que la sexualité est mauvaise en soi. On ne protège plus les jeunes, on protège une morale que l’on impose au nom de religions archaïques.

Par contre, le pauvre prof devra réorienter sa vie dans une autre profession et, si les moumounes s’en mêlent, il sera pourchassé par les moralistes qui ne se mêlent pas de ce qui les regarde, jusqu’à ce que le suicide lui apparaisse comme la solution idéale. Roméo et Juliette, ça n’existe pas que dans les films et ce n’est pas toujours une lutte des classes, mais une guerre entre les « ordres » et la conscience personnelle.

À mon avis, la situation d’être en autorité dans le cas d’un prof s’applique seulement le temps où il enseigne directement, car là, il peut alors exercer une forme de chantage.

Un deuxième exemple : avoir un minimum de compassion.

Il y a quelques jours, une dame dans le Journal de Montréal demandait que les pédophiles soient condamnés à la prison à perpétuité. C’est pratiquement ce qui existe déjà, mais de manière plus hypocrite.

À première vue, étant donné la paranoïa que l’on a créée au Québec sur le sujet, c’est le gros bon sens. Qui accepte qu’un enfant soit molesté physiquement par un adulte? Personne, même pas un pédophile sincère. 

Cette dame manque carrément d’informations ou de jugement.

D’abord, il existe énormément de nuances quand il est question de crimes sexuels.

La pornographie est gratuite et a libre cours sur internet; mais on ajoute des policiers pour écouter et lire ce que disent les gens. Quel respect de la vie privée, on ne parle tout de même pas de terrorisme!

On oublie que la pornographie montre toujours des jeunes avec un pénis d’adulte, ce qui expose bien des jeunes à se croire anormaux parce que le leur est tellement plus petit. Ce n’est si ridicule que ça puisque l’acceptation de son corps comme il est sert à avoir une certaine fierté de soi.

On interdit de rendre publics les résultats de sondages faits auprès des jeunes afin que jamais on ne se rende compte que beaucoup vont sur des sites de rencontre dans l’espoir d’approcher un homme adulte, soit pour partager une expérience ou le traiter de maudit pédophile.

En fait, que tu regardes ne change rien pour ceux qui mettent ces sites en ligne; mais on te fait croire que tu es dans le mal total parce que tu regardes ce que les religions ne veulent pas que tu voies et encore moins que ça t’excite.

On refuse de rendre publics les sondages qui ont été faits et qui confirment que les jeunes sont moins niaiseux que le croient les parents.

La majorité des crimes contre les enfants n’ont rien à voir avec la pédophilie. Les crimes violents viennent surtout des psychopathes. C’est cette maladie mentale qui les empêche d’avoir la moindre empathie pour les victimes. Ces derniers enlèvent, blessent et tuent.

D’autre part, la très grande majorité des enlèvements se font entre parents qui veulent la possession de leurs enfants.

L’autre partie concerne le trafic d’organes. C’est à ce que je sache un crime plus répandu que l’on pense. Il y a aussi les crimes d’excision, mais quand en parle-t-on ?

L’esclavage sexuel concerne surtout les femmes qui sont souvent victimes de leur situation financière et qui cherchent un moyen de s’en sortir, quand elles ne sont pas tout simplement kidnappées et revendues. Incroyable, mais la traite des humains existent encore. Voilà une bonne raison de combattre une telle situation. On devrait y affecter le personnel nécessaire pour éliminer le trafic d’être humain.

Donc, la très grande majorité des crimes dits sexuels n’ont rien à voir avec les pédophiles. Ces derniers sont d’ailleurs moins d’un pour cent de la population, ayant des mœurs sexuelles différentes des autres.

Pourtant, les médias parlent presque exclusivement des pédophiles. Ça donne l’impression qu’il y a un pédophile à chaque coin de rue qui attend les enfants pour les déculotter sur place.

Comment peut-on dire aux jeunes que le sexe est très beau, si on passe notre temps à crier au danger.


On met en doute l’amour qui peut animer certains pédophiles pour leur petit chérubin. Qui suis-je pour juger?

Personnellement, je l’ai dit, je l’ai écrit et je le réécris, je crois que la pédophilie ne doit pas être tolérée, mais elle ne doit pas, non plus, devenir la guillotine à vie pour les personnes aux prises avec cette orientation sexuelle[2].

On doit éliminer le danger pour les enfants, mais ne pas nécessairement faire de la vie sur terre un enfer pour pédophiles.

Le meilleur moyen d’éliminer le danger est d’en parler, de pouvoir le vivre honnêtement, c’est-à-dire dans la franchise. Ça paraît complètement fou, mais c’est la réalité. Les parents, avisés qu’un tel ou une telle est pédophile, prendront le temps de discuter avec leurs enfants pour s’assurer que ceux-ci savent répondre à la situation.

Quand j’enseignais en Ontario, je devais, étant le seul mâle enseignant, me rendre surveiller les jeunes garçons que l’on amenait se baigner à la piscine. Les parents, qui me connaissaient, car ils venaient aussi de Barnston, où j’étais réputé comme aimant les jeunes de même sexe, ont décidé de me rencontrer et de me dire qu’ils laissaient les jeunes venir avec moi, simplement parce qu’ils leur faisaient confiance. Tout s’est évidemment très bien déroulé.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, j’ai apprécié cette démarche des parents. Ils étaient rassurés et je savais à quoi m’en tenir puisqu’il me connaissait.   J’ai admiré la confiance qu’ils avaient en leurs garçons. Ces parents avaient compris que leur vie leur appartient.

Un autre problème est que le système ne fait aucune nuance entre être pédophile, pédéraste (amourajeux) alors que les différences sont extrêmes.

Dans la majorité de ces relations, il n’y a aucune violence. Pourquoi en parler comme si l’enfant en sortait infirme? Le parent qui bat son jeune n’est-il pas plus dangereux? Le parent qui transmet sa paranoïa nuit au développement psychologique de son enfant, quoiqu’à son avis, il empêche le péché de se transmettre.

Souvent, ces relations ne comportent d’ailleurs aucune pénétration, mais des attouchements, masturbation, fellation. Ce n’est pas une caresse qui produit le plus de souffrance.

Le système ne fait aucune nuance quant à la gravité et la dangerosité des gestes, avec ou sans violence, avec ou sans consentement, avec ou sans séquelles. Chaque seconde du déroulement de l’événement fait l’objet d’une nouvelle accusation pour que ça ait l’air plus diabolique.

Un gars qui tue en conduisant saoul aura moins de problèmes à retourner dans la vie qu’un pédophile qui a partagé un amour et de la tendresse avec un enfant parce qu’il y a eu aussi des gestes à connotation sexuelle. La majorité des cas ne sont pas dénoncés par les enfants, mais par les mères et les grands-mères qui se sont donné le rôle de protectrices de la morale plutôt que de discuter avec leurs enfants et leur apprendre à choisir.

On ne tient d’ailleurs, dans bien des cas, aucun compte de l’effet pervers de ces dénonciations, même sur la victime. On ne  tient absolument pas compte de l’aspect relationnel entre les personnes concernées.

La différence la plus importante entre la pédophilie et la pédérastie est le changement au niveau de la conscience, au niveau du cerveau, au niveau des intérêts par rapport à la sexualité, due à la différence d’âge. Le symbolisme n’existe pas avant l’adolescence. 

On reste prisonnier d’une vision religieuse plutôt que de regarder ce que la science nous apprend sur la vie sexuelle des humains.

Le fédéral a d’ailleurs unilatéralement changé l’âge de consentement de 14 à 16 ans, pour obéir aux dictats des religions, de la police et de la droite. Est-ce qu’on respecte l’intégrité psychologique des jeunes ? Non, il faut que les jeunes croient qu’en jouant aux fesses, ils font quelque chose de très méchant. C’est carrément contre la Charte des droits, mais c’est accepté pour tous. C’est pourquoi la Charte des droits, c’est du Bla Bla. 

On oublie que dans le développement physique et psychique du garçon, les changements ne surviennent pas au même âge pour chaque individu, ni à la même vitesse.


Si on veut respecter l’intégrité de l’enfant comme l’ordonne la Charte des droits, l’âge de consentement doit d’être variable, d’où la nécessité de le fixer avec l’entrée au secondaire, précédé de cours à la fin du primaire qui leur fassent prendre conscience de la réalité sexuelle et des dangers qui y sont reliés. (sida, maladies vénériennes, etc.). On doit faire connaître les besoins d’utiliser les préservatifs, par exemple, ce que l’Église condamne.  

Cela ne veut pas dire qu’il faut alors commencer à avoir des relations sexuelles en bas âge ou que le jeune est déjà assez formé pour prendre une décision de vieux sage; c’est simplement respecter la vitesse de développement de chaque enfant.

Aucun enfant n’a la même vitesse de développement. Il s’agit de permettre le développement progressif d’une conscience personnelle. Cela fait partie de l’expérience à acquérir. Le jeune doit savoir qu’il a autant le droit de dire oui que de dire non. Il doit être conscient des responsabilités qui en découlent. La liberté n’existe pas sans responsabilités. Le droit à son intégrité.

Si le parent confronte le pédophile, en lui disant de laisser son enfant tranquille, il serait plus qu’étonnant que ça ne mette pas tout simplement fin à cette relation, si elle est jugée dangereuse. Il faut cependant savoir évaluer le danger réel, apprendre à se parler sans vouloir s’entretuer parce qu’on est différents.

Tenant compte de toutes ces nuances, on peut dire que demander la prison à vie ou des conditions sur des périodes de plus de trois ans pour un geste sexuel non violent, c’est de la démence.

Que le pédéraste puisse s’avouer pédéraste, c’est un des moyens les plus sécuritaires pour les jeunes garçons, car ils ne craindront pas de créer tout un scandale s’ils doivent en parler à des adultes responsables.

Troisième exemple : la victime ne dit pas toujours la vérité.

Une fille prend une pleine page pour dénoncer ce qui lui est arrivé à quatre ans. On peut mettre en doute ce qu’elle nous raconte pour deux raisons majeures : on se rappelle peu de ce qui nous arrive dans notre prime enfance, mais disons qu’elle le peut. Par contre, à cet âge, l’enfant ne sait pas encore la différence entre le bien et le mal, à moins de vivre dans une famille qui ne pense qu’à ça. Comment alors ne pas être traumatisé? Serait-ce encore une fois la morale sociale qui finalement traumatise le plus? Combattre ta sexualité, ta petite nature, c’est contre nature quoiqu’en disent les religions.

Les invitations à dénoncer prouve à quel point on a besoin de dénonciations pour justifier et augmenter, grâce aux statistiques, de verser plus d’argent à la police et aux « mouvements prétendument pour venir en aide aux enfants abusés sexuellement[3] ». Pas de dénonciations, pas d’argent qui entre; parce que les gens n’ont plus assez peur ou assez honte. On crée présentement une nouvelle mafia légale. La mafia du chantage érotique.

Il faut se rappeler que les commotions cérébrales sont plus dangereuses que toutes les fellations, mais les adultes semblent l’oublier ou l’ignorer.

La publicité faite sur les procès d’ordre sexuel à la télévision est là juste pour nous rappeler que le péché d’impureté existe, qu’il est toujours objet de sentences. On rappelle ainsi à tous que l’état a toujours un œil sur votre pantalon et gare à celui qui le baisse en dehors des endroits déterminés à cette fin.

Pendant que le monde se bat contre le radicalisme et la mafia, on paye des policiers pour tendre des pièges aux pédophiles qui probablement rêveront plus qu’ils ne réaliseront leurs souhaits[4]

Les jeunes savent qu’il existe toujours un moyen, un endroit pour dénoncer, directement sur le site visité quelqu’un qui a une approche inappropriée. Cette solution est moins dangereuse et plus payante, car la paranoïa sexuelle vire très vite en état d’hystérie collective.

On ne veut pas, seulement et surtout, protéger les enfants, on veut contrôler les désirs sexuels quitte à ne pas respecter la Charte des droits de la personne et la loi sur la vie privée.

Plus globalement, on essaie actuellement d’établir une dictature morale mondiale, en se servant de l’émotion et de l’aliénation.

Un compromis entre l’Islam radical,  le christianisme et les autres religions, où le sexe sera toujours le crime des crimes.

Lettre ouverte sur les pédophiles.

Un Québécois sans droit ?
Par M. André Sirois

Tribune libre de Vigile
mercredi 24 février

En ce qui concerne ce qu’il faut bien appeler malheureusement l’affaire Claude Jutra, serais-je le seul à m’étonner du silence des autorités publiques, du ministère de la Justice et de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse devant le lynchage du cinéaste?

La Charte des droits de la personne et de la jeunesse énonce à son article 4 que « Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation ». Sauf Claude Jutra?

La Charte ajoute à l’article 5 que : « Toute personne a droit au respect de sa vie privée». Sauf Claude Jutra?

La Charte ajoute aussi, à l’article 33 : « Tout accusé est présumé innocent jusqu’à ce que la preuve de sa culpabilité ait été établie suivant la loi. Et cette présomption d’innocence comporte le droit à un procès juste et équitable ». Sauf pour Claude Jutra qui n’a jamais été accusé de quoi que ce soit.

Par ailleurs, la Commission des droits de la personne n’a-t-elle pas spécifiquement pour mission « de veiller au respect des principes énoncés dans la (…) Charte », comme le stipule son article constitutif, l’article 57 de la Charte?

Par conséquent, comment se fait-il que, sauf erreur, on n’ait entendu ni la Commission, ni aucun de ses membres rappeler ces principes de la Charte et rappeler aussi que la Charte existe d’abord et avant tout pour éviter des dérapages pareils, des chasses aux sorcières, des lynchages publics ou des exécutions par tribunaux populaires.

Comment se fait-il aussi que la ministre de la Justice n’ait pas jugé bon d’intervenir pour rappeler qu’il s’agissait d’une affaire d’ordre public, qui est de sa responsabilité, et qu’elle a le devoir fondamental de voir au respect des droits garantis à chaque citoyen du Québec, y compris Claude Jutra?

Faut-il rappeler que la Charte n’est pas là pour protéger des droits que tous sont prêts à protéger spontanément d’un commun accord, mais que son utilité, sa nécessité, se manifeste pour protéger l’exercice de droits impopulaires et qu’elle sert alors à protéger les droits des minorités, voire des individus, face à des mouvements de masse et des manifestations aussi dangereuses et injustes qu’impulsives.

L’origine douteuse de cette affaire et l’ampleur des réactions, souvent plus émotives que réfléchies, qu’elle a provoquées méritent un examen sérieux.

Accepter ainsi ce type de justice par délire populaire est indigne d’un État de droit.

Déjà le Code d’Hammourabi, l’un des premiers textes juridiques, adopté, il y a plus de 3700 ans, prévoyait la peine de mort pour l’auteur d’accusations qu’il ne pouvait prouver. Et depuis ce temps, cette condamnation des accusations sans fondement a été constamment reprise dans d’innombrables codes et textes juridiques visant à protéger des droits fondamentaux.

Or, sur quoi reposent ces condamnations de Jutra? Rappelons d’abord que Claude Jutra n’a jamais été accusé de quoi que ce soit de son vivant (ni après sa mort d’ailleurs, il y a de cela 30 ans) et que, par conséquent, il n’a jamais eu le besoin ni la possibilité de se défendre contre quelque accusation que ce soit.

L’affaire repose sur quelques ragots exploités par le biographe de Jutra, M. Lever : « Quand j’ai écrit le livre, on m’a suggéré de traiter ce passage en disant simplement qu’il aimait les jeunes garçons sans employer le mot pédophilie, explique M. Lever. Mais je me suis dit que si je ne le faisais pas quelqu’un d’autre le ferait à ma place. » (Déclaration de M. Lever au Journal de Montréal, le 16 février 2016, p. 38)

Peut-on vraiment condamner quelqu’un ainsi? Remplaçons le mot « pédophilie » par le mot « meurtre » pour voir l’absurdité grossière du procédé de M. Lever.

Par la suite, comme souvent dès qu’une affaire de sexe est soulevée dans les médias, deux accusateurs, que certains médias identifient comme des « victimes », sont apparus; l’un exige l’anonymat (quelle serait la valeur d’un témoignage anonyme et non contesté devant un tribunal ?), l’autre s’identifie.

La façon normale de procéder est alors d’aller à la police et de porter plainte. C’est leur droit le plus strict. Il conviendrait alors de prendre leur témoignage et de l’examiner à la lumière des règles de droit puis de décider s’il y a matière à procès et, éventuellement, de faire un procès juste et équitable.

Au lieu de cela, on a immédiatement droit à une avalanche de condamnations à l’emporte-pièce, certaines provenant de gens de bonne foi plus inquiets que bien renseignés, d’autres de gens aux motivations beaucoup plus sombres. On a notamment l’impression que c’est une belle occasion d’accuser de pédophilie, par amalgame, les homosexuels, les bisexuels, les amateurs de sexe en général, les « flower people », les intellectuels et les « artisses ». Bel exercice de défoulement populaire et de psychothérapie de groupe. Mais où se trouvent la justice et le respect des droits ?

Il est devenu d’autant plus facile de condamner Jutra, célibataire, décédé et sans famille, c.-à-d. sans défense, que, dans les faits, son propre gouvernement, par son inaction devant le lynchage, l’a déjà dépouillé de ses droits fondamentaux. Et que, contrairement à certains autres, il n’a pas une puissante famille financière ou politique pour défendre sa mémoire et intimider d’éventuels accusateurs. Grâce à cette garantie d’immunité, on peut dire n’importe quoi et on ne s’en prive pas. C’est ignoble.

Jutra se trouve jugé et condamné sans jamais avoir été accusé de quoi que ce soit et sans avoir pu se défendre. Et il est condamné ainsi très publiquement et très officiellement par les autorités responsables de protéger ses droits et de protéger nos droits.

Faut-il souligner que le prochain lynché, la prochaine victime d’une chasse aux sorcières, ce pourrait être n’importe qui d’entre nous ? Et que notre gouvernement et notre Commission des droits de la personne ne feront rien pour assurer la protection de nos droits : la preuve en est maintenant faite.

Il y a sûrement lieu de tirer des leçons de cette malheureuse affaire et, pour cela, il faut au plus tôt constituer un comité d’experts indépendants pour voir comment assurer à l’avenir la protection des droits des personnes concernées, y compris au premier chef  la ou les victimes d’un tel lynchage.

André Sirois,
Avocat auprès d’organisations internationales,
spécialisé notamment en droits de l’homme.

Voici un cas illustrant le danger des personnes trop scrupuleuses dans notre société. Pourtant, toute la société québécoise a poursuivi la chasse aux sorcières contre Jutra. On a dénommé des endroits pour lui rendre hommage comme si le pénis de Jutra aurait été sa caméra.

Je termine avec une petite histoire qui prouve que la morale traditionnelle est plus dangereuse que moi pour les jeunes.

J’étais journaliste à la Tribune, de Sherbrooke. J’ai été envoyé couvrir un problème du à l’absence de gymnase dans un centre pour jeunes délinquants.

Puisque je devais interviewer des jeunes pour compléter mon reportage, j’ai avisé le directeur du centre que je suis pédéraste, donc, qu’aucune entrevue ne pouvait être réalisée, seul, avec eux.

Plus tard, le gouvernement a refusé de doter l’établissement d’un gymnase extraordinairement nécessaire, sous prétexte que j’avais fait le reportage.

Ce fonctionnaire imbécile venait au nom de la morale de priver les jeunes d’un instrument essentiel à leur réadaptation.

 Dans ce cas, qui eut le moins de respect pour les jeunes, ce fonctionnaire et sa morale ou moi ?

C’est parce que j’ai été pédéraste que je défends le droit des jeunes garçons de choisir leur sexualité.


[1] – Puis, on se demande pourquoi il manque de professeurs.

[2] – Qu’on le veuille ou non la pédérastie est une orientation sexuelle. Les pédérastes sont  attirés par des gens du même sexe, mais plus jeunes, ce qui fait dire aux professionnels du péché qu’il s’agit d’une déviance et non d’une orientation sexuelle. Moyen hypocrite pour que la pédérastie soit vue comme un crime.

[3] – Il faut cependant reconnaître que ces services sont essentiels pour ceux qui en ont vraiment besoin.

[4] -La Cour suprême à sept juges sur sept vient d’établir que la police peut créer un lien pour tendre un piège à un gars soupçonné de leurre sexuel et ce même si la victime n’existe pas. Quelle hypocrisie. Commettre des crimes d’intention …c’est du délire.

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