Anthologie des textes érotiques masculins (par Jean Ferguson)
PREMIER POÈME EN GUISE D’INTRODUCTION
À LA CRITIQUE…
Critique qui fait l’esprit fort
En matière de foutrerie,
Ne t’étonne pas, je te prie
De trouver foutre ici d’abord.
J’aimerais mieux mourir de rage
Que d’avoir, dedans ton ouvrage,
Malicieusement laissé
Aucun mauvais exemple à suivre.
Mais puisque nos aïeux, pour nous faire survivre,
Ont foutre sur foutre entassé,
Je puis bien commencer mon livre
Par où le monde a commencé.
Claude Le Petit
Claude Le Petit, français, 1639~1662. Ce poète exerça la profession d’avocat à Paris, tout en fréquentant les gens de lettres de son époque. Il fut accusé d’avoir écrit des poèmes libertins et licencieux, mais la véritable raison, c’est qu’il
s’était payé, en quelques strophes, la tête des Jésuites dans son Paris ridicule.
Ceux-ci eurent la rancune tenace et le firent condamner à être brûlé vif après avoir eu le poing coupé. Le Parlement de Paris confirma la sentence, ainsi
Claude Le Petit fut exécuté.
AHMAD AL-TÎFÂCHÎ
(Persan, 1184-1253)
Ce poète à travers ses (œuvres personnelles a colligé des poèmes d’autres poètes arabes anonymes dans son recueil Les délices du coeur.
FIDÉLITÉ
Un jour, un jeune homme s’aperçut
Que son voisin arborait
son instrument fièrement dressé.
— Je te donne ma vie en rançon
Si tuacceptes de me révéler pourquoi
Ton objet se lève ainsi entre tes jambes.
— Oh ! C’est qu’il vient de se rappeler
Un ami qu’il a en Iraq.
Le jeune homme lui proposa :
— Permets-moi de le toucher
Et de l’embrasser : une telle fidélité
Est bien rare de nos jours !
LE GRAIN DE BEAUTÉ
Le grain de beauté sur ta joue pure
Mets à celle-ci tant de grâce et de perfection.
Comment blâmer
Quelqu’un qui serait
Tout entier dans le regard
Comme le grain de beauté ?
LOUANGE À ALLAH !
Qu’Allah soit loué
Qui donne un sursis au coupable
Et promet le pardon à tous les vivants.
Car c’est lui qui a promis :
« Ma miséricorde est assez immense
Pour contenir le monde entier. »
Oui, je loue Allah
Comme le fait la terre assoiffée
Qui remercie le ciel
Pour la pluie qu’elle reçoit.
Ainsi l’amant passionné
Se répand en remerciements
Lorsqu’un peu de plaisir lui est accordé.
Je témoigne que c’est Allah
Le seul Dieu
Et qu’il n’y en a pas d’autres;
Il ne saurait avoir d’associé.
Que cette louange m’apporte
La récompense de rencontrer sur ma route
Beaucoup de beaux jeunes gens
Et je souhaite en même temps
De me retrouver un paradis
Entouré de jeunes imberbes !
LE BÉDOUIN
Dans l’un des mes lointains voyages
À travers des pays et des pays,
J’ai rencontré un svelte Bédouin
Ayant l’air d’un cerf gracieux.
Il avait entre les jambes
Quelque chose qui ressemblait
À la lance dans son fourreau.
Bel instrument à vrai dire !
Au cours d’une étape,
Il me le fit connaître.
Je me pus que m’exclamer :
— Ô toi, le plus admirable des hommes
À cause de ton instrument,
Le Grand Dispensateur seul
Pourra te récompenser
À ma place pour la prouesse
Dont tu viens de me gratifier !
L’AGRÉABLE DE LA VIE
La vie n’est vraiment agréable
Que lorsqu’on a passé la nuit
Entre le ventre d’un esclave
Elle dos d’un jeune homme.
Je l’accouple,
Je l’embouche,
Il me prend.
Le plaisir se présente donc à moi
De deux façons :
Par-derrière et par-devant.
Félicité et reconnaissance !
(Traduction et arrangement : Djamel Mamed)