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Un sourire d’enfer 71

avril 22, 2023

Un sourire d’enfer  71

Personnellement, bébé, j’avais l’art, m’a-t-on raconté, de placer des couteaux, fourchettes dans les prises électriques pour savoir ce que ça faisait.  Je n’en ai pas le moindre souvenir, sauf qu’aujourd’hui, j’ai peur de l’électricité. Alors pourquoi si une aventure sexuelle, ce qui n’est pas désagréable en soit, me pourchasserait-elle toute ma vie ?

Plus j’y pensais, plus je trouvais cela stupide.  Pourquoi mentons-nous toujours sur tout ce qui touche la sexualité ? Combien de gens vivent parfaitement équilibrés et ont déjà connu des jeux sexuels dans leur enfance ? Qui ne s’est pas déjà masturbé ?  Il n’y a pas qu’une façon de découvrir le plaisir.


Par contre, combien ont été traumatisés parce qu’on leur a fait peur quand ils ont été pris sur le fait ?  Combien de jeunes se sont suicidés parce qu’ils ne se croyaient pas aimés par leurs parents ?  On risque d’être beaucoup plus traumatisé par un manque d’affection dans notre enfance que par des caresses. 

Quand on est jeune, la sexualité ça ne veut absolument rien dire, sauf l’affection, se sentir désiré, aimé.  Par contre, en voyant les adultes devenir fous dès qu’on parle de sexe ou quelque chose qui s’y rapproche, on s’imagine que c’est aussi pire que l’apparition du diable.

Si on n’attache pas une importance outre mesure à la sexualité, pour les enfants, la vie sexuelle est pratiquement presque toujours inexistante avant 10 ans. 

C’est d’ailleurs pourquoi je suis contre l’enseignement de la sexualité pour tout le monde à l’école, avant la fin du primaire.  Pourquoi parler d’un sujet qui n’intéresse pas un jeune, qui n’en a pas besoin, sinon pour lui laver le cerveau et lui transmettre ses bibittes.  Je suis contre les lavages de cerveaux religieux et moralisateurs. S’en prendre à la sexualité pour un rien, c’est une connerie propre aux religions.

Par contre, l’école doit pouvoir répondre aux cas particuliers, à ceux qui veulent savoir, soit en ayant des spécialistes dans cet enseignement ou des moyens (livres, films) qui permettent de répondre aux questions des plus précoces.

Si j’aimais la visite des enfants, même s’ils faisaient beaucoup de désordre, mon colocataire, Ted ne goûtait plus au plaisir de les voir venir s’amuser chez nous.  À son avis, l’école libre exigeait trop d’énergies pour pouvoir encore supporter des enfants à la maison. 

Je voyais dans cette décision, une tactique pour m’empêcher de rencontrer les gars, décision assez surprenant de sa part, car, il croyait comme moi que la vie serait plus heureuse pour les jeunes si on éliminait l’interdit sexuel et le bourrage de crâne qui l’entoure. 

Jusque-là, il n’avait jamais démontré de réserve quant à ma pédérastie.  Au contraire, il m’avait lui-même présenté des gars, dont Steve n’était pas le moindre.

Ted n’avait plus le courage d’entendre crier les enfants, surtout avant 11 heures du matin.

Je le trouvais bien paresseux.  Je ne me gênais pas pour lui dire.  Pire, je n’acceptais pas sa foi religieuse.  Elle me faisait peur.  Ted prétendait toujours que l’avènement de Dieu était pour bientôt et que ce serait un arabe.  Il me prédisait la chute prochaine du Chah d’Iran, le début de la guerre au Moyen-Orient par la France, l’indépendance du Québec, pendant cette guerre, et finalement, l’assassinat du pape au Québec. Tant de violence me faisait peur.  Aussi, je ridiculisais toutes ses vues macabres. Plus il me parlait de religion pour me convertir, plus il m’en éloignait.

Un autre problème, Ted se comportait avec moi comme si j’étais son épouse.  Je devais lui obéir, me soumettre comme toute bonne femme au foyer. Ce n’était pas tout à fait mon genre et contrairement aux femmes, ces scènes de violence ne me faisaient pas peur.  Le mâle dominateur, violent, est une notion que je déteste autant que les féminounes enragées ou les gais qui se prenaient pour une femme. 

La féminité n’est pas que dans l’allure extérieure. Je n’avais pas encore très évolué quant aux travestis.  J’étais comme tous les autres qui les jugent sans même savoir pourquoi, mais parce que notre éducation nous a mis dans la tête que ce sont des gens malades.

Les crises de Ted se faisaient de plus en plus violentes et de plus en plus fréquentes. 

Ted a dû apprendre assez vite que pour moi la libération de la femme, ce n’est pas qu’un appui intellectuel.  J’ai horreur qu’un humain essaie de dominer un autre humain. J’ai horreur de cette race de mâles hétéros.  J’ai horreur de cette race de mâles qui ne peuvent pas se passer d’une femme dans leur lit et qui les traitent comme de vulgaires servantes.  J’en ai autant horreur que d’entendre certaines féministes brailler sur leur exploitation, sans chercher à en secouer le joug. On est exploité quand on veut l’être.


J’ai toujours admiré les féministes qui se tiennent debout et qui ne sont pas toujours à nous casser les oreilles avec leur manie de mettre tous les hommes dans le même panier et ne pas réaliser qu’elles sont aussi une partie du problème si elles ne prennent pas leur place dans la société.  Je suis pour l’égalité absolue des êtres humains quelle que soit la race, la couleur, le sexe, l’âge.  Un être humain, c’est un être humain. Il n’y en a pas de meilleurs ou de pires.

La situation se corsa encore plus entre moi et Ted, mon colocataire.

Les enfants en jouant ont brisé une vitre dans la porte de la chambre de bain.  Ted y vit un moyen que j’aurais inventé pour espionner les jeunes dans la toilette. Quand tu es scrupuleux, tu as tellement l’esprit croche que tu imputes toutes sortes d’intention aux autres pour transgresser tes scrupules.  Je n’étais pas là quand les jeunes ont brisé la vitre. J’étais frustré d’être ainsi accusé.

Pour corriger cette situation, Ted plaça un tableau, une grosse croix pour remplacer la vitre cassée. Quand j’ai aperçu ça, je me suis rappelé tous les péchés qu’on m’avait mis sur la conscience quand je me masturbais.

La guerre a pris.  J’aurais probablement rien dit s’il s’était contenté de boucher le trou ; mais autant de symboles religieux avaient de quoi me faire perdre le goût de rire.

On m’a toujours dit que j’étais demeuré un enfant, d’où cette possibilité de vivre en toute égalité avec les jeunes, sans chercher à profiter du fait que je suis un adulte.  Peut-être est-ce parce que j’étais trop naïf ou que dans ma tête, l’égalité humaine ne repose pas sur le sexe, la couleur ou l’âge ?   L’égalité est inscrite dans le fait même d’être humain et ça se résume à la phrase évangélique de ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous soit fait.

J’ai vécu ma sexualité comme l’explique Freud.  J’étais très curieux, un adepte des comparaisons ; mais je ne comprenais pas pourquoi les adultes viraient fous dès qu’il était question de sexe. Pourquoi tous les jeunes avec qui je partageais mes curiosités sexuelles étaient-il très heureux d’y avoir participé alors que l’on prétendait que ça les traumatisait ?  Je n’y voyais réellement rien de mal. Le mal existe-t-il que dans la tête des adultes ? 

Je ne comprenais pas l’obsession des adultes au point de manquer de mourir dès qu’on posait une question sur le sujet.  Probablement, que ce silence est le premier responsable du fait que la masturbation était devenue chez moi un élément important dans le développement de ma personnalité.  Par contre, ma relation avec les filles était pire puisqu’elle me conduisait à l’alcoolisme.

Qu’est-ce qu’il y a de mal dans le fait de tomber en amour avec un gars ?   Alors que l’Évangile prônait l’amour dans presqu’à chaque phrase, tomber en amour avec un gars et vouloir partager son intimité devenait un péché mortel.  Vas donc voir pourquoi ? Remarquez que même aujourd’hui je me pose encore la même question.  Plus je cherche, plus je découvre que notre haine du sexe est absolument débile.  Avec les expériences, j’ai compris qu’il faut avoir du plaisir en cachette et rien n’est mal si on ne se fait pas prendre.

L’étroitesse d’esprit est quasi planétaire quand il question de sexe, car nous nous avons tous fait laver la cervelle dès l’enfance par les religions.  On commence à condamner le sexe dès la petite enfance, en criant au meurtre dès qu’un jeune se promène nu.  Pas besoin de scènes interminables, les jeunes perçoivent mille fois mieux le langage non verbal que les adultes. Juste à voir et entendre les parents, ils savent, tout en ne comprenant pas, qu’ils font quelque chose de mal.

Puisque les prémisses des parents sont fondés sur l’ignorance de l’enfance et une imagination absolument sautée quant à ce qui est bien et mal, il est évident que la tradition n’a eu qu’à maintenir ses erreurs et en faire des dogmes pour que chaque individu soit à la merci des règles religieuses et entament la vie avec un vif sentiment de mésestime de soi. 

On savait qu’en interdisant les jeux sexuels, puisque tout le monde naît sexué, tout le monde se sentirait redevable à la religion de les sauver de l’enfer.  On ne pouvait pas prôner un châtiment sur terre (sauf pendant l’Inquisition) alors on inventa la vie après la mort, ce qui devenait la justification de tous les interdits et la naissance de toutes les peurs. 

Aujourd’hui, le système judiciaire a pris la place des religieux dans l’interdiction du plaisir charnel.

Avant douze ans, les expériences sexuelles, ça ne voulait rien dire, sinon des jeux comme les autres.  J’aurais été incapable de comprendre d’une manière ou d’une autre.

Ma peur de la sexualité est apparue quand on se mit à discuter des meurtres de petits gars, à voir la violence à la télévision et ne pas comprendre pourquoi les Indiens étaient vêtus dans les films alors qu’on apprenait que les missionnaires étaient rendus fous par la nudité des autochtones.  Pourquoi cet illogisme ?  Qu’est-ce qu’on nous cachait de si grave et important ?

Pour moi, voir le corps nu d’un petit compagnon c’était plutôt un objet d’adoration.  Je voulais voir, toucher quelqu’un que je trouvais beau. Pourquoi disait-on que c’est cochon ? Cela créait en moi une curiosité encore plus globale de l’autre.  Je voulais savoir si ces réactions concordaient avec son allure.  J’étais admiratif devant certains autres gars ou un vieillard.  Je voulais tout voir, tout sentir de lui parce que je sentais qu’il y a quelque chose qui m’échappait et que je voulais découvrir à tout prix.  Ça dépassait le corps, c’était comme le besoin d’intégrer l’autre pour mieux partager ses sentiments. 

C’était comme la vie, une beauté que tu ne peux vivre que si tu la possèdes de l’intérieur.  Est-ce que le linge constituait un empêchement de contempler la beauté dans son essence ?  Un mur qui t’empêche de tout partager de l’autre ? Jusqu’à un certain point, mais surtout du côté de la complicité. La complicité rapproche.

Devant un plus vieux, j’ai un peu le même sentiment qui est ordinairement plus asexué, plus intellectuel.  Est-ce ça l’amitié ? Je trouve certains vieux et vieilles d’une très grande beauté.  On dirait que ces personnes arrivent dans un regard, dans une larme, une moue à te faire sentir tout leur désespoir ou leur bonheur, toute leur fatigue, tout cet écrasement, cette impuissance et cette résignation d’être condamné à la solitude et une mort proche.

Dans les deux extrémités de la vie, on dirait que les choses essentielles de l’esprit sont plus faciles à percevoir.  Est-ce parce que le désir n’y est pas ou est-ce simplement parce que je suis plus sensible ?

Je percevais rien de mal dans mes obsessions,  car je ne faisais que tomber en amour avec la beauté des visages.  Quand le reste faisait surface, c’étaient des prières et des prières pour cesser d’avoir ces idées folles.  La morale religieuse rend fou.

Ma relation avec les jeunes élevés librement était la suite normale de ce que j’avais vécu plus jeune. 

Mon problème avec les filles s’était tout simplement résorbé avec leur absence dans ma vie.  Pas de femme, pas de problème.  Mais, il y a plus de femmes que d’hommes dans notre société.  Impossible de faire comme si elles n’existent pas.  D’autant plus, qu’elles dominent présentement tous les domaines reliés à l’art, l’écriture et l’enseignement.  Il faut agir comme elles le veulent,  sinon on est mis de côté.  C’est leur manière de se croire égale aux hommes. Les remplacer au pouvoir.

J’essayais de vivre sans elle et ainsi éviter les problèmes.  Les femmes sont trop compliquées. Elles ne comprennent rien aux hommes et voudraient que l’on pense exactement comme elles.  Elles nous repassent les sermons des curés contre la sexualité en pensant qu’elles sont ainsi progressistes.  Elles ne se rendent même pas compte qu’elles voudraient nous faire vivre ce que les vrais féministes progressistes ont combattu.  Je peux critiquer je suis un peu comme elles.

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