Un sourire d’enfer 66
Un sourire d’enfer 66
Le trafic d’armes, la violence, c’est ce qu’il y a de plus payant pour la mafia internationale qui se prétend aussi légale que la pègre.
La mafia est savamment aidée dans ses exploits de profits par un deuxième pouvoir : la religion. Elle cherche à rendre les gens dociles. Elle culpabilise pour mieux dominer chaque individu. La religion est la glaise, le ciment qui maintient l’édifice debout.
Sans foi aveugle, l’homme ne rêve plus de vie dans l’au-delà. Sans foi, l’homme risque d’exiger d’être heureux durant son passage sur terre. Sans foi aveugle, l’homme risque de se rebeller. La seule question : comment expliquer la douleur, la souffrance, la maladie si la vie n’est qu’une expérience à vivre ?
Le troisième pouvoir est celui des communications. Après avoir été élevés dans la culture de leurs parents depuis leur enfance, les hommes réagiront selon leurs connaissances. C’est pourquoi il est important pour le système de manier et manipuler l’information. Le quatrième pouvoir est le savoir. Devenir professionnel te permet d’échapper à des salaires de misère.
La société est ainsi prise dans des modes d’intégration qui font que tu dois toujours te mouler à ce que l’on attend de toi avant de pouvoir franchir le cap du succès. Il faut assez t’emprisonner pour que tu ne puisses pas tout fracasser. Parmi les grands moules : le mariage, le couple, la morale sexuelle.
Tout le monde est ainsi divisé et doit ainsi tendre vers la société pour échapper au cauchemar de la solitude. Il faut appartenir à un groupe pour maintenant sa confiance en soi. Cela permet une meilleure classification : hétéro, gai, féministe, féminoune, bi, etc.
Depuis 1971, je suis convaincu que la plus grande révolution qui puisse exister sur terre, c’est de cesser de faire le jeu. Cesser toute violence. Forcer les riches à nous respecter, en cessant toute forme de surconsommation. Créer des réseaux de survivance qui garantissent à tous un minimum vital.
Infailliblement, tout va s’écraser. La grande révolution, ce sera quand tous les hommes dans un geste de lucidité s’assoiront et refuseront de se battre. La vraie révolution, c’est la paix.
Alors, le vrai système celui qui manipule autant le christianisme que le communisme, écrasera. Les multinationales seront remplacées par des institutions nationales.
La vraie révolution, c’est une assistance sociale mondiale qui garantit la survivance individuelle partout dans le monde. Un minimum vital qui permet de vivre décemment. Un salaire minimum mondial.
Il n’y a aucune solution sans solidarité internationale dans un respect intégral partout des droits de la personne.
Je ne crois pas dans les mouvements marxistes-léninistes ou autres, car très vite, ce n’est plus le bien de l’individu, de l’homme qui est visé, ce n’est plus la libération de l’homme qui est récoltée, mais l’esclavage à une autre idéologie, une autre forme de religion.
L’important ce n’est pas le système, ni la nationalité, c’est chaque être humain, la solidarité de la race humaine, si c’est possible grâce à l’égalité absolue. Il faut voir à ce que les vrais droits de l’homme soient respectés par tout le monde, partout.
Je crois dans la révolution de la PAROLE.
Il faut lire Les vrais propriétaires de Montréal, de Benoît Aubin. Cela nous permet de comprendre l’étendue de l’exploitation des Québécois par la mafia internationale.
J’aimais bien mon travail à la SAQ.
J’avais perdu l’habitude de la politique, car, ma paternité artificielle avait permis un miracle : durant une année, à cause des enfants, parce que j’avais peur d’influencer le verdict du procès de Suzanne, je me suis abstenu de presque toutes interventions politiques.
Les libéraux n’étaient jamais parvenus à me fermer la gueule aussi longtemps. Ils n’avaient pas pu m’acheter, ils n’avaient pas pu me faire assez peur pour me faire abdiquer au combat. Il ne leur restait plus qu’à pousser mes antagonismes. La pédérastie et la politique ne vont pas ensemble.
La pédérastie est une reconnaissance de la liberté et du plaisir beaucoup trop grande pour qu’un jour la pédérastie soit honorée comme dans la Grèce antique. C’est ce qui fait qu’on me classe anarchiste. Si je n’étais pas pédéraste, je serais certainement en politique sans aucune restriction. C’est tellement vrai que plus vieux, je serai gai, mais je ferai de la politique.
Pour une première fois, j’avais été confronté à quelque chose de plus important que la politique : mon amour des enfants. Les enfants avec qui je vivais. Ils étaient encore plus importants que toutes mes fibres révolutionnaires.
Je me suis assis et j’ai compris quela vie n’est pas la même quand tu as des enfants.
La grève commençait à faire des siennes à la SAQ. J’étais solidaire aux permanents, mais je ne pouvais pas dire un mot, car j’étais seulement un employé en période de probation.
Après avoir travaillé durant les fêtes dans un magasin du centre-ville, j’ai été transféré dans un magasin dans l’Est de Montréal, car, les patrons étaient très satisfaits de mon travail.
La situation syndicale m’a entraîné à nouveau à la vie politique.
J’ai appris d’un Italien fort sympathique que la communauté italienne ne partageait pas souvent les prises de position de ses leaders et de ses journaux. Émilio m’a raconté comment, au cours d’assemblées de sa communauté, souvent l’idée de Cotroni de mettre sur pied une espèce de Klux Klux Klan contre les francophones a été écartée de justesse,
Ma vie affective était en plein déclin. J’en étais rendu à percevoir l’amour comme les Américains : une source intarissable de souffrances.
J’étais la souris dont la nourriture céleste était électrisée. Je doutais de mes conceptions sexuelles, de leurs effets sur les jeunes. Pourquoi, contrairement à mes habitudes, avais-je développé mon côté autoritaire avec Patrick ? Pourquoi faut-il qu’un rôle social modifie les croyances profondes en la liberté absolue ? Pourquoi se pose-t-on autant de nouvelles questions quand on a des enfants ? Je me sentais coupable d’user d’autorité avec Patrick et Yanie, mais je ne pouvais pas accepter l’idée de les laisser tout faire sans intervenir. La liberté absolue, sans limite, me paraissait contre-nature.
J’aurais voulu qu’au contraire mon côté pédéraste prenne le dessus. Je constatais que la grande différence entre la pédérastie et la paternité : c’est que le père à moins de tolérance, qu’il est plus écrasant parce qu’il se sent responsable. Il dirige plus sévèrement la vie d’un autre que la sienne. Il connaît sa force et n’a pas confiance dans son enfant. Il a peur pour lui. Quand on se prend pour un père, on s’imagine qu’il faut donner l’exemple, sévir. J’étais grugé par ce que disaient les autres. La vie était devenue quasi impossible. Je travaillais et je buvais. Je ne vivais plus avec eux.
Ma vie amoureuse a pris toute une fouille quand je me suis rendu à une fête du journal le Jour, à Vaudreuil.
J’ai d’abord bu comme un cochon. Les participants étaient si nombreux qu’on y était serrés comme des sardines. Tassé, écrasé, j’ai été envahi par la beauté d’un gars qui se trouvait près de moi. J’ai décidé de le cruiser comme dans les clubs gais que je fréquentais parfois. On passe hypocritement la main là où l’intérêt nous guide. Si tu n’aimes pas, tu te tasses, un signal facile à comprendre.
Mes doigts se sont promenés là où ils n’avaient pas d’affaire. Mes caresses ont vite créé une belle petite pyramide sur le pantalon de mon nouveau dieu. Il s’est écarté, mais j’ai insisté, j’ai recommencé. Quand tu fais des efforts et qu’on t’écrase, tu as comme réflexes de te dire que ça ne sert à rien de vouloir bien faire. J’aurais dû m’apercevoir qu’il ne partageait pas mes goûts, évaluation que j’arrivais habituellement faite très facilement, l’espace de quelques regards. La boisson aidant, j’ai mal évalué ses réactions. J’ai mis fin à mes grandes aspirations à un défoulement digital et il s’est perdu dans la foule.
Plusieurs minutes plus tard, trois solides adolescents m’ont saisi par le collet.
— Viens, icitte ! Je vais t’apprendre qu’on ne touche pas à mon chum.
J’étais assez saoul que je ne me rappelais même pas de qui il parlait. J’ai pu faire le lien avec le jeune quand il est venu vérifier sur place la tendresse de ses copains.
Il était tellement beau, j’aurais remis les doigts à la même place et, comme les martyrs canadiens, j’aurais enduré les pires atrocités pour lui dire à travers ma souffrance que je l’aime d’être aussi éblouissant.
Les jeunes m’ont entraîné en dehors de la foule et ils m’ont maudit la raclée de ma vie. Je ne voulais pas me défendre car j’avais agi en idiot. Je n’avais pas respecté le jeune et j’avais ce que je méritais. De toute façon, ils étaient bien plus solides que moi.
J’ai eu durant au moins les trois semaines suivantes, le visage tellement tuméfié et enflé que les enfants auraient pu facilement me confondre avec Frankenstein.
Cette aventure en plus de me coûter une nouvelle paire de lunettes a exigé que je me rende à plusieurs reprises à l’hôpital pour des blessures au dos. Il m’a fallu plusieurs semaines avant de pouvoir me déplacer sans douleur et sans canne.
Après on dira, que les enfants ne savent pas se défendre… c’est oublier le pouvoir de la «gang». Mais, j’avais couru après. Trois choses importantes dans toutes les relations sexuelles : le consentement, le respect et le plaisir mutuel.