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Un sourire d’enfer 52

avril 3, 2023

Un sourire d’enfer  52

Pour adulte seulement.

Le dimanche, les petits gars se sont chicanés. Cela arrivait souvent, car, les plus grands essayaient toujours d’imposer leurs jeux à Patrick. Il voulait cette fois que Patrick  partage leurs vols. Patrick leur a résisté, convaincu qu’il pouvait compter sur moi pour sa protection. Le vase a débordé quand Patrick a aussi refusé de partager son sac de chip.

Pour se venger de lui, nos trois beaux merles sont allés raconter à leurs parents que l’on vivait souvent nu à la maison. C’est en soi très banal, il n’y a rien de grave à être nu. On n’est pas né tout habillé.  Mais, les parents hystériques ont appelé immédiatement la police.

Patrick est entré à la maison complètement fou de peur. Il pleurait. Il criait.

« La police va venir vous chercher.»

Nous avons essayé de lui calmer les nerfs le plus vite possible.

«C’est ta faute aussi, gros Christ. Si l’autre jour, t’aurais laissé entrer Daniel et Réjean, il n’aurait pas bavassé. »

Je leur avais interdit d’entrer, car nous étions encore nus et nous ne voulions pas mettre fin à notre déjeuner. .

Il fallait à tout pris rassurer Patrick et Yanick.  Éviter que cette situation ne les traumatise. J’avais une peur affreuse. Je ne me pardonnerais jamais d’avoir rendu des enfants malheureux.

Le soir, Daniel et Réjean sont venus à ma rencontre alors que je retournais au logement chez Suzanne. Ils m’ont offert des chips, tout en confirmant que leurs parents avaient appelé la police. Ils étaient ravis que je ne sois pas fâché après eux.

Au cours de la semaine, nous avons commencé le déménagement. Le samedi, un ami venait nous donner u coup de main avec sa camionnette.

Entre temps, Suzanne avait été chargée de rencontrer un de ses amis, avocat, afin de savoir ce que nous pourrions faire pour nous tirer de l’impasse. Celui-ci aurait recommandé de plaider coupable avec explications, sous prétexte, que dans ces cas c’est le seul moyen de ne pas être roué de coups de la part de la police.

Nous étions très occupés le samedi après-midi à déménager quand les détectives sont arrivés à la maison. Nous avons été interrogés séparément.

À ma grande surprise, Suzanne était à dire aux policiers, quand je fus amené à la cuisine, que je travaillais encore pour Québec-Presse, même si je n’étais pas payé. Je me suis demandé ce que venait faire ma collaboration politique exceptionnelle dans cette affaire.  Voulaient-elles leur signifier qu’on était des gens importants ? Drôle de défense. Les policiers étaient du poste 4, réputés mener les opérations d’ordre politique ; mais nous habitions dans le quartier sous la juridiction de ce poste de police. Que fallait-il en conclure ? Suzanne voulait sûrement nous protéger en leur affirmant que je suis journaliste,

L’ambiance avait bien changé. Les jeunes étaient devenus agressifs avec nous à cause de la réaction de leurs parents. Ils sont même venus d’essouffler nos pneus alors que la camionnette était remplie à pleine capacité. C’est pour dire à quel point les parents influencent leurs enfants.  Ces derniers peuvent devenir aussi fous qu’eux à ressentir leur déséquilibre mental.
 
Suzanne rencontra les mères des petits, au cours de la semaine suivante, afin de leur expliquer la situation et si possible obtenir qu’elles retirent les plaintes. Ce fut peine perdue. Nous avons seulement appris que le père d’un des petits, reconnu comme un trouble-fête dans tous les mouvements sociopolitiques du quartier jurait d’avoir ma tête. Pourtant, il ne me connaissait même pas.

Suzanne continuait d’y voir une vulgaire affaire de mœurs. Elle avait peut-être raison. Moi, j’y faisais un rapprochement avec mes engagements politiques. Ça ne pouvait pas être encore une fois une simple coïncidence.

Les problèmes causés le samedi à la camionnette avaient dramatiquement retardé notre déménagement.

Le soir, après ses cours. Suzanne se rendait à l’ancien appartement pour faire du ménage. Elle a reçu à nouveau la visite des policiers qui apportaient deux mises en accusation.

Tout allait mal. Les enfants ne pouvaient voyager en autobus que le matin, il fallait le soir aller les chercher sur le pouce à quelque dix milles de chez nous. La fournaise ne fonctionnait pas et l’huile s’était répandue à la grandeur de la cave sur le plancher. Il fallait maintenant, en plus des problèmes de finance et de déménagement,  se rendre en cour répondre à ses accusations, les unes plus folles que les autres. 


Suzanne a été la première à subir son procès.

La déposition de Réjean était particulièrement accablante. Il prétendait que nous lui avions donné des cigarettes pour avoir des rapports sexuels avec lui. Il ajoutait que Suzanne l’avait initié à faire l’amour alors que moi, le torse nu et en culotte, je m’étais appliqué durant ce cours de «baise» à lui peser sur les fesses. Un des petits témoins y alla même du refrain selon lequel je les terrorisais avec mes gros yeux méchants.

Suzanne était complètement révoltée contre les petits alors que j’essayais toujours de les disculper sous prétexte que ce n’était pas de leur faute, mais celle de leurs parents qui étaient devenus complètement fous.


Une situation bien normale au Québec puisqu’on nous a prêchés toute notre vie que le sexe c’est le péché des péchés.


À mon avis, en principe, les enfants sont des êtres très propres que la société n’a pas encore corrompus d’où l’impossibilité que ce soit eux qui aient inventé ces histoires. Règle générale, les aveux sont contenus dans les questions des enquêteurs. Les jeunes les répètent pour leur faire plaisir et n’osent pas les contredire par la suite. Ils ont trop peur des réactions.

Comme cerise sur le gâteau, le père d’un des petits, qui ne s’occupait jamais de son garçon en d’autres occasions est venu témoigner que son fils avait été terriblement traumatisé par la nudité.  Ce doit être pour ça qu’ils voulaient tous toujours revenir.

J’étais, au contraire, convaincu que la réaction stupide des adultes ainsi que leur obligation de venir en cour, les avaient bien plus marqués. Ce ne doit pas être un cadeau pour un jeune que de voir la police venir s’intéresser à leurs petits jeux de cul et de voir les adultes explosés comme s’ils avaient tué le président du pays.

Après avoir pris la cause en délibéré, le juge a rendu un verdict de culpabilité envers Suzanne, disant que même s’il reconnaissait que de plus en plus de familles en Europe partagent notre option sexuelle et conçoivent une plus grande liberté sexuelle, la voulant même bénéfique aux enfants, il devait prendre cette position car « il fallait éviter que trop de jeunes soient « traumatisés par fascination » et courent chez tous les nudistes de leur voisinage pour en profiter eux aussi.


Il insista surtout sur le fait que nous n’avions pas à éduquer tout le quartier. Il remit sa sentence à plus tard, tout en interdisant que d’autres enfants viennent chez nous à moins que les parents soient avertis auparavant de nos conceptions sexuelles.

Pendant quelques jours, j’ai paniqué plus que jamais, car l’avocat de la Couronne nous menaçait de nous enlever Patrick et Yanie.  Non seulement notre avocat nous a rassuré qu’il ne pouvait pas en être question, mais le juge lui-même concéda qu’il est impossible de rendre des enfants malheureux sous le prétexte que des « bonnes mœurs » avaient été transgressés. Il y avait au moins une personne intelligente dans le système judiciaire.

Ce fut tout un soulagement de recevoir confirmation que la cour ne répondrait pas favorablement à cette demande fasciste. Je voyais le procureur de la Couronne comme un vieux garçon, eunuque et sans tête, pour avoir des idées aussi méprisantes de la famille et de l’ignorance du besoin des enfants de vivre avec leurs parents.

Que la sentence soit remise de semaine en semaine, de mois en mois, nous compliquait joliment la vie. Cela m’empêchait, entre autres, de pouvoir trouver un emploi stable et nous sortir des problèmes financiers qui m’insécurisaient affreusement.

Plusieurs mois plus tard, Suzanne a connu sa sentence. Puisque selon le juge, j’y avais assez goûté (j’ai été condamné à trois mois de prison) pour que ce ne soit pas la famille qui ait à payer pour cette situation, car nos enfants devaient aussi assumer une part des inconvénients. Elle fut condamnée à payer une amende de $50 que j’ai payée, car je me sentais responsable de ses malheurs.


À mon avis, si je ne les avais pas connus, cela ne serait jamais arrivé. Pire, j’avais indirectement incité Daniel et Réjean à venir le matin, car je leur avais dit qu’ils risquaient ainsi de nous trouver nus. Je doutais de mes avertissements pour les empêcher de venir.  Je le faisais, mais j’espérais le contraire. J’avais été égoïste et irresponsable. Mes petits désirs cochons l’avaient emporté sur le bon sens et le bien général. 


J’avais manqué à une responsabilité qui constitue une première différence entre la pédérastie et la paternité. La responsabilité familiale.  Je ne connaissais pas encore le mur entre le désir et la réalisation du désir.  Je commençais à m’interroger sur la répercussion de mes gestes. La vie m’apprenait qu’il y a des différences, selon les situations.


Si tu es le père, passer aux actes peut vraiment être négatif pour le jeune, car avec la morale sociale acceptée dans le milieu, le père devient alors une forme de délinquant aux yeux de son garçon.  Pédéraste, tu es un être de l’extérieur.  Tu n’es pas celui de qui on attend un exemple, mais un partenaire de jeu. Donc, pour toi, franchir le mur du passage à l’acte n’a pas le même sens, ça n’a pas la même répercussion. Le jeune te voit autrement que le père. 

Si tu es père, passer à l’acte peut être un abus significatif si le jeune est élevé dans un milieu scrupuleux alors que pour le pédéraste, le refus de franchir ce mur peut être perçu par le jeune comme un manque d’amour et de confiance. Une forme d’indifférence, de rejet.


Je n’avais rien à être fier de moi, mais personne ne peut nous enseigner comment se conduire dans de telles occasions, sinon la stupidité de la chasteté de l’Église pour les jeunes.

Je n’avais pas encore apprivoisé le contrôle de mes désirs pour protéger les autres. C’était mon seul remord. La leçon était l’érection des premiers murs endiguant ma notion de liberté absolue.

Je pensais devenir fou d’avoir ainsi créé autant de problèmes. Mais, je considérais la réaction des parents des jeunes encore plus folle.  Il n’avait pas souffert, il n’avait été que plus heureux.  Si les parents de ces jeunes avaient réagi d’une manière intelligente, les jeunes auraient oublié l’événement. Ils vivaient déjà des choses bien pires pour se faire des sous avec les bonhommes d’alentour.


J’avais trois chiffres d’accusation contre moi, trois chiffres d’accusation concernant Réjean, Daniel et Alain.

Ainsi, je les avais incités à la délinquance par ma nudité, mes propositions et mes gestes indécents.

Aujourd’hui, on essaierait de faire croire que ma démarche est un crime contre l’humanité.  La folie existe et je ne pense pas qu’elle soit dans mon camp. Les jeunes étaient beaucoup trop excités et empressés de jouer avec moi pour avoir été fortement traumatisés.

Je regrettais déjà de ne pas avoir accepté leur invitation à leur faire une fellation quand je les ai gardés ; au moins, si j’avais dit oui  je ne comparaîtrais pas pour rien, pour m’être retenu afin de donner le bon exemple.

Idiot, j’avais cru qu’il était maintenant de mon devoir de me retenir, car je croyais dans l’éducation libre et je ne voulais pas bousiller cette expérience.  Je ne voulais pas abuser de mon âge et de mon expérience et ainsi faire déraper ces moments privilégiés, tout en respectant ce en quoi je crois. 

Il va sans dire que de voir des petits gars aussi beaux, aussi assoiffés de jeux sexuels me rendaient infiniment heureux.  On naît pédéraste à vie.  La pédérastie est profondément inscrite en nous.  Est-ce que d’être tenté à l’infini constitue en soi un crime ?  Serions-nous coupables de ce que nous sommes en naissant ? Il serait hypocrite d’en nier l’existence.

Pourvoir dire que tu es pédéraste est une protection pour les jeunes et non un danger supplémentaire.

Je voulais bien en profiter, mais en même temps, je trouvais ces moments trop sacrés pour les détruire.  Les petits gars étaient exactement ce que j’ai toujours cru que sont les garçons quand ils sont libres : curieux, affectueux et fort sympathiques. 


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