Radioactif 497
Radioactif 497
Texte de 2008, p. 947
Le secret.
Je n’ai jamais parlé du bonhomme qui m’avait violé –puisqu’il s’était servi de violence pour obtenir ce qu’il voulait — simplement parce que je croyais avoir couru après.
J’avais joué à la putain, alors que je ne le connaissais pas du tout. Je devais endurer les résultats. Quand j’ai joué le prostitué dans les clubs pour voir ce que ça faisait, pour savoir ce qu’on ressentait d’être désiré, je ne prenais pas de risques. Cependant, j’allais chez quelqu’un avec qui je parlais depuis longtemps. Cette fois, je suis allé avec un bonhomme qui m’a simplement ramassé sur le bord de la route alors que je faisais de l’auto-stop. C’est vrai qu’il avait l’air bien correct, bien gentil. C’était un Anglophone originaire des Cantons de l’Est, installé en Ontario.
J’imagine qu’il s’est imagé qu’ayant lavé mes vêtements, m’ayant donné beaucoup de scotch, je me devais d’être à sa merci. J’avais couru après puisque j’étais partiellement consentant, consentant aux caresses, à la pipe, mais pas à me faire enculer. J’espérais qu’il se retienne quand j’ai commencé à vomir dans le lit parce que j’avais trop bu et que ce brassage entraînait cette réaction.
J’avais espéré que ça se passe bien, en laissant voir que je n’étais pas scrupuleux. Je savais dès le départ ce qu’il voulait. Je croyais que le bonhomme serait gentil, qu’il en profiterait pour s’offrir ce qu’il voulait, mais qu’on s’en tiendrait à ce que je voulais, à ce que j’aimais.
Somme toute, je n’aurais jamais regimbé contre la situation s’il ne m’avait pas frappé alors que je restituais dans le lit, juste parce qu’il voulait m’enculer et que je ne voulais rien savoir parce que c’était douloureux. Je me demandais jusqu’à quel point cet homme était malade et je craignais de plus en plus pour ma vie.
Je ne suis pas scrupuleux, mais cette situation devenait complètement malade. Je ne sais pas pourquoi un individu décide de se servir de la violence pour obtenir ce qu’il désire : la frustration ? Aujourd’hui, personne ne peut être assez frustré pour devoir utiliser ces méthodes pour se défouler.
Par contre, c’était une leçon. Je pouvais enfin savoir ce que certaines femmes ressentent quand on les force à endurer une relation non consentie. C’est un peu stupide, mais je me sers de tout dans la vie pour apprendre et comprendre. Ces durs moments ouvraient une brèche dans mes certitudes.
Existent-ils des gens assez malades pour jouir en faisait souffrir les autres? Est-il possible qu’un individu fasse comme s’il voulait une relation alors qu’il ne veut pas? J’avais bien entendu parlé du sadomasochisme, mais je n’y connaissais rien et je ne voulais rien savoir de plus. Au moins, dans ces cas, les partenaires sont consentants et il ne m’appartient pas de décider si ce sont des malades.
Quoiqu’il en soit, cette expérience me permettait de tirer les balises de ce qui doit être toléré ou non.
Je ne lui reprochais pas de s’être essayé de m’enculer, je l’avais provoqué ; je lui reprochais de ne pas être assez intelligent pour s’apercevoir que j’étais malade, que ça puait, que c’était intenable. Plus il me frappait plus j’avais peur et plus je me demandais comment j’étais pour m’en sortir. Heureusement, il s’est contenté, me voyant paniquer, à me crier après et me demander de quitter la place. Ce que je fis aussitôt.
J’ai réalisé ce qui s’était passé sur le bord de la route. J’avais peur qu’il revienne. J’ai eu honte, mais ça n’a pas duré.
J’ai gardé le secret de cette aventure comme une espèce de message : ce que je ne devrais jamaisfaire quelle que soit la situation.
Si je venais un jour à agir ainsi, à oublier que le sexe est intéressant que dans la mesure où c’est un plaisir, je préfèrerais me faire arrêter avant et ne jamais être libéré, car je serais un danger pour les autres.
Insignifiant ? Je ne crois pas.
Si je suis capable voir l’arrivée de Tuan comme un signe divin, je puis tout aussi bien percevoir une telle aventure comme étant ce qui ne doit jamais arriver.
Un tout autre message pour me faire connaître les limites à respecter. Cette aventure ouvrait une boîte de pandore de questions. Je savais ce que je suis et ce que je ne voulais pas devenir.
Le respect de l’autre prit une proportion différente. Je ne pouvais plus voir la pédérastie, sans me rappeler que certains ne se posent pas autant de questions que moi quant au bien-être de l’autre.
Une chose était certaine : je n’étais pas comme lui. Pas question de jouer aux fesses, sans amour et sans plaisir mutuel.
La politique et la grippe.
Cette année, la politique me rend malade. J’ai même effectivement attrapé une bonne grippe. Ça ne m’empêche pas de suivre ce qui se déroule dans le beau pays du Québec. C’est une élection historique.
Je n’en démords pas, il faut se débarrasser du gouvernement Charest. Son système, le capitalisme sauvage a créé la situation actuelle. On n’a pas respecté les règles du bon sens et on voudrait maintenant nous en faire payer le coût. C’est toujours ainsi. Les pauvres payent pour les riches.
Même Harper essaie de faire peur aux gens en rappelant la crise de 1929 alors qu’il sait bien que cette fois la crise est le dernier vol, la dernière arnaque des pétrolières et de l’organisation Bush.
Regardez Paul Desmarais, ce faux -frère qui ne dormirait plus si le Québec devenait indépendant. Il a les poches bien pleines et en profite en France. Il se fiche de perdre temporairement de l’argent. Il sait que dans une situation comme nous vivons, il faut acheter maintenant, car ça va payer plus tard. Le problème vient de ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter dans le creux de la vague. C’est un ami de Sarkozy… la famille mondiale n’a pas de langue.
Pire, ce sont nos économies que l’on a joué à la bourse sous les ordres de Jean Charest. Ne s’était-il pas objecté aux conseils de l’Opposition quand on lui a reproché sa philosophie du « il faut que ça paye le plus, le plus vite »? Cependant, sauf rassurer les retraités, la Caisse de dépôt fait bien de ne pas donner de chiffres exacts immédiatement, mais elle doit expliquer pourquoi dix employés ont perdu leur emploi. La réponse indiquera ce que l’on doit savoir. Il faut peut-être plus de prudence pour le moment, mais nous le saurons évidemment après les élections. C’est peut-être pour ça que Jean Charest ne veut pas qu’on en parle. Il est capable de toutes les hypocrisies si l’on se fie au dossier du mont Orford.
Ces deux exemples à eux seuls nous indiquent comment le gouvernement Charest ne respecte pas la démocratie. Si on regarde l’espace laissé aux chefs des partis dans les médias, on s’aperçoit que Jean Charest a pratiquement toujours le double des autres. Manipulation de l’opinion publique. Pire, les médias lui offrent toujours une visibilité qui le fait très bien paraître. On sait que Desmarais était à la tête de Power Corp. C’était mon boss quand j’y fus journaliste. C’était un trou-de-cul et c’est encore un trou-de-cul qui confond les intérêts de sa compagnie à ceux du Canada.
Quant à Jean Charest, il a fait des élections en sachant très bien que l’Opposition n’était pas capable d’y faire face. Il n’a même pas tenu compte qu’on sortait d’une élection fédérale. Au contraire, il s’en est pris à Stéphane Harper pour se faire du capital politique et faire croire aux indépendantistes qu’il pouvait aussi bien défendre le Québec que le Parti Québécois. Il n’a même pas tenu compte des 75% des gens qui n’en veulent pas. Son pari est : on n’ira pas voté et ainsi il pourra devenir majoritaire. C’est à quoi doit servir la crise inventée.
Il a inventé le besoin d’être le seul à la commande de la roue comme les dictateurs en Afrique. Dommage parce qu’il devenait de plus en plus sympathique. Il ne lui manquait plus que de défendre le français avec énergie pour nous amener à penser qu’il avait tellement changé, qu’il pouvait «être bon».
Avec les élections, il nous rappelle que c’est un pourri, qui agit d’abord pour ses intérêts et celui des libéraux. Rien pour nous faire apprécier notre système politique, mais dans d’autres parties du monde, on doit se prévaloir du droit de vote avec des fusils. Ici, on n’a pas ce problème.
Ça nous permet de voir combien les gens peuvent se faire mener par le bout du nez. Oui Jean Charest mérite de perdre le pouvoir parce qu’il a tenté de profiter de la misère des plus démunis pour s’offrir une majorité. Ça ne changera rien dans ma vie puisque d’une manière ou d’une autre je continuerai d’écrire et on continuera de me censurer.
Je suis loin d’être certain qu’il en est ainsi pour la grande majorité des Québécois, mais c’est ça la démocratie, mon vote ne vaut qu’un vote. Et au Québec, plutôt que de lui donner une leçon, on va plutôt rester chez soi à chialer.